La louve blanche ne semblait pas sociable, en même temps elle était solitaire. Libellule, en connaissait plus d'un qui parlait peu, et n'engageait pas la conversation, rien que dans sa famille, ils étaient tous comme cela. Ce n'était pas dérangeant pour l'ancienne émeraude, et elle s’accommodait de la situation. Les yeux de la solitaire avait une teinte ambre claire, une lueur brillante défilant dans ce regard. Elle répondit, au "Bonjour", d'une voix calme. Libellule esquissa un petit sourire timide, pour dire vrai, elle ne savait comment engager la discussion. D'une voix mal assurée et teintée de tristesse, Lili reprit la parole.

- Les terres ont beaucoup changés ... Mais certaines sont restés intactes.

La louve crème baissa lentement le regard pour le poser sur sol. Tout avait changé, surtout dans les territoires de meutes. Les terres libres, avaient réussit à conserver leur terres comme autrefois.

Tout était si différent, elle n'avait plus sa place ici. Peu de monde s'inquiétait de son retour. La louve blanche remarqua la tristesse de son interlocutrice. Un léger sourire se dessina sur les babines de la femelle, et Libellule le remarqua, malgré sa timidité, elle était attentive à tout, ce qui lui avait beaucoup servit dans ses talents de traqueuses à une époque lointaine. La solitaire à la fourrure de neige, demanda doucement, qu'elle n'avait pas connue les terres de Wolf Temporal avant, puis demanda si les terres avaient changés en côté positif ou négatif. Libellule releva légèrement la tête, détaillant avec douceur et maladresse la louve, de son regard ambre aux reflets bleus. Elle répondit d'une voix douce et mystérieuse.

- Tout dépend de ce qu'on en fait, elles ne sont ni positives, ni négatives. Mais pour dire vraie, ce n'est pas tellement ça l'important, le plus gênant ... c'est de se sentir étranger dans une contrée qui fut autrefois chez moi.

Le mal du pays, oui sans doute. Libellule avait juste un but précis, en revenant ici, mais la nostalgie du temps qui passe l'envahissait quand même.

Libellule avait ce sentiment, être une étrangère chez elle. Mais désormais, elle ignorait ce que c'était chez elle. La vie de solitaire, c'était ça ... sans foyer, pourtant malgré le temps qui nous échappe, elle avait retrouvé le point de chute de sa famille. Rien n'est jamais acquis. Le vent caressa lentement et avec douceur le pelage de la louve crème, et lui porta les paroles de son interlocutrice. La louve blanche avait parlé dans un murmure, comme si elle regrettait son passé. Libellule posa avec douceur son regard ambre aux reflets bleus sur la solitaire. On lui avait apprit à ne pas regretter, le passé est derrière nous, et jamais il ne faut cesser d'avancer, peu importe les choix qu'on fait. Passer une vie à regretter, c'est avancer en reculant. Oublier son passé, elle avait dit. Un petit sourire, amusé se dessina sur les babines de la vagabonde. N'ont pas qu'elle se moquait de la blanche, non, juste qu'elle avait tellement entendue son père raconter, que peu importe ce qu'on fait, on n'oublie jamais rien, et il faut vivre avec, voilà pourquoi la vie est si intéressante. D'une voix calme et douce, la louve crème répondit alors.

- Oublié son passé, c'est se fuir soi-même. Votre passé a fait de vous ce que vous êtes. Il faut vivre de ses erreurs et essayer de ne pas les reproduire, mais quoiqu'il arrive ... il faut aller de l'avant.

Libellule marqua une pause, et son regard se voilà d'une brise de tristesse. Elle ajouta avec une pointe d'amertume et de nostalgie.

- J'ai commis des erreurs ... mais je ne peux les oublier. Elles font parties de moi, et quoique je fasse, malgré tous les regrets que je peux éprouver, jamais je ne pourrai revenir en arrière. C'est pour cela qu'il faut avancer.

La louve blanche écouta les paroles de la jeune louve crème. La solitaire blanche comme neige, répondit avec un ton dé dégoût. Cela surprit Libellule, mais elle n'en laissa rien paraître. Plus elle vieillissait plus elle lui ressemblait, elle avait définitivement passé trop de temps à son contact. La louve blanche expliqua, qu'elle se fuyait elle même. Que son passé avait fait d'elle un monstre. Et que peu importe qu'on avance ou recule ... elle ne changerais jamais, elle restera la même. Libellule baissa les yeux, une lueur de timidité dansant dans son regard. Les paroles de son interlocutrice faisait réfléchir l'ancienne émeraude. Etait-elle aussi un monstre ? La notion de crime est bien évasive.

Un rire moqueur s'échappa de la gorge de la blanche. Libellule n'avait pas peur, mais elle n'était pas à l'aise. Elle l'était rarement d'ailleurs, la jeune louve se sentait elle même, avec ses proches en faites. La solitaire regarda l'ex-traqueuse dans les yeux et ajouta, qu'elle n'avait pas commis d'erreur mais qu'elle était une erreur. Libellule baissa à nouveau les yeux et laissa échapper un soupir. D'une voix toujours calme et posée, la jeune louve au pelage crème répondit.

- Je dois être un monstre aussi ...

Elle avait abandonné son compagnon et son fils, les laissant ensemble. La jeune louve avait emmené avec elle, son autre fils et sa fille. Mais, elle ne se considérait pas comme une erreur de la nature. D'une voix toujours douce mais troublée elle ajouta.

- Personne n'est une erreur ... On fait juste des mauvais choix.