« Il y a la la beauté des choses, la beauté continuelle qui ne cesse de nous éblouir de sa brillance, qui nous rend heureux tout simplement. Et puis il y a ce côté doux et amer. L'autre face qui nous surprend et nous déçoit. Ce côté là, je ferais tout pour l'oublier. Je ferais tout pour ne voir que le bon sens de la vie et des gens. Je ferais tout pour vivre dans un monde sans méchanceté et sans pouvoir. Sans cruauté ni guerre. J'aimerais que la vie soit rose, pleine de gentillesse, de paix et d'ivresse d'amour ; de jolies choses qui nous font plaisir au quotidien. Mais si le monde dans lequel je vis, dans lequel nous vivons tous, était ainsi, celui-ci ne serait pas notre monde et périrait aussi vite qu'il est né. Dépêchez-vous de vivre, dépêchez-vous d'aimer. Nous croyons toujours avoir le temps, mais ce n'est pas vrai. Un jour nous prenons conscience que nous avons franchi le point de non-retour, ce moment où l'on ne peut plus revenir en arrière. Ce moment où l'on se rend compte qu'on a laissé passer sa chance. »

Le crépuscule était là. Juste avant la tombée de la nuit qui recouvrait le monde de son voile noir. Le soleil projetait ses ombres chatoyantes sur le tapis moussu de la forêt, où marchait un loup brun d'une prestance sans égale. Grave, interdit, il avançait avec majesté, ses pattes foulant le sol avec légèreté. Fin, ce qui ne l'empêchait pas non plus de posséder des muscles saillants sous sa fourrure dense, et avec des yeux verrons, l'un couleur océan et l'autre d'ambre, qui avaient le don de vous faire voyager par un simple regard. Il était puissance, beauté et sérénité mêlés. Car rares étaient les moments où le Diamant perdait son sang-froid, et son beau visage gardait toujours une expression bienveillante et tendre qui lui était propre. On le nommait Hermès. Un nom à la consonance si douce et si mélodieuse pour un loup si vif et si rusé tel que lui. En effet, avant d'être gardien dans cette meute de pacifiques, ce loup était un habile bandit et il mettait toute son ardeur pour défendre les pauvres, les faibles et les opprimés de la société dans laquelle il vivait. C'était sa philosophie, son mode de vie. Accompagnés de ses compagnons, il détroussait les riches au profit des pauvres et rendait justice à ceux qui la réclamaient mais toujours en restant loyal et honnête. Hermès avait toujours eu un caractère d'un naturel doux et avenant et rien ni personne n'avait jamais démenti cette image de lui qu'il s'était construit. Bien sûr, sa vie de solitaire lui manquait mais il savait qu'il avait pris la meilleure solution : celle de rejoindre une meute et de se dévouer corps et âme pour celle-ci. Cependant, le souvenir de ses anciens compagnons le taraudaient à chaque instant qui passait et ne faisait que le rendre plus nostalgique encore qu'il ne l'était. La nostalgie qui l'assaillait et ne le lâchait plus depuis quelques temps, déjà. La nostalgie, qui survenait quand le présent n'était plus à la hauteur du passé. Mais nous sommes tous sujets à de légers moments d'égarement ou de nostalgie. Tout le monde peut en venir à bout et à nouveau trouver un sens à ses actions. Il suffit de s'accrocher à tout ce que la vie peut nous apporter de meilleur et tenter de laisser le reste s'envoler. Secouant la tête pour chasser l'image de son ancienne et vie et de ses compagnons qui ne faisaient que le hanter, il allongea les pas jusqu’à se mettre à courir. Courir comme il ne l'avait jamais fait. Courir à en perdre la tête, pour chasser la belle louve de ses pensées, celle qu'il avait aimé dans le passé, rien qu'un court instant seulement. Hermès était un pur ouragan de puissance et de vitesse. Ses pattes puissantes martelaient le sol avec fracas dans un rythme entêtant qui ne faisait que s'accélérer à mesure que les secondes s'écoulaient. Mais il ne semblait pas avoir conscience de l'effort que cela lui demandait et il continuait dans sa lancée, le paysage défilant à une allure folle sous ses yeux verrons. Splendeur et force émanaient de cet être qui semblait défier le vent et rivaliser de vitesse avec lui. Il se sentait libre et vivant. Oui, vivant. Contrairement à sa mère. Aussi fier et libre que l'air, il était le seul maître de ses frontières. Le vent mugissait à ses oreilles, le faisant vibrer de son être tout entier, le faisant frémir, par ses longues plaintes qui venaient s'insinuer jusque dans ses oreilles. Ses poils volaient en tous sens, ébouriffés, lui donnant un air farouche que l'expression de son visage venait démentir. Des yeux où perçaient une lueur de malice, des lèvres où fleurissaient un sourire tendre et délicat, tout comme il l'était lui-même. Et il s'arrêta au sommet de la Montagne des Ancêtres, le cœur sur le point de se fendre en deux tant il était exténué et tant sa respiration était rapide. Le soleil se reflétait sur la montagne où persistait une neige éternelle, la teintant d'une couleur orangée propre au crépuscule. Une légère brise venait caresser la cime des arbres, les faisant bruisser en douceur, douce mélodie qui venait sonner aux oreilles d'Hermès et finit par l'apaiser, après sa folle course. Mais son cœur, lui, battait à cent à l'heure, n'en demandant qu'encore plus. Courir, courir sans relâche dans une débauche d'énergie et de vigueur. Voilà ce qu'il demandait, voilà ce qu'il voulait. Mais non, il ne le ferait pas. Fugace déception. Il remettrait ça au lendemain. Tandis que son regard onctueux détaillait le paysage qui s'offrait à lui, il semblait se trouver au sommet du monde entier, ayant une vue d'ensemble sur tout le territoire. Le repos et le goût de la liberté, il était venu les chercher en ce lieu où, il le savait, personne ne viendrait le déranger.

Lakota & Hermès

Cette fois-ci, Lakota avait décidé de se lever de bonne heure pour faire le tour de quelques territoires. Vérifier si il n'y avait pas d'intrus qui aurait pu passer la nuit chez les Diamants ou simplement voir si tout allait bien. Un peu fatiguée, elle continua de marcher d'un pas lent. Avant, elle en faisait que de trottiner ou même de galoper un peu. Donc maintenant, un peu de marche pour retrouver son souffle lui faisait du bien. C'était ça, être Alpha. Savoir protéger sa meute. C'était comme une grande famille pour elle. Tout les loups comptaient dans cette meute. Tout les Diamants étaient important à ses yeux. C'est une louve qui s'attache assez vite aux autres, il faut dire. Bref. Il manquait un territoire: la Montagne des Ancêtres. Jusque là, tout allait bien. Pourvu que ça dure ! Lakota n'avait pas vraiment la force de se battre. Tout dépend sur quel loup elle tombe. Si c'est un loup agressif, elle n'a pas vraiment la force de l'affronter. Avec la fatigue, c'est assez dur. Mais cela ne veut pas dire qu'elle ne sait pas se battre. Au contraire. Elle a déjà du faire face à quelques loups un peu trop sûr d'eux. Elle a eu des victoires comme des défaites. Cela arrive à tout le monde. Enfin bon, elle redressa sa tête. Aller, une dernière petite course. Une course rapide. Juste pour le simple plaisir de se dégourdir les pattes, comme quand elle était louveteau ! D'un coup, elle s'élança dans une course. Rien ne l'arrêtait. Elle slalomait entre les gros troncs des arbres qui étaient sur la plaine. Un arbre mort devant elle ? Tant pis. Elle prit l'élan et saute sur le tronc avant de passer de l'autre côté. Elle continua sa course. Bizarrement, elle sentit son enfance. Comme si elle redevait une petite loupiote sans défense qui a encore besoin de sa mère près d'elle.

Quelques minutes après, elle arriva enfin. Elle ralentit son allure et passa à une marche. Sa respiration était forte. La tête basse, elle continua d'avancer. C'est alors qu'elle sentit une présence. Elle releva sa tête et vit un loup de dos. Un mâle. Mais ce n'était pas n'importe quel loup. C'était Hermès, un Diamant. La femelle s'arrêta. Elle prit une grand inspiration et expira doucement. C'est alors qu'elle s'avança vers lui avant de s'asseoir à ses côtés. Elle resta silencieuse un petit moment, gardant son regard sur l'horizon qui était sous leurs yeux.

- Belle vue, n'est-ce pas ?

Elle laissa un sourire se dessiner sur ses babines. Elle n'était pas vraiment timide avec les membres de sa meute. Au contraire. Bref. Gardant son regard sur l'horizon, elle pointa ses petites oreilles blanches et attendit sagement une réponse de la part du mâle.

Écouter chanter le silence. Le doux silence qui avait pour effet de vous apaiser, de vous faire voyager, loin, très loin. Dans un monde fantasmagorique et éphémère, bâti sur vos propres pensées. C'était le cas d'Hermès, qui exhala un soupir teinté d'amertume. Il entrouvrit sa bouche et aspira une goulée d'air frais qui le revigora. L'air frais nocturne l’apaisait mais il se sentait encore et toujours en proie à l'incertitude d'un jour revoir ses anciens compagnons. Et finalement, il se demandait si rejoindre les Diamants avait été la meilleure solution pour lui. Incapable de penser à autre chose, ne serait-ce qu'une seconde, ne serait-ce qu'un court instant même car ces pensées ne faisaient que l'assaillir et le tarauder, comme pour lui faire perdre la tête. Mais l'on ne pouvait oublier de telles choses, et il était condamné à traîner tout cela derrière lui, jusqu'à la fin de son existence. Jusqu'à la fin de ses jours. Le vent soufflait toujours, par instants, aussi capricieux que possible, venant s'infiltrer dans dans les poils bruns du majestueux loup qu'il était, fouettant son corps immobile, semblable à une statue. Hermès baissa la tête vers le vide instable qui s'offrait à lui, haut perché au sommet de la Montagne des Ancêtres. Perdu au plus profond des méandres de son esprit. Et il regarda la neige éternelle qui s'étendait à perte de vue. On disait que cet endroit était le lieu de prédilection pour se recueillir et se souvenir de nos aïeux. Mais qui étaient réellement les aïeux d'Hermès ? Qui étaient réellement ses parents, d'ailleurs ? On ne lui avait raconté que des mensonges à propos de ses géniteurs, il en était sûr, mais il ne savait absolument rien de la vérité. N'était-il pas regrettable de ne rien savoir de son histoire, de ne rien savoir de ses ancêtres ? Hermès se sentait sali par ce tas immonde de mensonges qu'on avait osé lui faire avaler, et dont on l'avait bourré jusqu'à ce qu'il y croie enfin. Ou du moins, jusqu'à ce qu'il fasse semblant d'y croire. La vérité, il la cherchait encore et toujours, quatre ans après avoir vu le jour. Et m'est avis qu'il n'était pas prêt de la trouver.
Hermès ne voulait penser à rien, ne rien ressentir, juste faire le vide. Un vide instable. Il voulait laisser son esprit vagabonder dans une réalité qui n’était pas sienne, laisser son esprit vagabonder dans un monde qu’il s’était construit lui-même. Mais bientôt, le vent se forcit et le rappela directement à la réalité. Notre réalité. A regrets, le loup releva lentement la tête en poussant un léger soupir. Le vent qui venait caresser la cime des arbres et les oiseaux piaillant
sonnaient à ses oreilles comme une mélodie, qui lui rappelait tant sa vie antérieure, lorsqu'il n'était alors que le défenseur des pauvres et des opprimés de la société. Le Robin des Bois que tout le monde appréciait et dont on ne faisait que l'éloge. Mais les temps avaient changé et désormais, il n'était plus tout à fait le même.

« Belle vue, n'est-ce pas ? »

Une voix finit par le sortir de sa torpeur, de ce sentiment d'engourdissement profond qu'il ressentait après être resté muré dans le silence pendant de longues minutes, perdu dans ses pensées. Puis, il trouva enfin la force, en la puisant au plus profond de son être, de se relever, l'allure altière et fière telle qu'il en avait l'habitude. Il avait presque honte de s'être laissé montré si faible devant quelqu'un. Tandis que son regard onctueux détaillait l'arrivante, il perçut un calme étrange. Mais un calme bienfaisant. Tout était parfait. Seuls les oiseaux s'étaient arrêtés de chanter. Etait-ce annonciateur de quelque malheur ? Nul ne pouvait le savoir, pour le moment. En reconnaissant sa dominante, Hermès inclina la tête pour la saluer avec tout le respect qu'il se devait et ne la releva que quelques secondes plus tard, seulement. Elle était blanche, avec des yeux turquoises qu'Hermès se plaisait à regarder et semblait porter avec grâce la charge qui lui incombait. Un tendre sourire s'était ébauché sur le visage de l'ancien bandit pendant ce laps de temps où l'on avait pu apercevoir son expression faciale. Et, dans le doux silence d'une nuit naissante, il se demandait s'il fallait le briser pour prononcer ne serait-ce que quelques mots. Bien qu'il n'en eut pas la force, il puisa au plus profond de son être pour faire remuer ses lèvres gercées par le froid qui était omniprésent, au sommet de la montagne. Il souffla quelques mots d'une voix polie en dévisageant la louve qui n'était autre que Lakota, au clair de lune, de ses yeux vairons l'un d'ambre et l'autre d'azur.

« Magnifique, je dirais même. Je suis ravi de vous voir ici Lakota, je me sentais bien seul au sommet de cette montagne. »

Lakota & Hermès

La jeune femelle s'attendait à un salue "normal". Mais là, elle fut surprise. Hermès, le grand mâle au pelage mélangé de brun et de noir, venait de la saluer en inclinant la tête. C'était bien la première fois qu'on lui faisait ça. Mais au fond, quelque chose la tracassait. Les loups faisant partit de la meute des Diamants n'étaient pas obligés de la saluer ainsi. Après tout, Lakota n'était pas une princesse ou encore une reine. Être saluer ainsi la rendait mal à l'aise. D'ailleurs, elle ne savait pas si les autres Dominants des autres meutes se faisaient saluer ainsi par leurs membres. En tout cas, les Diamants ne sont pas obligés de faire ça. Un simple "Bonjour Lakota" lui suffit parfaitement. Bref. Hermès releva la tête et sourit légèrement. Il semblait regarder ses yeux. Encore une fois, elle fut gênée. Rien de plus gênant que d'être fixé dans les yeux. Elle détourna le regard sur l'horizon.

- Magnifique, je dirais même. Je suis ravi de vous voir ici Lakota, je me sentais bien seul au sommet de cette montagne.

Elle lui sourit légèrement et fit quelques pas vers le bords de la falaise. Une petite bise mélangea les poils blancs-crèmes de l'Alpha. Hermès était vraiment un loup poli. Il vouvoyait même Lakota. Elle ne put s'empêcher de le regarder à nouveau et, d'une voix douce, répondit à ses paroles si bien dite.

- Magnifique, oui. Ça me fait plaisir de pouvoir parler avec toi, Hermès, dit-t'elle en souriant. Oh, et tu n'es pas obligé de me vouvoyer. Tutoie-moi, c'est mieux.

Elle ne lâcha pas le sourire. Elle regarda à nouveau se territoire. Elle ne se rendait pas encore compte qu'elle était dans le grande le plus élevé. Une louve né chez les Solitaires, mourra sûrement chez les Diamants en tant qu'Alpha. Elle soupira légèrement. Ce poste ne la fatiguait pas encore. Au contraire, elle aimait. Maintenant, elle savait quoi faire de ses longues journées qui semblait ne jamais se terminées. Ça l'occupe et elle aime ça.

« Si on nous donnait la chance de revenir en arrière, que changerions-nous dans notre vie ? Si c'était à refaire, quelles erreurs tenterions-nous de corriger ? Quelles douleurs, quels remords, quels regrets choisirons-nous d'effacer ? Oserions-nous vraiment donner un sens nouveau à notre existence ? Mais pour devenir quoi ? Pour aller où ? Et avec qui ? Les souvenirs sont parfois encore plus importants que les moments présents parce que le temps qui passe les rend irremplaçables, uniques. Et c'est pourquoi il ne faut jamais regretter ses choix et toujours avancer droit devant, ne gardant bien précieusement au fond de soi que les belles choses que la vie a mises sur notre route. Il arrive un moment dans la vie où on se questionne, où on se cherche et où on aimerait se découvrir. On rêve d'une vie plus féérique, plus belle, plus excitante. Puis on se rend compte que le bonheur peut se trouver dans les moments les plus inattendus, et on se dit que c'est ça être heureux, savoir prendre la vie comme elle vient, sans réfléchir. »

Avec cette neige éternelle qui persistait au sommet de la montagne, il se sentait chez lui, dans les contrées nordiques où il était né. Même climat. Même paysage. Et pourtant non, il ne l'était pas. Il se trouvait en territoire inconnu, à des lieues et des lieues de chez lui, peut-être bien plus loin que quiconque ne pouvait l'imaginer. Il n'avait que trop rêvé de ces vastes étendues blanches où il se plaisait à courir avec Faith et June, contrées où le froid était roi, le vent glacé du Nord lui fouettant avec force le visage. Il se souvenait de la glace qui craquait sous ses pas lorsqu'il s'aventurait sur des lacs gelés. Il se souvenait de l'immuable mugissement du vent, sourde et éternelle plainte, qui résonnait comme une douce mélancolie pour ceux qui savaient prêter l'oreille. Il se souvenait de ses foulées longues et puissantes, de ses courses folles dans la neige, où il se grisait de sa vitesse et de sa fougue, le jeune animal qu'il était. Mais plus rien n'était pareil maintenant. Plus rien. En moins de temps qu'il ne l'aurait cru, il s'était retrouvé sur ces terres où il se sentait emprisonné, et non plus libre comme il l'avait toujours été. Il aurait aimé courir, ses pattes martelant le sol avec vigueur, jusqu'au bout du monde mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus. Ces terres, où il se trouvait, avaient une fin. Il était à présent gardien chez les Diamants, et non plus le Robin des Bois, le défenseur des faibles que l'on avait pu connaître dans le passé, même si une partie de ce personnage persistait encore en lui. Une seule envie le taraudait, c'était celle de rentrer chez lui. Dans les contrées nordiques où il était né, loin, très loin d'ici. Pourtant, il savait que tout cela lui était impossible et que maintenant, sa vie il devrait la refaire ici, loin de ses compagnons qui, comme lui, avaient été des brigands. Car toute chose a une fin, et la fin de sa vie de solitaire était venue.
En reportant son regard sur Lakota, il aperçut sa gêne au tout premier coup d’œil. Et il semblait qu'il en était la cause principale, si ce n'était l'unique. Il baissa un court instant la tête, légèrement troublé lui-même lorsque la femelle détourna le regard vers l'horizon. Comme si elle semblait fuir ses yeux vairons, d'ambre et d'azur qui perçaient au grand jour sa personnalité. Il semblait voir à travers vous et déceler tout ce que vous tentiez de cacher. Ainsi, le mal-aise de la Diamant était compréhensible. Mais Hermès savait qu'il n'était pas du qu'à cela. Le gardien lui adressa un doux sourire, et soupira longuement, exhalant son haleine fraîche parmi les effluves de la forêt qui montaient jusqu'au sommet de la montagne. Un nuage de buée se forma au bout de ses lèvres, qu'il se prit à contempler jusqu'à ce qu'il disparaisse dans le noir qui commençait à se répandre. Le soir tombait, effectivement, répandant sa fraîcheur nocturne mêlée au léger froid du début de la saison printanière. Sans s'en rendre compte, Hermès s'assit face à la jeune louve qu'il connaissait quelque peu, étant du au fait qu'elle était sa dominante. Et il la regarda. Un regard magnifique et saisissant qu'on ne se lassait pas d'admirer tant pas l'éclat de ses prunelles que par sa couleur peu commune. Deux yeux vairons, complètement distincts mais qui s'assemblaient si bien, pourtant.

« Magnifique, oui. Ça me fait plaisir de pouvoir parler avec toi, Hermès. Oh, et tu n'es pas obligé de me vouvoyer. Tutoie-moi, c'est mieux. »

Déclara Lakota sans lâcher son sourire qui semblait éternel et suspendu à ses lèvres à jamais tandis qu'elle laissait échapper un fin soupir. Hermès, quant à lui, était de nouveau plongé dans la contemplation du paysage. Cette neige qui restait au sommet de la montagne, immuable, et ce quelques soient les saisons. Oui, le loup brun se perdait volontiers dans la contemplation de ces terres libres et sauvages, tel qu'il l'était lui-même et tels que l'était l'ensemble de ses compagnons. En haut de certains rochers se dressaient les squelettes noircis d'arbres, immobiles sous le ciel d'un noir de geais constellé de milliers et de milliers d'étoiles lumineuses. Et, quelques plantes vivaces, au milieu des bruyères mortes et des fougères séchées qui commençaient tout juste à reprendre vie en cette saison, éclairaient ce paysage terne d'une once de vie qui n'était pas sans rappeler l'arrivée imminente du printemps. En reposant ses yeux de couleurs différentes sur sa dominante, son regard brillait d'une lueur de malice qui lui conférait un air frivole et sagace qui lui ajoutait un charme que l'on ne pouvait nier, avec ce sourire tendre et avenant qu'il plaisait à afficher. Ainsi, Hermès n'attendait pas d'être heureux pour sourire, il souriait plutôt afin d'être heureux et espérait faire profiter de son bonheur au plus grand nombre. Ou du moins du bonheur qu'il tentait d'afficher à travers le masque qu'il portait car en réalité, pour le moment, il n'était pas aussi enjoué qu'il en donnait l'air. Tout cela n'était qu'une illusion destinée à tromper ceux qu'il côtoyait.

« Vous tutoyer ? Soit. Si vous... si tu me le demandes, je ne m'y refuserai pas. » finit par souffler Hermès. « Alors. La meute se porte t-elle aussi bien qu'il y parait ? J'ai cru entendre que ce n'était pas vraiment le cas pour les autres meutes. » demanda le loup brun, content de changer de sujet mais aussi soucieux de savoir ce qu'il se passait au sein des Diamants.

« À mon avis, elle se porte bien. Et puis je l'espère, surtout. Il y a encore des choses que je dois faire pour vous satisfaire. Et je ferai tout pour que cette meute grandisse encore et encore. »

Encore et toujours, son sourire suspendu aux lèvres. Au moins, la bonne humeur et la convivialité semblaient être de mise pour cette rencontre entre les deux Diamants. Et Hermès s'en trouvait fort aise. Effectivement, le pire qui aurait pu lui arriver aurait été de partir sur de mauvaises bases avec sa dominante alors que les temps qui courraient ne le permettait pas. En effet, il fallait rester soudés et vigilants, aux aguets. Car tout pouvait arriver. Absolument tout. Hermès avait entendu de bouche-à-oreille la triste histoire des Émeraudes. Tout d'abord, Snow Black et Youka portés disparus puis Enkara, la descendante légitime et dominante de la meute, retrouvée morte avec son fils et héritier Winterfell. Quelle déplorable nouvelle que ç'avait été, pour les loups de toutes meutes. Tout un chacun avait été touché, qu'on les connaissent personnellement ou non car ce crime était d'une abomination sans pareille et seul un monstre aurait été capable de l'accomplir. Le loup brun avait aussi entendu parler de disparitions au sein des Saphirs qui s'étaient avérées être des meurtres perpétrés sur bon nombre de loups, louves et louveteaux. Enfin, il avait apprit la disparition soudaine des Opales et l'apparition des Améthystes, avec à sa tête des loups qu'il espérait ne jamais rencontrer de peur que cela finisse mal. Ainsi, seuls les Diamants, pratiquement, pouvaient se féliciter de ne pas avoir subi -peut-être pas encore - d'évènements semblables. Mais qui sait ? Tout pouvait arriver, ce qui inquiétait fortement l'ancien solitaire qui envisageait le pire. Non. Il secoua vivement la tête. Il ne fallait pas se laisser abattre par les temps lugubres qui couraient et les rumeurs morbides que l'on racontait volontiers à qui voulait l'entendre.
Hermès lança un rapide coup d’œil à la dominante pour voir quelle était son expression. A présent, elle ne souriait plus, pour une raison qu'il ne connaissait pas et ses traits s'affaissèrent lentement à son tour quand il aperçut les nuages gris qui s'amoncelaient au-dessus de sa tête, malgré le voile de la nuit, menaçants et annonciateurs de mauvais temps. Un éclair zébra le ciel, au lointain, tandis qu'un grondement semblable à un roulement de tambour résonnait à des lieues et des lieues de là, au bout du monde aurait-on dit tant la distance semblait grande. A chaque seconde qui passait, le vent se forcissait, faisant voleter les mèches brunes d'Hermès en tout sens et lui donnant un air bestial et peu accommodant. Assis face à la femelle, le jeune loup frémissait de froid, frissons qui partaient de son échine pour finir au bout de sa queue. Frissons imperceptibles qui ne duraient que quelques secondes et qui avaient tôt fait de n'être plus que des souvenirs oubliés.

« Tu es une bonne dominante, Lakota. Je sais que tu feras de ton mieux. Cette meute est devenue comme une... famille pour moi. Une véritable famille, soudée et unie. J'espère juste qu'elle n'aura pas à subir les mêmes incidents qui sont survenus dans certaines autres meutes... J'espère de tout mon cœur. »

Les coins de ses lèvres frémirent et il planta son doux regard où se lisait une certaine forme de respect pour Lakota. Les mots avaient fleuris d'eux-même sur ses lèvres satinées tandis qu'un sourire énigmatique s'ébauchait sur son visage d'habitude si radieux et séduisant. Le charme et la malice. Ses compagnons de chaque jour, de chaque heure, de chaque seconde qui s'écoulaient. Le Temps. Cette divinité malveillante qui s'échappait entre nos griffes et que l'on ne pouvait retenir. Ses yeux se plissèrent, devenant seulement deux fentes étroites où l'on pouvait apercevoir ses prunelles dépareillées où luisait une lueur indéfinissable. Bien qu'il n'aimât pas le respect plus que cela, il s'était fait un plaisir de vouvoyer sa dominante jusqu'à ce qu'elle lui demande de le tutoyer. Et il le fit. Il avait l'impression, de ce fait, d'être l'égal de cette dernière alors que ce n'était même pas le cas. Au fond, il n'était qu'un protecteur dont on oubliait peut-être facilement le nom, et elle était la dominante à laquelle on vouait tout le respect qu'elle méritait.

Lakota & Hermès

Lorsque le petit moment de silence était là, Lakota se laissa aller dans ses pensées. Elle avait presque oublié la présence d'Hermès, le mâle. Allait-t'elle arriver à la hauteur au fond ? C'est une femelle qui était encore jeune et elle avait encore des choses à apprendre. Malheureusement, personne ne pouvait l'aider. Il n'y avait plus de Dominant mâle. Elle était seule maintenant. Seule être à la tête d'une meute entière. Mais tant pis ! Elle tiendra le coup, quoi qu'il arrive. C'était une famille, pour elle. Si elle la perdait, elle se retrouvera seule. La sienne ? Plus de nouvelle. Sa mère n'avait plus donner des signes de vie depuis quelques mois. Et sa soeur ? Elle s'en fichait pas mal de Lakota. De même pour son frère. Les deux étaient très proche. Si l'un deux faisait une action, l'autre faisait de même automatiquement. Donc ... C'est bien cela qui explique la situation.

- Tu es une bonne dominante, Lakota. Je sais que tu feras de ton mieux. Cette meute est devenue comme une ... famille pour moi. Une véritable famille, soudée et unie. J'espère juste qu'elle n'aura pas à subir les mêmes incidents qui sont survenus dans certaines autres meutes ... J'espère de tout mon cœur.

Les mots dit ont fait dressé les oreilles de la louve. C'était vraiment gentil de sa part d'avoir dit ça. Une bonne Dominante ? Il y a sûrement mieux mais prenons ceci comme il se doit. Elle sourit à nouveau. Oui, Lakota était une femelle souriante. Elle a toujours un sourire dessiné sur ses babines. Et si ce sourire ne se voit pas sur son visage, il se voit dans son coeur. Jamais elle ne perdra le sourire. "Sois souriante jusqu'au bout ...", c'était une des phrases que sa mère lui disait quand elle n'avait que quelques mois. Une phrase qu'elle a gardé et respectée. Bref. Comme ça, les Diamants sont aussi devenue une famille pour lui ? Elle le regarda. Peut être qu'ils ont des points en commun. Qui sait. Alors que le tonnerre commençait à gronder dans le ciel, quelques gouttes de pluie se fit sentir sur le museau de la femelle. Elle sentit des petites choses froide s'écraser sur sa truffe noire.

- Oh ... et bien merci Hermès. Ça fait plaisir à entendre. De plus ... les Diamants sont aussi devenue une famille pour toi ? Pour moi, c'est le cas.

Elle leva le museau au ciel. Il était maintenant couvert de gros nuages gris. La pluie devenait de plus en plus forte. Il serait peut être temps de rentrer et de se trouver un abris. Du moins, pour se protéger un peu. Lakota rebaissa son museau et soupira légèrement. Mais ce n'était pas un soupir d'ennuie. Au contraire.

- Il serait peut être temps de rentrer, non ?, dit-t'elle avec un visage souriant, malgré le temps.

S'il ne souhaitait pas rentrer, pas grave. Lakota ne forcerait personne. Après tout, ils sont tous libre comme l'air. Chacun leur choix. Ils font ce qu'ils veulent. Elle ne s'occupera pas de ça tel une fouineuse qui cherche toujours à comprendre le pourquoi et le comment. La Dominante se leva et s'ébroua un peu. L'eau de la pluie avait le don d'ondulé, légèrement, ses poils sur le dos. Ce qui ne lui plaisait pas vraiment. Elle ne voulait pas ressembler à un mouton, quand même.

Lakota & Hermès

Lakota avait démarré sa course au quart de tour, sans même passer par le petit trot. Non, elle a foncé directement, comme si quelque chose la pourchassait. C'est alors qu'Hermès décida de la suivre. Ils étaient maintenant en train de galoper, librement, côte à côte. De temps en temps, elle jeta des coups d'oeil sur le mâle, l'air souriante et amusée. Au fond, elle s'amusait et ça lui faisait du bien. Du bien de laisser le côté "Dominant" pour laisser celui dont elle aime. Celui qui lui donne envie de jouer. Celui qui lui donne envie de se dépenser jusqu'à ne plus avoir la force d'avancer. Simplement retrouver la Lakota qu'elle est vraiment: joueuse et amusante. C'était elle. C'était sa vraie face. C'est alors qu'elle vit le regard d'Hermès se poser sur elle quelques secondes avant de remarquer qu'il accéléra. Alors comme ça, il souhaitait jouer à ça ? Très bien. La femelle plissa très légèrement ses yeux avant de l'accélérer lui aussi. À travers la nature sous l'emprise de la pluie, on entendait des pas raisonner. Des pas qui signifiaient la liberté et la joie de vivre. Lakota, elle, resta un peu en arrière. Elle ne pouvait pas aller plus vite. N'oublions pas que c'est une femelle et que les mâles sont plus musclés qu'elles. Mais bon, cela ne lui dérangeait pas autant. Ce qu'elle voulait c'était s'amuser et c'est tout. Pas prendre le jeux au sérieux.

- Tu ne vas pas bien vite, dis-moi ! Allez ! Le premier qui arrive a gagné.

Pas vite ? Elle faisait du mieux qu'elle pouvait ! Ses muscles se serraient à chaque foulés. Sa respiration laissa de temps en temps passer un petit bruit discret. Elle était essoufflée, au fond, mais préféra continuer la course. Pendent quelques instants, elle avait oublié ce qu'elle était devenue aujourd'hui. À vrai dire, elle se sentait petite. Comme au bon vieux temps. Comme si elle retournait dans le passé jusqu'à devenir une petite loupiote. Ça l'amusait ! Ressentir l'air qui fouette sur le visage. Sentir la liberté et la joie. Elle aimait, ça. C'était une façon de vivre, pour elle. Toujours en restant derrière le mâle, celui-ci la regarda, comme pour voir qu'elle tête elle faisait. Il s'attendait à quoi ? À une tête de déprimée ou de mauvaise joueuse ? Non, au contraire. Elle avait l'air souriant, comme d'habitude. D'ailleurs, en parlant de ça ... C'est assez rare de voir Lakota se fâcher. Il faut dire qu'elle a plus l'habitude de montrer un sourire que de montrer ses crocs. Et c'est ainsi qu'ils partirent tout les deux aux éclats. Entre temps, ils se sont mit l'un à côté de l'autre. Ce qui explique le rire si soudain. Un rire qu'elle n'avait pas fait sortit de son corps depuis un bon moment. Quelques mois, peut être. Hermès lui jeta un coup d'oeil et accéléra encore une fois la cadence. Il était vraiment rapide ! Lakota se demandait plusieurs fois s'il ne faisait que ça de ses journées. Courir, courir, courir encore et encore. Puis, d'un seul coup, Hermès disparu dans le peu de neige qu'il y avait autour d'eux. Lakota l'avait vu. Il s'était emmêlé les pattes et fit une chute. Sur le coup, la femelle essaya de freiner pour ne pas continuer la route sans lui. Ses yeux s'étaient écarquiller un moment avant de comprendre ce qu'il venait de se passé. Elle peina. Le sol est assez glissant à cause de la pluie et elle était bien partie dans une course folle. Mettant ses oreilles en arrière, elle ralentit son pas quelques mètres plus loin. Et oui, ça a tout de même mît du temps avant de pouvoir retrouver un pas tranquille. Une fois cela fait, elle retourna sur ses empreintes au petit galop et laissa le nom "Hermès" sortir plusieurs fois de sa gueule, croyant qu'elle allait avoir une réponse. Mais rien. Elle se sentit coupable et la panique lui monta aux yeux. Si elle n'avait pas proposé de rentrer, il n'aurait pas proposer de faire la course et ensuite de le faire chuter. Elle huma l'air plusieurs fois de suite avant de replonger sa truffe dans le sol boueux à la conquête de son odeur. De la moindre trace qui pouvait lui donner sa présence. Tout en continuant de sentir le sol humide et sale, elle vit des traces de pattes dans la neige. Elle releva sa tête. C'était peut être lui ! Sans attendre, elle bondit et fonça jusqu'aux petites traces de pattes. Espérant le trouver ici, elle regarda un peu plus bas et elle vit une boule foncée parmi le fond blanc. "Hermès !", pensa-t'elle inquiète avant d'aller vers lui en prenant garde de ne pas glisser à son tour. Son poils était parsemer de poudre blanche. Comme s'il avait fait des roulés-boulés avant de se retrouver là, au bord de la mort. Un peu plus et il y passait.

- Hermès !, s'écria-t'elle en continuant de descendre lentement pour ne pas se blesser à son tour.

Puis, elle arriva à sa hauteur. Elle le regarda de près et tourna un peu autour de lui. Les oreilles en arrière et la queue à moitié entre ses pattes arrière. Oui, elle était inquiète et si il était blessé, elle se sentira coupable dès les premiers instant. C'était tout de même un membre de sa propre meute ! Une Dominant ne doit pas les blesser. Que vont-t'ils penser les autres ? Qu'elle a voulu la tuer et a joué la traître jusqu'à maintenant ? Il était hors de question. D'une voix inquiétante, elle tenta de décrocher une réponse de sa part.

- Hermès, est-ce que tout va bien ? Tu as mal ?

Elle ne savait que dire d'autre. Evidemment que ça n'allait pas bien ! Il venait de faire une chute.

- Je ... Je suis désolée c'est de ma faute, poursuivit-t'elle en tournant en rond.

Que faire dans ces moments là ? Surtout, ne jamais laisser la panique nous envahir. Elle prit une grand inspiration et expira doucement. Continuant de tourner autour du mâle, elle attendait juste une petite réponse et elle pourra savoir s'il faut demander de l'aide ou pas.

Lakota & Hermès

Lakota continuait de tourner autour de lui, sans s'arrêter, attendant une réponse de sa part. Et s'il avait perdu conscience ? Ou encore ! S'il s'était gravement blessé ? La Dominante ne sera pas que faire. Il faudra qu'elle retourne vers les autres loups leur demander de l'aide. Elle ne pouvait pas transporter un mâle, seule. Impossible. Sinon, elle va le devoir le traîner par la peau du coup jusqu'à là-bas mais elle sera plus fatiguée qu'autre chose. Elle le regarda. Il ne doit pas avoir honte d'avoir chuté devant sa Dominante. Il pouvait considérer Lakota comme une amie et pas comme une chef qu'il doit lui obéir au doigt et à l'oeil. De plus, elle ne voulait pas avoir ce mode de vie. Elle veut continuer de vivre comme elle vivait. C'est alors qu'il essaya de se relever. La jeune femelle écarquilla les yeux. Une chose est sûr: il semble être dans un meilleur état qu'elle pensait. Mais ce fut un échec. Lourdement, il retomba sur le sol. Elle fit un regard de pitié mélangé à la tristesse. Ou quelque chose dans ce genre. Puis, avec courage et but, il tenta de se relever à nouveau. Mais une fois de plus, ce fut un échec. La pluie ne cessait de tombée. Il ne manquait plus que ça ! Elle fronça légèrement les sourcils et fit quelques pas vers lui. Sans même avoir eu le temps de sortir quelque chose entre ses babines, il prit la parole. Elle le laissa parler.

- Je vais bien, je vais bien. Mais c'est ma faute, à moi et à moi seul. Je ne supporterai pas que tu te mettes en cause pour cette histoire. Par contre, je crains que nous ayons un léger soucis pour redescendre la montagne ...

Se mettre en cause ? Elle n'allait pas changer sa façon de penser. Elle savait qu'il allait pleuvoir et elle a accepté de faire la course avec lui. Elle aurait pu refuser. Mais bon, son instinct de joueuse avait prit le dessus sans même qu'elle puisse s'en rendre compte. Elle fit un regard surprit. Il ne supporterai pas ? Tant pis, il fallait faire avec. Elle soupira légèrement, dessinant un très, très, très petit sourire sur ses babines. C'était un loup vraiment gentil. Tant mieux, d'ailleurs. Elle ne voudrait pas avoir un loup mal léché sans sa propre meute. Dès que la phrase d'Hermès fut terminée, elle revint sur la dernière phrase. "Un léger soucis ?" C'était sûr, il va avoir un problème. Il ne sait sûrement pas se relever, malgré les efforts fournis. Elle avait pensé rester là un petit moment le temps qu'il se sente un peu plus en forme pour, ensuite, reprendre la route dans une marche calme et sereine. Mais la pluie ne faisait qu'aggraver les choses. Il pleut, ils ne vont pas rester là, sous la pluie. Il vont être tellement trempés qu'ils vont attraper froid. Hors de question.

- Tu en es sûr ? ... Et non, ce n'est pas de ta faute. De quel genre de soucis parles-tu ?

C'était une question bête. Pendent quelques secondes, elle se sentit ridicule près de lui. Il n'arrivait pas à se relever. Ce n'était pas assez pour comprendre le problème ? Elle le regarda, attendant sa réponse.

Lakota & Hermès

Lorsqu'elle eu finit sa phrase, les yeux du mâle fixèrent ceux de Lakota. Hermès avait des yeux unique. Jamais la femelle à vu ça, auparavant. C'était la première fois qu'elle rencontrait un loup avec un regard pareil. Et surtout, qu'elle puisse s'en rapprocher en quelques minutes seulement. Il n'y a même pas quelques temps en arrière, Lakota ne le connaissait pas. Aujourd'hui, elle commence à apprendre son caractère et au moins, ils ont peur s'amuser. Un petit moment, bien sûr ... Juste avant la chute. Il sourit. Là, couché au sol, écrasé par son poids, souffrant à cause de sa patte, il laissa dégager un sourire. Un sourire qui rassure la Diamant. En guise de réponse, elle sourit à son tour. Mais légèrement, ne voulant pas dévoiler ses crocs blanc et avoir l'air ridicule, une fois de plus, devant lui. Il y a vraiment des moments où la femelle ne se reconnait pas. Parfois, des questions inutiles sortaient de sa bouche. Imaginez ça, si elle le fait devant sa propre meute. Là, devant tout le monde. Je vous laisse imaginer la tête qu'elle fera. Mais bon, maintenant qu'elle sait tout ça, elle préfère d'abord réfléchir un peu avant de poser une question ... Stupide ? Oui, on pouvait appeler ça comme ça. Puis, à nouveau avec courage, le mâle tenta de se relever et marcher un petit peu. Par chance, il put faire quelques pas en direction de la femelle juste avant de retomber au sol, devant ses pattes. Il était là, devant les pattes blanches et fines de la femelle. De loin, on pourrait presque croire qu'elle jouait à sa dominante, qu'elle était en train de se croire plus fort ou je ne sais quoi. Mais ce n'était pas le cas. Gardant un peu la tête haute, seuls ses yeux étaient baissés afin de voir Hermès. Elle avait remarqué sa blessure à la patte mais préféra ne rien dire. Lui, il tentait de la cacher. Mais trop tard. Elle l'avait vu et elle n'était pas fière de cette chute. Pourquoi est-ce que les moments comme ça tombe assez mal ? Continuant de le regarder, elle vit que son regard longea un peu les horizons. Comme s'il cherchait quelque chose. Curieuse, Lakota regarda dans la même direction que le mâle. Soudain, il s’exclama, comme s'il était content d'avoir vu quelque chose.

- Une grotte, là ! Nous pourrions nous y arrêter en attendant que la pluie cesse.

Elle regarda la grotte. Parfait ! C'était une très bonne idée de sa part. Au moins, ils seront à l'abris quelques instants, le temps que la pluie laisse à nouveau sa place au soleil. Et pourvu que cela ce fasse assez rapidement. Trempée jusqu'aux os, ses poils tombèrent comme si elle venait tout juste de sortir du lac. Les oreilles légèrement baissée, elle regarda à nouveau le mâle. Quelques gouttes s'écrasèrent sur le museau d'Hermès. Lakota ne fit pas attention et elle ne le faisait pas exprès.

- C'est une très bonne idée, Hermès !, déclara-t'elle en souriant, sous la pluie battante. Arriveras-tu à aller seul ou tu veux t'appuyer un peu sur moi pour marcher jusqu'à la grotte ?

Qu'importe la réponse, ça ne lui posa aucun problème. Elle devait tout de même l'aider. Une Dominante ne doit pas seulement les considérer comme - à peut près - des esclaves. Oh non, jamais elle ne fera ça, peut importe l'âge. Que se soit un louveteau ou un ancien. Elle aura toujours un moment pour s'occuper correctement des membres de sa meute. Elle le regarda, attendant sa réponse.

Lakota & Hermès

La jeune louve, au pelage blanc-crème, regarda le mâle s'installer près d'une paroi dans la grotte. Quand à elle, elle resta encore quelques secondes sur le seuil de l'entrée de la grotte, avant de se décider d'y entrer. Les gouttes restante sur son pelage tombaient sur le sol sec de la grotte. Quoique ... Il était un peu humide, avec le temps. Mais c'était déjà ça. Avoir un abris, au lieu de rester sous cette pluie battante. Trempée jusqu'aux os, elle se secoua fortement afin d'enlever le surplus de ce liquide. Même le bout de sa queue y passa. Une fois qu'elle eu finit, son pelage partait dans tout les sens. Il était ébouriffé, comme si elle venait de se battre violemment. Ses pattes étaient brune à cause de la boue. Maintenant, vous savez pourquoi la jeune Dominante n'aime pas vraiment être sous la pluie. Ce n'est pas qu'elle est parfaite et qu'elle aime faire sa toilette tout le temps mais avoir l'air d'un ours sortant d'un lac, ce n'était pas vraiment agréable. Bref. Après s'être bien secouée, elle alla se couché du sens opposé du mâle. Peut être qu'il voulait être seul. Peut être qu'il n'aimait pas qu'un autre loup dorme pas loin de lui. Elle ne le connaissait pas encore. Face à l'entrée, elle regarda encore le ciel. On ne voyait pas une seule étoile. C'était vraiment dommage pour elle. Elle qui avait bien voulu les voir avant de s'endormir. Mais les nuages gris masquait ce ciel magnifique. Elle baissa son museau. Il faisait vraiment froid et la louve avait une envie de trembler. Elle fut tellement perdue dans ces pensées que la voix d'Hermès la fit légèrement sursauter.

- Bonne nuit, Lakota ... Et merci pour tout.

Elle tourna son museau vers lui, regardant ses yeux. Merci pour tout ? Elle n'avait rien fait de spécial. C'est plutôt à elle de le remercier car, grâce à cette journée, elle s'est sentit plus libre. Courir à ses côtés pour avoir fait une course, lui avait bien plut. Même si cela était très fatiguant. Mais au fond, ça lui avait fait plaisir. Un jour, ils devraient remettre ça. Enfin ... Une fois que la patte du mâle sera rétablie. D'ailleurs, Lakota regard la blessure. Une boule se serra au fond de sa gorge. Et si cela s’infecterait pendant la nuit ? Elle se sentirait coupable. Vraiment coupable. Dire que là, elle pourrait tenter de l'aider mais elle ne s'y connait pas du tout avec les remèdes. Les druides des Diamants sont sûrement au camp. Elle ne peut pas quitter la grotte, aller les chercher, et revenir. Tout danger peut surgir de nul part. Tout peut arriver en quelques minutes seulement. Bref. Dans ce genre de situation, on est complètement bloqué. On ne sait pas quoi faire. On ne sait pas quoi dire, aussi. Ne serait-ce qu'un "Bonne nuit", pour lui répondre. Elle finit par sourire encore une fois. Chez elle, le sourire était une chose vitale. Elle aime sourire, malgré toutes les situations qu'il peut avoir. Elle aime partager son sourire et montré sa bonne humeur. De plus, c'est assez rare de la voir de mauvais poils.

- Bonne nuit Hermès, et je t'en prie, répondit-t'elle en souriant.

Puis, elle détourna le regard, face au ciel. Elle était couchée pas bien loin de l'entrée, c'est pour ça. D'un geste lent, elle déposa délicatement sa tête sur ses pattes avant. Quelle dure journée, aujourd'hui. Une journée pleine d'émotions. De la joie, de l'inquiétude, de la tristesse ... Une journée chargée et fatigante. Heureusement, ils pourront dormir et fermer la page du jour, pour laisser celle du lendemain prendre place. Elle ferma ses yeux bleus-océan. Elle semblait être tranquille et fatiguée. Lakota n'entendit pas les pleurs du mâle. Trop occupée à chercher le sommeil, ses oreilles ne détectaient pas un son. Il devait être assez silencieux, peut être. Ou sinon, c'était elle qui entendait mal. Quelques minutes plus tard, elle était déjà partit dans un rêve. Ou un cauchemars. Nous verrons bien. Elle se sentait légère. Plus rien autour d'elle n'existait. Plus rien. Seulement elle et l'envie de rêver. Sa respiration était calme. Jamais elle n'oubliera cette journée. Hermès était un loup vraiment sympathie. Il mérite tout. Amour comme amitié. Ce n'est pas un loup que Lakota n'aime pas. Au contraire. Peut être qu'un jour ils deviendront de véritable amis. Inséparable ? Qui sait. Des meilleurs amis ? Peut être. Se considérer comme des frères et soeurs ? Peut être bien. Peut être que leur amitié va durer. Ou peut être qu'elle va être oubliée. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve. Peut être même qu'un jour, je dis bien: un jour, ils ne s'aimeront plus ! Ils ne se flairons plus. Nous n'en savons rien. Et pourtant, elle y croit ...

Lakota & Hermès

Pendant un bref instant, Lakota se sentait seule. Seule dans son monde. Un monde sans fin. Un monde où tout va bien. Regardant le ciel bleu, elle se laissa caresser par le petit souffle qui rodait encore. Un petit souffle qui venait se mêler dans ces poils blancs. Les oreilles légèrement tournée vers l'arrière, elle ferma les yeux quelques instants, profitant du silence. On entendait le chant de quelques oiseaux qui passaient par là. On entendait aussi le bruit du vent qui venait frotter les branches des arbres entre elles. Un calme paisible. C'est dans ces moments là qu'il faut profiter du silence. Alors que ce silence semblait être infinis, une voix vint à faire sortir Lakota de ces pensées.

- Tu as passé une bonne nuit ?

C'était celle d'Hermès. Elle ouvrit les yeux. Tiens ? Il était déjà debout ? Elle rebaissa son museau contre la terre ferme et le regarda de ces yeux bleus. Il ne semblait pas être dans un piteux état. Pas comme elle. Les pattes couvertes de boue, ainsi qu'un peu la queue et le museau. Si elle avait bien dormis ? Oui. Aucun bruit ne lui avait empêché de partir dans son sommeil. Aucun bruit. Le silence était au rendez-vous. Regardant de la tête aux pattes, son ami, elle dirigea ensuite son regard dans le sien pour finir avec un sourire aux babines. Et oui, encore un sourire. Cette louve a le don de tout le temps sourire. Sourire, sourire, sourire, ... Que ça ! C'était comme ça avec elle. Jamais vous ne la verrez en colère ou encore de mauvaise humeur.

- Une très bonne nuit, oui !, répondit-t'elle en élargissant son sourire. Et toi ?

Elle vit ensuite la patte du mâle. Heureusement, il ne s'était rien cassé. Sinon, elle n'aurait su comment réagir. Faisant disparaître son sourire en fixant sa patte, elle sentit une boule se former au fond de sa gorge. Pourquoi ? En repensant à la chute, elle se sentit encore plus coupable. Coupable d'un accident qu'Hermès ne méritait pas. C'est vrai ... Hermès mérite tout, sauf la douleur. Une douleur physique ou une douleur au fond de son coeur. C'était un loup qui méritait tout sauf ça. Elle releva son regard, légèrement inquiet, vers celui du mâle et attendit une réponse de sa part.

On percevait seulement le babillement du vent, ce souffle irrégulier qui venait s'insinuer dans les feuilles des arbres et les caresser tel une main maternelle. Rien ne venait perturber ce silence accablant, ce silence inquiétant même, qui régnait sur les terres dont la louve qui se trouvait aux côtés du grand brun était la souveraine. La dominante. Celle qui gouvernait, celle qui régnait sur ce territoire à l'allure onirique et qu'Hermès affectionnait particulièrement. Car ce territoire était celui de la meute dans laquelle il vivait, une meute à laquelle il se vouait corps et âme désormais. Certes, au début, il n'avait été qu'un bandit de pacotille qui rendait justice aux pauvres et aux opprimés de la société avec quelques compagnons de route, mais au fil des années, il s'était construit et était devenu un loup des plus respectables et des plus loyaux, toujours prêt à défendre les autres vaille que vaille, même au péril de sa propre vie. Il avait ainsi rejoint les Diamants en tant que gardien, dans le but de surveiller ces magnifiques territoires qui éblouissaient ses prunelles d'ambre et d'azur, mais aussi pour veiller sur ses nouveaux compagnons. Sur ses nouveaux amis, qui formaient en quelque sorte une famille pour lui.
Poussant un léger soupir, ainsi perdu dans les méandres de son esprit, il détourna le regard vers le sommet de la montagne, là où reposait une neige éternelle et immuable qui restait là quelques soient les saisons. Jamais elle ne fondait. Là-haut, dans ces hauteurs, l'hiver et le froid étaient maîtres toute l'année durant mais jamais personne ne s'aventurait à cette altitude car il était difficile d'en revenir. De bouche à oreille, on se racontait de terribles histoires sur ce qui était arrivé aux malheureux loups qui avaient entrepris de monter si haut. Des individus courageux, certes, mais que l'on n'avait jamais revu. Avaient-ils glissé et fait une chute sans pareille ? Ou étaient-ils restés transis de froid, incapables de bouger et s'abandonnant finalement à la douce mort ? Personne ne le savait mais tout le laissait présager. A ces pensées, le regard de l'ancien solitaire se fit plus dur et ferme et il songea avec véhémence que cette montagne était capricieuse et cruelle, au fond, et qu'il valait mieux descendre d'ici au plus tôt. Lakota et lui-même étaient restés bien trop longtemps là-haut et qui sait ce qui pourrait leur advenir, si leur séjour se prolongeait encore ? Un malheureux accident, comme une avalanche, et c'en était fini de leur vie. Oui, il fallait à tout prix qu'ils descendent le flanc de la montagne, et le plus rapidement possible, même si cela devait arracher des gémissements au loup brun et des cris de douleur, quitte à paraître faible aux yeux de sa dominante.

« Une très bonne nuit, oui ! Et toi ? »

Répondit-elle avec un sourire qui s'élargit sur son visage si affable et si doux. Son regard se porta ensuite sur la patte du gardien et, instantanément, son sourire disparut au profit d'une mine inquiète. Nul doute qu'elle se faisait un sang d'encre pour la santé d'Hermès, mais ce dernier allait du mieux qu'il pouvait, bien que sa patte le lancine terriblement mais toutefois moins que la veille. Il se souvenait la douleur qu'il avait ressenti après sa chute. Une douleur inimaginable, qu'il n'avait jamais ressenti jusque-lors et lorsqu'il repensa à cela, une grimace se dessina sur son visage juvénile aux traits fins, venant déformer cette expression de bienveillance qu'il affichait en toute circonstance. Sa beauté devint moins évidente, bien qu'il conservât toujours cette fraîcheur et cette jeunesse éternelle qui lui était propre, et que rien ni personne ne viendrait enlever. Finissant par détacher son regard de la montagne qui l'entourait, il scruta les environs dans les moindres détails pour tenter d'apercevoir un chemin, un sentier, qui leur permettrait de redescendre le flanc de la montagne et de rejoindre les terres Diamants en toute sérénité. Et enfin le calvaire que sa patte meurtrie lui faisait subir serait terminé, et il pourrait s'abandonner aux soins d'un druide en savourant le bonheur que lui avait procuré cette rencontre avec sa dominante, malgré tout. Oui, car il se sentait plus gai et enjoué maintenant qu'il lui avait parlé. Il pressentait déjà une amitié peut-être longue et durable avec cette louve au grand cœur qui ne manquerait pas de l'étonner par les choix qu’elle devrait faire pour gouverner sa meute.
Esquissant quelques pas, il avança sur une courte distance pour se pencher par dessus le précipice qui s'offrait à lui et voir à quelle hauteur ils se trouvaient. Mais pris de vertige à cause de l'altitude, il se recula vivement et en déduisit qu'ils devaient se trouver bien haut. Bien trop haut, même. Finalement, il déclara, avec un sourire malicieux aux lèvres et son regard toujours dardé sur les environs :

« Aussi, quoi qu'un peu agitée. Nous devrions redescendre, maintenant, non ? Avant qu'il nous arrive une autre mésaventure... »