Quand le feu et l'azur se rencontrent...

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Rhaego était tout feu tout flamme. Le corps aplati derrière les rochers, il venait de découvrir un troupeau de chevaux qui séjournaient régulièrement ici, dans la vallée luxuriante. Il venait tout particulièrement de repérer un vieux cheval malade et boiteux, et il était bien décidé à en faire son repas, et également à en rapporter quelques morceaux de choix à sa meute. C’était aussi l’occasion de parfaire sa technique de chasse et d’entretenir ses muscles: c’est que l’hiver approchait et qu’avec son poil touffu il aurait besoin de développer sa musculature pour qu’elle se voie ! Ainsi Rhaego ferait-il deux pierres d’un coup en tuant ce vieux canasson : à la fois servir sa meute et entretenir son endurance. Une belle perspective qu’il ne devait pas louper. Un Rhaego ne rate jamais une proie aussi facile… Ou alors ça serait la honte de sa vie.
C’est ainsi que, tous les sens en alerte, il commençait lentement à se rapprocher du troupeau. Il se concentra sur la proie convoitée et dans le vif de l’action, commença à galoper dans sa direction.

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Mélisto cavalait par-ci par-là. La belle Emeraude ne tenait pas en place. Comme à son habitude, finalement. Ses manies la menèrent pour finir à la vallée Luxuriante. Lieu où gibier et végétaux abondaient, la Gardienne savait qu'elle y trouverait une distraction. Bizarrement, aujourd'hui, la louve grise se fichait de se mettre en avant ou pas. Comme, si, le vent qui avait jusqu'à présent soufflé en elle avait cessé. Etrange. Mais, et heureusement, Mélisto avait toujours son côté aventureux qui lui apportait distraction et entretien physique. Oui, Mélisto était du genre à prendre soin de son image, mais pas spécialement de l'avis des autres. Adorant se mettre en évidence et attirer tous les regards, la jeune Emeraude était, pour cela, munie d'un physique avantageux : longues pattes fines, yeux azurs et pelage soyeux de couleurs rares... Oui, elle ne manquait de pas grand chose. Si ce n'est de relations stables en dehors de sa famille et de ses ennemis. Même si cela faisait maintenant presque deux ans que la louve était au sein des Emeraudes, elle peinait à se trouver des amis. Ou, même un compagnon. Bien qu'elle sache qu'elle ne voudrait pas d'un lien durable, trop ancrée à ses souvenirs d'antan. La louve n'entamait que rarement des relations amoureuses... Pour les terminer aussitôt. Non, l'acquis ne lui plaisait pas. Ce que l'Emeraude préférait, en fait, c'était charmer. Et impressionner.

Toute à se demander ce qu'elle pouvait trouver d'attrayant dans les parages, Mélisto arriva dans un terrain à découvert. Une clairière immense cerclée par des arbres. En son centre, un troupeau d'équidés paissant paisiblement l'herbe grasse du printemps. Le soleil arrivait en violents rayons sur la sorte de prairie et éblouit un instant la louve, celle-ci ayant parcouru plusieurs kilomètres à l'obscurité des arbres. Le temps que l'Emeraude s'acclimate au brusque éclairage, son flair avait déjà repéré les chevaux. L'appel de la faim résonna : un gargouillement sourd se fit entendre. Heureusement, le bruit ne fit pas dresser les oreilles des équidés, ceux-ci étant trop loin pour y prêter attention.

Ce serait du suicide de s'attaquer à ça toute seule

Oui, Mélisto n'avait pas été élevée chez les Emeraudes pour rien : elle en avait à présent toute l'intelligence et la tactique. Un cheval, même mal en point, pouvait fendre le crâne d'un loup d'une simple boquée... D'ailleurs, un loup seul contre un troupeau de chevaux, ces derniers pouvant toujours se retourner et se défendre au lieu de prendre la fuite, serait... Inéquitable, suicidaire, réflexe immature, autodestructeur ? En gros, bien dangereux.
Se détournant du troupeau en quête d'un gibier moins gros et massif, une odeur parvint au museau de Mélisto. Pivotant sur ses pattes élancées, remettant la clairière dans son champ de vision, l'Emeraude discerna un loup. L'odeur, bien que ténue, la louve la discerna de suite, ayant été bercée dedans.

Emeraude

Derrière la fragrance de la meute, Mélisto en discerna une autre : musquée et sauvage. Virile. Rien que cette effluve la fit frissonner. Elle était certaine de ne jamais l'avoir sentie auparavant... Et, pourtant, la Gardienne connaissait bien des loups Emeraudes. Si ce n'est presque pas tous. Le museau en l'air, Mélisto en aspirai de longues bouffées. Puis, après quelques secondes, reposa son regard sur l'Emeraude présent.
Sur sa droite, à une cinquantaine de mètres, il s'avançait à pas feutrés, guettant du regard quelque chose. Suivant son point fixe, Mélisto remarqua un cheval mal en point. Ce dernier paraissait avoir fait son âge et souffrir de l'arthrose. Gueule bée, la Gardienne comprit ce que cet Emeraude avait l'intention de faire : il comptait s'attaquer à ce vieux canasson. C'est à dire, au troupeau entier. Les proies sont bien plus imprévisibles qu'on ne le croit... Mélisto se rappelait encore des paroles de sa Mentor.

Mais, il est complètement taré ! Il va se tuer !!

Abasourdie, Mélisto le regarda s'approcher encore. Le vent jouait en faveur du mâle, il rabattait son odeur en direction de la Gardienne, et non du troupeau. Puis, toujours à moitié tapi dans l'herbe, le loup s'élança en galopant sur la proie visée. Hésitant un instant, Mélisto débattit sur le fait de le stopper ou pas. Une pensée la traversa :

Peut-être qu'il sait ce qu'il fait ? Roh, et puis mince !

Prenant un départ chevronné, la louve fonça sur l'Emeraude. Les chevaux avaient maintenant levé la tête et les avaient repérés. Analysant la situation un instant, un loup fonçant droit sur eux et un autre qui fonçait droit sur ce dernier, les chevaux décidèrent de prendre la fuite. L'Emeraude galopait à bonne vitesse, avec l'intention certaine de chopper sa proie. Songeant que, si elle ne l'arrêtait pas tout de suite, il mourrait certainement, Mélisto allongea ses foulées. Et, à temps, elle parvint à stopper le mâle. Enfin...

Mélisto bondit à quelques mètres du loup, poursuivant toujours son cheval, et le percuta de plein fouet. Sonnés, les deux Emeraudes roulèrent dans l'herbe. L'impact faisait encore vibrer les pattes et la cage thoracique de la Gardienne, où, son coeur cognait furieusement après le sprint qu'elle avait effectué. Après quelques roulés-boulés, Mélisto essaya de reprendre patte... Mais, s'écrasa au sol après s'être mise sur ses fines gambettes. Refusant de lutter encore contre son tournis, la louve posa sa tête au sol et reprit son souffle.

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Ca y était… il approchait du troupeau et du vieux cheval, le cœur haletant par la course. Les chevaux ne l’avaient pas encore repéré et cela se présentait plutôt bien… Quel festin il ferait ! Seulement, plus il se rapprochait, plus il lui semblait que le cheval malade se révélait plus robuste qu’il n’y paraissait. Et surtout il était bien entouré par de robustes étalons. Tant pis, se dit Rhaego, il n’allait pas se dégonfler tout de même, il avait déjà chassé des proies de cette taille auparavant, enfin il le croyait, car plus il s’en rapprochait, plus les chevaux paraissaient vraiment robustes… Il continua cependant sa course effrénée sans se poser plus de questions, sans ralentir, les yeux rivés sur sa proie. Un Rhaego ne se dégonfle jamais !
Soudain, et il ne l’avait pas vu venir, il entendit derrière lui le bruit d’une galopade, et quelque chose le percuta alors de plein fouet, quelque chose qui avait des yeux bleu azur, et son corps se retrouva alors projeté au sol. Lui causant une grande douleur au-dessus de la tête. Sonné, Rhaego dut attendre que l’effet du choc passe, et que ses pensées toutes étourdies aussi. Il fut même incapable pendant un instant de se souvenir de ce qui venait de se passer, tout endolori qu’il était… Non… Attendez une minute… Il se rappelait un gros truc, Un gros truc qui le percute sauvagement, avec des yeux bleus azurs, des yeux de loups… Il se releva alors instantanément, et en titubant se retrouva nez à nez avec une louve, celle qui l’avait empêché de terminer sa chasse. Une colère gronda alors en lui. Comment avait-elle pu se permettre de se jeter sur lui ainsi, ruinant sa chasse, et le ridiculisant par la même occasion! Il ne comprenait même pas pour quelle raison. Voulait-elle volontairement ruiner sa chasse, ou croyait-elle vraiment qu’il état incapable de chasser ? En plus, il ne pouvait même pas savoir à quelle meute elle appartenait à cause de son odorat plus que médiocre, même si elle était juste à côté d’elle et qu’ils se touchaient presque…Il reprit alors toute sa force et sa grandeur et grogna en lui montrant les crocs, plus énervé que jamais.

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Après avoir repris ses esprits et ses capacités, Mélisto se remit debout. Et se retrouva truffe à truffe avec un beau mâle. Cette carrure, ce pelage, ces muscles ! Ces... Crocs ?! Et ce grondement. L'Emeraude avait été un instant perdue dans la contemplation du mâle devant elle et n'avait pas pris garde aux signaux d'avertissement. Le loup lui grondait contre, furieux. Faisant d'abord un mouvement de recul, Mélisto écarquilla les yeux. C'est qu'il était impressionnant avec ses poils hérissé et sa grandeur. Bien qu'élancée, la louve devait faire 10 centimètres de moins que lui.

Puis, se rappelant qu'elle venait certainement de lui sauver la vie, elle le fusilla de ses yeux azurs. Après tout, Mélisto s'était dérangée pour venir lui épargner des blessures certaines. Et puis, de un, on ne la menace pas. Montrant les crocs à son tour, elle prouva ainsi que le mâle ne l'intimidait pas.

- Quoi ? Tu pensais que je ne pouvais pas montrer mes crocs aussi ? Si tu tiens à m'attaquer, vas-y ! Ne te gêne pas. Mais, va pas chialer après. Quand tu te seras pris une raclée.

La fureur grondait en Mélisto. Comment osait-il ? Après qu'elle lui ait sûrement sauvé la vie, la menacer. Ses poils se hérissèrent, ses yeux plantés dans ceux du mâle.

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Mince alors, son agressivité ne semblait pas le moins du monde intimider la louve, bien qu’elle soit d’une dizaine de centimètres plus petite que lui… Au contraire, elle lui avait également montré les crocs et lui avait répondu à l’arrachée qu’elle était prête à se battre. Il resta quand même campé sur ses positions, prêt à l’attaque car il serait plus fort qu’elle. Le problème c’était qu’il venait de reconnaître en elle le Gardien de sa meute, même s’il était incapable de se rappeler son nom. Et puis… il fallait reconnaître qu’il ne l’avait pas très bien regardée… Ses fines pattes et son pelage la rendaient plus que magnifique, une vraie déesse ! Quand à ses yeux, Oh my god, n’en parlons même pas ! Jamais Rhaego n’avait vu une telle merveille parmi toutes les louves qu’il avait rencontré. De plus, son petit caractère franc lui plaisait énormément… mais l’agaçait aussi plus haut point. Jamais aucune louve ne s’était permis de lui parler ainsi. Elles avaient plutôt l’habitude de le vénérer. Le fait qu’il soit attiré par elle alors qu’elle se moquait de lui l’agaçait tellement…

* Pour qui elle se prend celle-là ! Pour me répondre ainsi de façon hautaine, pour douter de ma force et pour oser affirmer que c’est elle qui pourrait gagner ! T’as beau être belle ma jolie, et là-dedans je m’y connais, mais ici c’est moi qui mène le jeu ! *

Alors, l’attitude de Rhaego changea, et puis se risquer dans une bagarre alors qu’il était un peu étourdi… C’était un peu risqué, même si cela, il ne pourrait jamais l’avouer à quiconque. En plus, il croyait sentir du sang chaud couler sur sa tête. Il se rassit donc et dit, de son air charmeur, sûr de son coup et sûr de l’ajouter à sa liste de conquêtes:

- Oh, calme toi ma jolie, je ne te veux aucun mal. J’étais juste en train de me demander pourquoi tu as interrompu ma chasse en sautant sur moi. Je ne savais pas que je faisais un tel effet sur les louves, surtout une louve aussi belle que toi…

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- Oh, calme toi ma jolie, je ne te veux aucun mal. J’étais juste en train de me demander pourquoi tu as interrompu ma chasse en sautant sur moi. Je ne savais pas que je faisais un tel effet sur les louves, surtout une louve aussi belle que toi…

Mélisto prit un air ahuri. Cet Emeraude qui semblait si énervé auparavant venait se se rabattre. Comme ça. Sans raison. Ou, serait-ce parce qu'il venait de se rendre compte qu'il était en présence d'une magnifique louve ? Probable. Car, la Gardienne avait vu où naviguait son regard de feu. Oui, elle devait avouer qu'un frisson l'avait parcourue lorsque ce dernier avait remonté le long de ses fines pattes, pour venir se planter dans ses yeux bleus. Néanmoins, Mélisto n'était pas dupe. Combien de fois avait-elle jouer elle-même à ce jeu ? Avec de pauvres bennets, ces loups stupides qui se laissaient prendre dans ses filets... La louve poussa un soupir. Mélisto savait à quoi s'y attendre... Il lui ferait la cour. Le complimentant sur ses charmes, ainsi que son assurance. Mais, l'Emeraude avouait qu'elle en avait assez. Toujours la même technique, toujours les mêmes tirades. Qu'on lui cède tout le temps... Cela devenait lassant lorsque l'ont faisait ça pendant presque un an. Néanmoins, elle devait avouer que ce mâle lui plaisait bien, et, comme il semblait tout aussi coureur de jupons qu'elle de... beaux mâles, qu'il devait grâce à son physique, certainement avoir tous les avantages et que l'on ne semblait rien lui refuser, il devait être lassé aussi, non Chercherait-il, lui aussi, de nouvelles choses ? Une louve qui lui en ferait baver pour la conquérir ? Or, si Mélisto souhaitait cet Emeraude à son tableau de chasse, elle devrait se prêter à ce jeu.

Plissant les yeux, la louve rétorqua :

- Oh, ne te prends pas la tête, hein ? C'est juste qu'en ce moment, notre meute étant dans une situation plus que précaire, il serait inutile de perdre un Protecteur. Ce serait... Plus que navrant. Les Alphas se verraient alors, attaqués de tous les
côtés.

Puis, poussant un soupir exaspéré, elle continua :

- Ne m'appelle pas ma jolie, et je n'ai certainement pas d'ordres à recevoir de toi, Protecteur ou pas. Et, sache que je ne suis pas aussi écervelée que toutes louves qui seraient tombées entre tes pattes.

Montrant bien que le sujet était clos, Mélisto tourna les talons et reprit la direction vers la forêt. Tout en marchant tranquillement, de son pas aérien et langoureux, celui qui faisait arrêter tant de battements, la louve eut un sourire malicieux.

Il est certainement en pleine fixation sur ma croupe

Son choix, de le quitter ainsi, montrait qu'elle ne portait que peu d'intérêt au mâle. Toutefois, elle dut songer au fait que, s'il ne la suivait pas, elle devrait se résigner à trouver une excuse pour le revoir. Mélisto n'avait aucun compagnon fixe en ce moment, et, coup de bol, ce petit nouveau venait d'arriver ! Elle en avait de la chance...

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Les compliments que Rhaego venait de dire à la louve ne firent pas l’effet escompté. La louve lui répondit d’un air neutre et exaspéré :
- Oh, ne te prends pas la tête, hein ? C'est juste qu'en ce moment, notre meute étant dans une situation plus que précaire, il serait inutile de perdre un Protecteur. Ce serait... Plus que navrant. Les Alphas se verraient alors, attaqués de tous les
côtés. Ne m'appelle pas ma jolie, et je n'ai certainement pas d'ordres à recevoir de toi, Protecteur ou pas. Et, sache que je ne suis pas aussi écervelée que toutes louves qui seraient tombées entre tes pattes.
Mince alors, elle venait de découvrir son petit jeu de séduction qui perturbait d’habitude les louves. La technique directe ne semblait pas marcher… Pire ! La Déesse aux yeux d’azur semblait se moquer royalement de lui puisqu’elle fit demi-tour et repartit tranquillement, sans même lui accordé un autre regard ni une autre parole. Cela se présentait mal. D’ordinaire c’était lui qui se faisait désirer, et tout le monde était alors à ses pattes. Et pas elle…
Rhaego resta donc là à regarder la louve s’éloigner au petit pas.

* Cette conquête ne serait pas facile *

Rhaego était tiraillé. D’un côté, il n’avait pas envie de laisser passer cette opportunité. Car quelle défaite s’il ne l’ajoutait pas à son tableau! Jusqu’à aujourd’hui il avait réussi avec toutes les louves qu’il avait rencontré. Et puis, il avait du mal à le reconnaître, mais elle l’attirait au fond, ce qu’il se permettait rarement avec les autres de la gent femelle. De l’autre côté, courir à l’instant présent pour la rattraper comme un petit chien, dans ce cas là ce serait une honte innommable et se faire mener par le bout du museau. Et ce serait alors elle qui le dominerait…
Mais la vue de sa croupe était une torture pour lui et il était déçu de la quitter * mince alors qu’est-ce qui me prends, ce n’est qu’une louve comme toutes les autres !* , et il fallait qu’il prenne une décision qui ne le fasse pas passer pour un petit chien à sa suite, ce qu’elle voulait sûrement et ce qui serait l’occasion pour elle de se moquer de lui.

* Réfléchis, réflechis…*

Puis il s’élança finalement à sa suite et dit :

« Eh ! Attends une minute, je crois que je saigne à la tête à cause de notre chute. Ce n’est pas que je sois douillet, mais tu ne crois pas qu’il faudrait mieux vérifier que ce n’est pas grave ? Entre Emeraudes on est censé d’aider non ? »

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« Eh ! Attends une minute, je crois que je saigne à la tête à cause de notre chute. Ce n’est pas que je sois douillet, mais tu ne crois pas qu’il faudrait mieux vérifier que ce n’est pas grave ? Entre Emeraudes on est censé d’aider non ? »

Le sourire de Mélisto s'étira. Ainsi, avait-il donc trouvé une excuse pour la rappeler. La faire revenir. Se retournant, la louve vit à quel point le mâle était splendide.

C'est sûr qu'on doit pas beaucoup lui résister...

Grand et musclé, l'Emeraude était doté d'un pelage des plus fournis qui rajoutait à son charisme. Oui, elle en avait de la chance. Se faire rattraper par un mâle pareil... Ses yeux le parcoururent un instant, puis, elle s'arrêta, attendant qu'il la rattrape. Toujours souriante, la louve soupira :

- Je suis gardienne, et non druide. Désolée...

Fixant le mâle de ses yeux, la louve réfléchit. Et si, pour rester plus longtemps à ses côtés, elle l'accompagnait. Bien sûr, une blessure pareille ne méritait pas que l'on y prête autant d'attention, ça, les deux Emeraudes le savaient. Néanmoins, ils s'étaient mis, apparemment d'un commun accord pour faire comme de rien.
Puis, trouvant que cela valait la peine, Mélisto déclara :

- Mais je veux bien t'accompagner au Repère ! On trouvera quelqu'un pour vérifier ta blessure.

Puis, sans attendre sa réponse, elle se remit en marche. Voulant titiller le loup à son côté, Mélisto marcha le plus langoureusement possible. Tout en restant décontractée et laissant sa queue balancer de gauche à droite en un rythme régulier. Oui, cette louve connaissait tous les dessous de la drague.

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- Je suis gardienne, et non druide. Désolée... Mais je veux bien t'accompagner au Repère ! On trouvera quelqu'un pour vérifier ta blessure.

Rhaego sentit un léger souffle d’espoir à l’intérieur de lui. Son petit stratagème et sa petite excuse bidon avaient bien fonctionnés. Elle n’allait pas partir tout de suite, et surtout ils allaient parcourir un bon bout de chemin ensemble. Ils pourraient alors discuter pendant un long moment jusqu’à ce qu’ils arrivent au Repère. Peut-être arriverait-il à connaître plus de choses sur elle. D’ailleurs il ne connaissait même pas son nom ! Il continuait toujours à la surnommer la Déesse aux yex azur. Et peut-être qu’il pourrait retourner la situation en sa faveur, car il devait bien reconnaître que là, pour le coup, il se faisait dépassé.

* Mince alors, elle est très forte celle-là *

Son opinion se confirma quand la louve prit une démarche langoureuse, la queue battant régulièrement l’air.

* Et elle sait se faire désirer…*

Rhaego espérait que la louve commença une conversation. C’était toujours ce que faisaient les louves. A toujours vouloir jacasser. Cela était bien utile pour lui, pour mieux cerner quelle technique de séduction il fallait utiliser pour telle ou telle louve. Mais là, c’était le blocage total. Pendant plusieurs minutes, elle ne dit pas un seul mot, elle continuait sa marche élégante, le museau haut, droit devant elle.
Rhaego n’y tenait plus. Il avait envie d’en savoir plus bon sang ! Ce qu’elle l’énervait ! Il s’en voulait déjà de le dire, mais il lui demanda :

- Comment tu t’appelles, déjà ?

* Et voilà, elle a encore gagné… Petit chien que je suis ! *

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Mélisto avait gardé le silence. Non pas par quelconque technique de drague ou autre. Mais, plutôt qu'elle l'appréciait à sa juste valeur. Entendre son souffle, ses pas, sentir craquer à ses oreilles les feuilles sous ses coussinets. C'était... Grisant ! Comme, en quelque sorte, galoper à fond. Une espèce d'ivresse. Néanmoins plus sage et calme. Le silence était apprécié par Mélisto. Sans lui, on entendrait pas le bruit, n'est-ce pas ?! Car, sans silence, il ne peut y avoir de vacarme. Sans lui, tout serait... Rien ne serait finalement. Sans lu

- Comment tu t'appelles déjà ?

Avec un grognement agacé, l'Emeraude se tourna vers lui. Le mâle l'avait interrompue dans ses songes. Elle le toisa un instant puis, finit par ouvrir sa gueule :

- Mélisto, fille de Luciole.

De ce dernier point, la louve en était fière. Son père, Solitaire plutôt original, ce dernier affichait un caractère tout aussi original. Et, elle devait l'en remercier pour, la belle Emeraude avait pris quelques traits du paternel. Oui, comme lui, elle affichait ses idées et opinions haut et fort. Comme lui, elle ne laissait quiconque la guider. De cela, l'Emeraude lui devait beaucoup.

Elle avait révélé son nom et son père à Rhaego sur le ton de la conversation, continuant à marcher, contredisant son agacement antérieur. La louve replongea son regard dans la forêt et sa vie.
Oui, elle s'en rappelait maintenant. Rhaego. Pas dur ! Toutes les femelles du clan en parlaient... Le nouveau protecteur par-ci, le nouveau protecteur par-là !
Mais, Mélisto n'y avait pas pris garde : des beaux mâles, il y en avait plein. Mais, ceux ayant un tel charisme et une telle odeur de puissance ne courraient pas les meutes... En général, c'était des Alphas. Or, Snow black était déjà pris.
Qu'un loup inférieur aux dominants ait tant d'attrait était rare.
Mélisto, toujours ses yeux azurs fixant le chemin qui se déroulait devant eux, attendait une réaction du protecteur. Sans le laisser paraître, bien sûr.

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- Mélisto, fille de Luciole

* Mélisto… Quel joli nom…*

A sa question, Mélisto avait tout d’abord grogné, les oreilles légèrement tournées vers l’arrière. La louve semblait bien agacée par sa question, mais Rhaego n’aurait sut dire pourquoi. Ce petit côté mystérieux s’ajoutait à tout ce qui l’attirait chez elle… Rhaego se ressaisit, il divaguait à nouveau…
Surtout que la louve lui avait balancé comme cela qu’elle était la fille de Luciole, un loup Solitaire bien connu pour savoir ouvrir sa gueule et ne pas se laisser faire. Mélisto devait avoir hérité de ce caractère bien trempé, ce qui se voyait beaucoup depuis les quelques minutes qu’il la connaissait. Rhaego la lorgna alors discrètement de l’œil, curieux de cette révélation. Il put ainsi de nouveau observer son magnifique pelage, la courbe de ses pattes, son regard pétillant. Et un caractère qui n’avait nul autre pareil. Il y avait en cette louve quelque chose de spécial, contre lequel il ne pouvait pas lutter…
Il était temps pour Rhaego de se présenter à son tour, et il prit un ton qui se voulait chevaleresque, et posa une question dans le but de faire plus bavarder Mélisto :

- Moi, c’est Rhaego, pour vous servir ! Mélisto/ Rhaego : ça rime non ? Tu ne trouves pas ça marrant ?

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Mélisto ne put que jeter un regard désabusé au Protecteur. Avant de franchement éclater de son rire mélodieux. Non mais ! Là pour vous servir... Vraiment ?! Le rire de la louve s'intensifia. Au point qu'elle en ait les larmes aux yeux. Ce qu'il pouvait être vieux jeu ! Mélisto n'arrivait plus à se ravoir : pour vous servir. Elle en hurlait presque à la lune, qui n'était pas levée. Peinant à se ravoir, la Gardienne dut prendre plusieurs inspirations et même s'arrêter pour se calmer. Relevant finalement ses yeux azurs, redevenus sérieux, dans ceux de braise de Rhaego, la louve se retenait à grande peine de reperde contenance. Un éclat rieur traversa l'Océan qu'était son regard et c'était reparti.

Se rappelant de la dernière phrase du mâle, Mélisto hurla vraiment de rire, cette fois. Décidement, elle n'en avait pas terminé. Arrêtée, l'Emeraude était à deux doigts de se rouler par terre.

Mélisto et Rhaego, quelle rime !!!

Oui, il y avait bel et bien un éclat moqueur, dans ses yeux. Qu'elle finit par lever vers le Protecteur. Séchant ses larmes, l'Emeraude s'ébroua et ricana :

- Je connais ton nom. On ne peut pas dire que tu passes inaperçu...

La belle louve reluqua Rhaego, des pattes aux oreilles. En passant par ses larges épaules et ses cuisses musclées. Tout ça, sans gêne. Par simple jeu. Le Jeu Dangereux.

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Apparemment ce qu’il avait dit fit beaucoup rire Mélisto, qui se révéla bien moqueuse et peu incline aux paroles un peu romantiques. Bon c’est vrai que ses mots faisaient un peu kitch… Et face à Mélisto ça paraissait ridicule. Mais bon, il se sentit un peu désemparé d’être l’objet de ses moqueries. Mais elle avait aussi un beau rire plein de gaieté qui le subjuguait. Si pétillant de vie...

- Je connais ton nom. On ne peut pas dire que tu passes inaperçu…

Elle avait dit tout cela en le parcourant des yeux et Rhaego sentit un frisson à l’intérieur de lui, sans montrer la moindre gêne, limite aguicheuse. Là, Rhaego oublia toute technique de drague et se concentra sur le physique de Mélisto : ses pattes fines et élégantes, son pelage qui laissait découvrir ses formes. Il oublia ses plans charmeurs qui faisaient tomber toutes les louves faciles et il se fit direct, cherchant les meilleurs mots et la meilleure posture qui le mettait en valeur. Il se redressa sur ses pattes, tête haut, muscles tendus et roulants sous sa peau:

- Toi non plus, tu ne passes pas inaperçue.

Rhaego se rapprocha de Mélisto et de son visage. Il la regarda droit dans les yeux et lui souffla :

- Je n’ai jamais vu d’aussi beaux yeux de ma vie, Mélisto, aussi bleu que l’océan ils me donnent une irrésistible envie de m’y plonger. Et jamais de ma vie je n’ai vu de si fines pattes, et pourtant tu l’auras compris, j’ai connu bien des louves…

Invité

Bien que Mélisto sente durant tout le long de sa crise de fou rire le regard du protecteur, la louve n'en avait que faire. Il devait bien la prendre pour une dérangée. Mais, après tout, ne serait-ce pas le
cas ?!

Je tiendrais vraiment de mon père alors...

Cette réflexion la fit sourire, et, l'Emeraude reporta son attention sur le mâle. Il avait l'air consterné. Apparemment vexé par le peu d'effet que ses plans de drague n'aient pas eu l'effet escompté sur la jeune louve. A son tour de reluquer la belle. En effet, Rhaego ne se gêna pas non plus : il prit le temps de s'attarder sur l'anatomie de Mélisto, sur ses pattes interminables et finit par replonger ses yeux dans ceux de la louve. S'approchant d'elle, Rhaego se faisait de plus en plus imposant et attirant. Roulant des mécaniques, il finit par déclarer :

- Toi non plus, tu ne passes pas inaperçue.

Mélisto accepta le compliment. Elle n'était pas du genre à les refuser et les rejeter : il faut dire ce qui est vrai, aussi. Les yeux dans les yeux, à seulement quelques millimètres du museau de l'autre, les deux loups se firent face un moment. Il examina la louve plus en détail encore, un regard qui en disait long et qui ébranla Mélisto. Qui se reprit rapidement.

Surtout pas tomber dans son piège

Puis, Rhaego continua :

- Je n’ai jamais vu d’aussi beaux yeux de ma vie, Mélisto, aussi bleu que l’océan ils me donnent une irrésistible envie de m’y plonger. Et jamais de ma vie je n’ai vu de si fines pattes, et pourtant tu l’auras compris, j’ai connu bien des louves…

La belle louve battit un instant des cils, tactique féminine universelle, faisant toujours effet. En agrandissant ses yeux bleus, Mélisto agrandissait de même l'impression d'innocence et de douceur émanant d'elle. Le pauvre, il ne devait sûrement pas songer à l'instant qu'il allait se prendre une bonne dose de sarcasme et de moqueries... De nature joueuse et taquine, Mélisto appréciait embêter et embobiner les autres. Découvrir cette louve s'avérait être une tâche fastidieuse.

L'instant en était presque magique. Enfin, très sensuel. Se rapprochant d'autant plus, allongeant le cou de façon à ce qu'elle soit à la même hauteur que lui, de sorte que leur truffe s'effleure un bref instant, l'Emeraude ouvrit la gueule :

- Dis-moi... Est-ce que c'est vraiment de cette façon que tu les charmais ? Toutes tes conquêtes ?! Parce que si c'est le cas... Je me demande comment tu en as pu acquérir autant que tu le prétends.

Satisfaite de sa repartie, la Gardienne repris sa taille normale et attendit la réplique du Protecteur en s'asseyant. Habituellement, la louve n'en faisait pas baver autant aux mâles. Mais, celui-ci avait tellement l'air sûr de celui qui en connait long sur la gent féminine. Il allait être surpris...
Le sourire en coin, Mélisto savourait tout de même la vue qui s'offrait à elle.

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Après ses mots soigneusement choisis, Rhaego sentit le but proche. Mélisto battit un instant des cils, ce qui la rendait plus innocente que tout. Il semblait enfin l’avoir séduite par ces mots évocateurs et flatteurs. Et alors il pourrait enfin l’ajouter à son tableau de chasse… S’il ressentait de la satisfaction et du plaisir à cette idée de conquête, il n’en ressentait pas moins un certain bonheur à l’idée se s’approcher de cette louve qui lui plaisait tant… Mélisto se rapprocha encore de lui et de sa gueule, si bien qu’ils se retrouvaient à la même hauteur, quasiment truffe contre truffe. Rheago sentit en lui un sentiment de bien-être mêlé de satisfaction. Le but était si proche et il sentait le contact de son museau… Mais il oubliait à qui il avait affaire…

- - Dis-moi... Est-ce que c'est vraiment de cette façon que tu les charmais ? Toutes tes conquêtes ?! Parce que si c'est le cas... Je me demande comment tu en as pu acquérir autant que tu le prétends.

Mélisto lui avait soufflé ceci, ni une ni deux, fière d’elle avant de se rasseoir en s’écartant de lui. Avec juste un sourire sadique. Ravie de l’embobiner.
Rhaego avait encore les yeux fermés quand elle lui avait glissé ceci. Et avant d’ouvrir les yeux, il sentit la honte l’envahir et il eut peur d’ouvrir les yeux. Il se retrouva devant la louve, dans une posture ridicule, qui la regardait avec cet air sadique et moqueur. Il ne put qu’écarquiller les yeux, troublé. Ce coup-là, on ne lui avait jamais fait ! Pas à lui, Rhaego ! Il sentait l’incompréhension et la panique monter en lui, mais aussi la déception de la perdre, elle et son caractère…
Après un moment de blanc, qui le rendait encore plus ridicule,il était désemparé et ne sut que répondre, penaud :

- Qu’est-ce qu’il y a, je ne te plais pas ?

Rhaego redouta la réponse. Ce n'était sans doute pas la dernière déconfiture qu'allait lui envoyer cette louve si difficile à saisir et à conquérir. Mais aussi si facile à admirer...

Invité

- Qu’est-ce qu’il y a, je ne te plais pas ?

Bien que cela n'avait pas été son genre, Mélisto avait trouvé le mâle mignon lorsque ce dernier avait fermé les yeux, pensant certainement obtenir une petite lèche de sa part. La louve sourit à cette idée. Oui, cela était tentant,,, La truffe et le museau puissant du mâle invitaient à pas mal de chose.
A ses pensées, Mélisto ne remarqua pas qu'elle levait sa queue et commençait à la mouvoir dans l'air. Signe de curiosité et de désir, venant de sa part.

Secouant la tête, se rappelant à l'ordre, elle remonta ses larges épaules du regard pour venir le plonger dans le sien :

- Ce n'est pas ça... C'est juste que, de temps à autre, vous rappeler à l'ordre, c'est nécessaire.

Oui, en effet, pour lui, personne ne l'avait fait. Et, puisque personne ne s'était occupé de son cas, la louve le ferait. Reprenant la route qui menait au Repère, elle le dépassa. Puis, le trouvant trop mou et lent, lui lança pendant qu'elle marchait toujours et sans même se retourner :

- Bon, si tu veux faire examiner tout ça, on devrait peut-être arriver avant la nuit, non ?

De toute évidence, elle l'embêtait. Il était désormais à peine midi. Mais, il faisait déjà bien froid. Un souffle d'air froid avait envahi la Vallée il y avait de cela quelques minutes. Les deux Emeraudes avaient un poil chaud, heureusement.

Sinon, Dieu sait ce qu'il aurait proposé pour pouvoir se réchauffer...

Même la tiédeur et la moiteur de la Vallée Luxuriante avait disparue. Remplacée par un blizzard qui cinglait tout ce qu'il trouvait sur son passage.

Invité

- Ce n’est pas ça, c’est juste que, de temps à autre, vous rappeler à l’ordre, c’est nécessaire.

Et Mélisto repartit sur ce d’un bon pas, le dépassant même, laissant Rhaego à cette reflexion. Ainsi la louve avait bien voulu lui donner une petite leçon pour son comportement. Bon Ok, d’une certaine façon elle avait bien raison, mais bon, elle s’amusait bien…
Après quelques instants passés à admirer le balancement de ses hanches, Rhaego se mit en marche à sa suite, alors que le blizzard commençait à faire rage.

- Bon, si tu veux faire examiner tout ça, on devrait peut-être arriver avant la nuit, non ?

Et pourtant il était à peine midi, et le loup sentait bien qu’elle voulait encore le taquiner et le faire passer pour un boulet encombrant.

* Oui, oui j’arrive ma douce…*

Rhaego pressa le pas automatiquement, obéissant à son injonction. Que voulez-vous, elle est plutôt forte à ce jeu là. Il se porta à sa hauteur et lui dit sur le ton de la conversation:

- Brrr, il fait froid ici, tu ne trouves pas ? On se croirait au Pôle nord !

La louve ne répondit pas, et de toute manière ils furent interrompus par un nouvel élément : il avait commencé à neiger, et des gros flocons commencèrent à tomber sur eux, et venaient se mêler à leurs poils. Si bien qu’ils n’y voyaient presque plus rien à travers la vallée et ils devaient se concentrer sur là où ils mettaient les pattes. Rhaego regarda la louve, embêtée par les flocons qui se collaient contre ses yeux, ce qui la gênait un peu, tout comme Rhaego. Il se porta à sa hauteur alors qu’elle avait ralenti le pas , et il voulut la taquiner à son tour.

- Mélisto, tu as des flocons sur tes yeux, ça ne te gêne pas.

Sur ce, rapidement et profitant de son inattention, il approcha sa gueule de celle de la louve et fit mine de frotter sa tête contre elle pour enlever les flocons, ce qui surprit Mélisto qui fit un petit bon. Il croisa son regard ardent.

Invité

Il venait de troubler, encore, un silence qui était pourtant le bienvenu.

- Brrr, il fait froid ici, tu ne trouves pas ? On se croirait au Pôle nord !

Sans le savoir, il la faisait rire. Mais, Mélisto s'appliquait à ne pas le montrer. Il avait déjà assez la grosse tête comme ça. Aucun besoin, donc, d'en rajouter une couche. Avec un sourire amusé, néanmoins rapidement dissimulé, la Gardienne secoua la tête désapprobatrice.
Oui, ce loup était clairement amusant. Pour la louve, ce dernier était une source d'échappatoire. Pas comme tous ces mâles, arrogants, prétentieux. Et dépourvu de sens de l'humour. Ennuyants à crever, quoi.
Lorsqu'ils reprirent leur marche, direction le Repère, les deux Emeraudes avaient été surpris par les flocons. Mélisto savait que les chutes de neige ne tarderaient pas, mais, elle n'aurait pas pensé que cela arrive aussi vite. Oui, la Gardienne aimait la neige, le ballet des flocons dans l'air, eux-mêmes gifflés par le blizzard. Elle en admira les moindres angles pendant un moment. Le silence. Cela fait du bien, tout de même. La jolie louve s'en délectait. Bien que quelques uns de ces fragments de neige venaient perturber sa contemplation. Museau en l'air, elle éternua plusieurs fois et tentait de secouer sa tête afin d'en faire tomber les flocons obstruant sa vue. Mais, rien n'y fit.

- Mélisto, tu as des flocons sur tes yeux, ça ne te gêne pas.

La louve retint une remarque acerbe du genre : Mais non. Je me démène pour me secouer la tête pour le plaisir...
Qu'elle retint de justesse. Heureusement. Ce n'est pas en étant agressive et méchante envers un loup que la louve trouvera son bonheur. Non, diminuer les autres, cela ne l'intéresse pas. Sauf Libellule, sa soeur cadette. Mais, ça, c'était autre chose.

Regard rivé droit devant elle, l'Emeraude ne vit pas le mâle s'approcher d'elle. Elle n'eut juste le temps de fermer les yeux à son contact. La fourrure de Rhaego, douce et chaude, lui provoqua bien quelques frissons. Mais, s'arrachant à cette pseudo étreinte, Mélisto le toisa, interdite. Là, elle ne put cacher son ressenti :

- Non mais ça va pas ? Tu peux bien jouer les Don Juan avec les autres. Mais pas avec moi. Certainement pas.

En vérité, la louve crégnait de trop s'attacher à ce Protecteur. Lui prouvant ainsi son pouvoir de séduction. Prouvant que rien ne l'arrêtait. Après tout, la Gardienne était unique. Et, refusait qu'on la traite comme simple conquête. Se détournant de lui avec sévérité, Mélisto se remit en marche. Bien décidée à rejoindre le Repère avant la fin d'après-midi.

Invité

- Non mais ça va pas ? Tu peux bien jouer les Don Juan avec les autres. Mais pas avec moi. Certainement pas.

La louve semblait réellement vexée par ce qu’il venait de faire. Il était allé trop loin dans son petit jeu avec Mélisto, qui le lui rendait bien. Elle pressa de nouveau le pas de façon sèche, la tête haute. Le silence se réinstalla de nouveau, et Mélisto n’en démordait pas. Rhaego eu donc tout le loisir de réflechir à sa situation. Plus les instants de silence passaient, plus il se disait qu’il appréciait de plus en plus la louve, et pas seulement au niveau physique. Il adorait son petit caractère sauvage et direct. Elle n’était pas comme toutes ces louves naïves et sans véritable force de caractère. Il avait du mal à s’en rendre compte, mais oui, il respectait cette louve et l’appréciait énormément. Il en était même fou, mais elle, il n’était pas sûr qu’elle l’apprécie réellement. Elle l’emmenait au Repère et il avait pensé que c’était parce qu’elle aussi était attirée par lui. Mais il avait peur de l’avoir blessée en la traitant comme un simple trophée. Il en avait marre de ce petit jeu, de cette fausse excuse de blessure, et de ce faux-semblant. Il s’arrêta donc subitement et dit :

- Non, finalement, je crois que ça va mieux. Et puis d’ailleurs, je crois que je ne saigne plus. Désolé de t’avoir importunée Mélisto, avec toute cette histoire. Je vois bien que je t’ai vexée, et si tu préfères rentrer seule, je comprendrai parfaitement.

Voilà, il avait dit tout cela de manière sincère. Si Mélisto n’aimait pas sa façon d’être, il l’acceptait. Il avait perdu, voilà tout. Ca lui servirait de leçon, comme le lui indiquait sans cesse la louve.
Il avait dit cela de manière sincère, oui, mais de là à avouer qu’il était réellement fou d’elle... Il ne sut le dire, trop déçu d’avoir rebutée cette louve par son côté Don Juan. Il avait peur qu’elle ne le croit pas et que surtout elle croit que ce soit une nouvelle technique de drague. Pas la peine de gâcher encore plus la relation, alors qu’ils étaient de la même meute. Après quelques secondes de blanc à la regarder tristement, il inclina la tête en signe d’excuse, et pivota, prêt à partir.

Invité

- Non, finalement, je crois que ça va mieux. Et puis d’ailleurs, je crois que je ne saigne plus. Désolé de t’avoir importunée Mélisto, avec toute cette histoire. Je vois bien que je t’ai vexée, et si tu préfères rentrer seule, je comprendrai parfaitement.

Elle se retourna, s'arrêtant aussi. Il était d'un charme. C'est fou ! Mélisto dû détourner la tête pour se reprendre. Un soudain intérêt pour un sapin découvert. Fermant les yeux un instant, elle respira profondément mais silencieusement, voulant éviter que Rhaego ne remarque son trouble. Reportant son regard sur le mâle, elle le vit pivoter. Et partir.

La compagnie du loup, bien que spéciale, ne la dérangeait pas. Non, bien au contraire, elle lui apportait distraction. Et oubli. Ce dont elle avait bien besoin. Oublier, éviter à tout prix de se rappeler sa "mésaventure". Avec un mâle, aussi. Mais, ce dernier, elle lui avait tout accordé : patience, écoute, temps. Amour.
Il n'avait fait que la trahir. La semer. La laissant seule... Secouant la tête, la Gardienne dissipa ces souvenirs douloureux. A se demander pourquoi elle utilisait plus les loups qu'autre chose...

Observant le protecteur de dos, elle finit par lancer, le museau en l'air, un air de défi :

- Bon, alors si tu vas mieux. Allons faire la ronde du Territoire. Cela aurait dû être un autre Gardien de le faire. Mais, puisque nous sommes deux, je te le propose. De plus, c'est aussi ton rôle en tant que Protecteur.

Puis, sans regarder s'il la suivait, elle se retourna et repris sa marche, légèrement plus orienté vers l'est, cependant. Ce n'était en aucun cas une preuve de dominance, comme si elle savait pertinement qu'il allait se joindre à elle. Mais, plutôt une invitation. Et, en même temps, l'Emeraude prouvait que la compagnie du loup lui était agréable.
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La balle était dans son camp.

Invité

Rhaego entendit dans son dos alors qu’il s’en allait :

- Bon, alors si tu vas mieux. Allons faire la ronde du Territoire. Cela aurait dû être un autre Gardien de le faire. Mais, puisque nous sommes deux, je te le propose. De plus, c'est aussi ton rôle en tant que Protecteur.

Le loup ferma les yeux. Les paroles de la louve lui firent du bien et le réconfortèrent. Ainsi elle ne tenait pas à se débarrasser de lui. Au contraire, elle l’invitait même à travailler ensemble. Il lui fallut quelques secondes avant de se retourner, car il jubilait de passer un nouveau moment avec Mélisto. Quand il se retourna enfin, la louve avait repris la route, un peu plus vers l’est cependant. Elle marchait plus tranquillement, comme pour l’attendre, si jamais il venait. Quand il la regarda, il frissonna d’abord, puis presse le pas pour la rejoindre. Il était maintenant bien décidé à abandonner ses techniques de drague pour cette louve qui l’enivrait. Ces règles en tant que séducteur, il s’en moquait à l’instant présent. Il verrait plus tard les conséquences de son envie que lui dictait la louve. Il préférait profiter de l’instant présent et des nouveaux moments passés avec elle.
Il l’avait rattrapée et du coin de l’œil il essayait de voir si le fait qu’il soit revenu la ravissait ou non. Il ne reconnut cependant rien de tel de sa part. Il était assez étonné qu’elle ne réagisse quasiment pas. Il tenta de lui en parler, à sa manière spéciale :

- Il t’arrive de sourire et de parler de temps en temps ? C’est aussi un héritage que tu tiens de ton père, ou bien peut-être que tu as peur d’avaler un flocon en ouvrant la bouche ? A vrai dire tu es tellement mystérieuse que je ne sais pas laquelle des deux réponses est la bonne. Je pencherai plutôt pour la deuxième proposition, qui serait la plus évidente dans de telles circonstances climatiques, mais comment dire, je ne suis pas tellement sûr...

Invité

- Il t’arrive de sourire et de parler de temps en temps ? C’est aussi un héritage que tu tiens de ton père, ou bien peut-être que tu as peur d’avaler un flocon en ouvrant la bouche ? A vrai dire tu es tellement mystérieuse que je ne sais pas laquelle des deux réponses est la bonne. Je pencherai plutôt pour la deuxième proposition, qui serait la plus évidente dans de telles circonstances climatiques, mais comment dire, je ne suis pas tellement sûr...

Elle ne prit pas sa remarque en mal. Elle accueillit cette dernière d'un air plutôt enjoué.
Mélisto ne put que couler un regard des plus ambigus. Sourire aux babines, elle reporta son attention devant elle. Bien que la Gardienne ait tenté de se retenir, elle pouffa, finalement, un éclat rieur reflété dans son regard océan. Le mâle à ses côtés semblait perplexe. Il devait certainement se questionner de la façon dont réagissait, et, se comportait, la louve Emeraude.
Mélisto pouvait comprendre, que, lorsque l'on a l'habitude de pouvoir faire céder tous les loups à ses pattes, lorsque, user de son charme et de ses atouts nous amène toujours au but, et, que soudainement, on se trouve face à un loup impassible. Insensible à notre charme, à nos atouts, cela peut être étrange.
Oui, l'Emeraude ne peut que le supposer. Car, l'insensible à sa beauté et sa grâce n'est pas encore né !
Toujours en marchant, Mélisto finit par incliner sa tête en direction de Rhaego. Plissant les yeux, elle finit par déclarer :

- J'adore les flocons, et, ce ne serait pas eux qui m'empêcheraient de parler. Puis, je me demande, d'ailleurs, d'où tu connais mon père...

La louve tentait tant bien que mal d'éluder sa réelle question. En déviant sur le sujet de Luciole. Certes, les deux loups avaient bien les mêmes gènes. Autant que les gênes. C'est-à-dire, donc, aucune. Mais passons.
Invitant Rhaego à continuer sur le sujet qu'elle venait de lancer, elle agita la queue, signe d'impatience.

Invité

La louve ria aux éclats après avoir eu un petit sourire aux babines. Rhaego fut surpris qu’elle se laisse enfin un peu aller ave lui, et il fut content que ses petites phrases lui plaisent. Il avait souvent l’habitude de parler ainsi, au second degré, sur un ton badin. Parfois, les autres trouvaient cela désagréable et moqueur. Mais pas Mélisto. Il vit qu’elle tournait sa tête vers lui et plissait les yeux :

- J'adore les flocons, et, ce ne serait pas eux qui m'empêcheraient de parler. Puis, je me demande, d'ailleurs, d'où tu connais mon père...

Au départ il ne sut pas quoi répondre. Il avait fait mention de son père car il pensait ainsi la faire parler d’elle, puisqu’en se présentant elle lui avait dit d’emblée qu’elle était la fille de Luciole. Il avait senti là de quoi entamer une conversation. Il voulait en savoir plus quoi, c'était trop irrésitible cette façon de vouloir la connaître. Sinon, il savait que c’était un solitaire assez grande gueule, mais c’est tout. Même s'ils faisaient partie de la même meute, il ne savait même pas si elle avait des soeurs, des frères, (un petit ami même!) puisqu'il n'était sur WT que depuis quelques semaines.
Il lui lança un regard sincère :

- Eh, mais c’est toi qui a commencé à parler mystérieusement de ton père ! Est-ce que j’ai évoqué le nom de mes parents, moi ? Non. Alors ça m’intrigue c’est tout, je ne connais ton père que de nom et de renommée, je n’étais pas sur ces terres avant. Tu avais l’air d’être fière d’être sa fille… A part le nom de ton père, je ne connais rien de toi.

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- Eh, mais c’est toi qui a commencé à parler mystérieusement de ton père ! Est-ce que j’ai évoqué le nom de mes parents, moi ? Non. Alors ça m’intrigue c’est tout, je ne connais ton père que de nom et de renommée, je n’étais pas sur ces terres avant. Tu avais l’air d’être fière d’être sa fille… A part le nom de ton père, je ne connais rien de toi.

Mélisto se braqua. Je ne connais rien de toi... Cela voulait clairement dire qu'il souhaitait en savoir plus. Plus sur elle, sa vie, ses manies et habitudes.
Bien que l'Emeraude ne se considère pas comme étant facilement effarouchée ou mystérieuse, elle répugnait à se confier à d'autres loups que ceux de sa propre famille. Rien, n'indiquait que la louve se devait de le faire. Et puis, si cela avait été le cas, elle se serait empressée, et de ceci, vous pouvez en être sûr, d'aller à l'encontre de cette indication. De nature peut coopérative, la jeune Gardienne n'est que peu encline à suivre comme un mouton.
Et puis, se rebellant à l'idée de se confier à un loup, sur demande de plus, la louve soutint le regard sérieux de Rhaego.

Bien qu'amusée par le mâle, Mélisto ne se lassait pas, non plus, de le regarder. Mais, et avec attention, ne laissait rien paraître quant à son intérêt. C'est bien connu : plus on reste inaccessible, mieux c'est. Plus on est... Désirable.
C'est le mot.

Alors, toujours en remuant de la queue, Mélisto joua l'imbécile et éluda la question sous-jacente du mâle lors de ses phrases précédentes :

- Je ne comprends pas où tu veux en venir, fit-elle brusquement. Franchement, tu trouves pas que le temps est drôlement changeant ?

Comme les sujets ? Que la louve essaye tant bien que mal d'éloigner d'elle. Plus, maintenant, par esprit d'être convoitée. Mais, à présent, par simple tentative de ne pas en dévoiler sur sa famille, ses sentiments ou encore ses idées. Ce qu'elle peut bien penser du monde, sa vision des choses.

Oui, peut-être bien, que, tout ça, elle préférerai le garder pour elle.

Invité

-Je ne comprends pas où tu veux en venir, fit-elle brusquement. Franchement, tu trouves pas que le temps est drôlement changeant ?

Mélisto avait volontairement changé de sujet, Rhaego le voyait bien... La louve semblait un peu troublée, mais ses émotions furent rapidement cachées, comme d’habitude. Le loup se prit au jeu. Il voyait bien qu’elle ne souhaitait pas parler d’elle. Il essaya alors de l’amuser et de se prendre au jeu tout d’abord :

-Oh oui ! Très changeant, le temps. Qu’il fasse grand soleil d’ici dix minutes, et cela ne m’étonnerait pas.

Ce fut de nouveau le silence alors que la louve le guidait toujours vers le territoire du jour à surveiller.
Finalement, Rhaego continua sur le ton de la conversation, sans s’arrêter :

-Bon, si tu ne veux pas parler de toi, je vais parler de moi. Ca meublera la conversation. Je suis né dans une meute du monde voisin, d’une mère et d’un père aimants, mais comme tout jeune loup j’ai dû quitter la meute bien entendu. J’étais fils unique, ce qui m’a donné une grande estime de moi-même, comme tu l’auras remarqué. Je suis séducteur mais je suis très fidèle aux gens qui sont les miens et ils peuvent entièrement avoir une confiance aveugle en moi. Et maintenant je me retrouve face à une louve qui aime le silence et les flocons, bref, tout le contraire de moi, n’est-ce pas ?

Rhaego scrutait maintenant la louve. Il était prét à tout pour voir s’il pouvait lui donner confiance, d’une façon ou d’une autre. Ou peut-être était-ce tout simplement impossible...

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