DEVIL

Mes pattes frappaient durement le sol, envoyant virevolter à droite et à gauche les feuilles et la terre qui s'y trouvaient. Les branchages m'écorchaient légèrement le haut des pattes mais dans l'instant présent, je m'en fichais comme de l'An 40. Le vent soufflait entre chaque poil de mon pelage noir, il s'engouffrait dans mes oreilles, mon museau, ma bouche entrouverte. Je n'avais jamais ressenti un tel élan de liberté. La vitesse, la force, le contact si présent avec la nature. J'ai adoré. A-do-ré.
Mes yeux étaient fixés sur quelque chose que j'entendais plus que je ne voyais. Un gros lièvre des champs essayait de m'échapper, là à quelques mètres de moi. Il bondissait à une allure assez impressionnante, il fallait l'avouer. Je dus d'ailleurs encore accélérer, encore pousser sur mes pattes arrière, pour me rapprocher de ma proie. Mes yeux ne voyaient plus, ne faisaient plus attention à rien, à part la chose brune qui sautillait à une vitesse et une force fulgurante. Pourtant, j'aurai du faire plus attention. Seul mon odorat fonctionnait encore. Je sentais toutes les saveurs de la flore autour de moi. Je savais parfaitement où je me situais. J'arrivai tout de même à réflèchir et à tilter où je me trouvais. Je ne me trouvais plus très loin du Lac Violet. Il fallait que je me dépêche de me rapprocher encore du lapin. Arrivé à mon objectif, je pourrais le pousser dans l'eau et aller le repêcher.
Confiant, un sourire se dessina sur mon visage et, rassemblant mes dernières forces, piquai un sprint, un sprint si rapide que j'eus l'impression pendant quelques secondes de ne plus sentir mon corps, si mes pattes. Ma mère me répêtait pourtant souvent, quand j'étais jeune, de garder les pattes sur terre...

Alors que j'étais tout près de ma proie, je me sentis soudainement partir sur le côté. Un quart de seconde plus tard, une douleur aigue partie de ma patte avant gauche, pour remonter jusqu'à mon épaule et me parcourir toute la colonne vertébrale. Je ralentis de manière impressionnante, claudinant sur trois pattes, puis, commençai à dévaler une petite descente pour finir en bas, au bord du Lac aux reflets violets. Je laissai mes yeux clos quelques instants, prenant le temps d'évaluer la situation. Ma patte ne me faisait pas si mal que ça, bien que sur le coup, j'avais eu l'impression que l'on me la passait au mixer. Je grommelai et me remis lentement debout, constatant un tiraillement saisissant dès que je posai la patte sur le sol. Il me faudrait surement un jour ou deux pour que la douleur se dissipe. "Génial." Et en plus de cela, j'avais totalement échoué sur ma mission de chasse. J'ai couru trop vite, je n'ai pas fait assez attention... Frustré, je grondai férocement contre moi même avant de me rendre compte que j'avais la gorge aussi sèche qu'un désert sans pluie depuis 8 mois. Je m'approchai du lac et commençai à lapper la surface fluide, quand une craquement retentit soudainement derrière moi. Surpris, je tressaillis, fis un pas en avant, perdis l'équilibre et tombai dans l'eau. Jappant presque à moitié, mes pattes frappèrent férocement la surface violette et trois secondes plus tard, mes griffes étaient plantées dans la terre humide du bord du lac. Ridicule. J'avais eu peur d'un craquement ! ... Oh... Une odeur de loup Améthyste vint me chatouiller les narines. Génial. En plus, c'est un loup de ma Meute qui a produit ce bruit. Il a du tout voir. Frissonnant de honte, je fronçai les sourcils, tandis que ma langue s'activait à sécher mon pelage trempé. Ok, il fait chaud et je n'ai rien contre les bains, mais en prendre un de cette façon n'est pas la meilleure de toute. En grognant, j'interpelai l'endroit d'où venait le craquement qui m'avait valu un bain surprise.

"Merci bien. Ne viens pas t'excuser surtout."