Retrouvailles inattendues || PV Rhaego

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Mélisto bondit par-dessus un fin ruisseau. Bien que cet effort soit minime, il lui procura une grande satisfaction. Non seulement, être un instant dans les airs lui fit monter l’adrénaline qui coulait déjà dans ses veines, et puis, un sentiment de liberté plus puissant que jamais s’empara d’elle. L’Emeraude s’était levée dès que le soleil avait pointé sur ses paupières. Le pelage fauve de la femelle semblait irradier lorsque les rayons solaires lui passaient dessus. Ce brusque changement météorologique l’avait poussée à sortir et à chasser seule.

Bien que l’air soit chaud, l’herbe était humide lorsqu’elle n’était pas recouverte de gel ou de neige. Plus d’une fois, la louve s’enfonça dans des flaques boueuses jusqu’à mi-pattes. Ce qui lui faisait des sortes de chaussettes. Son corps fin et sculpté souplement filait entre les arbres de la Forêt de Sapins. Les brindilles vertes perçaient parfois de sous le manteau de neige que les arbres arboraient.
Le souffle chaud de Mélisto rependait un léger nuage de condensation lorsqu’elle se trouvait à l’ombre des Sapins, là où le soleil ne perçait pas.
A ce qu’il paraît, cette forêt regorgeait de sangliers. Qui, utilisaient cette dernière comme lieu de passage. Mais, la louve n’en avait cure, préférant galoper follement entre les troncs qui étaient de plus en plus nombreux. Parfois, elle sautait un buisson, tandis que d’autres, elle passait au travers. Seul le fait d’avancer était important. Le reste, la femelle n’en avait cure. Encore. Tout comme le fait, qu’aujourd’hui elle préfère chasser que d’occuper son poste de Gardienne. Effectivement, cela aurait dû être son tour de garde. Mais, dans un esprit purement rebelle, Mélisto avait décidé d’adopter plus ou moins le mental paternel. Luciole, bien qu’il ne le sache pas, et, il le valait mieux, avait l’admiration de son aînée. Il est vrai, que cette dernière rapportait souvent les faits autour de son père. Bien qu’elle ne le lui montre pas, la femelle était très attachée à son géniteur.

Rien ne semblait retenir la louve de bondir partout. Pas même lorsqu’un grognement suspect lui parvint aux oreilles. Trop engagée dans sa course folle, l’Emeraude n’avait pas remarqué qu’elle avait frôlé un sanglier. Rectification, une mère sanglier. Or, lorsque ces dernières protègent leurs petits, c’est jusqu’à la mort.

Dans un élan stupide de prédateur, Mélisto se retourna au lieu de continuer sa route. D’un bond, elle se retrouva face su monstre avec des défenses et ses petits, légèrement en retrait. Mais, à présent que l’Emeraude réalisait sa bêtise, la bête gratta le sol spongieux de sa patte et renâcla. Sans le vouloir, Mélsito hérissa sa nuque ainsi que son dos. Un grondement d’avertissement siffla hors de sa gueule. L’adrénaline peut vous faire faire des choses bien stupides…

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Rhaego frissonna de plaisir au contact des rayons du soleil sur son pelage. Que c’était agréable après une rude saison d’hiver ! Les oiseaux recommençaient à chanter, les proies sortaient aussi en profiter, ce qui était une aubaine. Et les louveteaux qu’il devait protéger étaient aussi bien remuants. Le temps avait passé et il avait été plus qu’investi dans sa tâche de protéger les louveteaux. Cela lui avait été bien utile pour oublier sa solitude des derniers temps.
Mais aujourd’hui il profitait. Il avait laissé les louveteaux pour une fois endormis à Odyssée, la nouvelle Protectrice. Il faisait beau et il avait envie de chanter, d’accompagner les oiseaux et de bondir après eux pour leur ficher la frousse. Il était en train de gambader comme un jeune loup quand soudain son ouïe le prévint de la présence d’un congénère un peu plus loin dans la forêt, qui faisait beaucoup de bruit. Aussitôt, il se figea, prudent. Un intrus ? Non, un intrus ne s’amuserait pas à sauter dans tous les sens au risque de se faire remarquer ! Curieux mais prudent, il s’approcha doucement de l’endroit d’où parvenait l’agitation. Peu à peu, une silhouette gris fauve se dessina au fond, et peu à peu son regard battit la chamade. Cette silhouette, il la reconnaîtrait entre toutes. Il ne l’aurait sûrement pas oubliée, ça non… Le cœur battant à tout rompre, les muscles tendus par la question de comment l’aborder, il s’approcha, réflechissant aux mots qu’il pourrait prononcer : « Eh salut, comment ça va ma belle ? » Non… Complétement ridicule avec Mélisto… Un simple « salut » alors ? Non plus, pas assez familier elle croierait que je la dédaigne. Ou peut-être qu’elle n’a même pas envie de me parler… Mais Rhaego ne put prononcer aucune de ces paroles, car tout simplement ce fut une autre occasion qui se passa. Et il n’eut pas le temps de réfléchir quand il vit le sanglier. Dans sa fougue, Mélisto avait enervé une mère qui se montrait d’autant plus agressive que Mélisto l’était. Non, pas ça Mélisto, tu t’enerves toujours trop vite… La louve n’avait strictement aucune chance vu la taille de la bête et sa fureur… Déjà la mère chargeait droit sur Mélisto, qui n’eut même pas l’idée de s’enfuir. Il n’avait pas le choix, Rhaego s’élança de toute sa puissance sur la croupe du sanglier, qui déséquilibré, tomba au sol. Mais la bête robuste et coriace n’était pas pour le moins mise KO . Déjà elle se relevait péniblement sur ses petites pattes, mais encore plus énervée. Ils n’avaient pas le choix, il valait mieux fuir à toutes pattes. Il regarda derrière lui et croisa enfin le regard de Mélisto. Son regard s’attarda sur elle et son visage, avant qu’il ne dise, reprenant conscience de la situation :
- Je t’en prie Mélisto, cours !

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Les yeux azurs fixés sur le sanglier, un monstre qui devait bien briser toutes les côtes de Mélisto après une première charge, la louve ne ressentit pas de suite le besoin de regarder le nouveau venu approcher. Elle avait repéré des mouvements dans le coin de son oeil, mais, était trop obnubilée et enthousiaste par la présence du fauve en face d'elle. Le sang battant dans ses veines, l'adrénaline gonflant son excitation, c'est dès qu'elle remarqua Rhaego que tout se figea. Un battement de raté. Ce n'était qu'un battement, aucune incidence sur le corps de l'Emeraude. Sur l'esprit, oui. Ce raté, voulait bien dire quelque chose. Quelque chose, que Mélisto ne tenait pas à savoir. Pas maintenant.

Puis, sans le vouloir, les évènements s'enchaînèrent : le Protecteur, qui méritait bien son grade, sauta sur la croupe de la mère sanglier. Qui, elle, faillit l'enfourcher. Cela ramenait la louve au souvenir de leur rencontre. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, en fait. Gueule bée, elle observait Rhaego. Et sa musculature imposante, sans pur autant être excessive. Il avait vraiment tout pour plaire. Enfin, de ce dont l'Emeraude se rappelle. Après, entre temps, le mâle devait certainement avoir rencontré bon nombres de compagnes.
Mélisto se surprit à avoir un pincement au coeur. En effet, la louve avait espéré que Rhaego pensait à elle, comme elle pensait à lui. Mais, rien n'était moins sûr. Certes, la Gardienne ne manque pas d'assurance, et, tient à le faire savoir. Néanmoins, elle a beau épater tout le monde, avec ses pattes fines et longues, son regard profond et sa couleur vive, sur le plan relationnel un peu plus poussé niveau amour, elle perdait légèrement patte. Comme il y a un an, elle s'était faite manipulée si bien qu'elle n'avait rien vu venir. Depuis, Mélisto garde ses distances, se contente de séduire. Un jeu bien amusant. Mais lassant.

_ Je t’en prie Mélisto, cours !

Il pensait quoi ? Que c'est parce qu'il était beau, musclé et un mâle qu'il pouvait simplement écarter la Gardienne ? Que c'est parce qu'elle semblait avoir eu du mal à gérer la situation en premier lieu, qu'il pouvait la pousser à fuir ? Qu'en la suppliant, d'un ton si viril et hypnotique que la louve fauve le lasserait en pâture aux sangliers ? pas de chance pour le Protecteur, c'était perdu d'avance. Après s'être suffisamment délectée de la vue, à savoir, le loup sous ses yeux, elle montra les crocs :

_ Si tu penses pouvoir te débarrasser de moi comme ça...

Puis, la louve se rappela pourquoi Rhaego et elle s'étaient rencontrés. Parce que ce dernier s'attaquait à plus fort que lui. Un troupeau de canassons. Quelle imbécile ! Et, elle n'était pas mieux. Se tenir devant une mère sanglier n'était pas plus futile que de galoper après un cheval. Rapidement, elle changea de tactique :

_Je m'en irai. Mais tu viens avec moi.

Malgré le fait, que le sanglier se remettait rapidement sur pattes, Mélisto fit un pas en direction de Rhaego, le pressant du regard. Une patte avant en direction du loup, légèrement en l'air, la tête basse, la louve s'apprêtait à bondir sur le sanglier si ce dernier venait à s'approcher. Un grondement sourd passa entre ses babines, mais, bien que celui-ci fut adressé au sanglier, c'est le Protecteur qu'elle fixait :

_Viens.

Pas un ordre. Un conseil... Non, cela tenait plus à de la supplication. Qu'elle s'abaisse ainsi, c'était outrant. Mais, la femelle n'en ressentit aucun malaise. Elle tenait simplement à ce que le mâle soit épargné par la bête enragée qu'était devenue la mère sanglier. Cette denrnière réfléchissait, apparemment, attaquer un loup, oui. Mais deux ? Cela devenait plus dangereux. Pour elle. Mais surtout pour ses petits. Tandis qu'un des deux Emeraudes occupait la mère, l'autre pouvait se charger des bébés. Mais, n'hésitant pas longtemps, elle se mit à charger le mâle, le premier dans son champ de vision. Ce dernier regardait toujours fixement Mélisto, qui, elle, se demandait pourquoi. Aussi, elle lâcha plus un hurlement qu'un cri :

_Rhaego !

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Rhaego continuait à fixer Mélisto, comme ahuri. Il n’avait qu’une envie, qu’elle parte et se mette à l’abri. Il pourrait très bien faire diversion avec la mère sanglier en l’attirant pendant qu’elle partait, et tenter de s’enfuir lui aussi après. Mais Mélisto grogna, visiblement outrée qu’il la prenne comme trop faible pour combattre seule la bête.
- Si tu penses pouvoir te débarrasser de moi comme ça...
Ce regard là, fier, il l’avait déjà vu, et on pouvait difficilement y remédier. Pris de panique à l’idée qu’elle refuse de partir, il continuait à la fixer, oubliant le danger derrière lui. Mais une fraction de seconde plus tard, le regard de la louve avait changé quand elle dit :
- Je m'en irai. Mais tu viens avec moi.
Mélisto s’approcha de lui, toujours prête à combattre le sanglier, alors que Rhaego ne bougeait toujours pas. Il restait campé sur ses positions et son idée d’épargner Mélisto. Il voulut répliquer « Sauve-toi, vite ! » mais n’eut pas le temps car de nouveau la louve de ses rêves le fixait. Cette fois ce fut son tour de supplier le mâle :
- Viens.
Rhaego sursauta au ton que venait de prendre Mélisto. Partir, ensemble ? Rhaego continua de la regarder, elle et ses yeux, sa taille fine et ses belles pattes. Elle resplendissait quand elle était en action. Comment avait-il put vivre toutes ces semaines sans elle ? Pétrifié par ses pensées, Rhaego n’entendit pas la mère charger, derrière lui. Il était en première ligne et ne s’en souvenait même plus. Seul son nom prononcé par Mélisto, comme dans un rêve, lui fit prendre conscience du danger :
- Rhaego !
Il sut lire la terreur dans le regard de la louve fauve. Ce seul regard lui suffit. Il obéit à Mélisto et commença à courir vers elle alors qu’elle prenait elle aussi son élan pour fuir. L’un derrière l’autre ils couraient, Rhaego en premier pour la guider parmi les branches et les trous dangereux de la forêt. Derrière eux, le sanglier chargeait toujours. Mais une minute après, lorsque Rhaego regarda enfin derrière lui, la bête avait disparue. Ils étaient sains et saufs, et Mélisto aussi.

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Comme un chef, Rhaego s’était imposé meneur. Un agacement avait pointé le bout de son nez, mais, la louve avait rapidement jugulé ce sentiment. De toute manière, si le sanglier venait alors à les rattraper, se serait-elle qui lui sauterait en première dessus.
Les fines pattes de la louve suivaient aisément la cadence que le Protecteur avait fixée. Un rythme facile à suivre, évitant ainsi que les loups, bien qu’ils puissent parcourir des kilomètres sans s’épuiser, s’essoufflent trop vite. Le soleil, toujours présent, était caché par quelques branches, puis revenait, plus éblouissant que jamais. Mélisto avait bien vu le trouble du mâle lorsqu’elle lui avait incité à la rejoindre. Mais, encore une fois, elle ne tenait pas s’aventurer plus loin. Surtout pas dans de faux espoirs. Elle se savait belle, c’était pour ça qu’elle impressionnait. Son mental ? Sa personnalité ? Tout le monde s’en fiche, si ce n’est sa famille. L’enveloppe extérieure compte bien plus que ce qu’elle contient. Ou pourrait contenir. C’est injuste. Mais c’est comme ça. Et, Mélisto le sait bien.

Remarquant le coup d’œil de Rhaego en arrière, le fait qu’il ralentisse, Mélisto sut que le sanglier n’était plus à leurs trousses. Faisant de même que le Protecteur, la louve finit par s’arrêter et, sans un regard en arrière, toisa l’Emeraude. Elle avait laissé percer son enthousiasme et son désir qu’il la suive. Faute passablement pénalisante pour le jeu auquel ils jouaient tous deux la dernière fois. La question était, est-ce qu’ils continueraient ainsi ?
Les sapins devenaient de plus en plus nombreux et denses. A tel point, que les deux Emeraudes devraient bientôt se serrer pour marcher côte à côte. Ou en file indienne.

Mélisto avait repris contenance et afficha un air calculateur et froid, la façon dont elle se comporterait avec un inconnu. Rhaego n’en était pas un. Mais, plus Mélisto se rendait compte que leur lien semblait fort, plus l’Emeraude tentait de freiner des quatre pattes. Elle s’était faite bernée une fois. Pas deux.
Une phobie de l’amour ? Des mâles ? Peut-être. Pas au point de ne plus jouer avec ces derniers. Bien qu’elle répugne à faire mumuse avec le loup musclé sous ses yeux, il ne le méritait pas, Mélisto n’en était alors que plus froide. Comme lorsqu’on sent un danger.
En tous cas, il fallait garder la tête froide. Sinon, les divagations prendraient part à la fête. Qui était de base, exceptionnelle en soi. En gros, Mélsito s’était jurée de ne pas retomber bêtement dans les pattes d’un séducteur impulsif. Mais, sur qui avait-elle dû tomber ? Rhaego, Emeraude tourmenteur de cœurs et pourfendeur d’ennemis aux Verts, à la carrure imposante et odieusement attrayante.

_Tu fais ta ronde, Rhaego ? Dans ce cas, tu devrais peut-être la terminer…

Autrement, la louve le priait pour qu’il la laisse. Un mal nécessaire. Le cœur à ses raisons, la raison n’a pas de cœur. De plus, le loup devait certainement avoir trouvé une femelle, entre temps. Pourquoi se serait-il arrêté sur elle ? Pour elle ?! Il pouvait tout aussi bien simplement être ami… A cette pensée, Mélsito regarda ses pattes et marmonna quelque chose à elle-même, une sorte d’insulte. Pourquoi se fallait-il qu’elle se fasse des films ? Relevant les yeux vers ceux qui semblaient de feu de Rhaego, la Gardienne soupira :

Excuse-moi. Je devrais te remercier, certainement. Donc… Merci.

Un trou se posa en plein milieu du monologue de la louve. Pourquoi ne prenait-il pas la parole ? Lui qui semblait si bavard ? Il fallait bien dire quelque chose. Mélisto chercha et finit par trouver son sujet :

Alors ? Les petits héritiers te donnent du fil à retordre ? C’est vrai, qu’on aurait pu les confier à quelqu’un d’autre qu’à un Protecteur. Mais, à ce qu’on m’a dit, tu sembles à l’aise dans ton rôle de Nourrice…

Posant son arrière-train sur un petit plan d’herbe, Mélisto esquissa un bref sourire. Cette réflexion, si elle avait été Protectrice, la louve ne l’aurait pas appréciée. Surtout, qu’elle et les loupiots… Cela ne fusionnait pas tellement. Dans ses pensées, se demandant comment elle se débrouillerait avec des héritiers à charge, elle laissa son regard porter sur el mâle, le détaillant sans le détailler, le voyant sans le voir. Son poitrail puissant, ses larges épaules, ses pattes imposantes, sa fourrure épaisse et qu’elle savait douce.

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Sans aucune parole, comme si rien de cet affrontement avec une mère sanglier furax ne s’était passé, ils continuèrent leur chemin d’un pas tranquille. Le chemin se resserrait tellement la forêt dense, et Rhaego se demandait ce qu’ils feraient, eux deux, quand le chemin serait trop étroit pour se tenir aussi éloigné l’un de l’autre. Sûrement que Mélisto déciderait de marcher en fil indienne, et non côte à son côté. Il ne se faisait pas d’illusion sur la façon dont la louve l’avait supplié de partir avec elle. Elle devait avoir juste peur qu’il arrive quelque chose au Protecteur et non à lui en lui-même. Ce sentiment s’accentua par le fait que la louve ne disait rien, n’exprimait rien. Et lui ne trouvait rien à dire. Comme un coup de pied dans le ventre il accueillit la première remarque de Mélisto : « _Tu fais ta ronde, Rhaego ? Dans ce cas, tu devrais peut-être la terminer… » Comme s’il ne s’était rien passé, comme si elle se moquait totalement de lui et ne voulait qu’une chose : se débarrasser de lui… Puis la deuxième remarque de Mélisto le mit mal à l’aise : « Excuse-moi. Je devrais te remercier, certainement. Donc… Merci. » Ces mots étaient durs à lâcher pour elle, hein ? Cette louve était compliquée. Il l’aimait, elle était belle, intelligente, elle était touchante, mais elle était compliquée. Et Rhaego n’y comprenait rien. A quoi jouais-t-elle à la fin ? Elle fait tout pour me congédier froidement et maintenant elle s’excuse poliment en attendant une réponse. Elle veut que je reste à lui parler, oui ou non ? Rhaego avait beau essayer d’être compréhensif avec Mélisto, il n’arrivait toujours pas à comprendre ce que ressentait la louve après l’abandon qu’elle avait subi… Si elle m’aimait vraiment, ou avait un tant soit peu d’affection pour moi, elle ne me ferait pas subir ce petit jeu permanent de froideur. Si bien que le Protecteur ne répondit pas à la louve, trop exaspéré. Qu’est-ce qu’il avait à ne rencontrer que des louves compliquées ? Il avait rencontré récemment Vixen, une Solitaire encore plus compliquée, belle mais s’en néanmoins en faire une concubine. Rhaego, morfondu, ne répondit pas. Il n’avait pas envie de lui répondre, et préférait la faire mijoter dans son jus. Finalement Mélisto reprit : « Alors ? Les petits héritiers te donnent du fil à retordre ? C’est vrai, qu’on aurait pu les confier à quelqu’un d’autre qu’à un Protecteur. Mais, à ce qu’on m’a dit, tu sembles à l’aise dans ton rôle de Nourrice… » Mais oui, bien sûr, changeons de sujet, tu sais si bien le faire… Rhaego, lui, n’avait du tout envie de parler de choses si banales. Tout serait trop faux, non naturel. Mais il répondit quand même. Il regarda les yeux azur de la louve, et admira une nouvelle fois sa démarche et sa finesse. Il ne voulait pas la blesser, mais s’en était trop… Un jour serait-elle sincère ? Je lui avais donné ma sincérité, moi… Il lui décocha, droit dans les yeux, mais en ne s’empêchant pas de la dévorer des yeux :

- Tu joues à quoi, là ? Ca t’amuse de jouer avec moi, et d’être aussi compliquée ? Très bien, jouons à ce jeu de dupe, je vais te répondre. Oui, les petits me prennent beaucoup de temps, même si je les adore.

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