Seront-ils comme lui ?

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La douleur se faisait plus intense. Mettre au monde des vies, aussi petites soient-elles, c'est douloureux. Et, Gladiatore venait presque à regretter de ne pas s'être jetée, comme dans son idée sombre avait germé dans son esprit engourdi quelques jours auparavant, du haut de la Ronde. Avec son ventre qui avait triplé de volume et sa mobilité qui avait été drastiquement réduite, la louve sombre entretenait tout simplement une sorte de haine envers Typhon.
Ce Rubis avait osé s'en prendre à la Protectrice. Non seulement humiliée, la femelle avait perdu son grade qui lui tenait à coeur. Le sentiment de rejet lui avait paru grand. Elle semblait avoir perdu de sa valeur, puisque, la louve ne savait faire que ça : protéger ses Alphas et se battre. Seule. Et souffrante.

Allongée sur son flanc gauche, Gladiatore ne cessait de relever la tête et toiser ce ventre imposant. Bientôt, les vies qui le remplissait seraient dehors. Mais, il y avait encore du travail.
L'hiver n'était pas ne bonne saison, pour mettre bas. Et, si elle ne s'était pas faite brusquée par ce Rubis, jamais elle n'aurait eu de petits. Jamais. A l'abri dans une petite grotte, peu profonde mais large, l'Emeraude tournait le dos à l'entrée. Le temps s'était semblé s'arrêter. Mais, les petits sortaient enfin.
Haletante, la louve poussait depuis une bonne heure déjà lorsque le premier loupiot fit surface. Les yeux ronds, la jeune mère oublia la douleur et le fait de pousser. La forme sombre se tortillait sur le sol, sous le regard ombrageux de sa génitrice. Un instant déboussolée, une vive douleur la fit ramener à la réalité : les autres petits s'agitaient. Il fallait faire vite.

Mais, et tout en continuant de pousser, Gladiatore se surprit à se rapprocher du nouveau-né et à faire un rempart du froid de sa toison épaisse et foncée. Le petit s'enfouit dans le pelage de sa mère, cherchant certainement de quoi manger.

Avec un grognement âpre, la louve se remit au travail. Au fond, elle n'aurait pas souhaité être seule. Mais, si cela devait se passer comme cela, cela se passerait ainsi. Gladiatore tenta tout de même, entre deux inspirations, de pousser un hurlement sinistre.

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Typhon avait pénétré la frontière du territoire des Émeraude. Pourquoi? Ça, il ne le savait pas mais pourtant, il sentait quelque chose de grand, pour lui, était entrain de se passer, quelque part, ici. Quelque chose de lui, c'est alors qu'une pensée de la louve, Gladiatore, vint dans son esprit. C'est peut-être elle? Elle qu'il lui donne cette impression.

Il fronça les sourcils. Il avait mit une louve enceinte, de ses petits. Une Émeraude, et lui, il était un Rubis. C'était deux meutes différente, sans aucun lien. En ce-moment, cette louve en question devait être entrain de souffert des petits qu'elle ne voudrait sûrement pas. Des non-voulus, des accidents ou même, des erreurs. De jour en jour, ce loup avait un peu changé, un peu en rapport avec Gladiatore. Mais c'était surtout qu'il était excité, et par malchance, il y avait une louve devant lui.

Il soupire légèrement, cherchant la louve, elle qui portait ses petits. Peut-être devraient-ils rester ici? Dans cette meute, et non dans la sienne. En même temps, il n'espérait pas beaucoup les voir, une fois mais sans plus. Il avait pas vraiment d'entendre à tous les jours "Papa, papa ,papa" Il poussa un grognement en y pensant. Cependant, qui dit que la louve voudrait l'avoir comme père? Pas parce que c'était lui le géniteur, la louve avait le droit de l'accepter.

C'est alors qu'il entendit des couinements de louveteau, il leva les oreilles et accourut immédiatement. Comme il se doutait, c'était bien elle, dans la grotte, devant lui. Il n'osait pas rentrer, de peur que Gladiatore se mette en colère et tue les petits. Puis, après tout, ils étaient à l'intérieur. Il y avait toujours se couinements, il prit son courage à deux pattes et y entra. Il la vit, couchée, avec les petits. Son coeur battait fort. Il était là, devant eux, leur corps tellement fragile

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C'était fait, ils étaient tous dehors, à présent. A gémir et à lui casser les tympans. Gladiatore avait bien donné naissance à ces petits, elle répugnait de trop s'en imprégner. Quand bien même, que, lorsqu'elle les regardait, un instinct de protection la tiraillait vivement : serait-ce ceci, son poste, à présent ? Quelque chose de tout aussi éreintant ? Mais, bien plus important ? Garder un oeil sur la chair de sa chair ? Ou, était-ce simplement une bénigne affection qu'elle portait à ces petits. Comme, secrètement, elle le faisait pour tout fidèle Emeraude ? Mais, au fur et à mesure que les minutes s'égrenaient, ce sentiment s'avéra clairement plus fort. Tout comme l'odeur d'un Rubis.

Dieu que la louve avait souhaité ne pas être seule, pendant cet instant. Mais, le dernier qu'elle aurait voulu voir, c'était bien ce foutu loup. Celui qui l'avait forcée, par son acte humiliant, à quitter sa vie de Protectrice.
Dès que l'odeur du mâle s'était faite plus forte, Gladiatore ne put s'empêcher de lâcher un grondement sourd avant de basculer sa tête en arrière. Le mâle se trouvait à l'entrée de la grotte, il semblait fasciné autant qu’apeuré. Si c'était la louve qui lui provoquait ce dernier effet, elle s'en félicitait pleinement.

_ Alors, tu es venu pour te féliciter ? Admirer ta victoire ?

La voix de l'Emeraude était fragile, presque inaudible. Et, cela ne faisait que mettre en valeur son incapacité à être en mesure de le combattre. Gladiatore s'en détesta d'autant plus, et, c'est avec une voix rauque et ferme qu'elle se radressa au Rubis :

_Vas t'en. Avant que je sois en mesure de te pourfendre de mes crocs. Sous les yeux même de ta progéniture.

Les yeux rageurs et plus sombres que jamais, l'ex-Protectrice le fusillait de son regard orageux. L'Emeraude a toujours été impitoyable, envers les autres. Mais, n'avait jamais fait preuve de sadisme envers un autre loup. Cette fois, elle ferait une exception.

Les loupiots semblaient sentir ce qu'il se passait autour d'eux, et, s'agitèrent. Sous le joug d'un geste impulsif, Gladiatore se rapprocha d'eux en quittant le mâle foncé des yeux et les enfouis près de son flanc. Tout en faisant attention que tous soient à l'abri du froid, la mère releva son regard gris vers celui du Rubis, qui possédait les même yeux que bon nombre de loups de sa meute, rouges.

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Des couinements...des couinementes, c'est tout dont ce qu'il entendait dans la grotte, les petits ne faisaient que ça. Mais il fut heureux lorsqu'ils commencèrent à boire. Il sourit et soupire de soulagement. Jamais il ne pourra endurer tout ça. Mais par après, ces couinements seront remplacés par des "Papa! Papa! Papa!" Il lâcha un grognement sourd. Ensuite, il leva les oreilles dès que la louve posa ces questions " Alors, tu es venu pour te féliciter ? Admirer ta victoire ?" Non....elle devait l'haïr énormément. Il lui avait gâché pratiquement sa vie...à cause de ses louveteaux. Elle a perdue son grade de Protectrice...mais maintenant, son nouveau rôle sera celle d'une mère protectrice.

-Tu sais, pour être franc, je te mentirais si je te disais que je me sens mal de t'avoir faire ça...mais au fond de moi....au plus profond de mon âme...je suis désolé...tu n'avais pas à endurer ça, tu avais une vie avant que je ne....tombe sur toi. Si je pourrais faire quelque chose...je le ferais, Gladiatore. J'ai beau être un Rubis, je peux être très doux....très rarement mais aujourd'hui, je me sens comme tel.

Typhon s'avance de quelque pas vers elle, des pas très lent, pour ne pas être trop brusque. Il baissa les oreilles, montrant un peu de soumission, voulant dire qu'il n'allait pas se battre ni rien de ça. "Vas t'en. Avant que je sois en mesure de te pourfendre de mes crocs. Sous les yeux même de ta progéniture." Il fit non à la tête. Il ne voulait pas partir, pas avant d'avoir réglé ça. Il voulait faire quelque chose pour elle, pour l'avoir fait une telle chose horrible. Peut-être que pour elle, les louveteaux, ici présent, ne devraient pas être là. Peut-être qu'elle cacherait leur existance? Peut-être qu'elle a honte? Mais il n'en savait rien, il connait même pas sa vie, juste qu'elle a perdue un grade sûrement important pour elle.

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Bien que son pas soit silencieux et fluide, sans pour autant être pressé, Gladiatore le prend comme une menace et relève ses babines. Ses paroles sont ignobles, provocant des douleurs au cœur même de la louve. Bien plus douloureuses que les crocs qui avaient pu percer sa chair comme sa fourrure, allant bien plus profondément lacérer que n’importe quelle blessure. Il y avait du vrai, dans ce qu’il disait : la protectrice Gladiatore n’était plus. Une autre avait pris sa place. Alors que la louve sombre était obligée de rester couchée, une autre profitait de son rang.

Mais, avant que la louve puisse gronder contre le géniteur de ses loupiots, une grimace de douleur lui étira le museau : les 5 petits tétaient fort. Et, la douleur disparaissait avant de revenir, sans pour autant être plus aigüe. La femelle tourna la tête vers sa progéniture malgré le danger que représentait Typhon pour l’Emeraude. Elle ne pensait pas qu’il soit capable de tuer ses petits. Mais, elle, oui. Malgré ses paroles, ses promesses d’aides, Gladiatore se refusait à lui faire confiance. Ce serait remettre sa vie et ses espérances à un être qui n’en était pas digne, de son point de vue.

« Si tu veux me rendre service, je ne te demanderai qu’une chose : tiens-toi à l’écart de moi. Je ne tiens pas à ce que tu aies une implication dans ma vie. Tu as beau être leur père, tu n’es pas pour autant mon compagnon. Ce que je souhaite, c’est que tu les prennes dès qu’ils seront en mesure de vivre sans moi. Prends-les chez toi, chez les Rubis. C’est le moins que tu puisses faire. »

A la dernière phrase, Gladiatore avait tourné la tête vers le Rubis. Elle connaissait son nom, mais, le simple fait de l’évoquer aurait voulu dire qu’il avait une quelconque importance. Or, la louve tenait à ce que la situation reste comme telle. La séparation avec les petits allait être dure, l’Emeraude le savait. Car, en même temps qu’elle venait d’évoquer son plan au mâle, la louve réalisait à quel point ses petits lui étaient chers. Chacun d’entre eux. Ils n’avaient pas été voulus, mais, elle ne s’imaginait plus sans. La chair de sa chair, et, Gladiatore voulait s’en séparer. C’était immonde, et tout sauf naturel.
La femelle ne put réprimer une larme, qui, u moment où elle retourna la tête vers ses petits, vint s’écraser sur sa fourrure sombre et grise. La louve pria pour que le Rubis n’ait pas vu une telle preuve de faiblesse. Car, la femelle avait été élevée dans un climat brutal et violent, sans pour autant être sanglant. Gladiatore avait été élevée à la dure. Pas autrement. C’est-à-dire, que la femelle ne versait pas de larmes, ne se plaignait pas. Dure avec elle autant qu’avec les autres.

Néanmoins, la femelle ne savait pas, que le fait de donner la vie pouvait faire autant de mal que de bien. Et, même si elle cachait bien son jeu, la louve tenait cher à ces petites vies qui grouillaient près d’elle.

» « Le baiser frappe comme la foudre, l'amour passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel, et recommence ainsi qu'avant. Se souvient-on d'un nuage ? »
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