Une légère brise soufflait sur la Terre ravagée, pliant et dépliant les feuilles selon son gré. Elle s’insinuait dans les profondes crevasses, soulevant quelques nuages de poussières. L’endroit semblait étrangement vide. Le bruissement habituel des multiples proies qui s’agitait dans les buissons était discret, quasiment inaudible. Seul l’immense volcan qui trônait là depuis des millénaires semblait insensible, restant immobile, force figée dans la pierre et pourtant bien dangereuse. Quelques rares nuages d’une noirceur totale étaient là pour rappeler sans cesse la menace qui régnait sur ces lieux. On pouvait presque voir le magma s’agiter en son ventre, bouillonnant et grondant, si chaud que nul être ne peut survivre a son contact.
Une louve aussi rousse que de la lave pure s’avançait pourtant non loin de là. Ne prêtant aucune attention au spectacle grandiose des lieux. Elle se contentait de fixer ses pattes, qui soulevaient de la poussière a chaque foulée. La louve semblait ailleurs, dans un autre monde presque. En réalité elle était là pour surveiller les frontières des Loups de la montagne. Mais pourquoi faire de toute façon, grondait-elle intérieurement, il n’y a personne, tout le monde a fuit ce territoire maudit ! Sur ce elle leva son regard aussi noir que la nuit elle-même pour sonder les hautes herbes qui s’agitaient sous l’effet du vent. Elle soupira, les gibiers semblaient bien vouloir rester dans leurs tanières, eux non plus n’avaient oublié ce qui s’était produit il y a quelques mois. La louve reprit sa ronde, désespérant de trouver qui que se soit. Freya songeait encore à son ami Snow Black, qu'elle avait rencontrer il y a peu de temps de cela, à la rencontre qu’elle avait faite, et a ce qu’il lui avait dit. Au fond c’est ce qu’elle voulait, qu’il soit caché parmi les étoiles pour l’observer et la guider. Le loup était vraiment gentil, elle se demandait bien ce qu’il foutait dans une meute pareille. Elle aussi d’ailleurs. Ou peut-être pas. Après la mort de son frère, après tant d’errance et de solitude, elle voulait du réconfort. Un entourage pour lui montrer le chemin. Même si les loups ne semblaient pas être le meilleur choix, elle s’y plaisait bien. Un loup adoucissait son quotidien pénible, et la distance des autres était agréable. Elle foula encore un peu la terre sèche de ses pattes, sous le soleil chaud et brillant de mille feux. Un long soupir s’échappa de sa gorge, cette patrouille en solitaire s’annonçait longue et pénible !