I - Naissance.

Toute histoire commence bien par une naissance, pas vrai ? Je vais donc commencer par ça. Hywelle est née dans une très grande portée. Environ sept petites bouilles ont vu le jour pendant la période d’hiver. C’était une saison très risquée pour mettre au monde des petits. Eux qui sont si fragiles, ils ne peuvent presque pas supporter le grand froid. Malgré tout, la mère et le père gardent l’espoir que tous survivront jusqu’au début du printemps. La journée, le père passait la plus part de son temps dehors, dans le froid, à la recherche de nourriture. La mère, elle, restait dans la tanière tentant de protéger ses petits du froid. Elle se mettait toujours dos à la porte, gardant ses petits près d’elle et dans le fonde du trou. Ils étaient tous posés sur un bon lit de feuilles et toutes sortes d’autres branches. Un seul objectif était à atteindre: la survie des enfants. Malheureusement, quelques jours après la naissance, l’un d’entre eux laissa son âme s’envoler. Tristesse. Chagrin. Regret. Ce fut un moment très dur pour les parents. Perdre un enfant cinq jours après la naissance, est quelque chose de difficile à passer. La troupe se résuma donc à six petites bouilles. Le septième a été enterré pas très loin de la tanière, bien sous terre pour qu’aucun autre prédateur le prenne en guise de déjeuner. Pendant quelques jours, le doute régnait. Sans cesse, les parents se réveillaient toutes les heures pour tenter de sentir la chaleur des petits. Sentir leur respiration. C’était une phase difficile. Et pourtant, il faut le faire. Dans une nuit, un autre rendit l’âme. Une fois de plus, tristesse et abandon au rendez-vous. Est-ce que ce sera comme ça durant tout l’hiver ? … Personne ne l’espère. La petite femelle qui est donc partit cette nuit rejoins son frère dans le monde du haut. Mais personne ne baisse les bras pour autant. Les parents se battront jusqu’au bout pour préserver les cinq louveteaux restant.

II - Premiers pas dans le monde.

L’hiver passa, laissant fondre son épaisse couche blanche et froide. Le soleil. La chaleur. Les bourgeons mais aussi l’herbe étaient au rendez-vous. Un merveilleux jour de printemps pour la première sortie des petits. Et qui dit première sortie, dit aussi premiers pas. Tout d’abord, le père sortit afin de voir si aucun prédateur ne rôdait aux alentours. Puis, la mère qui fit son rôle: dirigé ces cinq bébés. Petits à petits, ils sortirent tous. Un mâle, un autre, puis une femelle, une autre et encore une petite fille. Si les deux autres feraient encore partit de ce monde, il n’y aurait eu que trois pauvres garçons contre quatre filles. Ils étaient tous différents au caractère ! Un petit mâle qui était un peu plus boudiner que les autres, l’autre mâle qui semblait toujours vouloir jouer le grand, une petite femelle rebelle qui ne se laisse pas faire, une autre petite fille qui aime la beauté et incarne la sagesse et enfin, Hywelle, une aventurière au grand cœur un peu folle. Une belle et grande famille. Les premiers pas n’ont pas été si faciles. L’envie de courir les prenait, mais ils tombaient tous après deux, trois foulées. Ils ont encore tellement à apprendre. Et ils font tous le plus grand bonheur des parents.

III - La séparation.

La séparation. Quelque chose très dure. Surtout quand nous avons seulement sept petits mois. C’était en fin de printemps et début été. Une partie de cache-cache aillant mal tournée sur les bords. Alors que le grand frère comptait, comme à son habitude, Hywelle s’écarta du troupeau pour aller se cacher plus loin. Erreur. Ne pensant pas au danger qui peut se trouver autour d’elle, la loupiote s’enfonça dans les broussailles. La voilà cachée. Un peu trop, même. Mais voilà que les minutes passent. Puis les heures. Elle, elle est toujours cachée. Du côté de la famille, ils sont tous en train de la chercher dans les moindres recoins. Mais plus la recherche s’annonçait longue, plus l’inquiétude rongeait les parents de l’intérieur. Eux qui ont déjà perdu deux petits, pas un troisième ! La nuit tomba petit à petit. Le père décida donc d’arrêter les recherches et continuer demain, à la première heure. Il est presque impossible de chercher dans le noir, même si les loups, de base, chasse plutôt la nuit. Ce fut la pire des soirées. Les enfants qui restaient au fond de la tanière sans bouger, le père qui marchait en faisant des allers retours tout en réfléchissant, et la mère mangée par l’inquiétude. Les pires images défilaient devant ces yeux. Les questions traversèrent sans cesse ses pensées. Où était-t’elle. Que faisait-t’elle. Comment allait-t’elle. Bref. Une série de question comme ça. Laissons la famille de côté pour le moment. Retournons sur Hywelle. Au même moment, la femelle resta dans sa cachette, derrière un épais tronc d’arbre. Couchée sur le sol froid, elle attendit toujours le retour de son frère. Mais plus les terres sombraient dans la nuit, plus elle trouvait ce jeu amusant. Qui aurait cru qu’un cache-cache la nuit serait bien. Redressant sa petite tête, elle sentit une drôle d’odeur. Un oiseau. Mais pas n’importe lequel. Une grosse chouette était perchée sur une branche, juste au-dessus d’elle. N’ayant jamais vu ça de sa vie, Hywelle se releva, la queue entre les pattes. Jusqu’au moment où le regard du volatile croisa celui de la loupiote, puis fit son bruit effrayant. Par pur réflexe, le louveteau baissa ses oreilles et partit en courant, ne sachant pas où aller, dans le noir, seule. Depuis ce jour, elle croit toujours à ce jeu de cache-cache. Son frère ne l’a jamais retrouvé donc dans sa tête, le jeu continue. De nos jours elle vagabonde à jouer l’aventurière sur tous les territoires possibles. Elle passera sûrement dans ta meute ou encore dans celle de ton voisin. Qui sait. On la rencontrera tous un jour ou l’autre.