Dans la forêt, le temps était au beau fixe! Le feuillage verdoyant en cette saison, laissait place à d'éclatantes percées de soleil et le chant des oiseaux raisonnait à travers la forêt dense. Le gibier était abondant et les bruit marquants leur présence ne trompaient pas. Museau Cendré se promenait dans cet endroit envoûtant. Elle était... Tourmentée. Elle cherchait un endroit calme, un lieu où réfléchir et même, quelqu'un à qui elle pourrait parler pour sortir ses idées noire de son crâne... Tout pour se vider l'esprit! C'est ce qu'il lui fallait. Elle sauta par-dessus quelques tronc d'arbres, tombés lors de la tempête d'hier. Trouver, chercher, parler... Seules étaient les pensées dans sa tête. Elle ne pouvait garder le silence plus longtemps. Le chant des oiseaux s'accentua. La louve blanche remua les oreilles, comme pour écarter un insecte indésirable. *Taisez-vous!!! Mais.... TAISEZ-VOUS* Pensa-t-elle. Elle se mit à courir comme si un prédateur était à ses trousses. Elle devenait folle, bonne pour l'asile... Le chant des oiseaux revenaient en écho, toujours, encore et encore, sans relâche dans la tête de la louve au museau taché de cendre qui maintenant, avait les larmes au yeux. Elle continua, continua... Jusqu'au moment où, elle fonça sans le vouloir dans un arbre! La pauvre était sonnée après tout cela. Elle n'avait pas vu où elle se dirigeait, pour elle tout ce qui comptait c'était de partir, d'oublier tout... Oui, tout. Elle ne se rendit pas compte tout de suite que l'arbre dans lequel elle avait foncé, était en fait, Daeron le chef de sa meute...

Le temps était clair, le ciel parsemé de doux cumulus. Je me sentais bien, quoi que vide de toute énergie depuis quelques jours. J’avais cherché Birdy durant longtemps. J’avais eu le courage, en moi, de lui avouer mes sentiments. Alors j’étais parti à sa rencontre pour discuter, pour chercher des indices dans sa façon d’être qui m’auraient guidé et qui m’auraient fait savoir si je devais ou non, lui énoncer les sentiments imperturbables que je ressentais pour elle depuis notre dernière rencontre. Mais je ne l’avais pas trouvée. Elle était restée invisible, silencieuse. Une ombre au milieu de notre territoire, alors qu’autrefois nous avions cheminé longtemps côte à côte pour veiller sur notre Bêta. Depuis que j’étais monté en grade, elle avait disparu. Alors que nous aurions dû être encore plus proches, alors qu’elle aurait dû être sans cesse à mes côtés, elle avait tout simplement disparu sans laisser de trace. Et moi, je m’étais retrouvé seul, totalement seul avec mes sentiments et mes plus profonds doutes, mes plus dures angoisses.

Je marchais calmement hors de mon territoire, longeant la roche aquatique pour me distraire et me changer les idées. Tout bonnement, je m’abandonnais délibérément à mes plus noires pensées, cherchant à fuir le présent et mes soucis quotidiens. Voilà maintenant longtemps que je n’avais pas croisé mes semblables, pas depuis la grande chasse qu’Ombra avait déclenché plusieurs jours plus tôt. A cette occasion j’avais rencontré un petit nombre des membres de ma propre meute, que des louves, et toutes s’étaient montrées totalement à la hauteur de nos besoins. Nous avions tous ensemble, bien remplis les réserves de la meute et les nôtres ne manquaient définitivement plus de nourriture. Au moins jusqu’au prochain hiver, en tout cas.

Soudainement, une jeune louve déboula devant moi et se heurta violemment à ma cage thoracique. Cela m’étonna grandement, d’autant que mon gabarit ne pouvait laisser personne dans le doute. J’étais plus que voyant, et pas moins imposant. Je pensais alors qu’elle avait dû, comme moi, être perdue dans ses pensées et qu’elle n’avait pas eu le temps de me repérer lorsqu’elle m’était littéralement rentrée dedans. Je la détaillais un instant et enfin, elle remarqua ma présence. Je ne sais pas pour quoi elle m’avait pris, mais elle me sembla prise au dépourvu. Je la regardais, arborant un air le plus amical possible.

- Est-ce que ça va ? Tu ne sembles pas ton ton assiette.

Je me souvenais alors, d’où je l’avais déjà croisée. Il s’agissait de Museau Cendré, l’une des jeunes louves qui avaient participé à la chasse mise en œuvre par ma chère Ombra.

- Est-ce que ça va ? Tu ne sembles pas ton ton assiette.

La louve blanche restait là, trop apeurée et honteuse pour être en possession de ses moyens. Elle recula lentement, abaissant respectueusement sa tête ainsi que ses oreilles. Elle ne voulait pas se mettre dans une posture encore pire que celle-ci, déjà qu'elle ne lui était point favorable... Comme elle avait l'air bête maintenant! Elle aurait tout donné pour que son pelage blanc devienne invisible pour qu'elle même disparaisse. "Dis quelque chose!" pensa-t-elle.

-Veuillez m'excuser, Alpha... J'était confuse et dans mes pensées. Pardonnez-moi cette arrivée impromptue ainsi que cette rencontre... Fracassante.

Elle s'abaissa encore plus en enfouissant presque son museau dans le sol meuble, de crainte d'avoir fait faux pas face à son chef. "Pourquoi fallait-il que je me mette à courir!? C'est vrai! J'étais devenue dingue à cause de mes tourments... Et de plus, je me retrouve dans de beaux draps! Jamais je ne deviendrai une guerrière digne de ce nom..." Son doux regard océan normalement vif et clair, s'était éteint et il était devenu presque gris. Un mince filet de larmes coula de son œil gauche, puis vint le tour du droit. Museau Cendré tenta de dissimuler ses pleurs en gardant la tête basse, mais elle était certaine que le grand mâle avait repéré l'eau scintillante qui cheminait sur son museau. "Peut-être pourra-t-il m'aider...?" se dit-elle maintenant avec une lueur d'espoir. La louve cendré avait le pelage en bataille et il émanait de tout son corps une aura de désespoir... Elle devra s'expliquer, maintenant.

Comme la dernière fois que nous nous étions rencontrés, Museau Cendré faisait preuve d'un respect sans bornes envers moi et, je me doutais qu'elle ne le faisait pas exprès, me reléguait à la seule place de Dominant. Inconsciemment, elle mettait entre nous une distance de la taille d'un ravin, qu'il nous serait difficile de franchir un jour si je la laissais l'agrandir toujours plus à chaque fois que nous nous croisions. Je me redressais, la détaillais de toute ma hauteur. Pourquoi Diable les jeunes étaient-ils si craintifs lorsqu'ils se tenaient face à moi? Je savais bien que j'étais leur Alpha, qu'ils me devaient obéissance et respect. Mais tout de même, certains semblaient ne pas se sentir à leur place à mes côtés. Comme Museau Cendré aujourd'hui.

- Dis-moi, Museau Cendré. Te sens-tu bien, parmi les Saphirs? Penses-tu avoir trouvé ta place en ce monde?

Je vis bien l'incompréhension dans son regard, et une lueur de malice s'alluma dans le miens. Elle ne comprenait pas où je voulais en venir, et je devais bien avouer que cela m'amusa un instant, malgré les noires pensées qui me hantaient depuis que j'avais perdu la trace de celle que j'aimais plus que tout au monde. Je me souvenais alors de la chasse que nous avions faite ensemble. Museau Cendré s'était montré d'une aide précieuse, et elle avait joué son rôle à merveille. Dès le début, lorsque j'avais proposé à chacun de choisir sa part du travail, elle s'était portée volontaire pour abattre nos proies. Et elle avait rempli sa tâche avec briot. Nous étions rentrés tous ensemble, les gueules pleines, tirant avec détermination les fruits de notre travail jusqu'a la tanière où nous attendais tous les membres de notre meute. J'avais été fière de ma famille, ce jour-là, même si la tristesse m'avait rapidement gagné lorsque j'avais compris que Birdy ne se joindrait pas à nous. Malgré l'absence de mon esprit pratique, les miens avaient fait preuve d'une possession de leurs moyens véritablement extra-ordinnaire. Je ne pouvais qu'être comblé d'être entourés de si bons loups, fiables et travailleurs.

L'Alpha Saphir se releva de toute sa hauteur et la louve blanche se releva légèrement. Il ne fallait surtout pas qu'elle paraisse timide car elle avait encore ses preuves à faire.

-Dis-moi, Museau Cendré. Te sens-tu bien, parmi les Saphirs? Penses-tu avoir trouvé ta place en ce monde?

À ces mots, elle tressaillit mais se releva malgré sa petite taille, de toute sa hauteur disponible. Si elle se sentait à sa place... Personne ne lui avait jamais posé cette question et elle en était quelque peu troublée. Les oiseaux chantaient et le vent soufflait dans les arbres, tel les poumons et le cœur de la forêt. Pour une fois, cela soulagea Museau Cendré, car elle avait un profond besoin de parler et ce, à n'importe qui. Elle se serait même abandonnée à un Rubis... Elle aimait les Saphirs, sa famille adoptive mais jamais elle n'avait eu de loup pour jouer le rôle de parents. Elle avait été livrée à elle-même, seule pour apprendre les subtilités des sentiments et l'amour que l'on pouvait porter à quelqu'un. Personne pour la maintenir dans la chaleur et les caresses. Il est vrai qu'elle avait prise Daeron et Ombra pour modèles dès sa plus tendre enfance et qu'ils lui avaient été d'une aide précieuse.

-Daeron... Je ne sais pas si je n'ai, ne serait-ce que le droit de dire que je suis une Saphir à part entière mais, je sais que ma place est ici car c'est le destin qui m'a guidé jusqu'à vous.  Alors, si je vous dois quelque chose, c'est bien de donner ma vie à la protection de ma famille. Je n'ai su trouver ma place dans ce monde car il est plus vaste que le plus grand de nos territoire mais, je sais que j'ai su trouver ma place parmi les Saphirs, malgré les preuves que je dois encore faire... Je serais toujours loyale et aussi limpide qu'une eau claire!

Elle bombait à présent le poitrail, fière d'appartenir à une si belle famille, en oubliant presque les problèmes qui avait causé ce pourquoi elle avait foncée dans son chef...

Museau Cendré me sembla prise au dépourvu, mais rapidement elle reprit contenance face à moi et me montra qu'elle aussi, elle savait faire preuve de fierté. Elle se redressa elle aussi, même si comme d'habitude, je la dominais largement. Il me venais parfois à l'idée que l'un de mes parents ait eu du sang d'ours, quelque part dans leur lignée. Evidemment, un tel cocktail n'est physiquement pas possible. Mais j'avais tellement poussé, j'étais devenu si énorme qu'à certains moments, lorsque je voyais mon reflet dans l'eau clair d'une source d'eau, j'avais l'impression d'être face à un ours. Même si les oreilles et les dents étaient définitivement celles d'un loup. Il fallait bien reconnaître que j'étais véritablement énorme. Pourant, je n'étais presque fait que de muscles et le peu de graisse que je parvenais à assimiler durant l'année, se faisait la malle durant l'hiver pour ne plus rien laisser que de la viande juteuse au retour du printemps.

Son discours ne tarda pas à arriver et je souriais, ses paroles étaient sages et réfléchies mais surtout, elles étaient sincères. J'étais satisfait de compter une louve de sa trempe parmi ceux de ma meute, parcequ'elle serait probablement un grand atout lorsque j'aurais pu voir où en étaient toutes ses capacités. Elle était une bonne chasseresse et avait remplit sa mission comme il le fallait, durant la grande chasse. Mais beaucoup d'autres mises à l'épreuve l'attendaient encore et elle le savait, elle semblait même impatiente de pouvoir montrer à toutes et à tous ce dont elle était capable. Nul doute que cette jeune femelle croyait en ses capacités. Ne me restais plus qu'a m'assurer qu'elle ne se surestimait pas. Mais j'en doutais. Le courage laisse parfois la place au trop plein de confiance en soi, mais Museau Cendré n'était pas suffisemment sûre d'elle pour que je puisse déceler chez elle "trop" de confiance en elle.

- Tes paroles sont sages, Museau Cendré. Peu de loups estiment que le monde est trop vaste. La plupart ne voit pas plus loin que les frontières de leurs propres territoires.

- C'est courageux de ta part d'être prête à donner ta vie pour ta meute, mais prends garde à ne pas perdre en prudence. Nous avons toujours suffisamment à perdre pour ne pas vouloir mourir. Tel en va le monde et c'est ainsi que tout doit se dérouler.

Je faisais quelques pas autour d'elle, observant les alentours avec une petite idée derrière la tête. Je sentais depuis le début, que notre rencontre n'était pas destinée à de simples papotages, et le moment était bientôt arrivé.

La jeune louve se sentit fière mais cela la gênait que son Alpha lui-même, lui fasse de si beaux compliments.

- Tes paroles sont sages, Museau Cendré. Peu de loups estiment que le monde est trop vaste. La plupart ne voit pas plus loin que les frontières de leurs propres territoires.

Il continua:

- C'est courageux de ta part d'être prête à donner ta vie pour ta meute, mais prends garde à ne pas perdre en prudence. Nous avons toujours suffisamment à perdre pour ne pas vouloir mourir. Tel en va le monde et c'est ainsi que tout doit se dérouler.

Oui, elle avait suffisamment à perdre pour ne pas mourir maintenant, elle avait encore ses devoirs envers sa meute ainsi que des amis à protéger. Voilà les seules choses qui la maintenaient en vie, qui lui permettaient d'avancer. Oui, ainsi va le monde et voilà comment tout cela devait se dérouler.... Elle tuerait un jour, pas pour défendre ni chasser et ce jour-là, elle le craignait comme la peste. Elle se devait de révéler sa vision à Daeron. Toujours redressée, mais en position assise, ses oreilles se couchèrent et son regard océan se détacha des yeux de son Alpha, les redirigeant vers le sol, fixant ainsi une scène qu'elle seule pouvait voir dans le vide. Elle griffa le sol comme si une proie venait de lui échapper. Colère, peur, tristesse ainsi que détresse, avaient trouvé refuge chez la louve cendré au pelage immaculé. Elle serra la terre entre ses griffes en fermant fortement les yeux. Encore une fois, une eau scintillante apparut tel un ruisseau le long de son museau.

-Daeron... j'ai eu une vision... Je me suis vue, penchée au-dessus d'un cadavre de loup.

Elle laissa place au silence puis elle revint à la charge:

-Aucune goutte de sang n'était versée, nulle marque n'avait été faite sur le corps sans vie et pourtant, on pouvait lire la souffrance, la peur ainsi que la haine sur le visage du loup... Mais ce qui m'a effrayé le plus, ce qui hante mes cauchemars, ce sont les images suivantes: Je me suis vue, le sourire aux lèvres, les yeux rouge tel le sang versé d'une proie fraîchement tuée. Mais c'est le sentiment que j'ai ressenti, qui me fait peur..... J'y éprouvais du plaisir !

Elle se remit à pleurer de plus belle.

-Pourquoi? Pourquoi suis-je maudite? Ma famille a péri à cause de l'une de mes vision, j'ai perdu mon frère dans la bataille... Maintenant, j'apprends que je vais devenir une louve assoiffée de sang comme Thunder...

La louve blanche arrêta de parler, elle était en larmes. Maintenant, un torrent coulait sans repos comme si un barrage cédait, la libération de Museau Cendré fut de même.

Alors que mes paroles avaient atteint les oreilles de Museau Cendré, la jeune louve adopta une attitude complètement illogique et inadaptée à la situation. Je comprenais rapidement qu’elle venait de s’échapper de la réalité, entrant dans un monde que je connaissais bien, le passé. Elle semblait prise dans un souvenir qu’elle seule avait connu et que je me voyais dans l’incapacité de partager avec elle. Elle fit des mouvements clairs, qui confirmaient tous ce que je pensais voir. Elle luttait contre elle-même, elle semblait avoir peur de sa propre existence. Finalement, elle partagea avec moi ses souvenirs et ses craintes. Je lisais en elle la détresse qu’elle ressentait, elle se sentait visiblement surpassée par la situation et ne parvenait pas à trouver seule une solution. Elle avait semblait-il, besoin de l’aide d’un ami. Mais je n’étais pas son ami. Je ne pouvais me résoudre à le lui dire aussi sèchement, mais il fallait que je trouve un moyen de le lui faire comprendre.

Sa dernière déclaration me prit au dépourvu. Elle s’était vue en rêve, prenant plaisir au meurtre ? Comment cela pouvait-il être possible ? Je gardais cependant mon calme, la dernière chose dont elle avait besoin était d’un loup impulsif, incapable de garder son calme dans ce genre de situation.

- Il ne faut pas t’en faire, cela n’était qu’un rêve et puisque tu l’a vu, rien ne pourra désormais t’empêcher de faire en sorte qu’une telle chose se produise. Tu es une Saphir, Museau Cendré. Le courage est notre force, mais sans peur il ne peut y avoir de courage. Tu dois seulement te laisser le temps, il te faudra beaucoup d’entraînement pour apprendre à maîtriser tes peurs.

Et alors que mon visage n’affichait qu’un air neutre, je réfléchissais déjà à l’avenir. Il fallait à tout prix que je trouve un moyen d’entraîner tous nos loups, parce que nous avions besoin d’être tous en pleine forme et aptes au combat en cas de besoin. Il devenait urgent que les miens apprennent à se contrôler et à maîtriser tout ce qui les effrayais.

Museau Cendré renifla un bon coup et sécha ses larmes. Elle avait l'air d'une gamine à pleurer comme cela. Daeron avait raison, elle était une Saphir et elle irait jusqu'au bout pour ne pas devenir un poids mort pour sa meute. Museau Cendré se redressa de toute sa hauteur et elle enfonça ses griffes dans la terre meuble. Elle prit une inspiration et dit d'un ton ferme:

-Tu as raison, je suis une Saphir et nous sommes réputés pour notre courage...
Je ferai honneur à cette réputation en réussissant à vaincre mes peurs!
Je te remercie Daeron de m'avoir ouvert les yeux. Il y a quelques années, tu m'as recueillie dans les Saphirs après la mort de mes parents, maintenant c'est à moi de te rendre la pareille.

Elle était déterminée. Rien ni personne, si fort ou si puissant soit-il, ne la ferait reculer ! Si elle était là pour une bonne raison, c'était bien celle-ci. Oh ça, pour sûr qu'elle s'entraînerait, elle n'y manquerait pas...

Soudainement, la jeune louve au pelage immaculé prit une attitude aussi impostante que possible et se mit à pétrir la terre de ses fines pattes blanches aux muscles délicats. Elle semblait reprendre rapidement le courage dont notre meute était pourvue, et la fierté se lisait dans mon regard au fil des paroles qu'elle lâcha alors, déterminée à devenir une louve digne de notre meute, apte à vivre aux côtés des Saphirs qui de jour en jour voyaient leurs rangs se grossirent grâce à de nouveaux membres toujours plus nombreux et déterminés.

Elle insinua un dernier souvenir dans notre rencontre, celui du jour où elle était entrée à mon service. Celui du jour où elle avait perdu ses parents, et où elle avait ensuite trouvé refuge au coeur de ma meute. Depuis cette tragédie, elle avait beaucoup grandit mentalement. Chaque jour j'avais pu apercevoir ses progrets et elle se donnait toujours entièrement dans les tâches qu'elle recevait. Je savais qu'un jour, elle se sentirait prête à un tout autre rang. Ce jour arriverait bien vite, et alors elle laisserait une place de Druide vacante, tandis qu'elle rejoindrait un rang qui lui serait parfaitement atteignable.

Je la regardais encore un moment, je sentais que dans peu de temps nous repartirions chacun de notre côté. Je ne pouvais vraissemblablement pas m'attarder, même si le plaisir était là lorsque je rencontrais l'un des miens. Malgré mon désir de connaître tous les membres des Saphirs, j'avais prioritairement pour responsabilité de veiller sur les miens, et pour cela je devais quotidiennement traverser toutes les terres dans le but de déceler le moindre mouvement suspect sur nos terres, avec la seule ambition d'aider les Gardiens déjà au travail.

- Bien. Je suis heureux de constater que tu reprends confiance en toi, c'est une bonne chose. Une excelente chose, même. Nous aurons besoin de toutes nos capacités en cas de conflit, et si nous avons besoin d'avoir peur de temps en temps pour apprendre à être courageux, il nous faut apprendre à maîtriser nos angoisses si nous voulons devenir de bons loups.

Je la regardais encore un instant, je me demandais si je devais partir maintenant ou si je pouvais me permettre encore quelques minutes en sa compagnie, au risque de rater un évènement important ailleurs sur le territoire.

Museau Cendré était fière! Son Alfa lui avait accordé les principales qualités des Saphirs! Elle ne tenait plus en place, elle démontrerait de quoi elle est capable... Mais elle perçut un sous entendu lorsequ'il dit:

-"Nous aurons besoin de toute nos capacités en cas de conflit"

En cas de conflit, elle se coltinerait les malades comme toujours... Il lui fallait monter a un grade qui lui permettrait d'agir au sens propre pour sa meute. Elle ne sera pas le fardeau... Elle se risqua à poser la fameuse question...

-Daeron, je sert maintenant les Saphirs depuis des années... J'ai appris, aidée et guérit parmis vous, aujourd'hui je voudrais combattre parmis vous. Je voudrais défendre ma meute, ma famille ainsi mes amis. Je promet de servir ma meute jusqu'à ma mort. Personne ne viendra poser la patte sur nous.

Elle était sûre d'elle et faisait plaisir à voir. Museau Cendré avait un cœur d'or et elle l'utilliserait à bon escient. Elle était experte dans le maniement des mots et elle sa connaissance sur les remèdes et les plante, en faisait jalouser plus d'un. Elle avait appris dans plusieurs domaines et maintenant, elle apprendrait à combattre....

Finalement, la confiance régna en maître sur le visage fin de Museau Cendré. Elle me regarda avec fierté et je compris alors qu'elle était touchée par mes paroles, qu'elle était heureuse d'avoir entendu ces mots. Et finalement, une lueur sombre s'empara de ses traits, et le doute prit à nouveau une place considérable dans ses pensées. Elle hésita un moment, et enfin prit l'initiative de lâcher les pensées qu'elle gardait enfouies en elle depuis probablement trop longtemps.

Elle vanta ses capacités, elle était druide mais souhaitait devenir autre chose. Elle me demandait, de changer de rang. Elle avait de l'ambition, elle ne ressentait plus l'euphorie de participer aux soins pour la meute. Elle voulait devenir une louve d'action, sans pour autant citer un grade en particulier. Pourtant, je lisais clairement dans ses yeux, ce dont elle rêvait réellement. Des milliers d'étoiles allumaient son regard, et je savais déjà ce qu'elle espérait entendre.

- Tu as effectivement servi la meute avec brio depuis ton arrivée, et les soins que tu as prodigué ont permis à beaucoup de surpasser des malheurs qui les avaient frappés. Cependant, je pense tout comme toi que le temps est venue pour la jeune louve que tu es, de changer tes horizons. Avoir de l'ambition est une bonne chose, encore faut-il cependant être dans un univers qui te permette d'avancer. Hors, je pense pouvoir vanter l'univers des Saphirs. Tu souhaite changer tes habitudes et je suis heureux que tu m'en parle.

Je gardais un instant de silence, réfléchissant à la décision que j'étais alors en train de prendre. Etait-ce la bonne? Devais-je tenter le coup? Dans un sourire, je la détaillais en silence avant d'enfin me décider à parler. C'était là la fin de notre rencontre, mais cette dernière avait été très intéressante et nous permettrait d'avancer, tous deux.

- Je pense qu'à ton âge, tu es encore capable d'en apprendre beaucoup. Penses-tu avoir les tripes pour recevoir l'entrainement d'un Gardien?

Alors que le jour déclinait doucement derrière la protection que nous donnait naturellement la forêt, une douce brise vint caresser nos pelages. Il était temps désormais, de nous séparer. Nous avions encore beaucoup de chemin à faire, et je priais les Cieux pour que nos Destins ne soient pas trop différents l'un de l'autre. Elle allait apprendre de nouvelles chose, beaucoup, et je savais qu'elle n'en deviendrait que meilleure. Ce qui me restait à apprendre d'elle, était la puissance de sa loyauté. Mais il me semblait ne pas être un loup naïf, et jamais elle ne m'avait parut étrange ou mystérieuse. Elle était une Saphir, aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

Dans un large sourire, je lâchais un rire bref et discret lorsqu'elle me donna sa parole de ne jamais trahir notre meute et d'être prête à donner sa vie pour les Saphirs dont elle était une membre à part entière.

- Je suis ravi de te l'entendre dire. Et j'ai confiance en ton courage, je ne doute pas non plus de ta loyauté. Alors allons-y, Museau Cendré. Une longue route nous attend, toi et moi. Va te reposer, demain commencera ton entraînement.

Et alors que je faisais un pas dans la direction de ma tanière et qu'elle-même partait dans une autre direction, je commençais déjà à réfléchir au Gardien qui serait le plus apte à former une jeune louve adulte possédant un caractère tel que celui de Museau cendré.

HRP:

Pas besoin d'une autre réponse je croit...
Je pense que l'on peut mettre fin à ce rp ^w^

Rp terminé, je déplace