LE TEMPS PASSAIT tellement vite… Megan voyait ses petits qui ne cessaient de grandir de jour en jour, et qui, sans même qu’elle s’en rende compte, allaient devenir des adultes du jour au lendemain. Elle se rappelait le jour où ses quatre petites boules de poils avaient ouvert les yeux… Elle s’en souvenait, comme si c’était hier. Malheureusement pour elle, ce bon souvenir était déjà loin, et elle ressentit un pincement au cœur. Mais la louve crème savait qu’au fond d’elle, ce souvenir ne disparaîtrait jamais, comme le jour où ses enfants avaient vu le jour. Même si cette portée n’était pas désirée, elle n’aurait pas pu se résigner à les abandonner seuls dans la nature. Quitte à avoir des enfants, elle préférait les assumer que les laisser seuls, sans défense, au milieu d’une forêt où tout ne tourne pas rond. Ses yeux s’emplirent de larmes, qui donnaient à ses yeux rouges une teinte bizarre, tirant sur le vert olive. Bien que la louve soit une Rubis, qu’elle soit la dominante, qu’elle est un esprit sanguinaire et sans pitié, elle redoutait plus que tout le jour où ses enfants voudront prendre leur envol ; jamais elle ne voudrait s’en séparer, jamais… Bien que ces enfants étaient le fruit d’un viol, le mâle qui avait fait ça, - ce mâle portant le joli prénom de « Neil » - lui avait donné le bonheur, la satisfaction, en permettant à ces quatre boutchous de voir le jour. Elle l’avait revu le jour de son accouchement, mais après cela, elle n’avait plus aucune nouvelle de lui. Au fond, elle ne pouvait pas lui en vouloir, et elle voulait le revoir, voulant s’assurer de son état de santé, ce qui la rassurerait. Elle avait appris seulement récemment que Neil était Rubis, cela lui faciliterait la tâche pour le retrouver, même s’il était mort. Megan connaissait ses territoires, ceux qu’elle dominait, comme sa poche, elle savait donc où chercher exactement, et elle connaissait chaque recoin qu’un Rubis comme un autre aurait ignoré l’existence. Après avoir cherché dans les trois quarts des territoires Rubis, la louve s’engouffra près du rocher. En voyant cet immense roc, donc quelques zones pointues pouvaient être fatales, elle se remémora son accouchement, qu’elle avait vécu aux côtés de son agresseur. Le premier accouchement n’est pas si terrible que ça, contrairement aux idées reçu, on y trouve même du soulagement. Mais revenons-en aux faits. La louve crème, perdue dans ses pensées, n’avait même pas remarqué que quelqu’un semblait séjourner sur le rocher. Après quelques minutes, elle le remarqua enfin, sortant de sa bulle. Elle huma l’air. Cette odeur n’avait rien d’un Rubis. Elle recommença une seconde fois, afin d’identifier l’inconnu. Elle écarquilla les yeux. Améthyste. Un Améthyste avait le culot de s’aventurer sur des terres qui n’étaient pas les siennes ?! De plus, les Rubis et les Améthystes sont en conflits permanents, et seul le dernier des imbéciles se serait aventuré là. Megan s’avança davantage, avant de remarquer le regard bleu du loup. Il était empli de larmes. Elle ne cessa pas de le regarder d’un air interrogateur. Elle entendit aussi ce qu’avait dit l’intrus. C’était simple. Megan n’avait qu’à siffler, et les protecteurs, les gardiens, et toute la patrouille arrivait, pour expulser cet individu des territoires qu’il n’aurait jamais dû fréquenter. Et même pire, Megan pouvait mettre sa mort à exécution. C’était très très simple. Le sort de ce visiteur était, comme qui dirait, entre ses pattes. La louve le défia du regard, alors qu’il venait seulement de la remarquer. Sa mâchoire s’entrouvrit, essayant de comprendre ce qui l’avait motivé à venir ici, sur le territoire de ses ennemis.

« Qu’est-ce qu’un Améthyste vient faire ici ? »

MEGAN NE VOULAIT pas trop en dire à son sujet, car elle pouvait très bien mentir sur sa propre identité, afin d’obtenir des informations de ce loup, qui ne semblait pas savoir avec qui les Améthystes étaient amis ou ennemis. Un sourire mesquin se lisait sur ses fines babines, mais il disparut instantanément, la louve crème ne voulant évoquer aucun soupçon chez le mâle.

« TANT DE HAINE ET TANT QUE JOIE ... »

LE LOUP qui se trouvait en face de la dominante semblait ne pas avoir de leçon à recevoir de la part de quiconque, même de quelqu'un qui lui serait proche. Alors pourquoi écouterait-il Megan ? Il ne l'écoutera pas, pas besoin d'être Einstein pour percevoir cela. Les babines retroussées, la Rubis fixait l'Améthyste, la tension s'installant peu à peu entre les deux camps, qui étaient en réel conflit à l'heure actuelle. La dominante n'avait pas envie de répondre aux premières paroles de l'inconnu. Il n'en valait pas la peine, devait-elle penser au fond d'elle. Mais en prenant l'option de garder le silence, la louve risquait d'être mal jugé, par un simple avorton qui ne sait à qui il a affaire. Mais en dire davantage ne ferait qu'enfoncer la Rubis ; le loup se contenterait de la rembarrer, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle arrête de rouvrir sa mâchoire, déclarant ouvertement qu'il avait gagné la partie. Mais ça, Megan ne le tolérait pas. C'est comme ça, c'est dans ses gènes, cela coule dans ses veines, comme si c'était une évidence, têtue comme elle est. Mais comment s'y prendre ? Telle était la question. Une très bonne question soit dit en passant. Bien que la plupart des loups se seraient découragés lorsqu'ils auraient constaté qu'ils étaient face à un réel problème dans ce genre. Ce n'était pas le cas de Megan. La première pensée qui lui vint à l'esprit fut « Chaque problème possède une solution ». Elle n'avait pas tord en osant penser cela, bien au contraire, elle s'avérait bien plus rusée que ce que le loup pouvait bien s'imaginer. Seulement, le problème était là. Tandis que la louve récemment devenue mère réfléchissait, l'Améthyste prit le temps de bombarder à nouveau Megan, ne lui laissant même pas le temps de répondre à ses premiers propos. Il fallait qu'elle se montre plus rapide. Elle saurait le faire la prochaine fois, aucun doute là-dessus, c'est une certitude. La Rubis lança un petit sourire en coin, ses yeux malicieux se plongeant dans les yeux couleur océan du loup. Bien que loup était supérieur à elle physiquement, elle l'était assurément plus côté mental. L'un ne marche pas sans l'autre, c'est évident. Les deux camps étaient donc à égalité. Enfin presque. Un sifflement, un appel à sa meute, et Megan faisait de ce loup un loup mort. Même si elle n'était pas une montagne de muscles, ses acolytes eux, l'étaient bien plus que cet Améthyste, et ne feraient qu'une bouchée de lui. Le sourire s'étendit sur le visage de la dominante, à présent très satisfaite.

« Qui je suis ? Tu le sauras en temps voulu, cher Améthyste. »

Ces paroles avaient un réel sens lorsque l'on y réfléchissait bien. Encore fallait-il posséder un minimum de cervelle, et encore fallait-il savoir s'en servir. La mine déterminée de la louve disparut instantanément, pour n'éveiller aucun soupçon. Un visage sans expression, défiant juste le loup en face d'elle du regard.

« HAHA, on fait moins l'arrogante, comme ça hein! Ça t'apprendra, sal*pe! »

Megan devait l'avouer, elle s'était encore faite prendre par surprise, bien qu'elle s'était promise d'être apte à riposter face à une nouvelle attaque de l'Améthyste. Et pourtant, elle s'était fait avoir bêtement, même elle n'en revenait pas. Le mâle lui avait bondit dessus sauvagement, la plaquant contre le sol sablonneux, recevant quelques nuages de sable dans les yeux. Mais ce n'est pas ceci qui l'empêcha de voir bien clair. Elle fut aveugle durant quelques secondes, mais pas plus. Elle rouvrit ses yeux rouge sang subitement, plongeant son regard empli de haine dans celui du mâle plutôt costaud. Celui-ci la maintenait au sol, et faisait son malin. Autant dire qu'il se la pétait clairement, pas besoin d'être un druide ou je ne sais quelle personne intelligente pour le deviner, ça se lit clairement dans ses yeux. C'est clair comme de l'eau de roche. Megan ne le quitta pas un seul instant des yeux. Voyant que celui-ci était trop occupé à rire de ses paroles, Megan fit basculer le loup corpulent, alors que celui-ci tombait comme une masse sur le sol. Megan fit un sourire en coin. C'est elle qui menait la danse maintenant. Quelques secondes auparavant, il était au dessus de lui. Et du fait qu'il soit plutôt corpulent, la dominante avait pu changer les cartes de main en un instant. Bien que la louve Rubis était fine, elle était très musclée, suite aux entraînements intensifs qu'elle avait eus tout au long de sa vie, et ainsi, elle pouvait très bien maintenir le gaillard au sol, ses pattes avant lui maintenant la peau du cou, ses pattes arrières maintenant son bassin contre le sol. Megan ne se retint plus. Ce qu'avait fait l'Améthyste montrait très bien que tous les coups étaient permis. Au fond d'elle, la dominante Rubis se demandait si le mâle n'était pas un tantinet suicidaire. Débarquer, crier, insulter la dominante des territoires, alors qu'il n'est même pas chez lui, et donc, il n'est pas en position de force. Un soupir s'évada du corps de Megan, passant par sa truffe, montrant son exaspération. Lors de son arrivée sur les territoires de Wolf Temporal, elle avait appris à siffler, même si ce n'est point une chose facile, donnée à tout le monde. Ainsi, lorsqu'elle en avait besoin, elle sifflait, appelant la garde pour se charger des intrus. Si elle le désirait, elle pouvait très bien se charger des visiteurs indésirables, mais elle estimait qu'ils ne valaient pas la peine d'être tués par LA dominante Rubis. Megan mit ses plans à exécution. Elle siffla, laissant passer un léger filet d'air entre ses crocs, parfaitement interprété. Elle ne lâcha pas prise, maintenant fortement le loup au sol. Elle entendit des pas précipités, qui se rapprochaient de plus en plus d'eux. La garde. Elle arrivait pour éjecter l'Améthyste des territoires qui n'étaient pas siens. Au bruit des pas, Megan constata qu'ils arrivaient de l'autre bout du territoire ; ils étaient rapides. Megan lança un regard méfiant au mâle, avant d'entrouvrir sa mâchoire, ne lâchant pas prise.

« Tu aurais dû tourner sept fois ta langue avant de parler, petit insolent. Tu aurais dû réfléchir avant de te frotter à moi. »

→ J'archive donc. D: