Battant de la queue, la belle louve le regarda approcher et l'arctique ne décela pas même une once de peur dans ses yeux. Elle semblait intriguée, seulement, par ce grand loup qui s'avançait vers elle d'une démarche lente et légère. Et lui, Enëldrin, ses grands yeux sombres, habités par une lueur de démence, la dévorait du regard. Il filait droit sur elle, ses narines dilatées, inspirant cette odeur féminine qui emplissait l'air et qui le faisait frémir de tout son long, irrésistiblement.
Était-elle si naïve que cela pour ne pas fuir l'arctique qui s'approchait vers elle, à mesure que les secondes s'écoulaient, impossibles à retenir, glissants entre leurs griffes ? Il le fallait bien. Car quiconque se serait trouvé à sa place, face à lui, se serait senti envahi par un sentiment de malaise. Ses yeux rouges sang suffisaient à en effrayer plus d'un, je puis vous le garantir.

Il s’arrêta net, face à l'inconnue. Ses yeux sombres détaillaient la physionomie de la louve, caressant son corps féminin du regard, suivant ses lignes, ses courbes. Leurs deux têtes étaient proches, tellement proches, qu'Enëldrin exhalait sur son visage son haleine, avant d'arborer un sourire des plus séduisants, dévoilant ses crocs tranchants sous ses babines retroussées.
Séduire était devenu un jeu. Un jeu qu'il aimait et qui lui faisait ressentir moult émotions et sensations. Mais aussi, un jeu qui ne se finissait jamais bien. Jamais. A chaque rencontre, l'individu était différent, et il fallait réussir à décrypter son caractère pour savoir comment il allait réagir avant de le charmer, de le faire tomber entre ses griffes puis... La fin était toujours la même, inlassablement. Et jamais Enëldrin n'éprouvait la moindre compassion pour ces petites créatures inoffensives qu'étaient les louves. Si innocentes, si naïves et si faciles à charmer que s'en devenait risible, parfois.

« Bonjour ! Moi c'est Kimi, et toi, comment tu t'appelles ? »

Demanda la petite louve blanche, rompant ainsi le silence qui s'était installé. A ces paroles, le sourire du loup s'élargit encore plus tandis qu'il se mettait à tourner autour de celle qu'il considérait désormais comme sa proie. Son corps frôlait par intermittence le sien, faisant naître en lui de fugaces frissons qui partaient de son échine, longeant la courbe de son dos pour s'arrêter au bas de ses reins. Légers contacts et qui, pourtant, en disant long sur les intentions du loup. Il n'était pas venu en ami et l'inconnue ne tarderait pas à le comprendre en le voyant agir.

« Et à quoi vous servirait mon nom, belle louve ? »

Quémanda l’arctique d'une voix suave, caressant les flancs de la louve de sa queue avant de revenir face à elle et de planter son regard rouge sang dans le sien. Oserait-elle seulement s'enfuir ? Oserait-elle seulement le défier ? Ou, au contraire, oserait-elle se prêter à son jeu ? De toute évidence, et quoi qu'il advienne, Enëldrin était sûr de remporter la partie. Toutes les louves auxquelles il s'était pris étaient tombées comme de pauvres oisillons dans son filet, ne se doutant de rien. Pathétique. Tellement pathétique, vraiment. Il suffisait d'intercepter le regard de ce loup pour comprendre qu'il était mauvais. Et pas qu'un peu, m'est avis.

Son corps s'était figé face à la petite louve blanche à l'air si naïf et innocent que s'en devenait presque touchant. Presque. Il marquait une immobilité des plus impressionnantes alors que seuls ses poils blancs virevoltaient, remués par la douce brise matinale qui s'engouffrait dans sa fourrure d'ivoire, lui procurant un bien-être considérable. Une étincelle de malice dansait dans son regard sombre d'assassin impitoyable, trahissant la démence et la haine qui l'avaient corrompus depuis bien longtemps déjà, rongeant son être de toutes parts à l'intérieur mais laissant son physique charismatique intact. Semblable à un ange qu'il n'était pas à l'extérieur, habité à l'intérieur par la la folie, la soif de sang et le désir de faire souffrir les autres. Contraste saisissant au sein d'un même être.

Le jeu de la séduction était risqué. Dangereux même. Mais comment résister à la tentation, alors qu'il sentait les effluves de cette odeur aphrodisiaque qui émanait de la louve s'engouffrer dans ses narines ? Comment résister au plaisir de sentir ses muscles finement ciselés rouler sous sa peau tandis qu'il tournait autour de la belle, la frôlant seulement quelques instants, lui faisant comprendre ses intentions plus que malhonnêtes. Oui, il n'était pas venu en ami et la louve devrait bien le comprendre, tôt ou tard. Alors il préféra rester immobile, encore et toujours, attendant une quelconque réaction de sa part. Arrogant, il ne craignait rien d'elle. Mais il restait persuadé que c'était elle qui devait le craindre, ce qu'elle finirait par faire tôt ou tard. Du moins en resta t-il persuadé jusqu'à ce qu'elle prononce cette phrase, qui signifia clairement qu'elle était d'une naïveté sans borne, aux yeux d'Enëldrin. Et que le jeu n'en deviendrait que bien plus plaisant.

« Et bien... A t'appeler ? C'est à ça que ça sert un nom... Je crois. Pourquoi tu ne veux pas me le dire, c'est un secret ? Moi je sais garder les secrets, je ne le répéterais pas ! »

Navrant. Et il en était d'autant plus navrant lorsqu'elle tomba sur son derrière alors qu'elle suivait du regard l'arctique qui faisait des tours autour d'elle. Assisse comme cela, elle ressemblait à une enfant. Ce à quoi elle ressemblait autant par le physique que par le caractère. Continuant sur sa lancée et renforçant l'absurdité de la situation, elle attrapa la queue d'Enëldrin alors que celui-ci n'y prêtait pas la moindre attention et planta ses crocs dessus, sans pour autant forcer. Interloqué, le beau blanc resta pantois quelques instants, réalisant peu à peu que son numéro de charme ne lui avait fait aucun effet. Puis, il fit un bond sur le côté, arrachant ainsi sa queue aux crocs de l'inconnu, l'air menaçant, son visage perdant ainsi tout son charme. Étant donné que son petit jeu n'aboutissait à rien, deux voies s'ouvraient à lui : s'attaquer sur elle sur le champ ou profiter d'elle, si naïve qu'elle était ? Il fut bien tenté d'opter pour la deuxième option.

« On me nomme... Enëldrin »

Finit-il par lâcher d'un ton glacial, ses prunelles sanglantes posées sur la louve. Elle ne fuirait pas. Et il ne la lâcherait pas. C'était une promesse, et une promesse qu'il tiendrait. Foi de loup.
Il osa à nouveau quelques pas vers l'inconnu, des pas feutrés, bruit silencieux au sein de la vallée où seuls quelques oiseaux chantaient en ce beau jour d'hiver. Et il se rapprochait, dardant sur elle ses yeux terrifiants, ne la lâchant pas du regard. Il avait tout pour effrayer. Absolument tout.

Comme je vous l'avais déjà dis bien des fois, Enëldrin était d'une beauté remarquable, et il en usait pour charmer la gente féminine des plus insouciantes. Une tête expressive, parfois traversée par un éclair de sauvagerie et de haine, un corps harmonieux et charismatique, respirant la séduction. Il avait le physique d'un ange, une expression farouche, toutefois, sur le visage, et pourtant bien malheureux aurait été celui ou celle qui l'aurait approché sans se rendre compte qu'Enëldrin n'était pas un saint. Il était capable de jouer aussi bien les deux facettes de son masque d'acier : le loup impitoyable et sanguinaire ou le séducteur charismatique.
Et aujourd'hui, c'était la face de la séduction qu'il avait décidé de prendre pour faire tomber dans les mailles de son filet la louve à l'air si naïf et si enfantin. Il continua d'avancer vers elle. Un pas. Deux pas. Trois pas. Et il pila net quand il vit que la louve s'approchait aussi de lui, avant de venir frotter sa tête contre la sienne, doux contact qui fit trembler Enëldrin de fureur. Comment osait-elle le toucher, le ridiculiser de la sorte en le faisait passer pour une peluche que l'on prend bon plaisir à câliner ? Non, décidément, il ne pouvait le supporter. L'arctique fit un violent écart et bondit sur le côté, loin de la dénommée Kimi, si insouciante, si naïve... et si tendre fut-elle. Il découvrit ses babines, lui laissant entrevoir ses crocs acérés dont il s'était servi pour commettre des actes irréparables sur certains de ses congénères tout en lui adressant un regard agressif et sans pitié. Désormais, plus aucun doute n'était permis sur ses intentions.

« Désolé de t'avoir fait mal... Enëldrin.»

Il grogna. Un grognement sourd et bestial qui émana du fin fond de sa gorge pour n'en ressortir que plus guttural. Un grognement à vous en faire hérisser les poils sur l'échine et à vous faire courber la tête. Terrifiant. Son regard assassin dardé sur la louve à la fourrure couleur de neige, il tenta de nouveau quelques pas, rapides et feutrés, se déplaçant sur les côtés de la jeune insouciante. Vil, pervers, froid. Il l'était. Et ses plans l'étaient d'autant plus. Le calme de l'inconnue l'irritait au plus haut point et il se sentait prêt à mettre en action ce qu'il avait en tête. Il verrait bien si elle resterait tout aussi calme et tendre qu'elle l'était en ce moment-même. Un sourire ravageur et carnassier, fier de lui-même, l'allure haute, Enëldrin fit quelques pas de long en large à la manière d'un prédateur, fixant du regard la louve. Le même sourire resta sur son visage, s'étirant encore plus sur ses lèvres noires, tandis qu'il relevait la tête avec une grâce non volontaire et ouvrait sa bouche tandis que ces mots fleurissaient avec lenteur sur ses lèvres comme des roses rouges. Signe de mort, imprégnée de sang.

« C'est moi qui risque plutôt de... vous faire du mal. »

La blanc, à l'allure de séducteur fini, se déplaça autour de sa proie, les babines retroussées et les crocs découverts. Tout commençait ici. Et tout s'arrêterait sûrement là. Cruel destin, pour une louve si naïve.
Fini les paroles. Il en avait assez. Il n'avait rien à faire des mots, seuls les actes avaient de la valeur à ses yeux. Un rire méprisant, adressé à la dénommée Kimi se fit entendre, grondement menaçant et terrifiant dans le silence presque total. Les muscles tendus, les sens en alerte, le regard fou, Enëldrin était prêt. Soudainement, il bondit juste devant sa proie et la foudroya du regard. Il ne se contrôlait plus.

« On peut vivre avec honneur,
Mais on ne peut pas mourir avec. »
Docteur House

Enëldrin, c'était avant tout et surtout, un assassin sans attache, sans quoi à se rapporter. Il avait toujours eu ce côté solitaire, maître de lui-même que personne n'avait réussi à lui ôter jusque-là. Il secoua la tête d'un air navré lorsque la louve roula sur le dos, lui présentant son ventre, au moment où il bondit devant elle, crocs dévoilés, prêts à se planter dans une chair fraîche et juteuse. Tendre et douce. Dégoulinante de sang d'un rouge sombre.
Les yeux de l'arctique étaient démoniaques, illuminés par les braises de l'enfer, sondant l'âme de sa proie à un point qu’elle ne pouvait imaginer. Le loup se mit à tourner autour de sa proie, les babines retroussées, les crocs dévoilés, prêts à se délecter du sang frais qui coulerait sous peu. Il s'arrêta brutalement, s'apprêtant à bondir sur elle pour de bon, au lieu de n'enchaîner que feinte sur feinte. Le danger suintait dans les moindres mouvements du grand blanc. L'air était irrespirable, lourd de défiance et de menaces malgré le froid de l'hiver qui s'insinuait sous la fourrure dense d'Enëldrin et venait le mordre telle une furie.

« Relève-toi. »

Sa voix résonna autour d'eux, grave et puissante. C'était un ordre et la louve avait intérêt à s’exécuter. Du moins, si elle possédait ne serait-ce qu'une once de bon sens, elle le ferait car à chaque seconde de plus qui s'écoulait, Enëldrin perdait un peu plus le contrôle de lui-même et son regard devenait de plus en plus fou, de plus en plus dément. Habité par la Folie en personne. A pas feutrés, il se rapprocha de celle qu'il désignait comme sa proie, ses pattes foulant le sol avec légèreté. Tout en silence. Il se pencha au-dessus de la masse informe que formait la louve, son souffle à quelques centimètres de son visage, empli d'une odeur de sang frais. A présent, il ne prenait même plus la peine de la vouvoyer, seul un « tu » craché avec dédain suffirait. Ce n’était plus la louve qu'il essaierait de séduire mais désormais sa proie qu'il plierait à ses volontés. Et si elle refusait, alors... Il retroussa une nouvelle fois ses babines, dévoilant ses longs crocs blanchâtres. Voilà ce qui lui adviendrait, si elle se rebellait.

« M'as-tu entendu ? »

Il ne laissa même pas le temps à la louve couchée sur le sol d'esquisser le moindre mouvement que ses crocs vinrent se refermer sur son épaule. Le goût de sang et de chair fraîche rendit ivre Enëldrin qui tressaillit de tout son long, les muscles contractés. Un sourire satisfait s'étira sur ses lèvres tandis que sa langue se pourléchait les babines avec saveur, se délectant du goût de sang qui en résultait. Il fut tenté de renouveler l'expérience une nouvelle fois mais, bien que cela lui plut, il trouvait ça des plus lâches de s'attaquer à un adversaire qui n'avait aucun moyen de défense, avachi sur le sol dans une posture de soumission. L'arctique se dégagea quelques instants, lui laissant le temps de se remettre debout comme il le lui avait ordonné mais non sans lui montrer ce qu'il ressentait pour une louve aussi naïve qu'elle. Il cracha devant elle, l’œil noir et l'allure complètement folle. Ses griffes s'enfoncèrent un peu plus profondément dans le sol tandis qu'il tentait de se contrôler. Le sang coulerait, inévitablement. Il secoua la tête, ses crocs ravagés par l'envie meurtrière de se planter à nouveau dans la chair fraîche de sa proie. Cette idée obsédait le grand blanc... Il était clair que son rôle dans la meute lui allait comme un gant et qu'il faisait son travail à merveille. L'assassin.

Le goût du sang dans sa bouche, sur ses babines. Le goût du sang sur sa langue, sur ses crocs blanchâtres. Le goût du sang qui le rendait ivre, le regard dément, ne demandant qu'à se délecter encore plus de celui de sa proie. Envie de planter ses crocs dans son tendre cou. Envie de lui mordre la chair. Envie de la faire souffrir. Envie de se satisfaire. Ses yeux où flamboyait une lueur de folie étaient dardés sur la petite louve qui s'était relevée, comme il le lui avait ordonné. Effrayant. Inquiétant. Effroyable. Un regard à vous en faire dresser les poils sur l'échine. Un regard impitoyable où se mêlaient promesse de douleurs, de souffrance, de cris, de pleurs. Tout ce qu'il réservait à la louve. Tout ce qu'il allait lui faire.
Un sourire carnassier s'ébaucha sur son visage, tandis qu'il se remettait à tourner autour de sa proie, prêt à lui bondir dessus, tout crocs dehors. Mais, avant d'en finir avec elle et de planter une ultime fois ses crocs sur son corps svelte et frêle, il s'était permis de s'accorder quelque bon plaisir. Que seule une louve telle qu'elle pouvait lui offrir. Lentement, précautionneusement, il se rapprocha de sa proie, l'air impitoyable et farouche, ses babines retroussées, dévoilant une rangée de crocs tous plus tranchants les uns que les autres. Un grognement rauque s'échappa une nouvelle fois de sa gueule, émanant du plus profond de sa gorge et, plus rapide que l'éclair, il vint happer les flancs de la jeune insouciante avec violence, espérant avoir fait naître en elle de vives douleurs qui réveilleraient la peur qu'elle aurait du ressentir face à Enëldrin. Cette brute sanguinaire qui n'avait aucun scrupule à tuer, de quelque manière que ce soit et qui n'hésitait pas à se délecter du sang de ses ennemis, quitte à les en vider entièrement. Et laisser leurs cadavres aux charognards, une fois qu'il en avait terminé avec eux. Mais, à la jeune louve, il réservait un tout autre sort. Un sort dont elle pourrait se montrer honorée d'en avoir bénéficié. Et peut-être même qu'il lui laisserait la vie sauve, âme charitable qu'il était.
Un long soupir s'exhala de ses poumons, caressant le corps blanc de sa proie. Sa proie qui se soumettrait bientôt entièrement à sa puissance dévastatrice et sans limite. Il passa son museau le long des flancs de la louve, inspirant l'odeur qu'elle dégageait, l’œil étincelant de folie. Et, tout aussi brusquement que la première fois, ses crocs vinrent s'y planter avec force, s'incrustant au plus profond de sa chair et faisant naitre en lui un tourbillon de sensations qui le rendait plus fébrile encore qu'il ne l'était. Le sang coulait et il s'en abreuvait, ivre, le cœur battant à tout rompre. Se pourléchant les babines, il fit à nouveau quelques pas, frôlant le corps de l'insouciante et se plaça derrière elle, ses muscles contractés saillants sous sa fourrure d'ivoire. Il resta là, provocant, son souffle profond et rauque semblable à un râle venant briser le silence qui s'était installé. Prédateur et proie ne tarderaient plus à ne faire plus qu'un.

« Bouges ne serait-ce que d'un poil et je te fais la peau. »

Sa peau contre sa peau, son corps contre le sien, il lui laissa clairement comprendre ce qu'il allait faire. Et plus aucun retour en arrière n'était possible pour la petite louve. Trop tard. Il était trop tard. La peur ? Elle semblait ne l'avoir nullement ressenti tandis qu'Enëldrin la menaçait, ses crocs acérés dévoilés. Maintenant, elle allait payer le prix de son inconscience et peut-être que cela resterait cuisant dans sa mémoire, gravé à jamais. Il allait la soumettre à sa force virile, à sa brutalité, et elle ne pourrait en échapper. Les dés étaient jetés.

Sentant les crocs d'Enëldrin venir se planter dans ses flancs, la jeune inconsciente émit des couinements ardents tandis que l'arctique se repaissait de la douleur qu'elle ressentait. Un sourire navré se dessina sur les lèvres satinées du loup, bien qu'il n'éprouva pas la moindre compassion pour elle. C'était tellement pitoyable, tellement navrant pour lui de voir cette jeune louve, qui semblait n'éprouver pas la moindre peur, se faire brutaliser de la sorte sans qu'elle ne se défende. Sans qu'elle ne prononce un mot. Seulement des glapissements de douleurs. La louve ne parlait plus, impuissante face à la brute sanguinaire qu'il était. Menaçant, il ne la lâchait pas du regard, la soumettant à sa force et à sa dangerosité. Un seul coup. Seulement un seul coup bien placé sur un point sensible et la louve tombait devant lui, à sa merci. Et il était libre d'user d'elle comme il le voulait. Mais cette fois, c'était de son corps qu'il allait user et rien ne l'en empêcherait. Personne dans les alentours n'était là pour protéger cette petite sotte de louve qui n'avait pas su s'enfuir tant qu'il en était encore temps. Maintenant, il y avait un prix à payer à son impertinence. Un prix que lui ferait payer très cher, je puis vous le garantir, ce loup dangereux et bestial qu'était Enëldrin. Un véritable suppôt de Satan. Une ombre parmi les ombres. Et, ils étaient telles des ombres, dans le jour éclatant, illuminés par un pâle soleil d'hiver. L'arctique frôlait sa proie de son regard, la portait sur ses épaules comme il portait le monde. Tout se jouait, tout allait se jouait maintenant. Une aura dangereuse planait dans ce lieu envahi par le silence, et la petite louve devait bien le sentir. Enëldrin en était l'unique source. Immobile, il laissait la douce brise s'infiltrer dans son pelage d'ivoire, faisant voler quelques poils épars. Telle une statue de marbre, grand inquisiteur du royaume du Mal.

« Tu m'obéis ? C'est très bien. Tu en seras récompensée. »

Lui assura t-il, d'une voix suave, pesant bien le poids de chaque mots de sa phrase à double sens et lui adressant un sourire des plus carnassiers, tout crocs dehors. Sans aucun doute qu'elle serait récompensée. Mais peut-être pas de la façon qu'elle l'entendait. Il était déjà en pleins émois quant à la pensée de ce qui pourrait s'ensuivre... Se prendrait-elle à son petit manège ou résisterait-elle à sa force virile à laquelle elle s'était soumise depuis le début de leur rencontre ?
Il prit le temps de la frôler, ne serait-ce qu'un instant, de se coller contre elle, caresses torrides et langoureuses où se côtoyaient la violence et la douleur. Milles et une caresses qui lui arrachaient des frissons tandis que ses crocs venaient se planter par ci et là sur le corps de la louve, le meurtrissant de toutes parts, éprouvant une vive satisfaction à cela. Son regard farouche était rivé sur son corps, suivant ses courbes féminines, la touchant, la caressant du regard, contractant ses muscles sous l'assaut de ses sens et de son désir. Et, avec une infinie lenteur, le temps semblant complètement démesuré, ses pattes avant vinrent se poser sur la jeune louve, tandis qu'il la malmenait, lui labourant le dos à coups de griffes et de crocs. Et, m'est avis qu'elle n'avait pas le moindre intérêt à bouger si elle ne voulait pas subir la colère inéluctable d'Enëldrin. Dans ses propres reins, une décharge de violence et de fougue s'amplifiait tandis qu'il la dépossédait de son insouciance, lui, le sanguinaire. Désormais, prédateur et proie ne faisaient plus qu'un. Et il se délectait de cet acte qui lui donnait un sentiment de puissance et de cruauté impitoyable. Il faisait en sorte de faire naître en lui un tourbillon de sentiments et d'émotions incontrôlables, le plongeant dans la tentation à laquelle il n'avait su résister. Son corps frémissait de passions, d'envies et de désirs, n'attendant que d'être consumé par un feu ardent que seule la louve pourrait lui fournir.
Le viol d'une âme innocente se déroulait. Il était le loup, elle était la brebis. Et le prédateur l'emportait sur sa proie, inexorablement.

Ses griffes avaient beau lui labourer le dos et ses crocs se planter dans son dos avec une férocité sans borne, la louve ne bronchait pas, se cambrant juste pour faire en sorte que la douleur soit moins vive. Elle ne chercha même pas à se dégager de l'emprise du loup, tandis que ce dernier poursuivait sa besogne avec hargne et férocité, lui faisant ainsi payer le prix de son inconscience. Il avait l'impression de goûter au fruit défendu. Mais un loup tel que lui s'en souciait-il ? Non. Pas du tout. Enëldrin avait pour coutume de de tuer, de faire souffrir, mais aussi de violer. Et loin de là le fait que ce soit son premier et dernier viol, je puis vous l'assurer.
Une fois l'acte terminé, dès qu'il eut jugé que cela ne servait plus à rien de s'épuiser en mouvements vigoureux sur le dos de la louve, l'arctique se remit à terre, non sans la marquer de ses griffes tranchantes. Signe de son passage. Et de son acte irréparable, qui laisserait sûrement bien des séquelles à la jeune insouciante. Du moins l’espérait-il.

« Tu ne dis rien ? »

Il exhala son haleine sanglante sur le visage de la louve en se remettant face à elle, à quelques centimètres seulement d'elle. Leurs lèvres étaient presque collées, mais Enëldrin n'en fit rien et continua de la dévisager, ses prunelles sombres plantées dans celles de l'inconsciente. Un sourire carnassier se dessina sur son visage tandis qu'il retroussait ses babines, les crocs largement dévoilés, prêts à se planter sur le corps frêle et svelte de sa proie. Mais désormais, et c'était inéluctable, la louve portait une partie de lui en son sein. Était-ce une raison pour ne plus s'en prendre à elle ? Peut-être. D'autant plus que ce petit jeu finissait par lasser l'arctique, notamment par l'absence de réaction de l'insouciante qui semblait agir tel un pantin, affreusement candide, se laissant manipuler en tout temps et par n'importe qui. Elle semblait aussi placide, se laissant facilement marcher sur les pattes et sans dire mot, en manque d'autorité. Le loup blanc poussa un profond soupir et secoua lentement la tête de droite à gauche en lui adressant un regard affecté et navré, bien qu'il ne le fut pas le moins du monde, avant de se détourner d'elle d'une mouvement brusque et d’esquisser quelques pas vers l'ombre des arbres, s’éloignant peu à peu.

« Nous nous reverrons bien plus vite que tu ne le pense... Kimi. »

Ce faisant, un sourire mystérieux et énigmatique s'ébaucha sur son visage tandis que son regard dément parcourait le corps de sa proie sur qui il avait donné libre cours à ses désirs sur lesquels pesait un interdit. Puis, il détourna hâtivement la tête et bondit gracieusement dans les fourrés, sans même un regard en arrière. Une nouvelle histoire venait de s'écrire, une page venait de se tourner, tandis qu'une autre s'écrivait, les lignes s'ébauchant sur une nouvelle feuille vierge. La plume glissait avec hargne et violence, froissant la page sur laquelle figurait l'acte irréparable qu'avait commis Enëldrin sur la jeune louve blanche. Ils se reverraient bien vite, nul doute là-dessus.