Je continuais de regarder ce lac. Une pure merveille à mes yeux. Sentir l’odeur du sang mais le fait de s’en approcher sans aucune limite me fasciner plus. Je pouvais tremper mes pattes et aussi me rouler dedans si j’en avais envie. Combien de loup sont – t’ils passé à la casserole pour qu’un jour, on retrouver leur propre sang dans ce lac ? Telle est la question. Je levais les yeux en face de moi, regardant plus loin que le bout de ma truffe noire. Qu’elle beauté. Pour les rubis, aucune expression ne serait adaptée pour signifier ce que ce petit point d’eau pourrait représenter envers nous. Nous sommes peut – être pas les plus forts, les plus cruels ou encore les plus fous, mais nous avons tous le même point commun. Celui de goûter au sang et d’être des chieurs de première classe. Je pense que ce fut ces choses – là qui m’avait attiré avant de les rejoindre dans leurs conquêtes. C’était il y a quelques mois en arrière après avoir vagabondé comme une louve sale au milieu des terres. L’hors de mon départ, j’ai été la victime de plusieurs vagabonds dont je m’en souviens plus de leur visage. Tout ce qu’ils ont appris ce jour – là, c’était d’agoniser sur le sol, voyant leur sang couler autour d’eux. Je ne me vente pas, au contraire, mais j’en ai remporté des victoires. Mais aussi des défaites comme n’importe quel loup. Je suis déjà restée au sol sans bouger et sentant la douleur me manger petit à petit. Voyant mon propre sang couler sur mon pelage. Je crois qu’à force, c’est ce qui a augmenté petit à petit ma haine envers les vagabonds. Toujours à vouloir se montrer plus fort que n’importe qui. Je pense que cette naissance de haine envers eux a été déclenché l’lorsque c’était moi la victime. Comme la plupart des loups, je hais être une victime. Je veux me sentir plus forte et plus imposante que n’importe qui. Je suis Wilfa, la chieuse des rubis et pas n’importe qui.

Je continuais de regarder devant moi, mélangeant mes souvenirs du passé. D’habitude, je ne revenais jamais en arrière mais le fait de me trouver sur un étendu de sang, je ne pus m’empêcher de repenser à quelques scènes qui me donnaient toujours un petit air sadique dans le fin fond de mon regard. C’est alors que je sentis que quelqu’un m’observait. Et l’observateur en question n’était autre que Satan, le vagabond qui était à mes côtés. Oui, que cela puisse paraître étrange, il était là, à mes côtés, sans même que je me mette à le taquiner en le martyrisant un peu. Mais ne croyez pas que cela est une amitié. Je n’ai aucun ami et je n’en n’aurais pas, point. L’amitié, ce n’est pas fait pour moi. Je trouve ça inutile. Je sais qu’entre moi et Satan la haine plane encore. Et j’en suis fière. Il me déteste, je le déteste. Et je pense que cela ne changera pas. Gentiment, j’ai tourné les yeux vers lui. Il était là, à me regarder. Ma tête suivit le mouvement peu à peu. Satan prit la parole après ce long silence qui rodait autour de nous.

- « Impressionnant, je ne vais pas t'embêter plus longtemps, je m'en vais. A plus. »

Il se redressa avant de tourner le dos et partir. Moi, j’ai préféré me taire et ne rien dire, avant de regarder à nouveau en face de moi. Je laissais le vagabond partir à petit, près à retourner sur les terres. Il avait plutôt intérêt, de toute façon. Les autre ne le connaissent pas donc tout pourrait partit en cacahuète en quelques secondes seulement. Et moi, évidemment, je ne serais pas là pour le sauver. Au contraire, j’assisterais avec joie au spectacle qui se déroulerait devant mes yeux. Moi ? Sauver les autres ? Jamais. La seule à qui je pourrais mettre en péril ma vie c’est ma sœur. J’avoue, c’est la seule à qui je ferais n’importe quoi. Mais ça, c’est mon secret rien qu’à moi. Tout le monde voit une chieuse à travers mes paroles, alors je ne veux pas qu’ils voient que je suis aussi quelqu’un … d’aimable. Rien que ce mot me dégoûte. Je finis par regarder une dernière fois derrière moi et je ne voyais plus Satan. Enfin ! Il était partir. Bon vent et j’espère que nous nous croiserons plus. Du moins, pas chez moi. Lentement, je me redressai sur mes quatre pattes et je pris le temps de me secouer frénétiquement pour repousser toute la saleté qui aurait pu venir se mettre sur mon poil. Il est vrai qu’il commençait à se faire tard doucement et je devrais peut – être me mettre en route vers mon camp. Bien sûr, je prends mon temps. Et puis quoi encore. Je fis un demi – tour sur moi – même et je commençais à quitter le lien doucement, en m’éloignant petit à petit du Lac. Je marchais tranquillement, tête basse afin de pouvoir faire en sorte de ressortir mon garrot. J’aimais frimer un peu sur mon physique presque masculine. Et c’est ainsi qu’une journée s’achève pour une rubis. Espérant que demain est un autre jour et que je ne rencontrerais personne.