Faustin s'ennuyait vraiment, aujourd'hui. Pas de Kant a l'horizon, donc personne a emmerder. Pas de Paradoxe non plus, et donc pas de martyr. Toute la Meute des Opales commençait lentement mais surement a se ramollir, et il devait avouer que quelque part, ça lui plaisait. Après tout, il avait bien mérité sa retraite, non? C'est qu'il commençait a se faire vieux, lui, et il n'avait pas non plus envie de mourir dans une violente bataille. Non, lui, il songeait a une mort douce et tranquille : une Mort dans le Sommeil. C'était traître, lorsqu'on y pensait, mais selon lui, rien n'était meilleur que périr sans s'en rendre compte. Il n'avait certes pas peur de souffrir, il avait grandi entouré de véritables brutes, alors il était habitué a la violence. Seulement...il se surprenait régulièrement, ces derniers mois, a observer les loupiots de leur Meute, a les regarder se battre entre eux, a voir les Nourrices les séparer lorsqu'ils commençaient a trop s'exciter. C'était malheureux a dire, mais la génération Future semblait aussi pourrie que l'actuelle.

Le Mâle avait donc quitté son Territoire, pour s'aventurer sur les Terres Libres, et plus particulièrement le Désert, ou se dressaient de fières Pyramides. Non pas que les Monuments l'attiraient, oh non, c’est juste qu'à l'intérieur de ces Pyramide,s il devait faire froid. Et au moins, il serait certain de ne pas être dérangé. Alors qu'il stoppait devant l'une de ces étranges structures, et qu'il s'apprêtait a la gravir, une odeur vint chatouiller ses narines, et il s'immobilisa. Les oreilles dressées sur son crâne, il leva la tête vers le sommet de la Pyramide.

« Est-ce qu'il y a quelqu'un? »

Alors qu'un lourd silence était sa seule réponse, et qu'il s'apprêtait a s'en aller en haussant les épaules, plutôt indifférent a de nouvelles rencontres, une petite tête noire fit son apparition dans son champ de vision. Surpris, il recula un peu, avant que l'inconnu ne parle. D'après le ton féminin de sa voix, c'était une femelle. Il la regarda descendre, et le rejoindre sans bouger, l'attendant simplement. Non pas qu'il aimait la compagnie de quelqu'un, au contraire, mais après tout, peut-être qu'elle serait plus intéressante que d'autres, qui sait. Il resta impassible lorsqu'elle s'approcha de lui, et prit la parole une fois qu'elle eut finie de parler.

« Enchanté. Faustin. Vous m'excuserez, mais je vais me réfugier a l'ombre ; ce Soleil de plomb est en train de m'abattre de sa chaleur. »

Puis, sur ces mots, il s'enfonça dans la Pyramide devant lui, ne cherchant même pas a savoir si la Femelle le suivait. Comme la porte était brisée, il du ramper au sol, son pelage grattant un peu les murs, mais il réussit finalement a passer. las, il s'arrêta dans la première pièce trouvée, et s'allongea en boule au centre de la pièce avec un soupir d'aise. Autant dire que dormir au frais faisait du bien, et ça allait même lui permettre de retrouver ses traits de caractère habituels. Dommage pour cette Aurore, elle n'aurait pas le temps de l'apprécier plus que par son apparence physique.

Malheureusement, il ne resta pas bien longtemps tranquille, puisque la louve finit par le rejoindre un petit bout de temps plus tard. Désintéressé une bonne fois pour toutes, il se contenta de l'ignorer superbement, et continua de sommeiller, laissant enfin son cerveau se reposer au frais. Finalement, la louve reprit la parole d'une voix mielleuse qui lui en donna des frissons dans le dos, et non de plaisir, mais d'horreur parfaite. Qui était donc cette petite poupée qui se présentait a ses yeux? Lui qui détestait les Femelles dans son genre, autant dire qu'il était servi, aujourd'hui. Il y en avait toujours, dans chaque Meute. Ce genre de petite princesse qui n'ose pas salir son beau pelage, qui peine a faire un peu d'exercice comme de l'endurance, et qui est vouée a un rang de Nourrice dans la Meute. Il roula comiquement des yeux sous ses paupières, et daigna ouvrir la bouche pour répondre a la demoiselle, d'un ton plus ennuyé que jamais.

- Alors, pour commencer, je viens de l'utérus de ma chère mère, comme tout le monde, et contrairement a ce que tu crois, princesse, j'y connais que dalle a ces Terres. Disons juste que je suis en exploration tranquille.

Effectivement, il n'avait pas tort. Ces territoires libres, il ne les connaissait pas du tout, et entreprenait chaque jour d'explorer une partie différente des Terres. Seulement, seul, ça s'avérait plus facile a dire qu'a faire. M'enfin bref, peut-être que mademoiselle allait comprendre qu'elle l'emmerdait plus qu'autre-chose, et qu'il rêvait debout de la voir partir de la Pyramide, et de le laisser tranquille ici, a ruminer ses pensées noires. On le connaissait pour être un éternel râleur, mais ça, c’est parce que personne ne posait les bonnes questions, capables de toucher le fond creux de son coeur, s 'il en avait encore un. Il n'en était pas sûr, oui, peut-être en restait-il quelques morceaux brisés, éparpillés ci et là dans son corps, se réduisant en miettes a chacun de ses mouvements raides. Las, il soupira bruyamment, et joueur, il fit glisser sa patte au sol, giclant ainsi du sable sur la louve. Là, elle allait vraiment en avoir sa claque de lui.

Je n'aimais pas trop les terres ensablées, parce que quand on marchait dans les petits grains, on avait l'impression qu'on avançait pas, et je détestais ça. Déjà que je n'aimais pas marcher sous une telle chaleur, mais en plus si j'avais l'impression de rester toujours au même endroit sans même réussir à avancer, j'allais franchement m'énerver. En même temps quelle idée était venue me frapper ?Partir dans un endroit chaud et aussi désagréable, je ne vois pas ce qui à put me motiver à partir de mon agréable tanière encombrée de petits louveteaux adorables. Ahhh les louveteaux... Quelles boules de poils mignons ils font !Mes préférés sont les aventuriers et les combattants, même si ce sont les plus difficiles à gérer. Surtout quand il y en a plein avec ce caractère, c'est vraiment embêtant, parce qu'on ne sait plus où donner de la tête !Toute fois, j'adore plus que tout les têtus, car rien ne peut les faire changer d'avis, et ils sont vraiment drôle à faire leur dur à cuir. J'aime beaucoup les voir grandir, et les voir s'améliorer, ça fait vraiment plaisir quand on se dit qu'ils sont devenus si fort grâce à nous. Enfin, je peux avouer que je préfère les louveteaux aux femelles. Pourtant j'en suis une d'ailleurs.

Des voix me parvinrent et je m'approcha discrètement du lieu où parvenait ce petit raffut. J'y observa un magnifique loup gris aux yeux rouges ainsi qu'une femelle ayant l'air un peu perdue. *Ho pauvre choute * Pensais-je avec un sourire mesquin en coin. Ce que répondit le mâle à la blanche me fit rire, plutôt beau gosse ce mâle, toute fois, je n'ai pas vraiment envie de tomber amoureuse pour le moment. Peut être y aura t-il un combat aujourd'hui ? Super, j'adorerais, vu que ça fait longtemps que je ne me suis pas défoulée. Sauf que je ne fonça pas dans le tas. J'étais garçon manquée, serte, mais pas conne. Je sortis gracieusement des fourrés et fixa aussitôt le mâle. Ses yeux rouges sanglant étaient comme...Hypnotiques. Quant à la louve... Je ne la traita pas directement, mais lui jeta un regard méprisant. Je passa ma queue sous le museau de la femelle avec insolence puis dit, sans me gêner :

- Salut, moi je suis Indiana, nourrice de la Meute Rubis. Vous avez peur de dire vos Meutes ou quoi ?A moins que vous n'ayez honte...

Je ricanna méchamment. Je disais ce que je pensais, car je ne craignais rien. Ma carrure était aussi impressionnante qu'un puissant mâle, et j'avais confiance en moi, je ne vois donc pas ce que j'avais à craindre d'eux.

La louve noire s'apprêtait a lui répondre, lorsqu'une autre odeur féminine s'infiltra dans la Pyramide. Faustin râla intérieurement en songeant qu'il n'avait aucune chance, et que les femelles du monde entier lui tombaient dessus. Allez chéri, prends ton courage a deux mains et tiens bon. La louve étrangère arriva rapidement jusqu'à eux, et commenta leur discussion d'une voix narquoise, tout en se permettant de passer sa queue sous la truffe de sa première invitée. Un peu irrité par ses manières, le grand mâle souffla fortement, faisant voleter le sable sous son nez. Eh ben ça va, elle ne faisait pas de manières, celle-là. En plus, ça ne se faisait pas d'intervenir ainsi dans une discussion, sans même être polie avec les gens qu'elle interrompait.

- Moi, je m’appelle Faustin. Et d'ou je vient, ça te regarde pas, petite fouineuse.

Il ponctua ses paroles d'un grondement sévère, avant de refermer les yeux avec un soupir éreinté. Putain, décidément, aucune chance, ce pauvre gars. Il détestait les femelles, mais il ne tombait que sur ça ; c'était presque comme s'il en pleuvait ! Mais bordel, les fille,s laissez-moi tranquille vaindedious ! Il allait les laisser faire la causette toutes seules, et puis voilà, hein.

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