En tant que Protecteur, je prenais très à coeur de veiller aux allées et venues des loups de ma meute.
Ainsi, c'est dans cet état d'esprit que je faisais très régulièrement le tour complet des terres Saphir, pour éliminer le moindre danger et m'assurer que toute ma meute se portait bien. En ce rude début d'hiver, je me plaisais à faire crisser la neige sous mes pattes. La poudreuse n'était pas encore excessivement épaisse, contrairement à mon poil qui avait déjà presque doublé de volume.
Si j'avais été intime avec un quelconque loup, l'on m'aurait probablement surnommé le nounours, ou une bêtise du même genre. Mais bien moins qu'intimes, je ne connaissais que deux louves de ma meute, alors que j'étais là depuis plusieurs mois. Me cachant à moi-même la honte que je ressentais, j'avançais la tête haute, à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement suspect.
Mes oreilles enchaînaient les rotations pour capter toutes les vibrations de l'air et ainsi surprendre tout intrus en mes terres. Ma truffe, elle aussi en mouvement permanent, cherchait toutes les effluves présentes dans les légères mais brutales bourrasques de vent hivernal.
Et enfin, alors que je pensais finir ma journée comme toutes les autres, sans rencontrer le moindre loup, je captais l'odeur d'un membre de ma meute. Et pour en ajouter à ma joie, je constatais rapidement qu'il ne s'agissait ni de la petite Alone, ni de ma coéquipière Birdy. Donc, j'allais faire la connaissance d'un Saphir que je ne connaissais pas encore, et cela me remplissait de contentement.
Sentant vibrer dans mon cerveau, la rage de mon double, je la canalisait grâce à ce sentiment de plénitude qui précédait une bonne rencontre.
Prenant le trot, je filais à bonne allure vers ce loup inconnu, qui faisait partie de ma famille. j'avais hâte de le saluer, de me présenter et de savoir qui il ou elle était.
En quelques minutes de belles foulées tout aussi puissantes qu'élégantes, j'arrivais à la source de l'odeur inconnue. Pourtant, aucun loup ne se présentait à ma vue. Prenant confiance en mon odorat qui ne me trompais que rarement, je posais la truffe au sol et fouillais la neige à la recherche de l'inconnu.
Je découvrais avec stupéfaction que de nombreux passages étaient faits ici, tous aussi réguliers les uns que les autres.
Quel manège pouvait bien se cacher derrière une telle mise en scène? Quelle raison poussait les loups de la meute à passer ici aussi souvent, pour repartir tout aussi vite?
J'avançais lentement, les naseaux emplis de neige et cherchais sans perdre espoir la trace de cette cause inexpliquée.
Et enfin, mon travail paya. Je tombais nez à nez avec une minuscule tanière surchargée d'odeurs lupines. Sans la moindre crainte, je m'approchais de l'entrée et reniflais bruyamment cherchant la trace de l'habitant.

Hikari --> Ancien perso. J'archive.