Sur les Terres Emeraudes de Wolf Temporal, sous l’immense soleil brillant, la jeune apprentie s’était rendue au creux Emeraude. Non pas à l’intérieur, mais aux frontières. Placée juste sur les rochers aiguisés de l’entrée du creux. Et bien c’est là que l’apprentie était posée. Elle dormait paisiblement, sans savoir que quelqu’un pourrait la déranger. Dormant sous les rayons de soleil, elle n’arrêtait pas de bouger dans tous les sens. Amber devait certainement être gênée par de petits grattements, mais rien de grave. Bougeant dans son sommeil, la jeune Rubis fût soudainement réveillée par le sombre ciel. Effectivement, le soleil s’était en quelques secondes seulement assombri. Les nuages s’étaient tous regroupés afin de former une étendue grise maussade. La jeune louve se réveilla alors. Déséquilibrée, elle manquait de tomber sur des pics aiguisés. En équilibre sur un rocher, elle avançait tandis que le ciel se couvrait. Pas à pas, elle se rapprochait de l’entrée du creux des Emeraudes. La jeune Rubis eu peur que le ciel lui tombe sur la tête, et qu’elle finisse par se faire recevoir un seau d’eau sur la tête. Une fois qu’elle eut franchi l’entrée du creux, la jeune hésita à rejoindre une petite cavité pour s’allonger. Mais avant, elle regardait à ses alentours, vérifiant si nulle trace ennemie n’était présente. Mais à ce qu’elle ne s’attendait pas, une sombre silhouette s’affichait devant elle. Un jeune loup, d’environ un an tout rond était dehors, sous la pluie. Amber le regardais, depuis l’entrée du creux en grommelant. Mais Amber le trouvait bien beau. Alors, ce qui était tout à fait inhabituel chez elle, elle s’avancait sous la pluie et alla à son encontre. En s’approchant de lui elle était vraiment gênée par la pluie. Mais une fois devant lui elle fit.

-« Hey tu fais quoi sous la pluie ? Viens il y a un creux là-bas. Dépêche toi tu vas être trempé ! »

Elle se hâtait dans le creux avant de s'asseoir au sec. La pluie était venue en quelques minutes et Amber ne s'en était même pas rendue compte. Une fois à l’intérieur du creux, elle attendit que le jeune loup se hâte et fasse de même, qu'il vienne s'installer au sec.

J’avais quitté le camp des émeraudes quelques minutes avant pour aller me promener seul, dans les territoires voisins. Quand je suis parti, il faisait beau et le soleil partageait ses rayons chauds et dorés avec nous. C’était agréable de sentir des petites chaleurs se poser sur mon poil et de continuer d’avancer, d’un pas calme, vers je ne sais où. Je n’avais pas prévu de destination. J’allais là où mon instinct me dirigeait. Mais plus j’avançais, moins je sentais les rayons chauds. Comme si dans pas longtemps, un changement de temps allait bouleverser le ciel. Je finis par m’arrêter net et je redressai mon museau vers le ciel qui semblait être encore bleu. Mais au fond, près de grandes montagnes, je ne voyais même pas leur pointe. Je voyais simplement de gros nuages gris qui s’approchaient à grand pas vers moi. Dans peu de temps, je vais me faire avaler par la pluie et sûrement le tonnerre. Mais je voulais aussi aller plus loin dans ma promenade. Ne se souciant de rien, je voulais voir plus loin que le bout de ma truffe noire. Je voulais voir de mes propres yeux les territoires dont je n’ai pas pu y aller une seule fois. Ce n’est tout de même pas quelques gouttes qui vont m’arrêter en cours de route. Et aujourd’hui, j’ai décidé d’affronter n’importe quoi. Je ne voulais plus être l’apprenti gardien qui avait peur de tout. Celui qui se fait passer pour le petit faible depuis le début. Depuis mon enfance. Je n’ai jamais connu mes sœurs ou mes frères. Ni même mes propres parents. Et depuis que je suis arrivé chez les émeraudes tout petit, je me sent inutile. À tel point que la dominante pourrait me mettre dehors à tout moment. Mon rang de gardien ne me sert à rien. Je reste un petit louveteau, bon à jouer encore avec ceux de la meute. Je ne suis pas capable d’apprendre quoi que ce soit à quelqu’un. Je reste un enfant au fond de moi. Un enfant dans un corps de d’adulte. De plus, quand je pense à mon enfance, je viens directement sur une petite loupiote que j’avais connue étant petit. Elle était si adorable avec moi. J’étais perdu et elle m’avait accompagné vers un endroit facile pour me repérer. Et nous avons même prévu de partir à l’aventure ensemble pour retrouver nos parents. On avait vécu la même chose. Se réveiller un matin sans sentir la chaleur de sa mère contre soit. Mourir de faim car son père n’était pas rentré de la chasse et on nous avait rien appris. J’étais trop petit pour apprendre ! Mais le temps est passé et je l’ai perdu de vue. Je ne l’ai plus jamais revu sur les territoires. N’importe où. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. S’il lui était arrivé quelque chose. Dès que j’y repense, mon cœur se sert. Mais tout cela n’est que du passé. C’est une page de plus tourné dans mon histoire de la vie. Je dois passer à autre chose et aller de l’avant.

Je continuais d’avancer, perdu dans mes pensées, tête basse et les yeux rivés sur le sol couvert de poussière. Jusqu’au moment où je sentis une grosse goutte tomber sur ma truffe. Je suis directement sortie de mes pensées dès que je sentis une petite chose froide tomber sur moi. Relevant les yeux au ciel, je vis qu’il s’assombrit de plus en plus. Voilà. J’allais me faire avaler par le mauvais temps. J’allais prendre une bonne douche. Puis j’en sentis une autre. Et encore. Puis deux. Et plusieurs. Jusqu’à que l’averse ne tarde pas à arriver. Comme ça, d’un seul coup. Il pleuvait des cordes autour de moi et même la vue s’assombrissait petit à petit. Plus elle tombait, plus je ne voyais pas très clair, loin de moi. Il était temps de rentrer mais si je vais en arrière, je risque de me perdre à travers ce brouillard sombre. Je ne veux pas prendre le risque. Et puis mon flair me disait que je n’étais pas loin d’un endroit où les pierres mouillées par la pluie dégageaient leur odeur. Le creux ? Cherchant à être sûr de moi, je me mis à regarder un peu partout. Et oui. Je n’étais pas loin du fameux creux nous appartenant. Je me mis alors à trottiner. Plus je m’approchais, plus je voyais la chose se dresser devant moi. Le creux. Il était là ! Je ralentis ma cadence jusqu’à reprendre ma marche habituel, espérant que je puisse m’abriter dans une petite partie du creux pour ne pas continuer à rester sous la pluie et tomber malade. Mais une autre odeur m’a complètement stoppé sur ma décision. Je n’étais pas seul. Une autre odeur de loup. Et pas n’importe lesquels … Les rubis ! Ceux que je crains le plus. Ceux dont je ne voudrais jamais faire face. Les fuir jusqu’à ma mort. Et je vis quelque chose bouger. Est-ce ce fameux rubis ? Ou cette fameuse rubis. C’était une femelle. Une très jeune. Elle se releva et s’approcha de moi après m’avoir localisé. J’avais peur. Petit ou pas, je savais que ces loups étaient des machines à tuer. Pareil pour les améthystes. Je n’ai aucunement l’envie de me retrouver devant eux. Ne sachant que faire. Elle s’approchait de plus en plus vers moi, avant de me lancer des paroles dont je ne m’y attendais pas du tout.

- « Hey, tu fait quoi sous la pluie ? Viens, il y a un creux là-bas. Dépêche toi tu vas être trempé ! »

C’était étrange. Elle était chez nous, les émeraudes, elle faisait partit des rubis et me proposer d’aller m’abriter. Et de plus, je ne voyais pas l’envie de me sauter à la gorge dans ses yeux. Elle avait l’air plutôt … Calme malgré cette tempête déchaînée. Elle tourna les pattes et s’avança là où elle se trouvait quelques minutes plus tôt, protégée des gouttes froides qui ruisselaient sur mon pelage brun mélangé. Gardant la queue basse et ne voulant rien dire, je la suivis mais dès qu’elle se coucha, je n’eus qu’une seule envie : me coucher loin d’elle. Je ne la connaissais pas et je voulais rester sur mes gardes. J’avançai donc à l’opposé et je me couchai loin d’elle. J’avais peur mais je préférais rester dans le même endroit qu’elle que de me perdre dans les entourages avec une pluie qui m’aveuglait. Regardant le sol, je répondis d’une petite voix gênée.

- « Merci ... »

Et enfin, je posai ma tête sur le sol humide.

La pluie ne cessait donc de s’abattre sur les terres Emeraudes. Cette soirée-là, Amber avait envie de découvrir de nouveaux territoires. De nouveaux êtres, de nouvelles rencontres. Cela devait bien être la première fois qu’une Rubis se trouvait chez les Emeraudes pour rencontrer quelqu’un. La pleine lune faisait surface, les hiboux se mirent à hululer. Mais ce qui retentit le plus était surtout les gouttelettes de pluies qui s’abattaient durement sur la terre sèche. Amber invitait le jeune Emeraude dans le creux. Et oui, c’est elle qui lui donnait l’autorisation d’entrer, et pas le contraire. Car comme vous le savez, Amber est du genre à vouloir prendre le dessus facilement. Un brouillard assez sombre envahit les lieux, tandis que les deux loups entrèrent dans le creux. Amber s’allongeait alors au fin fond de celui-ci, en plus d’observer où se mettait le jeune loup. Il remerciait la gardienne, enfin la jeune gardienne, d’une voix sèche et très gênée. Amber en avait marre des peureux. Elle se sentait bien plus forte qu’eux, et ne voulait pas avoir à faire à des minables ou des peureux. Des incapables. Voulant lui poser certaines questions, la louve d’ébène regardait Darwin, dans les yeux. Elle ne lui voulait aucun mal. Seulement, si Darwin ne répondait pas à ses questions, alors le vent tournera. La roue tourne, comme le dit Amber. Depuis que l’alliance est en cours entre les trois meutes, la Rubis essaye d’aider un max sa dominante, Megan. Elle était son sujet au final. Elle était en devoir de l’aider quoi qu’il advienne. S’allongeant sur le sol humide du creux, elle regardait Darwin d’un regard neutre, ne voulant pas montrer sa joie de rencontrer un loup beau et grand comme lui. Après un très long silence dans le creux, Amber se mit à prendre la parole.

-« Dis, c’est quoi ton nom ? Moi c’est Amber, apprentie gardienne des Rubis. »

Puis elle posa son museau au sol comme l’avait fait Darwin.

Toujours allongé sur le sol humide du creux, mon regard s’était posé sur l’extérieur. Je ne voyais presque plus rien, seulement à deux petites mètres de moi – même. C’était comme un brouillard sombre grisâtre qui était sorti des entrailles de l’enfer. La pluie battait à son fort, tout en laissant ruisseler sur les grands troncs d’arbres qui parsemaient le territoire. On entendait les gouttes s’écraser sur le toit de l’abri, résonnant délicatement à l’intérieur du creux sombre et humide. Pour ma part, je me sentais un peu mal à ce moment précis. Je suis presque à côté d’une rubis. Eux qui sont tellement connu pour n’avoir aucune pitié, avoir l’esprit d’un assassin et n’ayant peur de rien. J’avais peur d’eux. Je n’avais jamais espérer en rencontrer, et encore moins partager un abri qui appartient aux émeraudes, normalement ! Je ne voulais jamais en rencontrer, ni même les améthystes. J’avais peur d’eux et j’ai toujours peur. Le seul rubis dont j’ai pu en faire la connaissance, c’était Typhon, il me semble. J’avais … neuf mois, je crois. Il était grand, musclé au pelage aussi noir que l’ébène et au regard sanguinaire. Mais au fond de son regard aussi rouge que le sang, je voyais ce qu’il était au fond. Depuis ce jour, je n’en ai plus croisé. Je suis resté chez moi, c’est – à – dire, chez les émeraudes en personne. Je sentais alors un léger courant d’air pénétrer dans notre abri pour caresser ma tête avant de tomber sur mon dos et continuer son petit chemin le long de ma queue. Du coin de l’œil, je pouvais voir la rubis s’allonger tranquillement vers une des parois de l’abri. Le silence était pesant. On n’entendait seulement la douce mélodie créée par la pluie et les feuilles qui entraient en contact avec les gouttes. Elles battaient le sol à plein fouet. J’espérais que personne ne s’inquiète pour moi au camp de la meute, mais je pense, au plus profond de moi, qu’il ne se soucie pas plus de moi. Depuis mon intégration, je n’ai pas fait grand – chose. Je n’étais qu’un louveteau qui pensait à s’amuser avec n’importe qui, et éviter les grands mâles. Oui, car j’avais peur d’eux. Encore aujourd’hui, j’essaie de me faire tout petit à leurs côtés et me faire passer pour un fantôme. J’ai beau avoir un an tout rond, j’ai encore cette sale peur des grands mâles. Mais seul quelqu’un le sait, ça. Ratchet, mon frère de cœur. Nous nous sommes connu pendant l’hiver. On s’amusait dans la neige, tel deux orphelins inséparable. Quand je repense à lui, il illumine mon cœur. Je l’aime en tant que petit frère. C’est mon petit frère. Et je serais capable de tout pour lui. Nous n’avons peut – être pas la même provenance, la même mère, le même père, mais c’est devenu tout comme pour moi. On s’est revu il y a quelque temps près d’une rivière. Il me manque déjà, rien que dit penser. Ce petit diamant au grand cœur pur.

Je continuais donc de regarder l’extérieur, me sentant observer par la louvette inconnue encore, pour moi. Je n’osais pas affronter mon regard. Je me contentais de regarder la pluie tombée. Je semblais être plus tranquille que d’habitude, même s’il restait une petite pointe d’attention. Elle pouvait quand même le sauter dessus à n’importe quel moment et goûter à mon sang en un seul coup de croc. Le calme régnait jusqu’à ce qu’un éclair fissure le ciel en deux, suivit d’un immense bruit sourd, faisant trembler le sol. Peureux comme je suis, j’ai tout de suite relevé en vitesse ma tête, le cœur battant et les oreilles dressée devant moi. Je le sentais battre à toute vitesse. Comme si je le sentais taper contre ma cage thoracique. La rubis, elle, semblait être plutôt tranquille malgré le temps. Et elle ne tarda quand même pas à me poser une question, dont j’étais forcément obliger d’y répondre.

- « Dis, c’est quoi ton nom ? Moi c’est Amber, apprentie gardienne des Rubis. »

Oh ? Elle aussi elle souhaite devenir apprenti gardienne ? Et bien … L’avenir promet si je refais une rencontre avec elle. Je jetai mon regard sur elle, sur son pelage noir. Son regard ne semblait pas être celui que je rencontrais tous les jours. Le joyeux petit regard qui étincelait les yeux des autres loups. Non, au contraire. Ce regard me donnait des frissons dans le dos. Dans les première secondes, je ne sus que dire. Je ne savais pas quoi répondre. C’est bien facile de dire que je ne dois que prononcer mon nom. Mais moi, je ne suis pas vraiment comme ça … Je mets du temps à trouver une réponse parfaite pour parler avec les autres. Surtout ceux qui provenaient de cette meute !

- « M-moi c'est Darwin ... Ap-apprentis gardien chez les émeraudes ... »

Voilà que je me remettais à bégayer comme un enfant. Ou plutôt … Comme avant. Petit j’avais souvent tendance à bégayer pour n’importe quelle raison. Voilà que mes sales habitudes reprennent le dessus. Je voyais encore le flash venant de l’extérieur. L’orage était toujours là et n’hésitais pas couper le ciel en deux avec ces éclairs. Mes oreilles se couchèrent en arrière à chaque tonnerre qui résonnait sur les territoires. Comme une tempête indéterminable. J’aurais peut – être la honte devant la rubis mais tant pis. C’était quelque chose de plus fort que moi.