M.E.G.A.N.

Le soleil venait de se lever, grimpant dans le ciel bleu, bien que quelques nuages soient présents, et gâchent quelque peu cette journée d'été, qui s'annonçait pourtant très bien. La chaleur était déjà bien présente en cette période et la plupart des loups de ces territoires passaient la majorité de leur temps au bord de l'eau, en train de se rafraîchir, ou bien au fond de leur tanière, là où les rayons du soleil ne pouvaient pas pénétrer, ce qui était un réel avantage. Mais au fond, rester enfermé au fond d'une tanière pouvait être déplaisant, car les loups sont comme coupés du monde, seuls, ne trouvant aucune occupation pour effacer cet ennuiement presque constant.  De plus, cela ne servait à rien de rester bien au fond d'une tanière, car il faudrait bien sortir un jour où l'autre afin de se nourrir ou se désaltérer par exemple. Alors autant passer la journée dehors, en essayant tant bien que mal de trouver un endroit frais et humide, où la chaleur ne pouvait point s'immiscer.
La rosée du matin n'avait même pas eu lieu lorsque le soleil venait de se dévoiler dans le ciel. La chaleur l'avait-elle réduit à néant? Il fallait préciser que la louve crème aurait aimé goûter à cette rosée du matin, glissant le long de son pelage, rafraîchissant son pelage qui deviendrait très rapidement aéré, et agréable à porter. La dominante Rubis possédait un pelage épais, qui tenait très chaud en été, devenant très désagréable. Mais lorsque l'hiver surgissait, ce pelage tenant fournissait une certaine chaleur, qui permettait à la louve Rubis de se déplacer n'importe où, sans prendre le risque d'attraper froid. La louve Rubis avait attendu durant de nombreuses minutes l'arrivée de la rosée du matin, afin de sortir dehors, de se rafraîchir, et de continuer sa journée avec une certaine joie de vivre, sans chercher toutes les heures un point d'eau pour se désaltérer. Mais cette rosée n'était jamais venue, et Megan avait fini par sortir dehors, veillant tout d'abord à ce qu'une nourrice vienne jusqu'à la tanière pour garder ses deux anges, les deux enfants qu'elle chérissait plus que tout au monde, le bonheur qu'un être odieux lui ait fourni. Ces deux petites merveilles, de sexe opposé, se nommaient Deamon et Little Swan. Deux petits anges au caractère bien trempé. Mais il n'était pas devenu comme ça par magie, le fort caractère de leur mère et de leur père avait déteint sur eux. D'un côté, un petit timide manipulateur, de l'autre, une petite louve mystérieuse et emmerdeuse. Mais pourtant, Megan se réjouissait qu'ils soient comme ça. Dans le monde dans lequel ils vivaient, il était important d'être fort, et de savoir se faire respecter. En revanche, Megan avait mis beaucoup plus de temps à trouver un garde pouvant surveiller la tanière de près. En effet, étant donné que ces enfants étaient ceux de la dominante, ils devaient être surveillés. Tous les membres de la meute Rubis ignoraient l'existence de ces deux enfants. Megan tenait à sa réputation plus que tout, et en voyant des enfants surgir de nul part, les membres de la meute se poseraient des questions, et finiraient par découvrir que ces enfants sont issus d'un viol. Et jamais Megan ne le tolérera, jamais.
Une fois le garde et la nourrice présents dans la tanière, Megan s'évada à l'extérieur, ayant besoin d'une bouffée d'air frais. Mais elle devait aussi aller chercher de la nourriture pour son estomac, car elle l'entendait gargouiller sans arrêt. Ses enfants, quant à eux, étaient nourris par la nourrice, et la dominante n'avait aucun souci à se faire de ce côté là. Megan huma l'air chaud qui se propageait à l'extérieur, et poussa un léger soupir, très discret. Elle commença sa marche, et se dirigea vers les territoires libres, là où les proies étaient nombreuses en période d'été. La louve au pelage crème dut traverser de nombreux territoires pour y arriver, et le désert réputé pour son sable rougeâtre et chaud ne faisait pas exception, bien que cela déplaisait quelque peu la jeune mère qu'était la louve. Megan martelait le sol herbeux à ses pattes. Mais ce dernier fut très vite remplacé par un sol sablonneux, te brûlant les coussinets à chacun de tes pas. Tu regardais le sol car le soleil t'éblouissait beaucoup. Mais forte comme tu l'étais, tu finis par relever la tête dignement, constatant qu'une silhouette était perchée en haut d'une dune de sable. Le loup en question devait vraiment avoir chaud, son pelage étant entièrement noir. Et Dieu sait que le noir est réputé pour attirer la chaleur. Mais Megan n'y porta qu'un très bref intérêt. Elle trouva la façon dont il se tenait élégante, charmante, classe. Aucun doute, il s'agissait bien d'un mâle. Megan ne pouvait pas imaginer qu'une femelle se tienne de la sorte. La dominante commença de gravir la montagne de sable lorsque l'écho de son prénom l'interpella. Elle releva la tête, constatant que l'individu l'avait remarquée. Et il connaissait son prénom. En même temps, me direz-vous, il était tout à fait normal que l'on connaisse son prénom, rappelons qu'il s'agit de la dominante Rubis, la meute la plus sanguinaire des territoires. Megan huma l'air à nouveau, alors qu'une odeur exécrable parvint jusqu'à ses naseaux. Améthyste. Megan sentit quelque chose lui transpercer le coeur, car elle aurait voulu faire plus ample connaissance avec ce loup. Mais en sâchant qu'il s'agissait d'un Améthyste, Megan savait que c'était impossible. Elle plongea son regard noir dans celui de l'Améthyste, prononçant quelques mots.

« Oh. A qui ai-je l'honneur ? Quel est votre joli prénom, cher Améthyste ?! »

M.E.G.A.N.

Pour la première fois, Megan se surprenait à admirer le pelage de quelqu'un, bien qu'on lui faisait toujours des compliments sur son pelage crème rare et magnifique, et qu'elle ne cessait de l'admirer en regardant son reflet dans l'eau claire et pure qui recouvrait une rivière, ou l'eau sale des quelques flaques qui persistaient sur le sol des territoires. La louve dominante se demandait d'ailleurs comme était-il possible que l'eau ne se soit pas évaporé, étant donné que le soleil tapait de plus en plus, au fur et à mesure que le temps passait. Mais le pelage de l'Améthyste présent au-dessus d'elle l'intriguait, bien qu'il soit entièrement noir, comme tous les autres. Il y avait un petit quelque chose qui changeait tout, mais la dominante Rubis ne savait pas dire quoi, et elle se disait que ce n'était pas bien important. Elle écouta alors les paroles de l'inconnu qui s'avança près d'elle. Une fois son discours terminé, Megan soupira. Visiblement, le langage de l'Améthyste n'était pas à la hauteur de sa beauté. Oui, de sa beauté. Pour la première fois depuis des années, elle trouvait un mâle beau. Bien sûr, elle trouvait son fils magnifique, mais ce n'avait rien à voir. Elle parlait ici d'un véritable mâle, adulte, puissant, ayant le sens des responsabilités. Contre toute attente, la présence du mâle dans les dunes de sable se faisait ressentir, un frisson parcourant toute l’échine de la dominante Rubis qu’était Megan. Ce mâle lui faisait un certain effet, mais elle vit alors les membres de sa meute défiler devant elle, tour à tour. Elle se rappelait alors qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur. Le fait même d’éprouver ne serait-ce qu’un infime sentiment positif envers un Améthyste serait une pure trahison. Megan était prise entre deux décisions. Mais pour l’instant, c’était sa meute, celle des Rubis, les plus sanguinaires au monde, qui passaient avant tout. En effet, le dominante Rubis ne connaissait le loup que de vue pour l’instant, et elle aurait été incapable, en ce moment bien précis, de prendre une réelle décision quant à son avenir. Mais elle savait que l’avenir lui soufflerait bientôt la réponse. Au fond d’elle, Megan savait qu’elle ne pouvait pas abandonner sa meute pour quelqu’un, surtout pour une personne qui s’avérait être l’ennemi. Si elle faisait ça, elle serait rejetée de tous les côtés, regardée de travers, seule une porte s’ouvrirait à elle : les Améthystes. En effet, en voyant l’ex-dominante Rubis Solitaire, à la recherche éventuelle d’une meute, ils se rueraient dessus comme des chiens enragés pour la convaincre de les rejoindre. Dans quel but ? De connaître tous les secrets de la meute, jusqu’au dernier. Enfin, c’était ce que la louve Rubis s’imaginait, car elle pouvait très bien être rejetée par eux aussi étant donné qu’elle avait décidé la mort de l’ex-dominante Améthyste, une certaine Black Widow, qui avait elle-même prévu un attentat contre la meute de Megan. Mais heureusement, la dominante les en avait empêchés à temps, et peut-être qu’elle n’accepterait même pas de rejoindre les Améthystes si l’occasion se proposait. Megan ne saurait que faire, bien qu’elle était très réputée pour être intelligente. Mais même en étant intelligent, tous les soucis ne se règlent pas. Mais revenons-en aux paroles de l’Améthystes. Je n'aime pas vraiment que l'on emploie ce genre d'adjectif envers un loup qu'on ne connait même pas. Et surtout pas moi. Je m'appelle Devil. Du moins, je crois. Mon passé m'a souvent joué des tours et je ne suis plus sûr de rien. Enfin... Devil, c'est le nom que l'on me donne. Voilà, contente ? Voilà ce qu’avait dit l’Améthyste, exactement. Il semblait peu accueillant, et très peu social. Voilà un cas intéressant. Du moins, il l’était pour Megan. Comme si, quoi qu’il fasse, il l’intéresserait. C’était une étrange sensation que ressentait Megan au fond d’elle. Non, non, ce n’était pas de l’amour, elle l’aurait reconnu sinon, car elle a déjà été amoureuse, bien que ce soit malheureusement arrivé peu de fois. Elle n’arrivait pas à mettre un nom sur ce sentiment, mais elle l’avait sur le bout de la langue, et le trouverait tôt ou tard. Elle plongea son regard sanglant dans celui de l’Améthyste, lui répondant, alors que celui-ci commençait déjà à s’en aller, mais s’arrêta lorsque la dominante commença de lui répondre.

« Ne te vexe pas pour si peu, voyons. Et bien, les présentations sont faites, étant donné que tu connais déjà mon joli nom. Que viens faire un Améthyste tel que toi en ces lieux, bien qu’ils soient libres à tous ? »

M.E.G.A.N.

Après les dires de la dominante Rubis, il était clair que l’Améthyste avait de quoi se poser des questions. En posant une question aussi stupide, Devil devait se demander comment le peuple avait ne serait-ce qu’envisager qu’elle prétende au poste de dominante. Mais peut-être que la louve faisait cela dans le seul but de mettre l’Améthyste sur les nerfs. Elle devait avouer que c’était un de ses passe-temps favoris à présent, et pour rien au monde elle n’arrêtait ce jeu que les Rubis aimaient tant. Elle fixait l’individu qui lui montrait son dos, et regardait sa queue fouetter le sol, montrant qu’il était énervé. Megan esquissa un sourire d’assentiment, quelques crocs blancs et pointus se dévoilant. Ses yeux rouge sang furent teintés d’une pointe de sadisme, faisant ressortir le côté Rubis de la femelle. Vous me direz, elle n’était pas Rubis pour rien. On ne devient pas dominante d’une meute de sanguinaires, qui ne pensent qu’à faire couler le sang sur le sol herbeux ou sablonneux. Non, il faut avoir un certain mental pour ça. Se faire respecter par les autres membres de la meute n’est pas chose facile, surtout lorsque l’on débute dans le métier. En même temps, rares sont les loups qui sont dominants plusieurs fois dans leur vie. Mais certains ont plus d’expérience que d’autres et c’est incontestable. Cela variait d’une personne à une autre. Mais dans son rôle de dominante, Megan avait quelqu’un pour l’épaule, quelqu’un qui l’appréciait, et en faisait son jouet de temps à autres. Bien que la dominante Rubis n’appréciait pas qu’on la considère comme un vulgaire jouet pas forcément utile, ce mâle l’aidait beaucoup dans sa tâche de dominante, ce dernier étant dominant depuis de nombreuses années maintenant, et connaissait la meute comme son pelage, voire mieux. Parfois, il pouvait s’avérer d’une grande utilité en gardant son sérieux comme tout dominant qui se respecte, autant parfois, il était lourd, insupportable, et Megan ne savait pas comment elle faisait pour ne pas lui coller la tête contre un mur. Ulysse avait le sens de l’humour, c’était le cas de le dire, mais cela pouvait en devenir lourd, lassant, mais Megan préférait se taire, ne voulant pas blesser le vieux mâle dominant. Oui, vous avez bien lu, elle ne voulait pas le blesser. Pourtant, entre Rubis, les membres ne se faisaient pas de cadeaux. Mais la dominante Rubis respectait l’Ancien plus que tout au monde, car il l’aidait constamment dans la tâche ardue qu’était le rôle d’Alpha, et cela valait bien tout l’or du monde. Même plus, bien plus, sa valeur n’avait pas de prix tellement elle était grande. Ulysse était comme un second père pour Megan, bien que son réel paternel, Davis , lui manquait énormément depuis son suicide. Rester aux côtés d’Ulysse la réconfortait dans le fond, bien qu’elle ne versait aucune larme, ne tenant pas à montrer ses faiblesses, de peur d’être pointée de la patte irrespectueusement. Le loup prénommé Devil, venant des Améthystes, se retourna d’un bond énergique, et commença à descendre la dune de sable progressivement, laissant monter l’adrénaline en elle, ses poils se hérissant le long de ton échine. Le mâle s’approcha d’elle, leurs haleines se mêlèrent, leurs poils se frôlèrent à peine au gré de la douce brise qui venait s’interposer entre les deux individus. Visiblement, Devil en avait marre, et commençait peu à peu à se défouler sur la jeune dominante, de manière orale bien évidemment. Il sourit alors, laissant apparaître ses crocs aiguisés et tranchants, avant de murmurer une petite phrase, comme s’il pensait à voix haute. "Si tu comprends pas que mes cordes vocales n'ont pas envie de s'user inutilement, c'est que t'as la tête tellement vide que quand on te crie dans une oreille, il y a de l'écho..." Malheureusement pour l’Améthyste, la dominante l’entendit, bien que ça ne lui faisait pas pour autant plaisir. Le loup finit par reculer de quelques pas, comme intimidé par la réaction que pourrait avoir la dominante Rubis. Et il n’était pas au bout de ses peines le gaillard. Déjà que les Rubis et les Améthystes étaient rivaux, alors si en plus celui-ci en rajoutait une couche, ça n’allait pas le faire. Megan était bel et bien fixée. Elle avait éprouvé une certaine attirance envers le mâle durant quelques secondes, mais elle s’envola bien vite. De toute façon, elle n’avait pas à se faire d’illusions, une Rubis et un Améthyste ne pourraient jamais avoir un lien positif, que ce soit maintenant, il y a dix ans, ou dans cinq ans. La Rubis s’approcha du mâle Améthyste, réduisant l’écart entre les deux loups de même taille, et lui cracha littéralement au visage, avant de prononcer quelques paroles.

« T’es bien un Améthyste, toi. Allez, retourne chez toi, avant que ma meute n’arrive et ne te tranche la jugulaire. Tout compte fait, je serai parfaitement apte à le faire moi-même, mais cela serait plus drôle. »

Feat Devil

Dominante. Qu'était-ce, au fond? Contrairement aux idées reçues, être dominante demande de l'attention, de la rigueur, et surtout du sérieux. Oui du sérieux. Difficile à croire que même chez les Rubis c'est le cas. Qu'importe le caractère de la meute, le rôle de dominant est, et restera toujours le même quoi qu'il advienne. C'est aussi cela que l'on admire, et respecte chez la dominante de ces sanguinaires. N'oublions pas qu'avant tout, c'était une Émeraude, et qu'elle est toujours aussi intelligente et sérieuse qu'à l'époque, même si le sang et l'envie de tuer lui montent parfois à la tête. Mais depuis son arrivée sur le trône, c'est elle qui gère essentiellement les Rubis. Ulysse n'est que très peu présent au sein de la meute, et Megan s'est mise en tête de le suivre une fois ou deux, pour savoir ce qui se trame de son côté. Depuis la disparition d'une certaine Libellule, une Émeraude dont le dominant Rubis s'était entiché, Ulysse n'était plus le même. Il était distant, froid, et ne parlait presque plus. Comme si ce départ soudain avait fait déraillé l'ensemble de son cerveau, qui avait déjà pris un coup de vieux ces derniers temps. Elle s'inquiétait sérieusement pour son état de santé, ses compétences de druide refaisant surface peu à peu. Et oui, lorsqu'elle était chez les Émeraudes, elle était druide, bien que ça n'avait été que de courte durée. Cela faisait plusieurs jours qu'elle se demandait si Ulysse n'allait pas devoir prendre sa retraite pour prendre soin de lui, laissant un loup plus fort et plus robuste à la tête de la meute, quelqu'un qui ait la tête sur les épaules. Megan aurait au moins un peu d'aide, et saurait partager un avis ou une décision avec quelqu'un de haut placé avant de le suggérer à la meute toute entière. Elle était d'avis de laisser un nouveau dominant prendre la relève, même si elle chérissait beaucoup Ulysse, il était tant pour lui  de laisser sa force et sa jeunesse derrière lui, en laissant quelqu'un de plus apte à prendre les rênes de la meute. Du moins, c'était son avis. Et l'avis de la dominante comptait, essentiellement. Non pas plus que les autres, car elle était avant tout une membre de la meute, mais il comptait, et chaque membre de la meute s'en préoccupait afin de réfléchir à ce qui était finalement juste ou pas juste. L'avenir de la meute reposait sur ses épaules, et chaque fait, chaque geste devait être étudié de très près, afin d'être sûr de soi. La louve Rubis, comme dit précédemment, avait été Émeraude, et ces derniers étaient eux aussi les ennemis des Améthystes. Les Rubis étaient d'ailleurs alliés aux Émeraudes, ce qui faisait apparaître un sourire sur le visage de la dominante à chaque fois qu'elle entendait cela. En sachant cela, la dominante Émeraude ne pouvait que l'apprécier, et l'entente des deux louves était parfaite, bien que Megan n'aurait pas passé ses journées à parler avec la dominante Émeraude, elle avait des choses, disons mieux à faire. Comme proposer des activités diverses et variées aux membres de sa meute. Bien qu'elle apprécie Kerena, la dominante Émeraude, Megan la trouvait très peu présente, et comme certains autres loups, elle songeait à ce qu'un mâle vienne se joindre à elle pour diriger la meute. Mais Megan craignait qu'elle ne le prenne mal si elle le lui disait, et que leur amitié soit corrompu, ce qui pourrait aussi mettre en péril l'alliance des deux meutes, en brisant le pacte que Seth avait fait avec les Émeraudes autrefois. En regardant le loup en face d'elle, tous ses souvenirs resurgissaient, un à un, comme si plus jamais ils n'allaient s'en aller. Alors qu'elle venait à peine de terminer sa phrase, le loup au pelage d'ébène recula d'un pas, comme si les dires de la jeune dominante portaient leurs fruits. La légère brise qui s'était installée dans le désert aux couleurs rougeâtres sembla disparaître spontanément, comme si quelque chose l'empêchait d'atteindre cet endroit. Le pelage de Devil cessa de bouger, collé sur son échine, si bien qu'il ressemblait à une statue, fixe, inanimée, sans vie. Megan le quitta du regard quelques secondes pour observer son propre pelage, blanc, tirant vers le crème. Elle fut surprise, de nouveau. Ses poils, quant à eux, virevoltaient dans tous les sens. C'était comme si une barrière séparaient les deux loups. D'un côté, aucun bruit, aucun mouvement, un mâle au pelage foncé comme la nuit. De l'autre, du mouvement, une pièce de théâtre, du mouvement, tout ce qu'il y a de plus normal, une femelle au pelage clair. Ces loups étaient parfaitement opposés. Il s'agissait en réalité du jour et de la nuit ; Megan et Devil. La mine de ce dernier ne laissait transparaître aucune émotion, absolument aucune, comme s'il s'agissait d'un pantin manipulé par la meute qu'était les Améthystes. Le Diable prononça quelques paroles que nous verrons plus tard, et commença à reculer à nouveau, d'un pas, puis deux, avant de gravir gentiment la colline, comme s'il ne s'attendait pas à ce que la dominante parte à sa poursuite. Lorsqu'il fut là-haut, l'écho de sa voix parvint jusqu'aux oreilles de la dominante. En résumé, voilà ce qu'il avait dit.

« Tu oublies que nous sommes sur une Terre Libre, ma jolie. Tu n'as donc pas le droit de me demander de partir. Je suis ici si j'en ai envie. Et je n'ai pas envie de partir. Appelle ta Meute si le veut. Vas la chercher. Mais je serai déjà loin avant que tes renforts arrive. Tu ne pourras pas me tuer. Et je sais que tu ne le feras pas. Je peux partir d'un coup là, tu sais. M'enfuir vers mon Territoire. Si tu tiens tant que ça à m’ôter la vie, tu me suivras. Et tu pénètreras sur nos Terres. En fin d'histoire, ce sera donc toi la fautive... Je ne te provoquerai plus. Ça ne me servirai à rien. Pars si ma présence te dérange. Toi, tu peux me dire ce qui te chante, cela m'est égal. Je ne te chercherai plus. Je suis bien là où je suis et je n'ai pas l'intention de bouger. »

Perché en haut de sa dune, le loup Améthyste ne semblait pas vouloir bouger. Comme si le temps s'arrêtait, qu'il n'avait plus besoin de manger, de boire, de bouger, de se faire manipuler. Même la compagnie le dérangeait, bien plus que l'on ne peut se l'imaginer. Megan n'était pas stupide, loin de là. Et s'il s'avérait que l'Améthyste repartait chez lui, et bien elle ne le retiendrait pas. C'est bien elle qui a dit quelques minutes auparavant qu'il retourne chez lui, alors ce n'était certainement pas elle qui allait le retenir, encore moi en sachant qu'elle était dominante. Un sourire en coin fit son apparition sur le visage sanguinaire de la jeune dominante, lorsqu'elle entendit qu'il se soumettait, et qu'il ne viendrait plus la chercher. Bien, bien. Il devait être arrivé récemment pour s'être ainsi comporté avec toi. Mais maintenant, il semblait avoir compris, et te laisserait tranquille ; et il avait raison. Car il ne ferait que renforcer les différents que les Améthystes et les Rubis avaient, et les choses continueraient d'empirer, hors, il était plutôt préférable que cela se calme. Le sourire en coin qu'avait Megan sur le bord des babines resta intacte, tandis qu'elle commençait de gravir la dune où s'était installé Devil. Il ne la regarda pas une seule seconde, ce qui arrangea la dominante, qui n'avait pas envie qu'il esquive. Une attaque? Pas exactement. Soyez patients, voyons. Elle le regarda avec ce même regard sanglant, et s'approcha davantage, n'étant plus qu'à quelques centimètres, voire millimètres de lui. Puisant toute son énergie, elle l'utilisa dans ses pattes avant, et bouscula l'individu, qui roula le long de la dune, avant de s'écraser tout en bas. En rire sarcastique sortit alors de la mâchoire de la dominante, avant que l'écho ne parcourt les dunes de sable.

« Sauf si l'on le lui oblige. »

Feat Devil