« Etre solitaire est un choix ; la solitude ne l'est pas. » Blodwen/Hannah/qui veut se faire lacérer

Les pattes de la louve laissaient leurs empreintes dans le sable brulant, traçant un chemin unique qui était rapidement balayé par le vent. Celui-ci i soulevait la poussière rougeâtre en vagues volatiles poussant les dunes toujours plus loin selon ses caprices. L’air était chaud, et le souffle de la brise soulevait la fourrure de la jeune protectrice. Alors qu’elle n’était qu’une loupiote, les déserts n’étaient, pour elle, que des paysages enchantés imaginés par sa grand-mère lorsqu’elle lui contait des histoires. La petite imaginait ces décors en perpétuel changement, sublimes et mortels, où se perdre était si facile. Petite, elle appelait ces dunes les « montagnes-qui-marchent », elle les imaginait alors beaucoup plus hautes, mais la réalité n’était pas moins spectaculaire que ce qu’avait imaginé son esprit enfantin. Mais elle n’était pas venue pour s’extasier sur cet océan de poussière rouge…Non…Elle était là pour une toute autre raison, beaucoup moins idyllique.

Il n’y avait que peu de chose qui énervait Blodwen au point qu’elle se permette de mettre de côté son rôle de protectrice pour quelques heures. Et l’une d’elle était la trahison. Ne pensez pas qu’elle ait l’intention de trahir quiconque, car sa nature est ainsi : la fidélité en tout et pour tout, et ce quel que soit sa fierté ou sa place. Faire des compromis, courber l’échine, se taire, mais toujours rester auprès de la meute qui l’avait vu naître. Et même si le clan qu’elle avait connu dans ses premiers jours semblait un lointain souvenir, ombre d’un passé glorieux, elle restait et resterait à jamais d’une loyauté sans égale envers les améthystes. Quel qu’en soit le prix elle les défendrait, elle donnerait sa vie sans hésiter pour sauver n’importe lequel de ses frères de meute, même si elle ne l’apprécie pas ; car dans la mort on ne ressent nulle amertume ou regret, et que c’est là son devoir de Protectrice. Elle est le premier barrage qui doit contrer le danger, et elle ne sera jamais le dernier à tomber ; elle resterait debout et s’acharnerait sur l’ennemi, quitte à endurer des blessures atroces, mais jamais elle ne serait la dernière de sa meute à être en vie. Car cela signifierait qu’elle aurait failli à sa mission, et qu’elle aurait laissé sa meute mourir avant elle. C’est en raison de ces idéaux profondément ancrés dans son cœur qu’elle dédaignait ceux qui n’avaient cure de l’avenir de la meute. C’est pour cela qu’elle méprisait les solitaires. Et c’est encore pour cela qu’elle haïssait les traîtres, les lâches, les déserteurs. Et son excursion dans le désert avait pour but de rencontrer l’un d’eux…Hannah. Cette chienne avait abandonné la meute comme une vieille carcasse…Blodwen n’aurait pas cherché à la retrouver pour lui faire comprendre sa douleur si la louve crème avait délaissé les améthystes pour une autre meute…les changements d’idéaux, si elle ne les tolérait pas, elle les admettait…Mais l’ancien améthyste avait choisi la solitude. Elle avait abandonné ses frères…pour rien. Pour personne…si ce n’est elle-même. Mais cette petite égoïste allait vite le regretter. Quand Blodwen décidait de faire quelque chose elle le faisait, et elle en démordait rarement, surtout si elle jugeait que cet acte rendait service à la meute. Elle avait l’intention de faire regretter à Hannah sa décision, et pour cela, elle n’allait pas y aller par quatre chemins.

D’ailleurs, elle sentait qu’elle approchait du but…L’odeur de cette bâtarde se faisait plus nette, plus précise, au fur et à mesure qu’elle s’avançait.
Arrivée au sommet d’une dune elle la vit enfin. Tache crème sur la terre couleur de sang, elle n’était pas bien difficile à repérer. Les yeux d’or de Blodwen se posèrent sur elle, froids et impitoyables. Elle n’arborait sur son visage aucune expression, si ce n’est celle de la plus grande détermination. Tout dans sa posture traduisait ce qu’elle était venue faire ici. Ses pattes solidement ancrés dans le sol, ses muscles bandés, la haine féroce qui découlait de son regard…Elle était venue pour se battre.

H.A.N.N.A.H.

La chaleur continuait de persister sur les territoires entiers de Wolf Temporal. Très peu de loups osaient sortir avec cette chaleur, de peur d'attraper une insolation, et de mourir rapidement de déshydratation. Les points d'eau se faisaient de plus en plus rare, poussant davantage les loups à rester au fond de leur tanière, où dans un endroit humide, comme la jungle tropicale par exemple. Kovu et toi aviez marché toute la nuit à la recherche d'un endroit où dormir, où tu étais sûre que vous seriez au frais. Et vous aviez fini par le trouver, bien que le soleil menaçait de se lever dans une ou deux heures. Le sommeil n'était pas un problème, dormir une heure ou deux te convenait parfaitement. Quant à Kovu, visiblement, il avait besoin de ces heures de sommeil. Tu t'étais réveillé alors que le soleil s'était levé depuis une heure seulement, constatant que Kovu continuait de dormir en ronflant, à tes côtés. Tu l'avais regardé, et tu lui souris, bien qu'il ne le vit pas, malheureusement. Ton ventre commençait à gargouiller, et tu décidas d'aller chercher quelque chose pour te rassasier. Tu en profiterais au passage pour ramener quelque chose à Kovu, histoire qu'il ait quelque chose à se mettre sous la dent lorsqu'il se réveillerait. Tu quittas la tanière où vous séjourniez doucement, sans faire aucun bruit, vérifiant qu'il n'y avait aucune brindille à proximité que tu puisses faire craquer. Tu savais que tu devais traverser le désert rouge afin d'atteindre l'endroit où s'élevait des pyramides. C'est la que tu pourrais trouver les meilleures proies possibles. Heureusement, la journée n'était pas encore très avancée, et le désert rouge n'était pas un grand obstacle quant à sa chaleur, le soleil ne tapant pas comme à midi ou en début d'après-midi. La tanière où vous séjourniez était à la sortie de la jungle tropicale, et donnait directement sur le désert rouge. Et pourtant, c'était l'endroit parfait. Tu traversas les quelques mètres qui restaient en forêt et commenças peu à peu à gravir les dunes de sable rouge, tes pattes balayant le sable déjà chaud. Tu arrivas jusqu'au sommet de la première dune, et t'arrêtas quelques instants, bien que tu saches par expérience qu'il n'était pas bon de s'attarder ici. Après que tu te sois arrêtée durant une poignée de secondes, tu regardas à gauche, te préparant à repartir en direction des pyramides. Mais quelque chose te stoppa. Une silhouette, seule, errante dans le désert, semblant s'avancer pour te rejoindre. Et pourtant, de loin, tu ne voyais pas de qui il s'agissait, et qu'est-ce qu'il ou elle te voulait. Et puis, soudainement, lorsque la silhouette s'approcha davantage de toi, cela te parut évident. Ce pelage noir sur la partie supérieure du corps et grisâtre sur la partie inférieure du corps était loin d'être banal. Tu le reconnaissais. Ou plutôt la. En effet, cette femelle était une Améthyste. Une fidèle protectrice, que toute la meute traitait avec respect. Tu regardas dans le ciel, te remémorant le jour où tu avais annoncé à la meute que tu quittais définitivement les Améthystes, alors que tu occupais le rang d'apprentie élite. Et cette louve, prénommée Blodwen, t'avait regardée étrangement, te lançant un regard noir. Visiblement, elle n'était pas enchantée de savoir que tu quittais la meute des Améthystes. Mais elle était partie avant que tu ne finisses ton discours, sans écouter les raisons exactes de ton départ. Tu n'avais pas choisi d'être Solitaire comme ça, tu avais tes raisons. C'était l'amour qui t'avait poussée à quitter les Améthystes. Tu avais envie de laisse tes fonctions de côté, et de parcourir un bout de chemin avec lui, ne le quittant plus, apprenant à le connaître davantage, et à l'aimer encore plus que tu ne l'aimais à cette époque là. Et aujourd'hui, tu étais une louve comblée, bien que Kovu et toi ne vous étiez pas encore avouer vos sentiments l'un pour l'autre. Mais ton coeur te disait que ce que tu ressentais pour lui était réciproque. Tu reportas ton regard sur Blodwen, qui à présent, n'était à quelques mètres de toi. Tu te doutais pourquoi elle était venue ici aujourd'hui. Il était évident que c'était toi qu'elle cherchait. Le regard qu'elle t'avait lancée l'autre jour ne trompait pas, bien au contraire. Tu la regardas, restant sur tes gardes au cas où elle déciderait d'attaquer. En effet, bien que tu avais quitté les Améthystes, tu avais toujours gardé l'entraînement que l'on t'avait enseignée. Mais face à Blodwen, il était clair que tu n'avais aucune chance. Mais si elle désirait se battre, tu serais contrainte de partir en prenant la fuite, bien que c'était loin d'être dans tes principes. Mais tu devais vivre, vivre pour lui. Ce n'était que le début de votre histoire, et tu ne pouvais pas disparaître comme ça, sans laisser de traces, croyant que tu l'as abandonné. Or jamais tu ne l'aurais fait. Tu plongeas ton regard bleu azur dans le regard orangé de l'Améthyste, engageant la conversation.

« Blodwen. Je pense savoir la raison de ta venue ici, et je pense qu'avant que tu ne passes à l'attaque, nous devons discuter. Si j'ai quitté les Améthystes, ce n'est pas pour rien, j'espère que tu en es consciente. »

UP? =)

J'archive.