Skullee

Histoire

10 lignes minimum : Skullee est un loup qui provient de Terres Arctiques, bien loin de Wolf Temporal. Les raisons de son départ de sa terre natale furent banales, mais écoutez bien tout de même. Skullee est né non pas dans une Meute, mais dans un groupe. En effet, le système des loups arctiques de ce pôle-ci était bien différent des Territoires de Wolf Temporal : il n'existait pas une Meute, mais un groupe soudé et solidaire. Les rangs, comme Alpha ou Oméga avaient été également bannis, et d'ailleurs, plus personne n'oserait en parler de nos jours. Ceux qui étaient seuls ne le restaient pas bien longtemps ; ils finissaient tous, un jour ou l'autre, par rejoindre leur groupe, qui respirait la santé et la forme. Même les loups seuls qui ne souhaitaient pas les rejoindre, cédèrent en voyant a quel point chasser en groupe était cent fois plus efficace en groupe. Le groupe menait une vie bien heureuse, perdu dans une utopie agréable et douce ; chacun était le chef de sa petite famille, chacun pouvait parler a son prochain comme son égal, personne n'était supérieur a personne, et on ne se permettait jamais de frapper quelqu'un d'autre. Les adultes se chargeaient, chaque jour, d'enseigner aux enfants, qui étaient libres de soit assister aux cours, soit d'aller aider a la pèche du phoque. Skullee faisait partie de ceux qui séchaient les cours, pour aller chasser le phoque, ou bien combattre le morse. Pour ses 1 an, son objectif était, en compagnie de plusieurs autres enfants, de vaincre un morse. Bien sûr, cela n'eut que peu d'effet ; heureusement, les adultes arrivèrent avant qu'un drame n'arrive. Bien sûr, on les sermonna, mais très gentiment, sans les brusquer ou les faire pleurer, et malgré leurs quelques blessures superficielles d'ailleurs, les enfants étaient fiers d'eux. Surtout Skullee, qui avait réussi a briser l'une des défenses du gros morse. Cet exploit fit rapidement le tour du groupe, et bientôt, on s'amusait a le porter en Héros. Enfin, en petit héros, comme disait les grands, en shorty. Et puis, un jour, vint un personnage mystérieux et sombre, qui apporta le malheur a la Meute. C'était un inconnu que personne n'avait jamais vu auparavant, et qui rôdait sur la banquise qu'occupait le groupe. Les adultes essayèrent de l'approcher, mais a chaque fois, il semblait disparaître dans la mer qui entourait la banquise. Tous les enfants racontaient des histoires terrifiantes sur cet étranger, comme quoi il serait l'esprit d'un morse mort, qui se serait réincarné dans un corps de loup. Les adultes riaient beaucoup en entendant ces histoires enfantines, et les enfants en étaient heureux. Faire plaisir aux Parents étaient une chose importante, pour eux. Un jour, finalement, Skullee, alors qu'il était a la pêche au phoque, aperçut lui aussi l'inconnu. Il dévorait les restes d'un ours polaire, et le petit ne put retenir un hoquet de surprise, surtout en constatant le pelage ensanglanté du loup. Il fallait dire qu'il était rare de voir un loup assez puissant et audacieux pour pouvoir se permettre de s'en prendre seul a un ours. Pourtant, lui l'avait fait. Impressionné, le avait pris son faible courage a deux mains, et était parti a sa rencontre. Bien que l'étranger ne parle que très peu, l'enfant faisait la conversation pour deux, et ça lui allait très bien. Finalement, vint le crépuscule, et avec lui, le départ de Skullee, qui devait rentrer chez lui. A sa grande surprise, en se retournant sur le chemin du retour, il constata que l'inconnu le suivait en silence, sans un bruit. Un peu mal-à-l'aise, mais content de voir qu'il se décidait enfin a suivre quelqu'un, il l'emmena jusqu'au camp, ou tout les autres attendaient son retour, a moitié assoupis. Ils furent bien sûr hésitants quand a la marche a suivre, en voyant l'inconnu, mais finirent par lui offrir des sourires chaleureux, avant de l'inviter a se joindre a eux. Ce qu'il fit, toujours en silence. Le lendemain matin, déjà, la discorde régnait parmi les membres du groupe. Deux jeunes loups, qui étaient dans l'adolescence, se disputaient le phoque qu'ils venaient tous deux de pêcher ensemble. On se réveilla a leurs cris, et les adultes accoururent aussitôt pour les séparer, et tenter de les raisonner. Skullee, qui avait ouvert les yeux pour voir ce qu'il se tramait, les referma bien vite lorsque les premières blessures furent infligées. Dans la journée, alors que les deux perturbateurs du matin avaient été «punis»
, c'est-à-dire qu'ils avaient été obligés de rester au camp, des évènements semblables se produisirent. Il y eut ce malentendu entre des femelles, qui devaient se partager la garde des plus petits, et qui ne parvenaient pas a se mettre d'accord. Skullee était encore dans le coin a ce moment-là, et il avait froncé les sourcils en voyant que le loup de la veille, celui qu'il avait ramené au camp, se tenait non loin des femelles, le visage impassible, et les yeux pourtant rivés sur elles. Il s'était éloigné lorsque l'une des femelles avait bousculée l'un des petits, et que sa tête avait frappé durement le sol. Il y eut également cet acharnement injuste sur le vieillard de la Meute, qui comme d'habitude, quémandait un peu de nourriture mâchée au préalable pour lui, et ses dents inexistantes, auprès des chasseurs. Skullee, qui mangeait tranquillement dans un coin, avait une fois de plus, remarqué la présence de l'étranger dans les parages, mais avait déplacé son repas, pour le manger ailleurs, lorsque les coups s'étaient mis a pleuvoir sur le vieux grand-père croulant et tremblant. Le petit restait calme, et pourtant, il commençait a sentir l'inquiétude planer dans son ventre, lui causant de vomir plusieurs fois de suite sans raison valable. Il avait du mal a manger, parce que les mâles guerriers se réservaient toute la nourriture, et frappait les femelles, les enfants ou les vieux qui tentaient d'attraper un morceau de viande. Il ne dormait plus a cause des pleurs des nourrissons, abandonnés sur le sol froid et gelé de la banquise. Leurs pleurs se turent rapidement, emportés par la bise glaciale qui soufflait sur le pôle. La plupart des enfants comme lui étaient rachitiques, le nombre de femelles commençaient a se raréfier, et même les mâles adultes désertaient le groupe pour trouver fortune ailleurs. Ces derniers n'étaient jamais revenus de leur voyage. A ses 2 ans, bien qu'il soit encore jeune, il en eut assez. Il avait osé comprendre que la présence de l'étranger non loin de ces conflits n'était pas qu'une simple coïncidence. C'était de sa faute si tout cela arrivait aujourd'hui, s'il perdait ceux qui lui étaient chers. La rage au ventre, il avait pris en chasse l'inconnu au pelage noir, qui s'enfuyait lâchement de leur campement, ou il ne subsistait plus que quelques corps squelettiques et mutilés. Il ne s'était pas retourné, même s'il avait frémi de dégoût et de répulsion lorsque le vent avait charrié dans sa direction une odeur de chair sèche et pourri par la maladie. Il avait eu peur en croisant un ours polaire, mais ce dernier l'avait tout bonnement ignoré. En le suivant des yeux, il n'avait pas été difficile de comprendre qu'il se dirigeait en direction de cette décharge publique laissé a la vue et a la bouche de tous. Tandis qu'un arrière-goût de défaite amer emplissait le fond de son gosier, il poursuivait les traces de l'étranger, qui semblait s'éloigner a chaque fois qu'il était assez prêt pour le toucher. Finalement, après plusieurs semaines de marche et de course alternées qui avait guidé ses pas en territoire inconnu, vert et ou le soleil était de plomb, le mâle recueilli s'arrêta, sans pour autant se retourner vers lui. Skullee s'était arrêté, et commençait a sortir ses pauvres crocs, lorsque la silhouette du Mâle commença a onduler, comme parcourue de vagues. Choqué, le blanc n'avait plus osé bouger ; pétrifié, il se contentait de fixer le mâle qui disparaissait de son champ de vision, s'émiettant comme le vent soufflait plus fort. Ses derniers souvenirs furent ceux d'une poussière obscure qui se faisait emporter par le vent, et du dur contact avec le sol rocailleux lorsqu'il perdit conscience. Heureusement, il n'était pas loin d'une rivière ; après s'être traîné lamentablement jusqu'au cours d'eau, il avait plongé sa tête dedans, en laissant ses pleurs se mêler a la rivière. Ils avaient tous été trompés. Par qui, il ne savait pas. Une quelconque force agissant de son propre chef, tout en suivant les fils du Destin. Il fut affreusement malade durant les semaines qui suivirent ; cela alla des vomissements fréquents, jusqu’à ses poils qui tombaient au moindre contact avec une matière dure. Fiévreux, il fut incapable de se lever, et de marcher. Il souhaitait juste mourir ici, seul. Parce qu'il ne voyait pas comment il pourrait continuer a vivre en sachant qu'on avait assassinés sa seule et unique famille. Et de là, une nuit, il fit un rêve. Un rêve qu'il identifiait être celui d'un autre loupiot. Ce rêve était le sien, car la scène était celle de la banquise, et les loups qui s'y dressaient étaient ses camarades. Pourtant, il n'était pas là. A sa place, il y avait une petite louve chétive et effrayée. Et la même scène se rejoua dans sa tête, incessamment, tout en changeant a chaque fois les physiques et les caractères des enfants. Et finalement, après de nouveaux jours de convalescence, il parvint a se relever, et a marcher. Au fil des jours passés a voyager, son esprit s’affûta, tout comme ses crocs ; son corps devint plus dur, tout comme son coeur. Il devint le mâle qu'il est aujourd'hui, avec un seul objectif en tête : empêcher la même tragédie de se reproduire pour d'autres enfants.  

Derrière l'écran