Ni bien, ni mal... Que joie et tristesse..

La nuit passée avait été lourde, froide, triste et sanglante, pour ne pas dire dramatique… Du temps où l’on parlait des jours heureux, le vent avait tourné… C’était dans l’absence de son père que le comportement de Béatrice s’était détérioré, passant des couleurs vives aux monotonies du désespoir… La vie poignante et tragique qu’avait vécue la jeune louve l’avait transformée en un être lâche et refermer sur lui-même, préférant abandonner sur-le-champ devant un obstacle d’un semblant trop difficile à surmonter, que de mettre effort et énergie pour le vaincre, dont ses réserves étaient d’ailleurs épuisées depuis beaucoup trop longtemps. Alors que les autres louveteaux avaient amplement eu le temps de grandir, Béatrice avait malheureusement dû devenir adulte avant l’heure… Imaginez, tenter d’apprendre le funeste sens de la mort d’un proche à un enfant qui, dans tout son innocence, n’a même pas encore compris ce qu’est la haine et la trahison… Un ami, un confident… Un père, c’est le premier héros d’un fils, et le premier amour d’une fille… Pour Béatrice, cet homme était la représentation de son bienfaiteur, de son guide, et de son protecteur… Fut jadis un temps radieux, où l’amour et la joie l’habitaient et où la peine et le chagrin, la mort et la rage ne faisaient partis de son vocabulaire… Dans la vie, vous savez, nous avons deux choix… Deux chemins, deux façons de grandir… Ces histoires de bien et de mal ne sont que pures divagations… Moi, je vous le dis, il n’y a ni bien, ni mal, mais seulement joie et tristesse… Certains ont la chance de voir la vie d’un bon oeil, et de couler des jours heureux… D’autres, malheureusement, sont voués au noir et blanc… Aux tristesses… Aux malheurs…
 
Vers trois heure du matin, couchée sur la plage, non loin d’un mammifère marin cadavérique échoué depuis quelques jours, et éventré depuis le coucher du soleil, la jeune louve s’était évadée vers un monde meilleur… Non, elle n’avait pas cessé de respirer, mais était seulement épuisée… En léthargie profonde, ses veines et son cœur s’efforçaient de refaire le plein. Ses pattes avant, tachées jusqu’au demi de sang, maintenant séché, étaient recroquevillées contre son corps, en position fœtale. Son petit museau noir pointait l’instrument qu’elle avait utilisé pour ce faire cette magnifique teinture de feu… Un os… Comment l’avait-elle utilisé ? Seule Béatrice détenait cette information… Elle semblait morte, tout simplement… C’est seulement en s’approchant que l’on pouvait apercevoir son corps, victime de puissants spasmes, semblant à des grelottements. C’était ses muscles qui tentaient de rétablir sa température corporelle qui, durant le reste de la nuit, avait dangereusement chuté. Le soleil, qui s’était levé il y a déjà une trentaine de minute, aidait fortement à réchauffer le corps de la petite louve blanche aux pattes rosées.