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L'été persiste sur les territoires Temporaliens, pour le plus grand plaisir des loups habitant ces terres. Uniquement chez les Améthystes, la chaleur n'est pas au rendez-vous, et les températures ne dépasseront pas les 20°C. Pour tous les autres territoires, soit les Saphirs, Rubis, Émeraudes et Diamants, les températures dépasseront largement le seuil des 30°C, alors ne restez pas exposés au soleil trop longtemps!

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I wanna scream till the words dry out - with Tohivo.

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MessageSujet: I wanna scream till the words dry out - with Tohivo. I wanna scream till the words dry out - with Tohivo.  I_icon_minitimeMar 18 Juin - 14:06

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, et le croissant de lune éclairait du mieux qu'il pouvait les galets argentés qui bordaient la rivière. Seul le bruit incessant de l'eau venant se casser sur des rochers épars résonnait. Quelle morne routine pour l'eau que de suivre ce courant, inexorablement et jusqu'à ce que cette rivière se dessèche enfin. Ainsi, seul dans ce lieu à l'allure onirique, Hermès  avançait. C'était la première fois qu'il venait ici et il n'était vraiment pas déçu de sa petite escapade nocturne. Une légère brise venait caresser le visage du mâle et secouait légèrement ses poils brun parsemé de noir par endroit. Fatigué, las, exténué, il ne demandait qu'à s'allonger dans un coin pour ne se relever qu'au petit matin, au meilleur de sa forme. Mais pourtant, il ne le fit pas et se contenta de lancer  un coup d'œil vers le ciel nocturne, parsemé d'étoiles plus brillantes les unes que les autres et reprit sa marche le long de la rivière, frissonnant à chaque fois que l'eau venait lécher ses pattes d'un brun crémeux. Sans savoir pourquoi, il lui sembla qu'on l'observait mais il s'en fichait éperdument. Il redressa seulement la tête, son port de tête altier, ce qui le rendait beau mais qui aurait pu faire sourire plus d'une personne, aussi. Qui aurait cru que ce loup était malheureux, lorsqu'on le regardait au premier coup d’œil sans rien connaître de son lourd passé ? Personne, je pense. D'habitude si jovial, Hermès se laissait en cette belle soirée guetter par la nostalgie de son passé qu'il ne faisait que regretter à mesure que le temps s'écoulait. Oubliant la présence de tout être autour de lui, il s'assit sur un rocher, à une distance convenable du cours d'eau et porta son regard sur la voûte céleste, essayant de trouver dans quelles étoiles s'étaient réincarnés tous ceux qu'il avait aimé.  Il voulait les voir, les contempler, leur dire qu'il les aimaient et qu'il ne les oubliaient pas. Cependant, sa bouche avait un goût d'amertume, un mélange de colère, de révolte et de tristesse à l'égard des souffrances qu'il avait déjà vécues comme étant injustes, et son regard était vide. La lueur de malice qui flambait dans ses prunelles n'était plus. Il se demandait pourquoi la fatalité s'était acharnée sur lui ? Pourquoi sur lui et pas sur quelqu'un d'autre après tout. Il en venait même à rêver d'une autre vie, une vie meilleure où il connaîtrait la joie de vivre et le bonheur d'être père de famille. Tout ce qu'il n'avait pas et qu'il n'aurait jamais, somme toute. Poussant un long soupir, exhalant son haleine teintée d’amertume, il finit par s'allonger sur le rocher, sa tête reposant entre ses pattes. Le froid venait le mordre férocement, le faisant tressaillir à chaque fois. Mais il n'avait plus la force de bouger ni de trouver un abri. De toute façon, il n'avait pas de chez-soi. Il était un intrus sur ces terres inconnues, sans ami, sans famille. Sans rien. Rien que la solitude qui l'accompagnait partout, où qu'il aille, veillant à ce qu'il reste toujours seul pour l'éternité. Seul, comme bien souvent. Personne sur qui il pouvait compter. Personne pour venir le réconforter. Personne pour venir lui chuchoter des, mots doux, des mots d'amour à l'oreille. Personne contre qui il pourrait se blottir et laisser son esprit s'évader dans les méandres de son esprit, dans un monde irréel et fantastique qui pourrait lui faire oublier toutes ses peines. Personne à l'horizon. Personne sur cette plage de galets argentés. La présence qu'il avait perçu tout à l'heure semblait s'être évanouie, comme une ombre peuplant la nuit, noire et effrayante. Personne. Rien que lui et la solitude à qui il était enchaîné, la traînant derrière lui comme une condamnation.
Le vent venait ébouriffer sa fourrure brune, comme un souffle mélancolique. Un silence accablant régnait en ce lieu qui semblait se faire silencieux, peu à peu, respectant son deuil qu'il n'avait jamais su faire. Que représentait la vie après tout, dans cet univers ? Elle n'était qu'une infime seconde parmi l'infini, rien qu'un court moment où l'on éprouvait désir, pulsions, amertume, tristesse, colère, souffrances. Chaque vie dessinait une courbe sur la ligne du Temps et puis c'en était fini. Le Temps, cette divinité malveillante que nul n'avait réussi à apprivoiser. Le Temps, incorruptible et cruel, qui vous rend impuissant. Le Temps qui s'échappe, qui coule, qui glisse entre vos griffes, vainement. Le Temps que vous ne pouvez rattraper. Le Temps qui vous fuit, qui vous rattrape. Hermès avait compris. Il savait qu'il était inutile de courir à perdre haleine derrière, d'essayer de rattraper le temps perdu. Il finirait bien par se laisser distancer et sombrer dans les abîmes de l'oubli, comme bien d'autres qui avaient trépassé et dont on n'avait jamais plus parlé. Pourquoi craindre une mort dont il se prenait à espérer la venue imminente ? Sa famille, Faith, June, ses anciens compagnons,   ses amis, peut-être l'attendaient-ils déjà là-bas, dans l'au-delà, avec sa mère qu'il détestait tant  ?

I'm tired of being what you want me to be, feeling so faithless lost under the surface. I don't know what you're expecting of me, put under the pressure of walking in your shoes.
 
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MessageSujet: Re: I wanna scream till the words dry out - with Tohivo. I wanna scream till the words dry out - with Tohivo.  I_icon_minitimeDim 7 Juil - 14:40

Les pattes blanches du jeune loup foulaient la terre d’un pas régulier et infatigable dans un bruit sourd, sa queue touffue et flamboyante suivant nonchalamment le rythme de sa course. A chaque respiration, son souffle était transformé par le froid mordant en un nuage blanchâtre de buée. L’œil aux aguets, les oreilles attentives, il était animé d’une excitation qui lui semblait toute nouvelle. Une étincelle depuis trop longtemps ignorée resplendissait de nouveau dans son cœur en cette froide soirée, et avait allumé dans ses yeux une flamme nouvelle. Il était grisé par les paysages qu’il parcourait, enivré par les parfums qui arrivaient jusqu’à sa truffe ; rien n’avait changé, et pourtant tout lui semblait transformé, tout lui semblait revivre, plus beau, plus fort. Cela faisait à peine quelques jours et tout cela lui semblait être révolu depuis une éternité. Quelques nuits auparavant seulement, il était encore écrasé par les responsabilités que sa position de chef de clan lui incombait, encerclé par ses devoirs, étouffé par l’attention qu’on lui portait ainsi que par tout ce qu’on attendait de lui. Et cette nuit…pour la première fois depuis des lunes…Il était libre. De nouveau libre, comme le vent, comme lors de sa vie de solitaire alors qu’il n’était qu’un louveteau. Vie qui lui semblait si ancienne et étrangère désormais. Il s’était habitué à la vie de meute, à la compagnie de ses camarades, à l’attention qu’il fallait porter sur autrui. Mais au fond de lui résonnait toujours cet appel de la nature sauvage, sans frontière, sans limite, sans loi. Comme une berceuse qui restait gravée dans sa mémoire, l’appel de la liberté avait de nouveau résonnait en lui cette nuit, après avoir été si longtemps étouffé par l’affection qu’il portait à ses parents adoptifs, puis à celle qu’il portait à la meute, et dont il s’était efforcé tant bien que mal d’être digne en étant alpha. Mais il n’avait pu se leurrer bien longtemps, il n’était pas né pour régner, donner des ordres le dégouttait, rester éternellement sur le même territoire le tuait à petit feu. Accélérant encore et encore, Tohivo exhalait l’envie de vivre, de voyager, de découvrir. Plus vite, plus loin. En cette nuit glaciale, il se sentait capable de partir pour des contrées lointaines, seul, et sans doute pour ne jamais revenir sur ses pas. Un voile passa alors sur le regard argenté du loup roux ainsi que sur son âme. Ralentissant légèrement son allure, il se prit à baisser le regard, fixant le sol d’un air penaud. Et les émeraudes ? se disait-il. Il ne pouvait pas les abandonner comme ça. Pas si vite,pas si brusquement. Ils l’avaient accueilli et élevé, il avait grandi comme l’un des leurs. Non. Il s’arrêta. Il ne partirait pas. Du moins, pas tant que le meurtre commis par les améthystes resterait impuni. Enkara, Winterfell, Snow black…ils étaient sa famille, et il devait leur faire honneur, en châtiant leurs assassins, en aidant la meute à retrouver un semblant de sécurité en cette période troublée. C’était son devoir de fils, mais aussi son devoir de frère. Même s’il lui semblait qu’Orphéa ne l’appréciait pas beaucoup, il l’aimait tout de même, et, quoique sa teigneuse petite sœur puisse dire ou faire contre, il la protègerait jusqu'à ce qu’elle soit assez forte pour se battre seule. Le loup s’accroupit sur ses pattes arrières et fit demi-tour, trottant le long de la berge qui longeait une rivière à l’eau glaciale. La tête baissée vers le sol gelé, il trotta ainsi pendant quelques minutes, dans le silence de la forêt qui était comme pétrifiée par le froid. C’est alors qu’il perçut l’odeur d’un loup qu’il ne connaissait pas. Celui-ci était installé près du cours d’eau, de l’autre côté de la rivière, assis sur un roc imposant, et son regard était absent, perdu. Tohivo le regarda, penchant la tête sur le côté dans un geste curieux. Le loup brun avait fier allure, mais il transpirait la mélancolie, la tristesse, le chagrin même. Des sentiments que Tohivo comprenait mieux, voire parfaitement, depuis la disparition tragique des dominants émeraudes. Poussé par un élan de sympathie, mais aussi de curiosité, le loup au pelage couleur d’automne s’avança sur la rive afin d’apparaitre en contrebas à l’inconnu, marchant sur les galets et laissant l’eau froide lui léchait les pattes, apaisant ainsi ses membres qui étaient marqués par cette longue escapade. Voyant le brun admirer la voûte céleste, il lui dit d’un ton piquant :
-On a l’esprit poète et on cause avec les étoiles ?
Un demi sourire s’étira sur les babines du jeune Tohivo. Il avait lâché ses mots avec la franchise et la malice qui le caractérisait. Dits par un autre loup, ceux-ci auraient pu facilement apparaitre comme une provocation bête et méchante, mais l’émeraude avait l’art de tourner ses phrases presque insultantes en un salut déguisé, par un ton chaleureux et amusé. Il leva enfin ses yeux argentés vers l’autre loup, posant sur lui un regard vif et insolent. Il avait envie d’en savoir plus sur ce loup si mystérieux et triste et espérait qu’il n’aurait pas pris trop mal les propos qu’il avait laché un peu plus tôt.

(encore dsl pour le grooooooooos retard T-T )
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MessageSujet: Re: I wanna scream till the words dry out - with Tohivo. I wanna scream till the words dry out - with Tohivo.  I_icon_minitimeJeu 11 Juil - 17:58

Son magnifique regard, aux prunelles dépareillées, l’une d’ambre et l’autre d’azur, ne cessait de voguer sur la voute céleste qui s’offrait  lui. Des milliers et des milliers d’étoiles rutilaient dans l’ombre de ce voile noir, incarnant pour Hermès tous les êtres qu’il avait perdu et qui n’étaient plus, ou sûrement plus. Parmi eux comptaient son père, sa mère et peut-être sa fratrie qu’il n’avait jamais eu l’occasion de connaître mais qui devait subsister dans des terres lointaines. Il ne doutait pas que sa mère, qu’il haïssait au plus haut point et pour qui il ressentait un profond dégoût, avait eu des liaisons avec d’autres loups que son père et avait mis au monde bien d’autres louveteaux dont il avait ignoré l’existence. Tout cela n’était que supposition. Le loup brun ne connaissait rien de ses géniteurs, absolument rien. Il avait toujours été tenu dans l’ignorance, comme si apprendre la vérité lui serait fatal et qu’il ne s’en remettrait jamais. Pourtant, Hermès avait été obstiné et n’avait cessé de poser des questions à la louve qui l’avait recueilli et élevé comme son propre fils. Mais rien, elle n’avait jamais osé prononcer le moindre mot sur ses parents, dont elle devait sûrement connaître quelques informations. Ainsi, le temps s’écoulait et l’idée que son histoire n’était pas banale ne faisait que se renforcer dans son esprit, jusqu’à devenir la seule et unique possibilité qui s’ouvrait à lui. Son histoire recelait de secrets mieux gardés les uns que les autres, couvrant un mystère que tout un chacun ne pouvait se résoudre à dévoiler à Hermès, même bien des années après sa naissance. Un éclair farouche de détermination passa dans son regard, en une fraction de seconde seulement et vint illuminer son visage juvénile. Il lui fallait retrouver coûte que coûte ses parents, où qu’ils soient. Il voulait savoir. A moins qu’ils ne soient morts, emportés par la vieillesse, par la maladie ou les blessures d’un combat, et que la quête de la recherche de ses géniteurs se retrouve ainsi vouée à l’échec. Morts. Ce mot résonna plusieurs fois dans la tête du loup brun qui n’avait pas cessé de fixer le ciel nocturne, silencieusement. A cette sombre pensée, à cette pense morbide,  un frisson dévala le long de son dos pour s’atténuer lorsqu’il arriva au creux de ses reins et un étrange rire émana de sa gorge, qu’il n’avait pu étouffer. Après tout, qu’est-ce qu’il en avait à faire de ses géniteurs, qui l’avaient abandonné sans aucun scrupule alors qu’il n’était encore qu’un louveteau sans défense? Il aurait bien pu y passer mais par une chance inouïe, une louve l’avait recueilli et l’avait élevé comme son propre fils. Elle, jamais il ne l’oublierait. Sa sauveuse. Sans elle, il n’aurait sûrement pas subsisté bien longtemps et ne serait pas là, dans au bord de cette rivière dont l'eau venait lécher les galets d'argents, à se ressasser de douloureux souvenirs alors qu’il avait encore la capacité de rire à gorge déployée et de gambader insouciamment dans les prairies.  Après tout, seulement quatre petites années de pacotille s’étaient écoulées depuis qu’il avait vu le jour et il lui en restait encore bien plus qu’il ne le pensait. La vie n’était ni plus ni moins qu’une longue route, morne et fatigante, qui pouvait bien vite s’avérer lassante si l’on n’y intégrait pas un minimum de surprises, de moments de plaisir et de bonheur. Mais encore fallait-il savoir comment faire, ce qui n’était pas donné à tous les êtres vivants peuplant ce bas monde. Ce qu'Hermès savait seulement de son passé qui n’avait pas été des plus glorieux, je vais vous le livrer dès à présent et sans plus attendre. Abandonné par son ignoble génitrice, il avait été recueilli par une louve qui s'était apitoyée sur son sort. Il avait fini  par se lier avec les filles de cette dernière mais éprouva, cependant, bien vite un tout autre sentiment pour Faith, celle qu'il considérait comme sa grande sœur mais qui passa à un autre statut en très peu de temps. Un sentiment encore plus fort que l'amitié était né. Un sentiment que l’on ne pouvait contrôler. C'était l'amour. Ainsi, Hermès, le beau, jeune et vif loup qu'il avait été à cette époque y avait succombé. Il n'avait d'yeux que pour la belle demoiselle, sa protectrice qui lui avait apporté tant de douceur. Mais il s'était révélé bien vite que ce sentiment n'était pas partagé par l’intéressée. Hermès s'était risqué à lui avouer et jamais, peut-être, il ne fut autant blessé et peiné. Il avait suivi celle qui faisait battre son cœur dans la forêt, là où elle se dirigeait, prêt à tout lui avouer mais au combien sa déception fut grande lorsqu'il aperçut Faith en compagnie d'un autre individu. L'on aurait pu penser qu'ils étaient simplement amis si le loup n'avait pas clairement démontré qu'il aimait la louve de tout son être. Ainsi, le cœur déchiré par cette première déception amoureuse, des larmes s'apprêtant à rouler le long de ses joues sous le coup de la tristesse, Hermès s'en était allé en galopant. Il avait été incapable de s'arrêter, ou du moins, il ne l'avait plus voulu. Il s'était éloigné sans même un regard vers ces terres où il avait grandi, sans même un mot pour sa mère d'adoption, sans même la remercier de sa bonté pour l'avoir élevé comme son propre fils. Penser à cela lui causa un mal indéfectible au plus profond de son être et son corps tout entier se raidit à ses terribles pensées qui ne cessaient de le tarauder. Même les larmes n'affluaient pas, prêtes à se déverser tels des flots impétueux, roulant le long de ses joues. Il n'en avait plus la force, simplement.
Soudain, il tressaillit de tout son long et revint brutalement à la dure réalité, s’échappant des méandres de son esprit dans lesquelles il était resté plongé un long moment. Une odeur inconnue s’était engouffrée dans ses narines dilatées et il se redressa de toute sa hauteur en humant l’air ambiant. Il balaya les environs du regard d’un simple coup d’œil, essayant de déceler la moindre présence dans les fourrés mais rien. Ce ne fut que lorsqu’une voix masculine résonna dans le silence total qu’il repéra l’individu et qu’il fit volte-face vers lui, son regard où se lisait une certaine surprise plongé dans le sien.

    « On a l’esprit poète et on cause avec les étoiles ? »


Un léger sourire s'ébaucha sur le visage mélancolique du jeune loup à la remarque de l’inconnu. Cela l'avait amusé,  bien qu’il soit dans une de ces phases passagères où le monde se révélait pour lui d’une saveur âcre, détestable. Le monde qui l’entourait ne semblait être que désolation à ses yeux, où plus personne n’était capable d’éprouver ne serait-ce qu’une once de bonheur. Il était dans cette phase de mélancolie profonde qui le plongeait dans le souvenir de ses géniteurs et de sa vie antérieure et dont il ne parvenait pas à ressortir, ou du moins difficilement. Il était dans une de ces phases où le moindre sourire lui coûtait d’intenses efforts, où le moindre rire devenait impossible à réaliser, où la moindre étincelle de joie dans le regard était prohibée.  A l’accoutumée, on le connaissait comme étant un loup qui recelait d’une fougue débordante, d’une jeunesse éternelle qui charmait tant, d’une jovialité à toute épreuve et d’un moral d’acier. Mais comme bien d’autres, Hermès pouvait aussi être sujet à de légers moments d'égarements, où il ne savait plus que penser, où il ne savait plus que dire, plus que ressentir. Il lui fallait juste rester seul pour remettre à  l’heure l’horloge de sa vie, perdu dans les méandres de son esprit. Loin, très loin d’ici, dans un monde fantasmagorique bâti sur ses propres pensées et dont seul lui connaissait l’accès. Et dont seul lui avaient les clefs. Sans attendre, Hermès sauta à bas du rocher et essaya de se donner un air assuré alors qu’en son for intérieur, il était troublé. Troublé par cette présence qu’il n’avait pu repérer avant mais aussi troublé par le ton de l’inconnu qui lui semblait franc mais aussi amusé, avec ce sourire insolent dont il ne se séparait pas. Était-ce là une provocation d’un loup vif et insultant, ou quelque chose de bien lus profond qu’Hermès n’arrivait pas à comprendre? Cette question restait pour l’instant une énigme, dans l’attente interminable d’une quelconque réponse, même la plus infime. Poussé par cette curiosité indéniable qu’il vouait à tous les êtres peuplant ce monde, le loup brun se hâta de descendre en contrebas, là où se trouvait l’individu dont il ne connaissait pas même le nom. Qu’il se comporte de telle ou telle façon avec lui, Hermès n’en avait strictement rien à faire. Lui n’entrerait pas dans son petit jeu sans intérêt et se contenterait de le laisser gaspiller sa salive, si telle était son intention. Ainsi, le gardien avançait d’un pas rapide mais non dépourvu d’une élégance qui lui était propre.  Son allure altière et sa posture majestueuse lui donnaient un air charmant que rien n'aurait pu démentir, hormis ses poils qui volaient en tous sens et qui contribuaient à donner à son visage un air farouche. Alors qu'il ne l'était pas le moins du monde. Un ouragan de sérénité, de beauté et de puissance, voilà ce qu'il était. Cependant, la multitude de cicatrices qu'il arborait et qui zébraient son corps faisaient ressortir en lui ce côté guerrier que personne n'aurait pu lui ôter, et qui n'avait pas disparu même quand il eut rejoint les rangs des Diamants, ces pacifistes dans l'âme. En son for intérieur, il subsistait encore cette partie rebelle de lui-même, ce côté protecteur et solitaire qui ne s'était pas évaporé du temps où il était un bandit et qui ne s'évaporerait sans doute jamais.
Il glissa au mâle qui se trouvait face à lui, d'une voix légère qui sembla s'envoler, emportée par la brise nocturne, aux côtés des fragrances estivales qui embaumaient l'air. Son ton n'avait absolument rien de provocant, il s'était contenté de rester neutre, attendant de voir comment se comporterait l'inconnu par la suite. Hermès ne se méfiait même pas de l'individu alors qu'il aurait pu tout bonnement lui bondir dessus. Il ne semblait pas comme ça, et le loup brun avait une foi infaillible en son instinct qui ne l'avait, jusque lors, jamais trompé.

    « Parce que pour vous, regarder les étoiles signifie forcément que l'on a l'esprit poète? Eh bien, vous vous trompez. »

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