De mon étrange démarche, j’avais avancé entre les arbres, écrasant au passage les herbes rebelles qui s’élevaient presque jusqu’à mon museau. Je m’étais frayé un chemin, me sentant comme un aventurier en quête de trésors. Bon, je ne cherchais pas de trésor et je ne savais même pas où j’allais, mais ce n’était pas grave. L’essentiel, c’était que je m’amusais.

Mais bien vite, ma douleur à la patte s’était faite trop intense. Saleté de loup de clan, pourquoi m’interdire l’accès à ce qu’ils appelaient « leurs terres » ? Si j’aurais pu, je leur aurais mis une bonne raclée. Mais ces lâches attaquaient à plusieurs. Impossible de gagner seul contre trois. Enfin bref. Je n’allais pas me ruiner le moral à penser à des loups qui n’en valaient pas la peine. Alors j’ai continué un peu à marcher, cherchant un endroit calme où m’allonger. Puis j’ai vu ce... Truc. Cette grande chose bizarre, d’une couleur marron-grise, et pas super belle. Ça ne pouvait pas être naturel. Sûrement une invention de l’Homme. En y repensant, je n’avais jamais vu d’Hommes. Certains racontent que ce sont de grands animaux roses qui se tiennent sur deux pattes. Ça me paraît étrange. Mais bon.

Je me suis donc approché et ai entreprit de grimper. C’était assez haut, alors je me suis arrêté au deuxième étage. Puis je me suis allongé sur le dos dans un soupir de soulagement. Et j’ai regardé le ciel. Il faisait beau. Y’avait quelques nuages blancs, le ciel était d’un bleu pur et le Soleil brillait. Trop. J’ai du fermer les yeux. J’étais bien, là. J’avais pas envie de voir des gens. Le premier qui viendrai me déranger subira mon immeeeeeeense colère. Ahah, non, mais en tout cas, j’le collerai jusqu’à ce qu’il me supplie à genoux de le lâcher.

HRP:

Spoiler:

Un bruit. Un bruit qui m’a fait sursauté. Je me suis levé, grognant, puis j’ai scruté les environs. Y’avait un loup, debout, immobile. Je l’ai regardé, j’ai souris presque méchamment. Il m’avait dérangé, il allait m’occuper. Je me suis approché de lui, boitillant. Puis je me suis arrêté à quelques centimètres de son visage, le fixant dans les yeux. Il avait un regard de gamin. J’ai éclaté de rire, comme un fou, comme un malade, puis j’ai reprit mon calme d’un coup. Oui, ce loup devait me prendre pour un dégénéré, mais de toute façon, je l’étais un peu, non ?

- Tu OSES me déranger pendant mon repos ? Sais-tu au moins qui je suis, moucheron ?

Regard sérieux. J’étais un menteur, un être ignoble, un acteur qui se servait de ses dons pour s’amuser. Je n’étais pas quelqu’un d’important, j’étais un chieur. Et j’allai faire ce que je savais le mieux faire : emmerder le monde.

- Je suis Sid, petit. Petit n’était pas vraiment approprié, il devait avoir à peine un an de moins que moi. Mais je continuais sur ma lancée : Retiens bien ce nom. Répète-le à qui voudra l’entendre.

Je fis une pose en montrant les crocs. Je n’avais qu’une envie, c’était de terroriser ce pauvre jeune. Je l’avais dis un peu plus tôt ; celui qui me dérange en paye les conséquences. Je fixais ses yeux, le regard froid.

- Je vous hais tous et détruirais vos vies. Je boufferai vos gosses et vous ferrai souffrir jusqu’à ce que vous me suppliez d’arrêter. Fais passer le message, gamin. Sid vous tuera.

J’étais dans mon rôle, en plein dans mon délire macabre. Le loup blanc était tombé sur moi au mauvais moment.

Le pauvre loup se soumettait, me faisant ainsi me sentir encore plus puissant. Je ne l’étais pourtant absolument pas. J’étais faible, ou du moins en position de faiblesse. J’avais mal et faim. J’pouvais rien faire. Il s’aplatissait au sol, mettant sa queue entre ses pattes et couchant les oreilles. Il puait la peur. Plus ça allait, plus mon sourire élargissait mes babines. Ce moucheron avait peur d’un pauvre solitaire juste capable d’emmerder le monde. Mais bon, il ne pouvait pas le savoir. Car en plus d’être un emmerdeur, j’étais un bon acteur, un très bon acteur.

- "Écoutez ... Je m'appel Kovu et ... Et ... Et je ne voulais pas vous ... Déranger dans votre ... Sieste ... Désolé ..."

Des excuses. De pitoyables excuses. A ce moment là, j’ai éclaté de rire. Un rire de fou qui pouvait sembler un brin démoniaque. J’étais fou, mon dieu. Fou. Complètement malade. Mais qu’est ce que je m’amusais ! J’ai du rire pendant de longues minutes, puis je me suis arrêté d’un coup sec pour fixer dans les yeux, l’air sérieux. Comme un psychopathe. J’aimais bien ce petit jeu. Le l’adorais, même. Finalement, je lui ai répondu avec un calme monumental :

- Je me fous bien de tes excuses.

J’ai fais une pause. Une pause assez longue pour laisser un petit suspense mais trop courte pour qu’il ai le temps de répondre. Puis j’ai poursuivis, cette fois en hurlant :

- Tu m’as dérangé pendant mon sommeil, MOUCHERON ! Tu mérites que... Que...

J’ai encore fais une pause. Un sourire sadique étira mes babines. J’ai laissé planer un silence. Je voulais juste l’emmerder, pas réellement lui faire du mal. Ça aurait bien pu tomber sur n’importe qui. Mais c’était tombé sur lui, alors temps pis pour le moucheron qui disait s’appeler Kovu. J’m’en foutais, pour moi, il était Moucheron. C’est tout.

- T’as d’la chance, j’suis de bonne humeur.

Bien évidemment, ma personnalité lunatique allait changer ça dans peu de temps. Mais bon. J’étais à fond dans mon rôle, dans mon jeu cruel, mon jeu de dingue.

- « Pui … Puis – je par … partir mainte … maintenant ? »

J’ai haussé un sourcil. Une question tout à fait inutile. Le méchant maître n’allait pas laisser s’échapper son esclave, voyons... Bon, j’exagérais peut-être un peu. Mais j’étais le dominant et il était le dominé, point.

- Non.

J’ai encore souris. Je n’étais pas méchant en réalité. Pas gentil non plus, mais pas méchant. J’étais surtout égoïste. La preuve ; en jouant cet horrible jeu, je ne pensais qu’à mon amusement et pas à ce que pouvait ressentir le loup blanc. Mais je m’en fichais bien. Je vivais pour me faire plaisir, par pour plaire aux autres.

Le pauvre loup avait peur, et moi, je m’amusais. D’ailleurs, j’avais envie que lui aussi s’amuse. Oui, il allait beaucoup s’amuser. J’avais une idée de génie. Ahahahah, j’en riais d’avance. J’espère qu’il ne sera pas contre une petite chasse au loup...

- Tiens, j’ai une idée. On va jouer à un jeu... J’ai ris, encore. Puis je lui ai exposé mon idée. Tu vas avoir quelques secondes pour courir te cacher quelque part dans la pyramide, puis je devrais te retrouver.

Hum, cette idée me mettait de bonne humeur. Un petite partie de cache-cache, de quoi me faire rajeunir un peu ! Je n’étais pas vieux, en fait. Mais je n’étais plus un louveteau. Puis j’ai pensé que le loup n’aurait peut-être pas autant envie de s’amuser que moi. Mon expression est devenue froide et je lui ai dis :

- Par contre, si tu essaye de te sauver... Je te retrouverais, Kovu.

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