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L'été persiste sur les territoires Temporaliens, pour le plus grand plaisir des loups habitant ces terres. Uniquement chez les Améthystes, la chaleur n'est pas au rendez-vous, et les températures ne dépasseront pas les 20°C. Pour tous les autres territoires, soit les Saphirs, Rubis, Émeraudes et Diamants, les températures dépasseront largement le seuil des 30°C, alors ne restez pas exposés au soleil trop longtemps!
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MessageSujet: Voyage Voyage Voyage Voyage I_icon_minitimeMar 2 Avr - 17:48

Elle me suit. Et, ne semble pas vouloir me lâcher. Honnêtement, je n’en ai que faire. Etrange. Je me souviens du temps, où, je lui aurais certainement grondé dessus pour oser se mettre à mes côtés.
Néanmoins, je ne l’ai pas invitée à me suivre, et, rien par mon attitude ne pourrait être stimulant de me côtoyer un peu plus. Alors, pourquoi le fait-elle ? Pour quelles raisons ? S’il y en a une…


Ah, enfin une question avec du bon sens… Malheureusement, je ne peux pas t’aider, vieux loup.

Et puis cette voix ! Qui ne cesse de se la ramener. J’ai bien envie de la lui fermer, en m’énervant de vive voix. Mais, je sens que cela ne servirait à rien. Cette voix, tout comme bon nombre de personnalités peuplant ces terres, semble ne pas vouloir comprendre ce que je me tue à tenter de faire ressentir : le j’m’en foutisme. Effectivement, je me donne un mal fou pour faire comprendre aux autres qu’ils ne m’intéressent pas. Pourtant, ces derniers semblent persister, ne me lâchant pas d’une semelle. Comme cette louve de nacre. Comme cette dénommée Vixen.
Celle-ci, marchant à présent au pas, à ma gauche, a une allure légère, presque sautillante. Et, je dois bien avouer que je dois presque me foutre des claques mentalement afin de ne pas me fixer sur sa silhouette aux formes… Aux formes.


Mais c’est que le gros nounours devient sensible ?

Une fois de plus, je ne fais que river mon regard au sol, comme seule réponse. Mes pattes, lourdes et larges, ne s’enfoncent plus dans la neige : dès le territoire Emeraude quitté, cette dernière avait disparu, se transformant d’abord en éparses couches de gadoue avant de finir en un fin voile de gel, puis de céder la place à l’herbe gorgée de fraîcheur du printemps. Les nuages cotonneux mais peu nombreux défilent dans un ciel bleu pâle. Le soleil, au rendez-vous, réchauffent ma fourrure comme il doit réchauffer celle qui semble être ma compagne de voyage.


Mais, il semblerait que tu l’apprécies…

Avant même que je puisses arriver à cette conclusion, la petite voix avait retenti, annonçant la sentence. Mais, je ne peux le nier : si la louve ne me plaisait pas, elle ne serait plus là.


C’est pas parce que tu te voilais la face que ce n’était pas là. Comme a dit un jour quelqu’un, les faits ne cessent pas d’exister parce qu’on les ignore. Ha ! Fait pas du bien, pas vrai ? Tu te fais simplement remettre en place… Et ça ne fait que commencer.

Je ne la discerne pas, à proprement dit. C’est simplement un sentiment, un ressenti s’opérant en moi, traduisant alors des mots et puis ceux-ci viennent former des phrases. Rien de très précis, certes. C’est tout d’abord flou, puis, cela vient à former des choses cohérentes. En tout cas, il faut le vivre afin de s’en faire une idée. Mais, je n’ai aucune idée si c’est pareil pour tout le monde. Et, si d’autres loups que moi peuvent percevoir, aussi, cette voix. Suis-je fou ?


Mais non, crétin. T’es juste pas assez… Pas assez confiant pour pouvoir converser avec autre chose que ton propre esprit. C’est la raison de ma présence. Quand tu me voudras, je ne serai plus là. Et tant que tu souhaiteras tout sauf avoir affaire à moi, je serai là.

Mmh. Compliqué, donc. Mais, quelque chose me dit que c’est vrai. Alors, je me surprends à souhaiter l’existence de cette chose. Sans succès, cependant, puisque la revoilà.

Et non, sans succès. Il faut que ça soit sincère. De toute manière, tu ne peux pas te tromper toi-même. Tu viens dans apprendre la leçon, va ! Et, rien que par ça, je vois que j’aurai encore du boulot, avec toi !

Je pousse un soupir, presque contre mon gré. Mais comment faire ? Comment faire pour apprécier ce rabat-joie constant ? Là, la voix reste silencieuse. Le silence est parfois la meilleure des réponses. Et, je commence à comprendre que cela va dans les deux sens : autant moi je l’utilisais, autant je haïssais lorsque les autres en faisaient usage aussi.

Je suis détendu. Bien que mon cerveau tourne, avec plusieurs sujets à traiter en même temps, notamment la louve, la voix et mon avenir, je suis détendu. Détendu, parce que le soleil m’apparaît clairement. Détendu, parce qu’enfin, je suis libre. Détendu, parce que je viens de refuser l’engagement implicite de ma famille qui me pesait. Détendu, parce que je suis Solitaire. Même Helgrind ne pourrait plus m’arrêter. Et, si même lui ne peut plus rien, alors, c’est que je suis enfin moi. Sans penser aux autres. Pas même aux taches de sang s’écoulant doucement de…

Les taches sanglantes apparaissant, et disparaissant de mon champ de vision tout aussi vite, avaient attiré mes yeux jaunes. Ravivant le souvenir de mes crocs goûtant à l’hémoglobine de Vixen, je pivote la tête afin de me confronter à son regard. Je ressens, et cela ne fait que me décontenancer un peu plus, l’envie de la guérir. De la soigner. Mais, comment ? Je ne peux rien faire, moi. A part retourner sur terres Emeraudes et demander le Druide. Néanmoins, bien que mon sentiment de culpabilité soit profond, je me refuse à cette éventualité.


Tu penses vraiment qu’à toi, hein ?... Bon, c’est vrai que c’est pas comme si elle allait crever d’un instant à l’autre. Occupe toi d’elle, cela pourrait t’aider

Je commençais à m’y faire, à cette voix dictatrice. Mais, sa dernière phrase… M’aider à quoi ? Si elle pouvait être plus claire, ce serait pas du luxe. Mon regard est toujours planté dans celui de la louve.


Faudrait p’têtre penser à réagir, mon gros. Tu vas pas rester planté là ? T’as juste l’air d’un énorme saumon surpris, avec les yeux un peu enfoncé. Pas mal, hein ? Carrément un tue l’amour.

Nan, mais qui lui dit à celui-là que je souhaite quelque chose entre elle et moi ?


Imbécile, je suis issu de ton propre esprit, tu peux bien te voiler la face, mais pas me mentir. Il est temps de grandir et de te confronter à la vraie vie ! Au bout de presque quatre ans, faudrait s’y mettre… Il te faudra bien des louveteaux, non ?

Surpris, je lève brusquement mes oreilles en avant et fuis le regard ambré de la Solitaire. Prenant mon courage à deux pattes, j’entrouvre prudemment ma gueule, tandis que j’examine les alentours avec un œil sceptique et calculateur, et demande :


— Tu dois m’en vouloir. Alors, pourquoi restes-tu avec moi ? Si c’est des soins que tu es venue chercher, je ne peux pas t’aider. Si ce n’est te proposer de rincer ton museau à la rivière proche.

Voilà. Je lui propose, implicitement, de continuer notre chemin ensemble. Pour aller où ? Je n’en avais pas la moindre idée au départ, pourquoi m’en soucierais-je maintenant ?


Finalement, de l’ours, tu n’as que l’apparence. Tu te débrouilles pas si mal. Continue.

Je rêve, la voix est aussi là pour me congratuler. Alors que dès le début, elle ne fait que me railler. Il faut croire, qu’elle est aussi là pour m’aider. Vraiment stupide, de commencer à croire qu’on est deux en moi. Et pourtant… Un clapotis d'eau me parviens. Aussitôt, je me mets en route dans cette direction. Contournant les arbres qui parsèment encore notre chemin.
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MessageSujet: Re: Voyage Voyage Voyage Voyage I_icon_minitimeSam 20 Avr - 16:21

Vixen


Un temps infiniment trop court s'était écoulé depuis les dernières paroles que nous avions échangées. Thron, à mes côtés, était parti dans une attitude déterminée. Il semblait vouloir aller quelque part et apparemment, il savait exactement où ses pattes portaient son corps. Son poil, fauve par endroits, m'enivrait. Son odeur musquée me rendait dingue, et je repensais à Cameron, ce lâche que j'avais rencontré peu de temps auparavant.

Quoi ? Si penser à un autre mâle, c'est mal ? Je suppose que ça devrait l'être. Mais les circonstances ne sont pas telles qu'elle semblent se présenter. Je pense à Cameron, parce que je m'étais promis que dès que je me serais enfin débarrassé de lui, je filerais rejoindre celui pour qui mon cœur semblait battre. Et à cet instant, alors que mes propres pattes laissaient des empreintes fines et légères dans la poudreuse à côté de celles, lourdes et larges de Thron, je réalisais que j'avais tenu ma parole. Aussitôt seule avec le vent pour seul compagnon, j'étais partie en direction des terres Emeraudes.

Même si à ce moment-là j'ignorais encore que j'allais le rencontrer, les fait étaient là et en cet instant, j'étais à ses côtés. Le Destin ? Je n'en sais rien, et je m'en contre-fou en fait. Tout ce qui m'importe à présent, ce sont ses yeux jaunes, sauvages, et son regard dur empli de sentiments. Je n'osais pas lâcher un mot, de peur que le fragile équilibre qui semblait s'être instauré entre nous ne parte en fumée à la moindre de mes paroles. Et puis, que pouvais-je bien dire ? Tout ce que je ressentais, était bien trop compliqué pour que des mots soient posés dessus.

Alors je gardais le silence, le plus discret, le plus furtif, des silences. Bientôt, la neige sous nos pattes diminuaient en épaisseur, et finalement nous pataugions dans des sortes de flaques de boues. Bon. Autant ne pas jouer la comédie. Si je veux faire de lui un loup proche de moi, je ne peux pas me permettre de jouer un rôle lorsque je suis à ses côtés. Autant qu'il me connaisse comme je suis n'est-ce pas ? Parce que là... C'est de la boue... Et moi... Je suis quand même une femelle...

Alors que le mâle à mes côtés reste silencieux, je décide d'abord de tester un peu ses réactions. Délicatement, j'écarte les pattes pour éviter chacune des moindre petites traces de boues présentes. Il ne me regarde pas. Je continue, m'écartant de lui par moment pour trouver des passages sans terre imbibée, puis me rapprochant lorsque le sol autour de lui est suffisamment sec.

Enfin, il remarque mon petit manège. Je m'en amuse, me rapproche et fais semblant de perdre légèrement l'équilibre pour tomber doucement sur lui, juste histoire d'entrer en contact l'espace d'un instant. Immédiatement après que nos fourrures se soient mélangées, je reprends appui sur mes pattes et lui lance un sourire timide et gêné, baissant les oreilles en arrière avant de repartir à distance.

Et je recommence à éviter les flaques de boues, sans le quitter des yeux, pour pouvoir observer chacune de ses réactions et les analyser. Ben oui, y'a pas meilleur observateur que moi. Je suis la meilleure, la plus détailleuse, si on peut dire. Rien ne m'échappe, je vois tout. Et là, ben je l'exaspère. Tant mieux ! Je pouvais pas rêver mieux, il n'aime pas les coquettes !

Alors qu'il me jette un dernier coup d'oeil furtif, mais ô combien révélateur de la haine qu'il épprouve envers les manières que je fais pour quelques flaques de boues, je lui lance un sourire mesquin et brutalement, je saute dans une énorme-presque-marre de boue, criant et riant tout en me roulant dedans. Mon pelage immaculé prend rapidement une teinte pire que dégueulasse, et je me réjouis de me salir comme autrefois, lorsque j'étais encore louveteau et que mon... Et qu'il était encore près de moi.

Thron s'est finalement arrêté et me toise longuement, jusqu'à ce qu'enfin je décide de sortir de cette attitude totalement enfantine et complètement vide de la moindre trace de maturité féminine. Je ris, je sors de la flaque, je m'ébroue. Il est resté à bonne distance et donc, je ne le sali pas. Mais ô combien je me suis amusée ! Si Sky était là... Non. Me balançant une violente gifle mentale, je me refuse à garder cette obsession de mon frère. Je crois, que j'ai trouvé une once de ce que je cherchais désespérément, pour vivre sans mon frère. En Thron, je retrouve quelque chose dont j'avais besoin au plus profond de moi, et je veux continuer de vivre avec ce quelque chose sans souffrir de l'absence de mon frère.

Alors, sans cesser de sourire, je m'assoit noblement sur un sol herbeux et sec, et j'entame une toilette minutieuse de mon pelage devenu rien de moins que crade, tout en me jurant silencieusement de ne plus penser à mon frère, durant ces moments qui s'offrent à moi. Durant ce temps, où je suis avec lui, où il est avec moi. Thron.

Enfin, alors qu'un long, très long moment s'était écoulé, j'étais repartie marcher aux côtés de Thron qui avait prit l'initiative de s'éloigner pendant que je me nettoyais. Mon pelage définitivement blanc, comme si je n'avais jamais sauté dans ces marrées de boues, luisait désormais au soleil. L'astre de jour était, en territoire libre, bien plus chaud et bien plus prenant qu'ailleurs. Question d'orientation des territoires ? Peut-être. Après tout, je n'en savais strictement rien mais je m'en fichais éperdument. Tout ce qui comptait, c'était lui, à présent.

Finalement, le temps se mit à passer encore. Décidément, il m'en faudrait de la détermination, pour me faire à l'idée que j'étais près de lui. Pourquoi d'ailleurs, ne m'avait-il pas une nouvelle fois attaquée pour me faire dégager de son champ de vision ? S'était-il finalement résigné à me supporter, au moins pour un temps ? Peut-être, après tout...

Il me paru soudain détendu, après tout ce temps. Cette longue balade lui aurait-elle fait du bien ? Ma foi, j'en serais ravie. Plus qu'enchantée, même. Silencieusement, je le regardais du coin de l'oeil. J'ignorais ce à quoi il pensait, mais il me semblait que la situation ne lui plaisait pas. Pas au point de m'attaquer une seconde fois, cependant. Il gardait ses beaux yeux jaunes rivés au sol, paraissant chercher une ultime façon de fuir l'instant présent, en même temps qu'il avait l'air de ne pas vouloir partir.

Brusquement il s'arrêtait, et sa tête se tourna pour que nos regards se rencontrent dans un moment de surprise et d'intense échange. Il me fixait alors, d'une bien étrange manière. A quoi pensait-il, pour tirer une telle grimace ? La culpabilité était-elle là, enfouie dans son regard ? J'en percevais une once, en tout cas, et m'en sentais flattée. Je m’apprêtais à sourire amicalement lorsqu'il releva soudainement la tête en dressant les oreilles. Un bruit ? Je n'avais pour ma part, pas entendu le moindre frémissement de feuillage. Mais peut-être me trouvais-je trop obnubilée par sa présence pour faire attention aux alentours.

Pourtant il ne me lança pas la moindre mise en garde et fuit littéralement mon regard, rivant le sien au sol comme si rien ne s'était passé. Il ne reprit cependant pas sa marche et je continuais de le détailler, chercher une raison à ce brusque et inexpliqué changement d'attitude. Puis, il releva les yeux et une détermination farouche me surprit dans son regard.

Et là, mon cœur manque un battement. Il venait de faire de moi, un marshmallow vivant. Je me sentais soudainement molle, vidée de toute énergie. Et la seconde d'après, je brûlais d'un feu ardent, d'une vélocité sans égal, je voulais courir jusqu'à m'en essouffler. Je voulais lui sauter dessus et me rouler dans l'herbe avec lui. Mais mon corps se figea et je le fixais, la surprise imprégnant mon visage. Il m'avait proposé de l'aide. Comment ? Pourquoi ? Je n'aurais probablement jamais de réponse à ces questions. Mais cela m'était tellement égal, à présent...

Dans le silence le plus complet je marche dans ses traces alors que mon, semble-t-il, nouveau compagnon de route part dans une direction qu'il semble avoir choisis volontairement. Que nous attendit-il, derrière ces arbres et ces bosquet. Que l'avenir peut-il bien nous réserver, maintenant qu'il semble vouloir autre chose, que mon départ ? Ô Vixen... Serais-tu... Aurais-tu oser, tomber amoureuse ?
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MessageSujet: Re: Voyage Voyage Voyage Voyage I_icon_minitimeDim 9 Juin - 15:28

Un long file d'eau s'écoule, comme le temps. Temps qui, semble ralentir à mesure que je côtoie cette femelle. Comme si, quelque chose s'annonçait. Pas forcément de mauvais augure, malheureusement. Comme j'aurais tant voulu que ce soit. Elle ne me répugnait pas autant que j'aurais voulu, elle ne semblait pas aussi insupportable que je l'avais cru en premier temps. Là aussi, j'en étais déçu. Dégoûté, en fait. Le pire, c'est que ce n'est pas cette Vixen qui me répugnait. Mais bien moi-même. Un grognement dépité m'échappa. Alors que je me forçais à regarder le sol, la louve de nacre s'entête à me suivre. Quelle stupide idée, d'avoir accepté de lui donner un coup de patte ! Je n'en revenais toujours pas. Mais, à présent engagé, je ne pouvais me défaire de cet engagement. Même pour venir en aide à une femelle, mes principes personnels m'empêchaient de lui faire faux bon. Et puis, plus vite ce serait fait, plus vite ce serait terminé. Ainsi, d'un pas résolu et lourd, je me dirige vers l'eau fraîche s'écoulant. On peut discerner facilement le bruit de son glougloutement maintenant, et, on devine même que la rivière est proche. Dépassant un buisson de plus, puis le couvert des arbres, le cours de l'eau m'apparaît pleinement aux yeux. Les rayons de soleil scintillant doucement sur ce liquide frais et ô combien vital, allant jusqu'à se refléter sur les troncs des arbres alentours. Le climat, ici, est un peu trop tendre. L'air y est lourd et presque étouffant, comme si une chape de plomb s'étendait sur cette partie de Temporal. Alors même que quelques flaques d'eau subsistent encore, tachant de leur surface boueuse le sol meuble, on se croirait presque en été avec cette chaleur ambiante. Finalement plus pressé par la possibilité de me tremper dans une eau froide que le fait de fausser compagnie à Vixen, j'accélère le pas, sans même regarder si elle m'a suivit, descends la petite pente menant à la rive jonchée de galets grisâtres et pénètre dans le cours d'eau. Les courants et l'emprise glacée me soulagent instantanément du mal brûlant qui tenait tant à me prendre il y avait de cela quelques secondes. Soufflant à cause du choc thermique, je finis par m'enfoncer jusqu'au garrot dans cette eau translucide et me tient un instant sur un caillou immergé. Je ne pensais pas que cette rivière soit aussi profonde, et dois bien dire que j'ai avalé une ou deux gorgée de liquide contre mon bon vouloir. Avec un soupir d'aise, alors que ma fourrure se fait lentement envahir par l'eau, je tourne ma tête vers la louve blanche. Elle est postée au-dessus de la rivière, juste avant la plage de galets. Comprenant bien que mon moment de tranquillité est pour l'instant terminé, je ressors du lit d'eau d'un air fermé et atteint la rive. M'ébrouant autant que je le pouvais, je finis de faire fuir le peu de gouttes restant dans mon pelage. Lançant un regard peu contrit à Vixen, je la toise de toute ma grandeur :

- Alors, qu'attends-tu pour aller te laver ?


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MessageSujet: Re: Voyage Voyage Voyage Voyage I_icon_minitimeDim 23 Juin - 10:15

Vixen

Nous avons marché longtemps dans le silence âcre et pesant. Il ne souhaitait visiblement pas me parler et je ne désirais surtout pas gâcher le calme qui semblait s’être installé en lui. Durant un long moment, je cru que plus jamais il n’ouvrirait la gueule. Sa voix m’obsédait pourtant, et je désirais affreusement l’entendre encore et encore. Mais je ne réclamais pas, et attendais patiemment qu’il daigne enfin m’adresser la parole. Pour dire quoi ? Je m’en fichais bien, à vrai dire. Je voulais seulement l’entendre, être sûre qu’il se souvenait encore de ma présence. Il avait fixé le sol longtemps et il m’était apparu, durant un temps, qu’il était peut-être perdu dans ses pensées au point de croire qu’il était toujours seul. Mais il m’avait jeté des coups d’œil par-ci, par là. Alors je n’avais rien ajouté et avais patienté encore.

Finalement le son de l’eau se porta à nos oreilles dressées. Thron semblait intéressé. Il accéléra l’allure rapidement, et je le suivais en trottinant pour ne pas prendre de distances et risquer de le perdre. Mais je savais où il allait et était presque sûre qu’il ne dévierait pas de sa trajectoire. Je dois bien dire que la beauté de cet endroit m’a coupé le souffle. C’était magnifique, pour ne pas dire romantique. Mais je me doutais bien que l’aspect chaleureux n’avait pas été un critère de recherche de l’ex Emeraude qui m’accompagnait ou plutôt, que je suivais partout depuis un bon moment maintenant. Je supposais qu’il se fichait éperdument de la beauté sauvage de l’endroit, mais ne pouvais m’empêcher de me délecter de tout cela. C’était réellement époustouflant.

Je le regardais se ruer dans l’eau qui me semblait glacée, et le souffle qu’il lâcha répondit affirmatif à ma question silencieuse. Elle était réellement gelée ! Je m’approchais de quelques pas, pas encore décidée à me geler les pattes dans le liquide fluide du ruisseau pourtant si beau. Mais plus que le ruisseau en lui-même, Thron me paraissait princier. Son port de tête altier était pourtant des plus banals, mais les sentiments qui m’empêchaient de partir me forçaient aussi à le voir d’une toute autre façon que j’aurais regardé n’importe quel loup. Là, devant moi, ne ressortant de l’eau que le dessus de son garrot et sa grosse tête de mâle, il me semblait inconnu et aussi existant qu’une nouvelle aventure dont l’issue n’est pas connue à l’avance. Même si je savais l’eau très froide, je ressentais soudainement l’envie de courir pour me jeter à ses côtés, éclaboussant tout alentour sans me soucier des conséquences de mes enfantillages. Pourtant je restais immobile, le regard rivé à Thron, n’osant pas sincèrement remuer la moindre des parties de mon corps.

Lorsqu’enfin il quitta le couvert glacé du liquide transparent, ce fut pour me faire une remarque. Il s’ébroua d’abord sans ménagement tout près de moi et je recevais une bonne touche d’humidité, puis son regard dur me détailla avant qu’il ne m’ordonne presque d’aller me laver. D’abord restée immobile, je me décidais finalement à avancer de quelques pas. Il n’était pas dans ma nature de rester de marbre et je commençais à arriver au terme de ma patience. Je mourrais d’envie depuis trop longtemps, de lui sauter dessus pour le chahuter et provoquer n’importe quel jeu avec lui. Ca non plus, ce n’était pas dans ma nature. D’habitude je draguais les mâles, me rendais compte qu’ils n’étaient pas celui que je cherchais désespérément, les larguais et repartais machinalement vers une cible suivante, une prochaine victime.

Mais lui, tout ce qui faisait de lui ce loup secret, mystérieux, inaccessible, me rendait littéralement accroc. Je mourrais d’envie de rester à ses côtés pour toujours et de toute façon, je me découvrais incapable de le quitter d’une semelle. Arrivée près de lui, je redressais fièrement la tête et ma queue se leva en un somptueux panache nacré, loin au-dessus de ma croupe princière. Je le détaillais longuement d’un air neutre, totalement dénué de sentiments puis, brusquement, lui lançais un sourire taquin et lui donnait un clin d’œil avant de partir en trottinant vers le ruisseau. Là, j’ouvrais grand la gueule et emprisonnait entre mes dents un maximum d’eau. Enfin, faisant demi-tour l’air de rien, je me rapprochais de nouveau de lui et avant qu’il n’ait le temps de comprendre ou même d’envisager mes pensées, je lui crachais à la gueule avant de rire à gorge déployée. La tête qu’il tirait ! C’était splendide ! Mieux encore que le décor de rêve dans lequel nous étions arrivés ensemble !

- Si tu voyais la tête que tu tire !

Je me raclais la gorge, reprenant mon sérieux sans qu’un sourire ne quitte mes babines, et le regardais un instant.

- Je ne suis plus la seule à devoir me laver, maintenant. Joins-toi à moi, vieux grincheux !

Je lui souriais, relatant silencieusement le fait que j’avais l’impression de redevenir une louvette de six mois, ne pensant qu’à jouer et à enquiquiner les plus âgés. Mais tant que j’y pensais, quel âge avait-il au juste ? Boarf… Cela m’importait peu, en fait. Je le voulais lui, et peu m’importait s’il avait deux ou douze ans !
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Azazel

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MessageSujet: Re: Voyage Voyage Voyage Voyage I_icon_minitimeDim 14 Juil - 10:03

Thron.

La femelle devant moi n'était rien de plus qu'une bête rencontre, une présence qui, lorsqu'elle ne serait plus, ne me ferait pas le plus grand mal. Je me refusais à penser plus loin, à me laisser aller à son petit jeu. Je ne suis pas du genre à mépriser, mais là pourtant, je ne pus m'en empêcher. Qu'avait-elle à faire la gamine ? Quel âge avait-elle pour se permettre un tel comportement avec un inconnu. Oui oui, elle pensait me connaître, mais n'en savait pas plus sur moi que moi sur elle. Vixen. Cette louve de nacre qui s'amusait à vous provoquer et la seconde d'après s'approchait avec une inexorable grâce. Elle n'était pas facile à cerner, celle-la. Et puis, de toute manière, je n'en ressentais pas l'envie. De la cerner, s'entend. Elle se pensait certainement désirable et amusante à regarder sauter de ci de là, louvarde jusqu'au bout des pattes. Et, la Solitaire en remit une couche tout en passant à la vitesse supérieure. Avec des allures aguicheuses, tout en me lançant un "charmant" clin d'oeil, elle se dirigea enfin vers la rivière. Moi, inconscient du tour qu'elle allait me jouer, j'observais calmement le paysage alentour. Le soleil allait se coucher et nappait de ses rayons les sapins autour, leur faisant prendre une agréable auréole surnaturelle. Le ruisseau semblait nimbé d'or, luisant sous la végétation qui tombait parfois en son sein. La rivière avait creusé un sillon en pleine forêt. Alors qu'avant, nous marchions une terre presque dépourvue de végétaux, nous venions d'entrer dans un temple luxuriant. Une certaine humidité se faisait même ressentir. Et, le pire n'était pas l'accroissement de la chaleur, mais bien l'air lourd qui régnait ici-même. M'arrachant à la contemplation des lieux, je tournais la tête vers Vixen qui revenait comme de rien auprès de moi. Sa blessure était toujours sale et ensanglantée, et, j'allais ouvrir la gueule afin de le lui faire remarquer lorsque je me pris un jet en pleine face. Non seulement la surprise m'avait empêchée de fermer les yeux à temps, mais, je venais certainement de me prendre la bave de la louve mélangée à l'eau en pleine tronche. C'était sans compter l'intimité que cet acte représentait à ses yeux et aux miens. Trop sonné pour faire quoi que ce soit - si ce n'est cligner des yeux afin d'essayer vainement d'enlever ce sentiment de picotement qui semble vous transpercer la rétine - je restais planter là, alors que la femelle se foutait bien de ma gueule. Un crétin fini, là. Je ressemblais bel et bien à un crétin fini. Et un ancêtre. Non mais je lui en foutrais moi des vieux grincheux. Sale gamine.

- J'ai six ans. Pas onze. Et toi, petite ? T'es bien top jeune - ou inconsciente, remarque - pour te promener seule. Je me demande même comment t'as fait pour vivre jusqu'ici.

Mon ton abrupt et moqueur avait fini par une note grave ma phrase, qui avait filtrée entre mes babines pour atteindre les oreilles de Vixen. Et peut-être même son cœur. C'était purement voulu, évidemment. Je ne faisais que me défendre et, en tant que plus âgé, apparemment, elle me devait le respect. Ou, au moins, la décence de ne pas me faire remarquer mon physique qui allait bientôt se décliner. Qui le faisait peut-être déjà, d'une certaine façon. Des poils blancs parsemant les endroits auparavant totalement sombres de mon pelage, mon agilité qui s'amenuisait au fil des jours... Tant de petites choses auxquelles je ne prêtais que rarement attention mais qui pouvait bel et bien renseigner les autres sur mon âge. Oh, et puis après tout...

- Reste si tu veux jouer et faire la gamine, moi j'ai autre chose à faire. A six ans, on a plus beaucoup de temps devant soi.

Sur ces bonnes paroles, je plantais la femelle ici-même. Son comportement inquiétant ne me rassurait en point sur sa santé mentale et, peut-être, venais-je de faire ma première rencontre avec un congénère dérangé sur les bords. Fort possible. Mes pattes foulaient le sol à présent spongieux qui longeait le cours d'eau. Je m'étais mis en tête de m'enfoncer encore plus profondément dans ce climat étouffant qui avait quelque chose de réconfortant. J'avais l'impression de me sentir vivant. Mais toujours aussi seul.
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Daeron

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MessageSujet: Re: Voyage Voyage Voyage Voyage I_icon_minitimeMer 24 Juil - 7:30

Je voyais bien dans ses yeux qu'il me détestait autant qu'il m'attirait. Inexorablement. Inconditionnellement. Il me lança son habituel regard lourd de sens et je sentis une insulte dans ses yeux, comme s'il se vengeait de ma façon de l'avoir appelé "vieux grincheux". Et je me rendais compte que je n'avais pas vraiment dis ce que j'avais pensé, puisque je ne le visualisais pas beaucoup plus âgé que moi. Malgré tout, sa tête m'avait vraiment fait marrer et je ne m'en remettais pas encore. Souriant toujours à pleines dents, je trottinais entre le ruisseau et lui, même s'il était loin de me montrer qu'il allait se jetter dans mon jeu et s'en donner à coeur joie comme je l'aurais espéré.

- J'ai six ans. Pas onze. Et toi, petite ? T'es bien trop jeune - ou inconsciente, remarque - pour te promener seule. Je me demande même comment t'as fait pour vivre jusqu'ici.

Ainsi donc, il avait six ans. Dans à peine plus de trois mois, je fêterai mon cinquième anniversaire. Ce qui faisait un peu plus d'une année nous séparant. Cela lui donnait plus d'un an d'expériences en plus, plus d'un an de souvenirs supplémentaires. Mais qu'avait-il connu, durant ce plus d'un pendant lequel je n'avais pas existé? Probablement ne m'en ferait-il jamais part. Peut-être même n'aurais-je pas l'occasion de connaître tout ce qui se passait réellement dans sa tête. Si ça se trouvait même, il me tuerait avant que j'ai le temps de répondre à sa question.

T'es dingue, Vix'. Tu trouves vraiment qu'il a une tronche de tueur? Il t'as foutu une simple trempe et aussitôt, il regrettait son geste. Ne vas pas lui coller une étiquette qui ne lui correspond pas. Réponds, et continue ton jeu. Il semblerait qu'il ait quelque chose que tous les autres n'ont jamais eu.

Et voilà que cette foutue voix se permettait de longs discours, maintenant. Ca promet... Je ne pouvais nier pourtant, qu'elle avait raison. Il n'avait pas une tête de tueur, et même si je ne me souvenais pas de ce soit-disant regret dans son regard lorsqu'il m'avait attaquée -ou plutôt rembarrée- il m'avait semblé qu'il avait voulu réparer sa faute, si on pouvait appeler ça comme ça. Je cessais de gambader entre l'un et l'autre de mes attraits et me stoppais à mi chemin entre les deux, regardant Thron fixement, le dardant d'un air totalement neutre. Je décidais pourtant de le narguer, je n'avais pas envie de cesser de m'amuser.

- Six ans? T'es pas aussi vieux que tu n'y parait. Mais franchement, t'es un véritable rabat-joie! Je sais pas comment t'as vécu jusqu'ici, mais faut savoir s'amuser, mon grand!

Nul doute qu'une raillerie de sa part ne m'étonnerait pas. Pourtant il ne releva pas immédiatement et je me rendais compte durant ce court silence, que je n'avais pas relevé sa première remarque, soit que d'après lui, il était difficile de croire que j'avais réussi à vivre jusqu'a aujourd'hui. J'ignorais si c'était prémédité de sa part, mais une violent douleur étreignit mon coeur et mon esprit se balança entre nous avant de se diriger vers les cieux. Il a raison, Sky. Comment ai-je pu vivre jusqu'ici, alors qu'ils t'ont arraché à moi? De quel droit me permets-je de m'amuser, alors que ta vie a été écourtée?

Et ton objectif alors? T'as oublié pourquoi tu "joue" comme tu dis? Ta seule raison de vivre, c'est de trouver celui qui saura te redonner l'envie de rester en ce monde! Mais vas-y, perds espoir, t'as raison. C'est pas comme si tu avais devant toi un espoir aussi voyant qu'un loup noir en pleine arctique! Crétine!


Je ne pu m'empêcher un léger mouvement de recul. Voilà que je m'insultais moi-même. Ben voyons... Je regardais de nouveau le mâle que j'avais accompagné de force jusqu'ici et souriais alors qu'il me tournait le dos, de nouveau prêt à détaller sans pour autant sembler vouloir me fuir.

- Reste si tu veux jouer et faire la gamine, moi j'ai autre chose à faire. A six ans, on a plus beaucoup de temps devant soi.

Sans la moindre hésitation, je m'avançais dans sa direction et me mettait à trotter pour le rejoindre et me placer à ses côtés. Nous marchâmes un moment dans le plus cru des silences, qui me semblait fort pesant dans cette atmosphère lourde et électrique. Je n'aimais pas cette chaleur étouffante et l'absence d'un moindre courant d'air. Je me sentais étouffer pourtant, je respirais correctement, je ne me sentais pas gênée. Mais la moiteur de l'endroit me déplaisait beaucoup. Après de longues minutes, la question qui me brûlait depuis qu'il m'avait annoncé son âge parvint à franchir la barrière de mes lèvres.

- A six ans, tu as encore la vie devant toi. Pourquoi avoir laissé tomber la fougue de la jeunesse, alors que tu pourrais profiter d'elle encore longtemps? Selon moi, la vieillesse ne s'attaque pas à nous avant au moins huit voir neuf ans. Et regardes-moi, j'ai à peine plus d'un an de moins que toi, pourtant je vis toujours comme une louvette.

Je laissais paraître un sourire qui se voulait rassurant, comme si je cherchais à lui redonner le goût de la vie. Après tout, si je parvenais à faire abstraction de la perte de mon frère lorsque je recherchais mon âme soeur, il pouvait bien surmonter n'importe quel mal, de son côté. Rien n'est plus atroce que de perdre un être si proche qu'il vous a toujours semblé ne faire qu'un avec lui. Rien. Malgré mon air se voulant amical, je voyais bien que Thron n'avait aucune envie de me rendre mon engouement. Un rabat-joie pur et dur...
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Hélios

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