Darwin & Oblivion

Il n'était plus un louveteau. Il n'était plus le petit d'autrefois. Il n'était plus celui qui courait partout jusqu'à s'en mêler les pattes et manger le sol. Non. Tout cela était finit maintenant. Darwin avait passé du grade Louveteau à celui d'Apprentis. Du haut de ses onze mois, il a apprit beaucoup de choses jusqu'ici. Il a apprit à connaître un peu plus la vie, à chasser et surtout à ne plus avoir peur. Quoique ... Il avait toujours cette crainte de l'eau et des mâles. Mais il a prit du courage. Le visage de Paradox, celui qui lui à tout expliqué, était encore dans sa tête. Un visage malade, au bord de la mort. Darwin était petit quand cette rencontre fut faite. D'ailleurs, il s'en souvint même avoir pleuré dans son pelage. Pleurer dans le pelage cassé d'un mâle. Un adulte. Un vrai. La mine triste, il avança tranquillement vers la rivière d'Eau Trouble. Les oreilles légèrement baissée - mais pas en arrière - il s'approcha petit à petit de sa destination. Une fois arriver, il s'assit face au courant d'eau qui dégageait des petits bruits. Il regarda son reflet. Son pelage était en train de changer. Un peu de couleur. Quelques nouvelles couleurs faisaient leur apparition quand à d'autre, se mettait à partir. Il devenait grand. Mais bon ! C'est la vie. Petit, il rêvait de devenir un vrai mâle, fort et élégant. Là, il deviendra grand, fort et peut être élégant. Il sourit à son reflet, bêtement. Alors qu'il se sentait seul, quelque chose le fit sursauter. Par reflex, il se leva et fit un demi-tour sur lui-même. Nez-à-nez avec une jeune louve. Apparemment, ce n'était pas une Émeraude. Non, au contraire. C'était une Rubis. Après la rencontre de Typhon chez les Rubis, il en fit une autre.

Oblivion avait entendu le bruissement de l'eau et s'était approchée du bruit qu'elle percevait de mieux en mieux, tout en avançant. Alors que la jeune louvarde foulait les Terres Vertes depuis une petite demi-heure déjà, elle s'étonna que son odeur n'ait pas portée jusqu'aux museaux des Gardiens. Peut-être, était-ce la fine pluie, faisant grossir les courants d'eau et plaquant les effluves à terre, obstruant carrément le champ de vision des prédateurs qu'ils étaient et perturbant leur ouïe. Ou, ne la qualifiait-on simplement de ne pas être une grande menace... Tout était possible. Ou presque.

La forêt, épaisse même en fin d'hiver, offrait une protection suffisante pour ne pas être trempé jusqu'aux os en faisant que quelques pas. L'herbe ayant à peine repoussé n'offrait pas un matelas suffisant pour éviter les chutes ou les glissades possibles. Au lieu de cela, Oblivion finit par ralentir l'allure afin de ne pas s'écraser, à nouveau, pitoyablement au sol. Néanmoins, elle garda une allure vive et pressée : elle tenait à faire une halte à ce ruisseau, cette rivière qu'elle entendait avant de pouvoir voir sa mère. Pourtant, alors qu'elle allait, avec entrain, pénétrer dans le lit de la rivière, Oblivion tomba truffe à truffe avec un louveteau. Ou un louvard, Comment se nommaient ces grands louveteaux ? Mais enfin.

Bien qu'elle ne sache pas comment nommer un spécimen pareil, Oblivion sut, au contraire, à l'odeur qui assaillit ses naseaux dilatés par la surprise, qu'il était Emeraude. D'ailleurs, sa tête lui remémorait bien des souvenirs lorsqu'elle faisait encore partie des rangs de ce clan discipliné et combatif. Lors des quelques réunions du clan auxquelles Oblivion ainsi que ses frères et sa sœur avaient pu assister, la jeune loupiote devait certainement l'y avoir déjà croisé. Mais, son nom, si elle l'avait su auparavant, ne lui revenait pas.

Réaction instinctive, Oblivion couina de surprise après quelques millièmes de secondes et fit un bond en arrière afin de mettre de la distance entre eux deux. Bien qu'il ne soit pas beaucoup plus âgé qu'elle, Oblivion ne tenait pas à courir le risque de se prendre une patte en pleine tronche par négligence. Les oreilles plaquées sur son crâne, des gouttes d'eau perlant aux pointes de ses poils, la loupiote gronda un peu. Ce n'était pas des plus sages, si elle ne tenait pas à recevoir un coup, mais, rien ne put l'en empêcher. Le peu de raison qu'elle avait ne faisait pas le poids face à son inlassable envie de se battre et de chercher les ennuis.
Sans pour autant perdre son attitude à peine menaçante, elle releva légèrement les oreilles et pointa son regard suspicieux sur le mâle. Oui, elle en était certaine, elle l'avait déjà vu. Aussitôt, elle se montra plus détendue et perdit tout air hostile. En quelques secondes, elle avait tenté d'intimider un aîné, avait réalisé qu'ils se connaissaient - bien que cela n'enlevait nullement le fait qu'il puisse passer à l'attaque - et s'était ravisée. On peut dire, qu'Oblivion est du genre impulsive-réfléchie. Bien que cela relève toujours de la spontanéité.

Le ton un peu fluet et timide contrastait étonnamment avec l'attitude engagée il y a peu. En effet, bien que ses réactions viennent plus rapidement que ses pensées, elle restait jeune et inexpérimentée. Avec suffisamment d'instinct de survie pour ne pas se laisser aller dans n'importe quelle situation.

La rivière en contre bas glougloutait comme un appel aux oreilles mouillées d'Oblivion, et, cette dernière, décida de ne pas patienter plus que nécessaire. Elle n'avait pas soif au point de sauter dans l'eau, mais, ne tenait plus à patienter. Aussi, elle contourna habilement le louvard qui se tenait sur sa route, évitant les branches de sapin ainsi que quelques rochers et alla se ressourcer de liquide frais. Dès cela fait, le museau gouttant encore, elle se tourna vers lui pour l'examiner. De ses yeux orangés, elle traqua le moindre indice. C'était en partie ça, être petit : s'intéresser à tout et n'importe quoi. Des yeux bruns et bien cernés, une taille plutôt grande. Un corps athlétique et longiligne recouvert par une fourrure légère, comparée à celle de notre Oblivion. Cette dernière ressemblait à une véritable pelote de laine avec qui un chat aurait joué pendant trois jours. De suite. elle avait, tout bonnement, la classe. Son regard pétillant trahissait à quel point la pluie, dont elle était grandement friande, l'excitait et la ressourçait.

Les nuages, sombres et bien compactes se mirent à former un amas au-dessus des Terres Vertes, si ce n'était pas au-dessus de tout Temporal. Avec délice, la loupiote leva le museau au ciel et admira les cumulus rouler sur un sol invisible, dévoilant leurs grandeurs différentes ainsi que leur puissance unie. Quelques éclairs se profilaient, même. Une tempête approchait, cela se sentait à la pression atmosphérique. Les animaux, particulièrement sensibles à ce genre de phénomènes, sentaient arriver la pluie ainsi que les orages à des kilomètres.

Darwin & Oblivion

Dans le regard de la loupiote qui était dressée sur ses quatre pattes, face à Darwin, on semblait presque savoir ce qu'elle pensait. Son regard disait presque "On s'est déjà vu". Le mâle dressa aussi ses oreilles, curieux. Après toutes les rencontres qu'il a pu faire depuis son arrivée chez les Émeraudes, il est sûr et de n'avoir jamais rencontré cette loupiote. Enfin ... C'est ce qu'il pensait. Sinon, il aurait déjà dévoilé son nom. Il n'oublie jamais les noms des loups avec qui il a put profiter de parler. C'est alors que des mots sortirent de la bouche de la femelle.

- On s'est déjà rencontrés, non ?!

Il écarquilla ses yeux. Bon, d'après son odeur c'était une Rubis. Voilà pourquoi sa manière de parler est comme ça. Il a donc à faire à une jeune Rubis. C'est ainsi que des questions lui volèrent dans la tête. Commençant à s'inquiéter de croiser d'autre Rubis de taille adulte - plus particulièrement des mâles - il baissa légèrement ses oreilles. Que faut-t'il répondre ? Il inspira légèrement, ne faisant aucun bruit et expira à nouveau. Comme si un soupire allait l'aider à se calmer de sa peur.

- Euh ... Je ... Je ne crois pas, non ..., dit-t'il d'une voix presque basse.

Même sa voix avait changé ! Elle était devenue un peu plus grave que celle d'avant. Dans quelques jours seulement, il va avoir un an. Un an qu'il voit le monde. Il continua de regarder la femelle dans les yeux, ayant presque l'envie de détourner son regard et partir la tête basse. Mais non ! Paradox, le même qui aurait pu devenir son père, lui a clairement dit et apprit qu'il fallait arrêter de se montrer plus faible que les autres. Il resta là, debout sur ses fines pattes, face à la Rubis.