Hayden c'était posé à l'arbre immortel depuis quelques jours déjà. Le calme et la fraîcheur du lieu lui convenait parfaitement, et si ça ne tenait qu'à elle, elle y aurait bien élu domicile. C'était déjà le 3e aller-retour qu'elle effectuait depuis son arrivée, s'exilant quelques dizaines de minutes tout au plus pour aller se remplir la panse. C'était sans doute ça, le plus éreintant dans sa nouvelle vie de solitaire... Devoir chasser toute seule. Désormais, elle ne se nourrissait plus que principalement de poissons et de maigres rongeurs qu'elle chopait en passant. Elle n'aurait pas dit non à un bon gros chevreuil bien dodu, où quelque chose dans le même genre. Mais elle ne se faisait pas trop d'espoirs. Enfin, elle ne s'en faisait plus.

Alors qu'elle revenait vers l'arbre d'un pas vif et léger, la queue bien en panache, et un poisson dans la gueule, une odeur étrange vint interpeller Hayden. Une autre femelle était là, et notre louve blanche adopta immédiatement une attitude plus en retrait, moins confiante, plus méfiante. Elle s'approcha donc de l'immense édifice, les oreilles légèrement couchées le long de son crâne, se déplaçant le plus discrètement et le plus silencieusement possible. Les minutes passaient et toujours pers...Je n'ai rien dit. Une voix se fit entendre. Hayden suivit donc instinctivement le son de cette voix, et se retrouva finalement nez-à-nez avec une louve. Elle était toute mignonne... La femelle blanche esquissa un léger sourire.

« Hayden. Je voulais pas te faire peur, excuse moi. » lui dit-elle d'une voix calme.

La femelle blanche observait son interlocutrice dans les moindres détails. Ses yeux se posèrent d'abord sur son visage fin et harmonieux, avant de glisser le long de sa croupe et de dévorer tout son corps. Certes, elle était plus petite qu'Hayden, mais qu'est-ce qu'elle pouvait être belle. Cette dernière gardait un large sourire pendu à ses babines, ce qui lui donnait un air légèrement abrutis. Bizarrement, elle n'avait pas ressentit le besoin de mettre de barrière entre elle et l'autre femelle, de se méfier où de prendre ses distances. Elle se sentait d'office à l'aise. Lorsqu'elle prononça quelques mots en anglais, les oreilles d'Hayden se redressèrent. Curieux.

«Oh, Jynn. That's quite a cute name! (rires) Je parle très peu cette langue.»

Elle s'assit tranquillement face à elle, son poisson lâché vulgairement sur le sol depuis maintenant quelques minutes. Elle se tenait droite, le torse légèrement bombé, et la queue relevée en panache dans son dos. Lorsqu'elle vit que l'autre femelle adoptait une position très peu.. ehm, disons une position qui inspirait la soumission, Hayden ne put s'empêcher d'afficher un léger rictus. Elle trouvait ça marrant, quoi qu'un peu attristant ce manque de confiance en soi. Enfin, c'est ce que la femelle blanche en déduisait, toujours. Elle n'avait rien à craindre.

«Je vais pas te bouffer, détends toi! , lâcha-t'elle en riant.
Je suis là depuis quelques jours, mais je suis arrivée il y a peut-être... 1 semaine, où 2. »

Hayden l'écoutait attentivement, et finit par apprendre qu'elle vivait en meute. C'était donc ça, cette forte odeur qu'elle émanait.. Elle ne put s'empêcher d'afficher un rictus prononcé de dégoût. Ces systèmes de groupes là, vivre en communauté sous l'autorité d'une seule et même personne, Hayden ne supportait pas. Et elle ne comprendrait jamais les gens qui adoptaient ce mode de vie. Elle préférait être libre de ses actes et de ses paroles, elle préférait pouvoir côtoyer qui bon lui semblait sans avoir à être réprimander par la suite. Puis, étant donné que c'était une louve assez caractérielle, il ne valait mieux pas qu'on lui donne des directives. Hayden acquiesçait à ce que lui disait l'autre femelle, ne prenant la parole qu'une fois qu'elle aurait terminée.

«Je suis surprise de tomber sur quelqu'un qui parle cette langue.»

Sa voix était rauque mais néanmoins douce et calme. Elle se voulait chaleureuse, accueillante, elle ne voulait pas mettre mal à l'aise son interlocutrice et désirait la connaître plus en profondeur. Lorsqu'Hayden aperçut le magnifique sourire de l'autre louve, elle ne put s'empêcher de lui dire. C'était peut-être déplacé, peut-être que l'autre femelle n'était pas attirée par les femelles, peut-être qu'elle le prendrait mal. Mais tant pis. La grande louve neige ne pouvait plus garder ça pour elle.

«Excuse moi, ça n'a aucun rapport mais... Dear, ce que tu es belle! , lui déclara-t'elle d'une voix assurée et sûre d'elle.
Nouvelle, et déjà en très bonne compagnie.. Ca me va!»

Elle se mit à rire doucement avant de reporter son attention sur Jynn.

Hayden n'avait pas lâché des yeux la louve une seule seconde. Et lorsqu'elle lui sortit ces quelques mots en Anglais, la femelle blanche réfléchis quelques minutes. Les souvenirs qu'elle avait de cette langue, qu'elle trouvait très attrayante, remontaient à très loin et elle n'était plus sûre de bien comprendre ce que lui racontait Jynn. Dans le doute, elle lui adressa un autre sourire, et resta silencieuse.

Lorsque la louve tricolore s'approcha timidement d'elle, les oreilles d'Hayden se redressèrent en une fraction de seconde. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, un peu perplexe. Elle se demandait ce qu'elle lui voulait, ce qu'elle allait faire, et appréhendait malgré tout un peu. C'est vrai, même si le courant avait l'air de bien passer, elles ne se connaissaient pas du tout et Jynn restait une parfaite inconnue aux yeux d'Hayden, même si c'était une magnifique inconnue. Quand elle lui demanda un morceau de poisson, la grande louve neige fut d'abord étonnée. C'est vrai qu'elle avait oublié sa proie de la matinée à ses pieds, et la faim avait enfin décidé de la lâcher. Mais alors qu'elle s'apprêtait à pousser la carcasse du vertébré vers sa nouvelle amie, celle ci s'excusa. Hayden releva le regard vers elle, intriguée. Elle n'avait pas sentit la patte de Jynn effleuré la sienne, et ne comprenait donc pas pourquoi elle ressentait le besoin de lui dire pardon. Elle poussa donc le poisson vers elle, et lui dit amusée :

«Tiens, sers toi! J'ai plus très faim, j'ai assez à manger avec toi toute entière. (un silence) Pourquoi Pardon?»

Hayden rigola lorsque Jynn lui avoua qu'elle avait frôlé sa patte, et que c'était pour ça qu'elle c'était excusée. Aha, c'était si peu. Et alors que la louve blanche observait son interlocutrice, cette dernière changea totalement de comportement en une fraction de seconde. Son sourire disparu, laissant s'installer sur son beau visage un rictus nerveux et gêné. Hay' pencha légèrement la tête sur le côté, ne comprenant pas tellement ce soudain saut d'humeur. Elle était peut-être bipolaire? La femelle blanche ne l'espérait pas. Elle fut, en plus d'être intriguée, très étonnée lorsque Jynn lui demanda si elle allait vraiment la manger. C'était une blague? Une boutade? Elle se foutait de sa gueule? AHAHAHAH. Hayden explosa de rire, avant de lui répondre du mieux qu'elle put:

« Dear.. Ahah, non! Tu m'as pris pour quoi? J'insinuais juste que t'étais.. A mourir tellement tu étais jolie. J'me risquerai pas à essayer de te manger pour de vrai, ça serait du gâchis! J'pourrai même pas profiter de toi.. Ahah! »

Elle lui fit un clin d'oeil avant de s'approcher d'elle et de passer à quelques centimètres de son corps, la frolant dans un interminable frisson. Elle commençait. Hayden avança de quelques pas dans le dos de Jynn, avant de se retourner et de lui lancer d'une voix rauque et qui se voulait très.. suggestive:

« Et sinon... Tu viens faire quoi ici? A part me permettre de me rincer l'oeil.. Ah. »