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L'été persiste sur les territoires Temporaliens, pour le plus grand plaisir des loups habitant ces terres. Uniquement chez les Améthystes, la chaleur n'est pas au rendez-vous, et les températures ne dépasseront pas les 20°C. Pour tous les autres territoires, soit les Saphirs, Rubis, Émeraudes et Diamants, les températures dépasseront largement le seuil des 30°C, alors ne restez pas exposés au soleil trop longtemps!
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Songe d'un crépuscule - with Thron.

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MessageSujet: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeDim 3 Mar - 13:03

Marche silencieuse. Les arbres bruissaient sur son passage, le vent s'infiltrant dans les branchages, les caressant telle une main maternelle. Elle marchait d'un pas soutenu mais léger dans la forêt, les derniers rayons du soleil d'hiver dardant sur sa fourrure d'ivoire. Elle avançait au hasard de ses pas, ne sachant pas où cela la mènerait. Elle se laissait simplement guider par son instinct infaillible, à qui elle faisait absolument confiance. Alors, seulement, sa silhouette apparut. Grande, elle était d'une finesse exquise et sa robe blanche se teintait de vert émeraude et de couleurs hivernales, jeux de lumières crées par les feuilles des arbres filtrant les rayons du soleil. Son corps semblait sculpté dans la roche, avec ses muscles apparents et finement taillés tandis qu'elle avançait, le port de tête altier et l'allure légère. On nommait cette belle demoiselle Saëna.
Et, tout comme elle était apparue, elle disparut soudainement, s'évadant dans les méandres de son esprit. Seul son corps était encore présent dans ce lieu quéri par la solitude et par le silence. Même les oiseaux respectaient cela et l'accompagnaient sans bruit au plus profond de ses pensées. Loin, très loin d'ici. Dans un monde qu'elle s'était figurée de toutes pièces et dont seul elle avait les clefs pour y accéder. Un monde fantasmagorique, faits d'illusion. C'était ainsi que cette éprouvante journée touchait à sa fin, tandis que le crépuscule commençait à illuminer les lieux de ses couleurs chatoyantes, laissant place à une douce fraîcheur nocturne. Bientôt, l'heure de la Nuit sonnerait, et tout se perdrait dans le néant, dans le noir total que seule la lune viendrait éclairer par son halo argenté. Tout ici était beau, tout ici était vivant mais ces terres n'étaient pas familières à la louve qui les arpentaient. Malgré leur apparente beauté, elles lui semblaient hostiles et inhospitalières. Et vides. Vides de toute présence. Pas même un loup aux alentours. Seulement la nature et la brise nocturne qui semblait l'accompagner à chacun de ses pas. Tendre et douce compagne pour une demoiselle tel qu'elle. Silence accablant, douce mélodie qui résonnait aux oreilles de l'arctique. Comme un souffle mélancolique, le vent la frappait alors qu'elle filait à travers les frondaisons des arbres, ses puissantes pattes martelant le sol avec entrain. La grande blanche accéléra encore, son corps pâle contrastant avec le décor environnant, s'en allant plus prompte et rapide que le vent, si cela était possible.

Et enfin, elle arriva au bord d'un lac. Vaste étendue d'eau aux milles reflets qui n'était pas sans lui rappeler son passé. Le lieu aurait pu être paradisiaque si les lieux avaient été nimbés d'une douce lumière, à la place d'être enveloppés par un voile noir qui commençait à recouvrir le monde et ses habitants. Les quelques mèches rebelles de la louve et quelques poils blancs épars étaient soulevés par un souffle taquin. Son pelage tombait sur des muscles finement ciselés, comme s'ils étaient taillés dans le marbre ainsi que des pattes puissantes et noueuses. Poussant un long soupir, exhalant son haleine teintée d’amertume, elle finit par s'asseoir sur un rocher, son regard rivé sur le lac dont elle ne pouvait plus se détacher. Souvenirs, souvenirs, ô douloureux souvenirs. L'eau qui refluait doucement sur la rive, irisée. Nature libre et sauvage. Saëna se perdit dans la contemplation de son reflet, ses prunelles d'azur fixées sur sa propre image qui miroitait dans l'eau. Père, mère. Ses pensées, toutes ses pensées convergeaient vers les siens, quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise. Sur les terres hostiles où elle se trouvait, elle n'était plus la bienvenue. Sa place était désormais chez les Saphirs et non plus chez les Diamants, la meute dans laquelle elle était née, elle avait été élevée et la meute qu'elle aurait pu diriger si elle avait été ne serait-ce qu'un peu plus forte. Le vent mugissait à ses oreilles, la faisant vibrer de son être tout entier, la faisant frémir, par ses longues plaintes qui venaient s'insinuer jusque dans ses oreilles. Ses poils volaient en tous sens, ébouriffés, lui donnant un air farouche que l'expression de son visage venait démentir. Des yeux d'un bleu azur profond, des lèvres où fleurissaient un sourire tendre et délicat, tout comme elle l'était elle-même.
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeSam 16 Mar - 10:21

Étant donné le départ de Thron, je déplace notre sujet aux archives.
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Aruka

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeSam 13 Avr - 21:26

[HRP= Sujet remit chez les diamants. Bon rp]
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeLun 15 Avr - 19:58

Merci Use'


Saëna & Thron


Le soleil avait fini par se coucher, laissant place à une lune pleine aux trois quarts. La légère brise, qui remontait certainement depuis le vallon que Thron avait parcouru plus bas, venait souffler sur l'étendue d’eau qui s'étalait devant lui. Les Terres Diamants. Le Solitaire – le déserteur serait plus juste, étant donné qu’il s’était libéré du poids des Verts en les quittant sans un mot – n’avait pas tenu à fouler uniquement les Terres Libres. Trop petit, comme territoire, pas assez intéressant. Cherchait-il le danger ? Ou, simplement par curiosité, voulait-il découvrir certaines terres encore inconnues de tous ? Se voyant ainsi dans l’obligation de traverser des terrains occupés. Bien que provoquer était, parfois, son péché mignon, Thron n’avait pas pour habitude de chercher des noises aux clans. Surtout lorsque ceux-ci se trouvaient n’être que d’inoffensifs loups, calmes et patients. Qui ne s’énerveraient certainement pas au premier intrus ayant pénétré leur territoire.
Un grondement creux se fit entendre. Le métabolisme plutôt bien avancé du mâle le tenaillait. Donc, n’allons pas chercher plus loin, sa venue sur les Terres qui semblaient abondantes en proies, même en hiver, n’était que la conséquence de la faim qui le rongeait. Les mulots et autres rongeurs, parfois des lapins, cela allait bien quelques jours. Mais, des semaines à ce régime, avec un cycle de digestion plutôt rapide dont Thron était doté, et cela devenait lassant. Et éprouvant. Dure dure, la vie de Solitaire. Ce n'est rien, comparé aux chasses de wapiti ou encore d'élans lorsque l'on est en meute. Et, pas même des cartilages ne vous viendraient tous seuls dans la gueule. Quoique, avec plusieurs loups se partageant une pièce de viande, il fallait s'affirmer et s'imposer. Alors, n’y tenant plus, il avait pénétré dans le territoire le plus proche, afin de trouver des proies plus grosses et mieux garnies.
Et, la chance étant avec lui, lui souriant, apparemment dès son départ des Emereudes – n’aurait-il pas fallu les quitter plus rapidement ? – aucun loup ne semblait se dresser sur son chemin.
Chemin qui, bien que sinueux, le mena jusqu’à la rive d’un lac. Là, il attendrait ses potentielles proies dans l'ombre, surprenant celles-ci alors qu'elles viendraient s'abreuver goulûment en cet fin d'hiver. Avec un peu de bol, aurait-il droit à un élan noyé ? Des biches aux sabots bloqués dans une épaisse couche de glace n'ayant pas encore disparue ? Rien que le fait d’attendre le sang couler dans sa gueule, car le Solitaire s’imaginait déjà en train de festoyer, le crispait au plus haut point, mettant ses nerfs à rude épreuve et ses sens n’en faisaient que se décupler. Aussi, lorsqu’il vit débarquer une louve au pelage arctique, dont il avait perçu la présence bien avant qu’elle n’apparaisse entre les arbres, sur sa droite, il n’en fut nullement surpris.

Lui, légèrement en retrait, était invisible depuis le point de vue de la louve. Et, le vent leur soufflant à tous les deux contre, il ne s’inquiétait pas de la traçabilité de son odeur. De plus, avec le froid qui plaquait les effluves à terre, le Solitaire ne s’étonnait pas de ne pas s’être encore fait remarquer. Néanmoins, ses pattes puissantes de vagabond commençaient à fourmilier, non habituées à l’immobilisation totale que leur imposait le Solitaire. Son pelage, tantôt roux tantôt blanc et brun, se dissimulait aisément au milieu des ombres, ne laissant paraître que de fines traces blanchâtres. Contrairement à la femelle, qui possédait une toison vive et claire. Il ne savait si elle était Diamant ou non. Mais, elle semblait connaître ces terres et n'avait pas l'air d'une intruse, au vu de son attitude. Du moins, c’est l’impression que Thron en eut. Et, lui, n’était pas le moins du monde stressé ou anxieux. Juste impatient.
A dire vrai, le mâle se contrefoutait complètement de savoir s’il avait été repéré ou non. Seul son estomac comptait. Mais, avant que le loup ne puisse esquisser quelconque manœuvre, ce dernier se manifesta. Et plutôt bruyamment... Avec un sourd grondement, froissant le calme et le silence des lieux, le ventre de Thron émit son impatience. Les quelques galets sur lesquels le loup se tenait depuis toute à l'heure se mirent en branle et provoquèrent un bruit de plus. Certain d'avoir été repéré, le mâle ne put que se maudire.

Crispé, il tourna alors la tête vers la louve examinée furtivement un peu plus tôt. Alors que deux minutes auparavant, le Solitaire ne jugeait pas nécessaire de s’inquiéter de la présence d’une possible Diamant, il ne faisait plus le malin, à présent. La honte de s’être pareillement dévoilé ? Laissant son ventre reprendre ses exclamations, Thron finit par sortir de l’ombre et s’approcha de l’eau, afin de la laper avidement. Plus pour étancher sa faim que la possible soif. Sans un regard pour la femelle un peu plus loin – la dernière qu’il avait pu voir en date avait chamboulé pas mal de choses en lui, si ce n’est trop – il releva a tête et observa l’immensité de l’étendue d’eau. La lune se reflétait en son centre, parfaitement claire, elle semblait reposer sur la surface sombre. Quittant des yeux le lac pour rejoindre le ciel, le Solitaire posa son regard jaune sur cet astre immense. Il éclairait brièvement les lieux, laissant tout le plaisir aux habitants de ces contrées d’évoluer dans la vie nocturne en toute quiétude. Sans être agressive comme le soleil l’avait été dans la journée, la lune représentait plus ou moins le calme des nuits solitaires et, venant avec, la paix royale. Quoique, pas si royale que ça, finalement. Le loup sentait bien, sur lui, le regard de la femelle de nacre. Et, ne s’amuserait certainement pas à provoquer plus longtemps, pas alors qu’il était affamé, une louve capable de rameuter plusieurs membres de sa meute. Tout ceci n’était qu’hypothèse. Mais, vaut mieux être préparé à toute éventualité.

Ainsi, avec le peu de prestance qui lui restait, bien que du haut de ses cinq ans, Thron était encore un loup dans la force de l’âge et imposant, il fit face à la louve. Haute sur pattes, cette dernière le toisait. Un regard bleu azur, insondable. Si différent de celui ambré qui hantait ses pensées depuis quelques jours seulement. De là, il ne pouvait tenter de sonder ce qui pouvait bien passer dans la tête de la louve. Aussi, se contenta-t-il de rester sur ses gardes, prenant soin de ne pas paraître menaçant. Après tout, lorsqu’on était confronté au danger, on ne réagissait jamais de la même manière qu’on aurait pu penser. Jamais. Aussi, Thron s’abstint de toute remarque et attitude plus ou moins provocante, mais, ne s’empêcha pas de toiser la louve. Une tache blanche dans ce sombre paysage. Y avait-il un message ?
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeJeu 18 Avr - 9:52

« Je me suis laissée plonger dans le chagrin, j'ai pas lutté... Et puis, un jour, je me suis dit : tu peux encore sourire, tu peux encore marcher, tu es en bonne santé, tu as toutes tes facultés. Il y a plein de choses à faire, plein de gens à rencontrer, et la joie est revenue. La joie de vivre. C'était inexplicable. J'ai eu à nouveau envie de vivre. On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s'agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie. Ne l'oublions pas: Souris au monde et le monde te sourira. N'abandonne jamais ce que tu veux vraiment faire. Là où il y a de l'amour, de la passion et de l'inspiration, rien ne peut entraver tes projets.»

L'air fleurait le beau printemps, qui signifiait la fin de l'hiver et du climat rude qui s'était installé pendant une période infiniment longue sur les terres. Fini les jours de pluie torride, fini les flocons de neige glacés qui venaient se poser sur votre museau et vous faisaient frissonner de tout votre long. Oui, c'en était fini des jours ennuyeux que l'on passait dans les tanières, grelottant de froid. Fini les moments où il fallait sortir dans la neige et dans le froid mordant pour chasser le gibier. Ainsi, c'en était fini de ce temps qui faisait maintenant place à une saison où la nature renaissait, plus belle que jamais, où les oiseaux migrateurs et hibernants revenaient parmi nous et qu'avait lieu le bourgeonnement et la floraison des plantes.
Saëna contemplait, éclairée par le halo argenté de la lune, la nature qui s'étendait à perte de vue autour d'elle, vaste et infinie. Tandis que ses yeux d'azur semblables à la couleur du ciel lors des beaux jours se promenaient sur le paysage de son enfance, un sourire tendre s'ébauchait lentement sur son visage et fleurissaient sur ses lèvres satinées. Elle ne se rappelait que trop bien ses jeux d'enfants lorsqu'elle était petite, ici, au bord du lac. Les souvenirs affluaient par milliers dans sa tête, la rendant nostalgique mais heureuse à la fois, pour une raison qu'elle ne pouvait justifier. Ainsi, loin était ce temps où elle gambadait dans la prairie qui se trouvait à proximité, loin était ce temps où sa mère lui interdisait de marcher sur la glace qui recouvrait le lac, en plein hiver. Oh oui, loin était tout cela. Tandis que ces pensées lui revenaient, elle eut un frémissement, qui dévala le long de son corps pour ne devenir plus qu'un léger fourmillement au bout de sa queue. La douleur sembla se lire immédiatement sur son visage lorsqu'elle repensa à sa mère qui était morte, ce qu'elle avait oublié pendant quelques instants seulement où le bonheur l'avait guettée. Maman, maman. Que n'aurait-elle donné pour pouvoir prononcer ces quelques mots et qui auraient soulagé sa peine ? Tout, absolument tout. Mais jamais plus, ces mots ne pourraient sortir de ses fines lèvres qui, pourtant, n'attendaient que ça car sa mère, et c'était bien triste à dire, n'était plus de ce monde. Comment avait-elle disparu ? Saëna s'en souvenait comme si l'évènement avait eu lieu la veille mais elle ne se sentait pas encore prête pour le relater. Seule elle savait vraiment ce qui s'était passé là-haut, au sommet de la montagne dont la silhouette lointaine se dessinait sous ses yeux. Seule elle le savait oui, mais elle garderait le silence, incapable de le dire à qui que ce soit. Après cet incident, Saëna aurait du devenir la nouvelle dominante mais elle n'en avait pas eu la force. Pas eu le courage. L'arctique avait été trop faible, et cela démontrait bien qu'elle n'était pas prête à prendre la relève. Ainsi s'exila t-elle de son propre gré pour arriver, bien longtemps après, dans la meute Saphir où elle se coula parmi les autres, aux mêmes rangs qu'eux, sans distinction. Effectivement, l'on ne savait rien de son passé et elle n'en avait jamais parlé à personne. Et n'en parlerait sûrement jamais. Saëna était très discrète et ne parlait que très peu. Souvent, elle restait dans son coin, perdue dans ses pensées comme elle l'était précisément à cet instant. Tellement perdue dans les méandres de son esprit qu'elle ne remarqua tout d'abord pas l'inconnu qui venait de faire son arrivée en ces lieux.

Un grand loup, mince mais puissant, sortit de l'ombre des arbres et s'approcha du lac pour laper quelques gorgées de l'eau pure et limpide. Saëna pencha légèrement la tête sur le côté, intriguée et le regarda faire. N'avait-il pas remarqué sa présence ou faisait-il semblant, pour ne pas avoir à lui parler ? La jeune louve blanche n'en avait pas la moindre idée et préférait ne pas savoir, au final. Ici, elle était venue chercher le calme, le repos et la sérénité dont elle n'avait pu bénéficier depuis bien longtemps et voilà que l'arrivée de ce solitaire, à en juger par son odeur, venait la troubler. La perturber. Attentive, elle épiait les moindres mouvements du loup, qui, à présent, regardait le ciel. Que pensait-il à cet instant ? Elle n'eut pas le temps de se poser la question plus longtemps que l'inconnu se retournait et lui faisait face. Elle le sentait la détailler mais, de bonne grâce, elle ne broncha pas, aussi douce qu'elle en avait l'habitude. Ainsi, Saëna laissa à son tour courir son regard sur le corps de l'arrivant, qui ne devait pas être beaucoup plus vieux qu'elle. Peut-être deux ou trois ans, seulement, détermina t-elle après l'avoir regardé assez longtemps de ses prunelles d'azur.
Lentement, l'ancienne princesse se leva du rocher sur lequel elle était restée assise et l'on put nettement distinguer que cette louve ne passait pas inaperçue. Grande et mince, elle avait une silhouette féminine élancée, le pelage blanc et des yeux que l'on prenait plaisir à contempler, même au cœur de cette nuit totale. Ses foulées étaient amples et souples, tandis qu'elle s'avançait, et elle se rapprochait du loup d'une démarche légère et aérienne, presque envoûtante qui était toute naturelle chez elle. Lorsqu'elle arriva à une distance respectable de l'inconnu, elle s'arrêta et se campa sur ses quatre pattes, un sourire avenant et affable se dessinant sur le visage, comme pour démontrer qu'elle était venue ici en amie et non pas pour chercher querelle. Ce fut ainsi d'une voix empreinte de douceur, de tendresse mais aussi de sympathie qu'elle prit la parole, brisant le lourd silence qui s'était installé.

    « Bonjour... Ou plutôt bonsoir, devrais-je dire. »

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeJeu 18 Avr - 19:05

HRP:



Que dire ? Pourquoi lui avait-elle adressé la parole ? Ne serait-ce pas plus simple, moins contraignant, de simplement le laisser boire? Lui foutre la paix ? Peu de loups le comprenaient, ce besoin de rester seul et renfermé. Car, il faut dire que les lupins sont faits pour être en meute, entourés de leurs congénères, quoi qu'il arrive. Mais, il y avait les exceptions - confirmant la règle - tels que Thron et ces autres Solitaires voyageant seuls. Ces derniers s'étaient coupés de leur clan, ou, n'en avaient tout simplement jamais fait partie. Quoi qu'il en soit, cela restait, semble-t-il, un mystère pour les loups de meutes, que de voir ces lupins traverser les années sans compagnie. La vie était plus rude, plus difficile et éreintante. Mais, c'était le prix à payer pour sa tranquillité.

Avec un regard morne, il détailla la louve sans broncher. Elle était belle, possédait ce genre d'allure et de prestance que beaucoup de femelles devaient lui jalouser, lui envier. Mais, bien qu'elle ait presque la même couleur de pelage que Vixen, le mâle se mit à songer que celui de la louve face à lui était un peu terne, n'avait pas le même éclat que celui de la Solitaire blanche. Il manquait quelque chose.
Après, tout est relatif, mais, néanmoins, cette pensée amena le Solitaire à regretter l'absence de celle avec qui il venait de partager quelques jours de voyage. Regrettait le fait de ne pas lui avoir dit, de ne pas avoir exposé ses sentiments à la lumière crue de la pleine lune du temps où il l'avait quittée. Peut-être, ne se recroiserait-ils même pas ? Comment retrouver quelqu'un qui nous est cher dans cette immense contrée qu'est Temporal ? Se ferait-elle piétiner par un élan ? Déchirer les flancs par une mère grizzli protégeant ses petits? Etait ça, tenir à quelqu'un ? Après tout, Thron n'avait pas senti la même avec Helgrind, son jeune frère ?
Tant de questions, si peu de réponses. En fait, la seule qu'il pourrait donner, est qu'il avait eu tort. Mais, trop tard. L'unique concernée n'était pas là, plus là. Il s'en était éloigné, réagissant plus par instinct que par sa propre raison. Une sorte d'auto-défense stupide, par habitude, aussi. Tant de choses que même Thron n'arrivait pas à expliquer. S'il avait peur ? Oui, un peu. De quoi exactement ? Peut-être simplement de l'inconnu, remarquez. Qui était là pour lui, avant ? Helgrind, son frère cadet. Hel', avec qui il était si complice, que Thron ne s'était pas imaginé vivre sans lui. Hel', qui était devenu grand, et, qui avait commencé à se construire une vie. Sa nouvelle vie, apparemment, Thron n'y avait pas été convié. Hel', qui, s'était intéressé aux femelles, aux dépends de Thron, impuissant face à de tels spectacles. Hel', qui, avait manifestement disparu. On racontait même qu'il s'était fait la malle avec une louve.
Le cœur déchiré, Thron avait alors pris la décision de quitter les Verts, laissant là-bas, le poids de l'héritage. Mais, alors qu'il avait aussi souhaité abandonner sa peine et sa déception sur les Terres Emeraudes, celles-ci l'avaient suivies. Puis, les doutes s'étaient rajoutés dès le début de son périple commencé. Aucun doute, il lui faudrait du temps pour digérer cela. Aussi, était-il encore moins aimable que d'habitude envers les femelles... Ce qui se comprenait, si on savait toute l'histoire.

Tournant le dos, encore une fois, à la louve, il reprit une gorgée d'eau. Son attitude pouvait être offensante pour qui ne savait pas prendre et décrypter ses mouvements, ses silences et ses regards. Il n'avait nullement l'intention de se montrer impoli. Juste inintéressé. Oui, le mot était là et juste, qui plus est. Tout son corps le criait. Thron était tout sauf bavard, avenant, démonstratif ou autre "connerie" de ce genre. Lui-même n'appréciait pas grandement les démonstrations quelconque. Habitué à garder tout en lui, le loup n'avait pour habitude que s'enfermer et broyer du noir.

Laissant ses songes et ses idées au lac qui s'étalait, immensité sombre et gondolante devant lui, le loup releva la tête, des gouttes de l'eau rafraîchissante gouttant encore à ses babines. Aucune grâce, il le savait lui-même. Il ne s'en donnait pas la peine, faisait exprès de paraître bourru et imposant. Jusque là, cela lui avait toujours évité de faire de mauvaises rencontres. J'entends par-là, rencontres tout court. Son regard jaune passa, une fois de plus, sur l'astre illuminé de quelconque manière avant de pivoter, là aussi encore une fois, vers la femelle. Les yeux azurs, ressemblant à la mer que Thron s'était imaginé alors qu'il n'était encore que loupiot, le toisaient. Attendait-elle réellement une réponse ? Que devait-il avancer ? Un poli salut, un hochement de tête, un regard mauvais ? Après tout, cette louve arctique ne semblait pas méchante. Rien qu'à son ton chantant, mais, au grand dam de Thron, empli de bienveillance. Il aurait pu laisser le frisson d'agacement atteindre son dos jusqu'à y faire dresser ses poils, mais, se retint. N'était-il pas temps de changer ?


- Peut importe. Je t'ai comprise.

C'était plein de grâce et de sympathie... A son image. Evidemment, le loup s'était rendu compte à quel point il se donnait un style inintéressant - se le donnait-il ou, simplement, l'était-il ? - et, tenta vaguement d'y remédier en s'avançant vers la femelle, un air neutre plaqué sur son visage dont les yeux rehaussaient l'obscurité alentours. Ses pattes sombres s'enfoncèrent un peu plus dans le sable, là où les galets ne parsemaient pas la plage désertée par les proies, visiblement. Comme par réflexe, son ventre s'agita et gronda un peu encore. Thron n'était pas gêné pour tout et n'importe quoi. Mais, il fallait tout de même avouer que d'avoir des gargouillements d'estomac devant d'autres loups, était tout sauf plaisant. Aussi, le mâle retint un air crispé et se justifia-t-il :

- J'ai faim. Tu saurais m'indiquer où... Où je pourrais chasser quelque chose plus gros qu'une souris ?

Platement, Thron avait tenté, tant bien que mal, de distiller une blague, quelque chose d'amusant dans ses dires. Amusant mais vrai, cela faisait des jours qu'il ne se nourrissait que de ça. Une fois, il avait pu attraper un lapin, une fois. Pitoyable et minable, telle était son opinion sur lui-même. Avec le peu de relations lupine qu'il avait... Il fallait bien lui excuser ses phrases parfois sans réel sens, ni même sans intérêt.
Un truc pour détendre l'atmosphère. Ou la rendre encore plus tendue. Mais, la louve ne semblait pas le moins du monde irritée par la présence d'un Solitaire, ou d'un loup inconnu, sur ces terres. Aussi, le mâle en déduisit que, soit elle était très indulgente. Ou bien, la femelle ne faisait pas partie des Diamants. A première vue, Thron penchait pour la première option, c'est pourquoi il avait demandé un emplacement où sa chasse serait fructueuse. Qu'en saurait-elle, sinon, d'un emplacement adéquat afin de mener à bien une traque et sa quête de nourriture ?

Patient, car le mâle n'était pas le moins du monde impulsif, Thron s'assit et laissa ses épaules s'abaisser, montrant un léger contentement au fait de se reposer. Ses pattes, quant à elles, étaient bien lourdes après avoir longuement porté le loup et sa cinquantaine de kilos. Détournant un instant ses yeux de la femelle, ne la prenant pas comme une menace directe, il pouvait se le permettre, Thron les posa sur la lune. Haute dans le ciel, elle illuminait les alentours d'une lueur tamisée.


- La lune. C'est magnétique, mais, on ne saurait dire pourquoi, pas vrai ? Peut-être, par la lumière qui s'en émane. Par sa forme en constant changement ? ...

Cela lui était sortit tout seul, sans prendre gare, Thron avait lentement énuméré une de ses pensées. La moins compromettante, heureusement. Tournant à nouveau sa tête vers cette nouvelle rencontre, il attendit qu'elle lui réponde. Alors qu'il n'avait pas souhaité engager la conversation, cela lui venait tout seul, à présent. Finalement, il n'y avait pas de quoi avoir peur.
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeSam 20 Avr - 9:53

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Pourquoi lui avait-elle adressé la parole ? Finalement, elle se le demandait bien. Elle n'avait fait que suivre à ses pulsions et écouter son cœur, qui lui dictait de se diriger vers l'inconnu et de prendre la parole. Sans doute que sans cela, leur petit jeu aurait duré très longtemps. Bien trop longtemps. Ils se seraient attendus l'un et l'autre, tentant de deviner qui des deux allait céder le premier et s’avancer vers l'autre. Mais Saëna n'était pas d'humeur à se prêter à ce genre de jeu et préféra aller de l'avant, comme elle en avait l'habitude. Elle essaya de sourire, son éternel sourire accroché aux lèvres, mais elle se sentait morose et lasse de la vie qu'elle menait. Lasse de tout et de rien, pour tout et rien à la fois. Il suffisait que la moindre contrariété ne survienne pour qu'elle se sente abattue. A quoi était du cet état constant de fatigue ? L'ancienne princesse ne le savait que trop bien, mais ne trouvait rien pour y remédier. Trop longtemps, elle était restée seule, sans son coin, à se ressasser des pensées terribles, telles que la disparition de Nagash, celui qui avait partagé sa vie pendant quelques temps, ou la mort de sa mère, Luna. Saëna pouvait aussi déplorer la disparition de son père, Drung, dont elle n'avait jamais eu plus de nouvelle et qu'elle n'avait jamais revu. C'était tout juste si elle se souvenait de son visage, de ses traits, de ses yeux. Quand elle n'était qu'une petite princesse, il n'avait jamais été là pour elle, trop occupé par son poste de dominant. Seuls sa mère, ses sœurs et quelques amis qu'elle avait perdu de vue lui avait tenu compagnie lors de son enfance. Mais voilà qu'elle les avait tous perdu, un à un. Même ses sœurs n'étaient désormais plus à ses côtés. Où étaient-elles ? La belle blanche se posait très souvent la question, mais sans jamais trouver de réponse à ses interrogations. Peut-être que comme le reste de sa famille, elles étaient mortes. Un frisson d'horreur saisit la louve et elle écarquilla les yeux à cette pensée qui venait de lui effleurer l'esprit. Non. Ce n'était pas possible. Rien que le fait de voir, d'imaginer les corps sans vie de ses chères sœurs avec qui elle s'était toujours bien entendu la saisit d'effroi et elle ouvrit légèrement la bouche, le regard vague, comme paralysée. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi durant lesquelles Saëna resta figée de cette façon, semblable à une statue de marbre. Vide et inanimée. Mais bientôt, le vent se forcit et la rappela à la réalité. Notre réalité. Exhalant un soupir teinté d'une profonde amertume, Saëna se dirigea vers le lac, la tête basse alors qu'elle avait toujours eu l'habitude d'un port altier. Mais elle ne s'en sentait à présent plus le courage. Elle n'avait qu'une envie, c'était se noyer dans ce lac où elle avait passé une partie de son enfance. Se noyer dans ce lac où elle regardait son reflet, son visage fin et magnifique malgré la maigreur qui s'était emparée d'elle. Elle n'avait plus la force de manger, de chasser ou quoi que ce soit d'autre. Les pattes tremblantes, elle se sentait sur le point de défaillir et de tomber à tout jamais sur le sol mais la présence du mâle à ses côtés la retint. Sa tête penchée au-dessus de cette eau limpide et claire, elle en lapa quelques gorgées et inspira une goulée d'air frais pour se remettre d'aplomb. La faiblesse était un luxe qu'elle ne pouvait se permettre. Ainsi, avec le peu de fierté qui lui restait, elle redressa la tête et plongea son regard d'azur dans celui du mâle, sans vriller mais celui-ci ne tarda guère à lui tourner le dos, une nouvelle fois. Saëna avait ainsi l'impression de n'être qu'un objet dans le décor, un objet auquel on ne prêt pas la moindre attention et dont le loup se fichait éperdument. Tout son corps se tendit, crispé tandis que son regard d'azur suivait les gestes du loup, dans ses moindres détails. Allait-il enfin lui répondre, allait-il enfin oser ouvrir la bouche et cesser de rester muré dans un silence effroyable ? Cette situation devenait terriblement lassante aux yeux de Saëna, avec ce loup qui frisait purement et simplement l'impolitesse.
Enfin, le grand loup redressa la tête, la dépassant sans problème bien que l'ancienne Diamant soit déjà de grande taille. Mais ses mouvements étaient dénudés de grâce et lui-même ne possédait aucun charme. Imposant et, semblerait-il acariâtre, c'était tout ce qu'il était. Rien d'autre. Pas le moindre sourire ni le moindre regard malicieux qui donnait envie de s'approcher de cet être et de converser avec lui normalement. Au contraire, Saëna ressentait le besoin pressant de s'en éloigner non pas par peur mais à cause du malaise qu'elle ressentait, pour une raison qu'elle ne pouvait identifier. La présence de ce loup en ces terres, elle le ressentait comme une intrusion, il fallait qu'elle se l'avoue. Ainsi, c'était peut-être à cause de cela qu'elle se sentait mal à l'aise. Saëna aurait encore été Diamant qu'elle aurait clairement fait comprendre au loup, apparemment solitaire à en juger par son odeur, qu'il n'était pas le bienvenu ici. Mais ce temps était révolu. C'en était fini des Diamants pour elle, désormais. Plus qu'un souvenir qu'elle tentait d'oublier, enfoui en son for intérieur. A présent, sa nouvelle meute, les Saphirs, l'attendait de pied ferme. Elle jeta un coup d’œil furtif, derrière elle, là où elle avait laissé ses nouveaux compagnons pour venir se réfugier ici, à côté du lac qui avait bercé son enfance. Ce lac qui l'avait vu grandir et devenir une jeune louve belle et attachante. La Saëna qu'on appréciait, et plus la Saëna morose et désespérée que l'on pouvait côtoyer ces temps-ci. Un soupir passa une nouvelle fois entre ses lèvres satinées. Que la vie était dure. Oh oui, tellement dure pour une louve frêle comme elle, qui ne pouvait supporter tout ce qu'elle avait vécu en seulement trois ans. Oui, trois ans seulement et déjà si mûre, si affirmée, si tendre et si douce. Une louve pleine de sagesse à un âge aussi jeune, du au fait qu'elle avait su garder l'espoir alors que la plus grande partie de sa famille s'était envolée. Là-haut, dans les cieux. Parmi les étoiles luminescentes, peut-être, qui sait. Tous ensembles, là-haut, leurs regards rivés sur Saëna, l'encourageant à vivre et à ne pas se laisser abattre. Des encouragements que la Saphir semblait entendre, bien qu'ils ne soient que l'effet de son imagination débordante. Soudain, une autre voix retentit. Mais pas une voix fictive, cette fois. Celle du solitaire.

    « Peu importe. Je t'ai comprise. J'ai faim. Tu saurais m'indiquer où... Où je pourrais chasser quelque chose plus gros qu'une souris ? »


Charmant, vraiment. En entendant la première phrase, Saëna lui jeta un regard torve sans vraiment le vouloir et son sourire disparut peu à peu. Gommé, effacé pour peut-être réapparaître après. Elle ne le lâcha pas le solitaire du regard, comme attaché à lui alors qu'au final, rien ne les retenaient. Ils ne se connaissaient même pas. Rien qu'un bonjour émit par la belle blanche, auquel l'inconnu n'avait même pas daigné répondre. Une impolitesse dont Saëna avait fait abstraction car si elle dénombrait le nombre de fois où le loup avait pu paraître malpoli ou inintéressé par elle, elle n'en aurait jamais fini. Exaspérant. Elle voyait ce loup comme tel, bien qu'il eut tenté de glisser une petite blague qui n'avait fait que faire frémir le bout des lèvres de Saëna. Mais aucun sourire n'était réapparu, cependant. Et puis, le loup, sûrement exténué, comme elle, finit par s'asseoir, jetant un coup d’œil au halo argenté que formait la lune, là-haut, dans le ciel d'ébène. Saëna suivit son regard, et se prit à contempler l'astre. Magnifique, tout simplement.

    « La lune. C'est magnétique, mais, on ne saurait dire pourquoi, pas vrai ? Peut-être, par la lumière qui s'en émane. Par sa forme en constant changement ? »


Encore une fois, il se remit à parler. Des paroles qui firent, cette fois, bel et bien sourire Saëna qui s'assit face au loup, bien qu'elle ne se sentit toujours pas vraiment à son aise, face à lui. Il était sûrement bien trop mystérieux pour qu'elle parvienne à le décrypter, et cela lui fit couler un frisson dans le dos. Frisson imperceptible qui disparut bien vite pour ne laisser place qu'à la brise légère qui venait secouer ses poils blancs en tout sens. Elle était belle, vraiment belle mais aurait pu l'être encore plus si elle daignait prendre soin d'elle. En effet, sa fourrure auparavant soyeuse et éclatante était ébouriffée et terne, sale par endroits, même. Ses yeux en temps normal si pétillants ne brillaient plus du même éclat et ses pattes, longues et fines ne semblaient même plus capable de la porter.
A la question du mâle, qui concernait son alimentation, elle se mit à réfléchir, lentement, comme si son cerveau ne parvenait pas à fonctionner, trop engourdi par la fatigue, peut-être. Mais à sa remarque du loup, sur la lune, elle ne sut que répondre, sûrement pas aussi observatrice que lui. Et surtout parce que la lune en ce moment la désintéressait totalement, ayant d'autres soucis bien plus préoccupants. Jetant un rapide coup d’œil aux bois qui bordaient le lac, Saëna sembla méditer quelques instants puis se leva d'un bond, plus preste que jamais. Le loup voulait une proie à chasser ? Et bien, le loup en aurait une. Esquissant quelques pas en direction de la forêt, un sourire énigmatique s'ébauchant sur son visage, elle se retourna légèrement pour lancer au solitaire quelques paroles d'une voix tendre mais à la fois exaspérée, invitation tendue à la suivre. Ou non.

    « Si tu as faim, suis-moi. La lune et sa forme en constant changement attendront bien. »

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeMar 23 Avr - 16:50

Le glissement léger des cailloux et le bruissement des peu de feuilles qu’il y avait aux arbres alentours se fit crissement aux oreilles du mâle. Pourquoi fallait-il que cela tombe sur lui ? Pourquoi Thron était si mal à l’aise lorsqu’il rencontrait des louves, des femelles. Pas qu’il soit timide… Juste, ennuyé. Peut-être ennuyé de leur imposer sa présence, mais, après tout, le loup n’y pouvait rien, c’était elles qui le collaient comme un ours l’aurait fait pour du miel. Comment se faisait-il que ce qu’on ne souhaitait pas croiser, pas voir, pas connaître se mettait automatiquement sous votre nez ? Comment le monde, la vie, le destin s’arrangeait-il pour vous placer dans des situations vraisemblablement impossibles. Sauf si vous aviez un mauvais, mais alors très mauvais, karma. Ou que quelqu’un, au Ciel ou en Enfer, tenait vraiment à vous faire parvenir plus rapidement à lui. Le mâle se sentait seul et stupide, d’avoir ouvert sa gueule pour laisser filtrer ses pensées à l’extérieur.
     Alors que la louve semblait regarder dans la même direction que lui, depuis quelques longues secondes déjà, elle se leva brusquement, surprenant le Solitaire dans sa contemplation, qui dut reposer les yeux sur la silhouette d’un blanc presque terne, comparé à l’astre lunaire. Sans la quitter de ses yeux légèrement jaunâtres, le mâle suivit la progression de la femelle qui s’arrêta en plein milieu de la plage de galets et de sable, à mi-chemin entre l’eau et la forêt. De là, elle se tourna malicieusement vers Thron et lui lança un sourire avant de répondre à sa première requête. Requête, que le mâle avait oubliée à force de se perdre dans ses pensées et émettre ses opinions sur la lune. Muté dans un silence profond, il ne sut d’abord que répondre, se contentant de toiser la louve d’un air absent. Un nouvel élancement au creux de son estomac lui ordonna de se lever et de suivre la voie que lui indiquait cette louve. Néanmoins, Thron oscillait sérieusement entre confiance et circonspection. Après tout, le loup ne s’était pas lui-même guidé de façon à ne pas tomber dans des pièges tels que celui-là ? Il s’était discipliné de manière à ne pas se faire berner et emmené par une femelle telle que celle qu’il avait sous les yeux. Belle, charismatique et attirante. Tout ce dont Thron pensait être dépourvu, en fait. Soit, pourquoi s’intéresserait-elle à lui ? L’amenait-elle, peut-être, vers ceux de son clan ? Ceux à qui le Solitaire avait osé profaner les terres et avait même demandé à l’une des leurs de l’emmener chasser. Enfin, trouver des proies. Ces pensées, suggestions et possibilités effleurèrent l’esprit clair, et non embrumé comme auraient pu être certains loups face à tant de prestance et de féminité s’étant réunies en un seul spécimen. Bel emballage. En serait-il de même de l’intérieur ? Le mâle ne tenait même pas à le savoir, trop accaparé par ce qu’il avait appris. Mais, le système digestif gagna sur la raison, et, se levant lentement, le loup obéit à son estomac. Ce dernier savourerait peut-être bientôt un repas garni de sang chaud et de chaire fraîche, mais, en attendant, il sembla clamer sa victoire sur la raison à bruits de gargouillements discrets, cette fois.

     Une légère pente devait être gravie avant de pouvoir apercevoir les pieds des arbres de la forêt qui s’étendait autour du lac. Le sol était inégal, dû aux galets qui s’éparpillaient de ci de là, et au sable qui, tantôt les recouvrait, vous dévoilant de mauvaises surprises aussitôt que vous y aviez posé vos pattes, tantôt les dévoilaient au halo lumineux de la voûte stellaire, se retirant sur le sol. Encore un peu pâteux et collant, certainement dû au gel, ce dernier s’agrippait avec acharnement aux poils. Plusieurs fois, le mâle agita ses pattes en signe d’agacement et pour enlever le sable s’étant insidieusement infiltré entre ses coussinets. Arrivé auprès de la femelle, il la laissa reprendre son pas en silence, avant de la suivre, légèrement en retrait par apport à elle. Elle se dirigeait clairement vers les bois sombres qu’ils avaient tous deux sous les yeux..

     Sans un mot, Thron continuait d’observer les alentours, le regard impassible et dur, comme à son habitude. Une attitude fermée pour un loup fermé, voilà comment il voyait sa propre image. Peu lui importait, au final, si on le trouvait séduisant, moche, acariâtre, énervant, blasé, stupide, atypique. Le seul fait qui comptait, c’est que malgré les remarques acerbes et désagréables de certains, Thron avait au moins eut le courage et l’intelligence de rester tel qu’il était jusqu’au bout. Enfin, jusqu’à présent. Mais, le Solitaire n’était pas un loup qui changeait ses principes fondamentaux comme il l’aurait fait de terres. Aussi, ne serait-il pas prêt à différer ses opinions et sa façon d’être, aussi déplaisante soit-elle pour une paire de beaux yeux et des courbes alléchantes. Le mâle avait, aussi, ce mérite là.

     Ils pénétrèrent silencieusement dans la forêt, les pas lourds de Thron étouffés par la terre meuble alors que la démarche légère de la louve qui évoluait avec grâce au côté droit d’un mâle bourru. Ils formaient une paire pour le moins… Spéciale.

     Peut-être, devait-il lui demander son nom ? Après tout, elle donnait l’impression de vouloir l’aider, et non pas le projeter dans une embuscade. Mais, le Solitaire savait que les apparences n’étaient rien. Agréable à regarder, bien que le loup ne se l’autorise pas, la femelle pouvait tout aussi être détestable à côtoyer. Son opinion sur la louve était basée sur trop peu de renseignements, aussi, malgré sa misogynie qui n’en était pas une, il évita d’émettre un jugement hâtif. Se contentant de marcher, guidé par une louve blanche. Le blanc, cette couleur pure et cependant si rapidement souillée… C’était bien une constatation en parallèle avec autre chose qu’une couleur et de la fourrure. Partant dans quelconque métaphore, Thron se dit bien heureux de ne pas posséder le même pelage.
     La brume avait disparue, laissant place au noir filtré de quelques éclats de lumière lunaire, ces derniers se frayant aisément un chemin entre les branches quasi dénudées de toute ramure. Alors que le mâle se risqua à jeter un œil à la femelle, il repéra un mouvement furtif sur leur gauche. Quelque chose avait passé, là, à quelques mètres. Et les loups n’avaient rien vu, ni perçu quoi que ce soit. Malgré leurs sens aigus de prédateurs, la nature même de leur être conçus pour traquer et chasser, ni l’un ni l’autre n’avaient repérés l’animal. Le mâle dut se faire violence afin de ne pas se lancer à la poursuite de la possible proie. La tête dressée, les oreilles pointées au maximum vers l’avant, il s’était tourné de façon à pouvoir repérer à nouveau du mouvement et déterminer la nature exacte de la chose. Mais, rien ne revint. La queue de Thron, légèrement haute, se baissa à son niveau normal et le loup poussa un soupir déçu, légèrement contenu. Un grondement d’agacement s’éleva alors qu’il reprenait sa marche, en silence. Un instant après, il ressentit à nouveau la présence de la louve sur sa droite. Elle devait certainement, elle aussi, s’être arrêtée afin d’observer la créature silencieuse qui était parvenue à se dissimuler à leurs sens. Les yeux fixés droit devant lui, dans une expression toute aussi résolue qu’avant, le mâle garda le silence. Peut-être, la louve le conduirait-elle réellement là où aucun loup n’était revenu s’il n’y était pas au préalable convié. Autrement dit, au sien d’une meute étrangère. Le Solitaire savait comment les Emeraudes procédaient avec de tels problèmes, après tout, il avait lui-même fait partie de l’équipe nocturne des Gardiens – bien qu’il lui arrivait de faire ses rondes la journée – et avait souvent été en contact direct avec les intrus. Tout d’abord, une passe d’intimidation. Autrement dit, c’était à ce moment qu’il fallait montrer à quoi on ressemblait : oreilles plaquées sur le crâne, crocs relevés, les yeux plissés et les poils hérissés. Si cela ne faisait nullement fuir le loup en cause, on tentait la diplomatie. Si, là encore, cette méthode ne tendait pas à calmer les ardeurs de certains, on passait à l’acte, soit en appelant quelques loups en renfort ou on se battait.

     Les Gardiens ont généralement une réputation cruelle. En fait, ils se doivent simplement d’appliquer strictement les règles qu’on leur impose. Etant donné que les Verts n’étaient pas belliqueux de nature, l’emploi de la force uniquement en dernier recours, quand rien d’autre n’était possible. Alors que les Diamants étaient réputés pour leur gentillesse et leur bonté, rien n’indiquait que ces derniers ne se livraient pas aux mêmes massacres que les Rubis, ou encore les Améthystes. Le loup, ne connaissant en aucun cas l’odeur de chaque meute, n’avait même pas remarqué qu’il se trouvait en présence d’une intruse.

     Se décidant à ouvrir la gueule, le mâle lâcha avec nonchalance la question à un million :




- Que penses-tu que ce soit ?


     Thron ne faisait référence à rien d’autre qu’à l’animal que tous deux avaient surpris en train de tracer dans les bois. En effet, de ne pas l’avoir repéré avant perturbait notre grand chasseur… Les pattes foulant à présent une terre plus dure et froide, l’écho de ses pas se répercutait tout le long du chemin invisible qu’ils suivaient, que la louve semblait connaître un peu trop pour écarter proprement la pensée qu’elle l’emmenait à un endroit inhospitalier. Pour lui, s’entend. Et, de ce fait, le loup se tenait sur ses gardes. Après l'épisode de la proie - si c'en était une - même pas détectée, Thron avait décidé d'élargir au maximum ses sens. Ainsi, le monde autour lui paraissait plus clair, plus net. Avec une touche d'inhabituel, cependant. Les troncs que les deux loups dépassaient fréquemment, que ce soient des chênes, des bouleaux ou encore des sapins, se firent plus distincts. Le paysage en entier devint plus contrasté, de telle façon à ce que l'on puisse clairement distinguer tout élément y figurant, ou presque. L'ouïe du Solitaire, habituée à traquer le moindre bruissement de pattes foulant le sol des terres de son ancien clan, se mirent à l’affût du même son. Le museau du Solitaire mit à se froncer compulsivement, trahissant le fait qu'il cherchait quelque chose, sans savoir quoi. A la recherche de particules venant, portée par le vent, jusqu'à eux. Mais, sans grand succès. Après tout, les loups de meutes étaient bien organisés. Du moins, c'est ce que chez les Émeraudes, il en avait conclu. Loin d'être stupides, comme bon nombre de Solitaires le pensaient, les lupins vivant dans des clans n'étaient pas moins débrouillards que d'autres. Bien sûr, ils évoluaient dans un monde différent, et le mâle s'en rendait maintenant compte, mais, le fait d'indépendance n'était en rien lié avec la vie en groupe ou en solitaire. Simplement à la personnalité de tout un chacun.

     Thron décida, donc, de sérieusement se méfier et de ne pas baisser sa garde. Quitte à être aussi inamical que possible. Cependant, bien que le loup n'aime pas la compagnie de la gent féminine, il lui insupportait de ne pouvoir nommer la créature à ses côtés. Aussi, switchant d'un silence oppressant à un ton qui se voulait léger et détendu - rien de tel comme illusion -, il finit par demander :


- Je pourrais savoir ton nom ?


La tête inclinée vers la femelle, il la regardait enfin en face. Plantant ses yeux acérés dans ceux, doux et perturbants de la louve de nacre, Thron ne cessa de marcher avec assurance. Suivant tantôt les mouvements de la femelle, tantôt ceux alentours, les éventuels sons et odeurs, le Solitaire ne cessait de surveiller ses arrières, certain de se diriger tout droit dans un guet-apens.
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeVen 3 Mai - 19:20

HRP:

Ainsi, la belle louve pivota sur elle-même et s'engouffra avec une certaine grâce dans la forêt. La lumière de la nuit baignait la forêt d'émeraude, traversant les branchages, illuminant les environs d'une pâle clarté. C'était comme si des milliers et des milliers de pierres précieuses telles que l'émeraude, d’une couleur verte, brillaient dans l'ombre des arbres. Et, sur le sol couvert de mauvaises herbes, se dessinaient de complexes motifs, insaisissables et tordus tels que des arabesques. Au milieu de ces arbres, serpentant entre les troncs, marchait les deux loups, Saëna et ce solitaire qui se trouvait en retrait par rapport à elle. Les ramures des arbres se faisaient de plus en plus espacées les unes des autres et le halo argenté de la lune qui venait faiblement éclairer leur passage, teintait la fourrure de la traqueuse d'une couleur spectrale qui n’était pas sans rappeler les fantômes peuplant les les contes que l'on se plaisait à raconter. Mais aux fantômes et à ces histoires à dormir debout, la femelle n'y croyait guère. Ou du moins, elle donnait l'impression de ne pas y croire. Autant dans son physique que dans son caractère.
Fine mais pourtant forte et puissante, elle portait sur ses épaules le poids d'une vie passée qui ne fut pas des plus faciles. Premièrement à cause de la disparition de son père, puis de la mort de sa mère sous ses propres yeux dans des circonstances effroyables. Enfin, elle devait aussi déplorer la disparition de ses chères sœurs. Mais comme elle se l'était dit quelques instants plus tôt, il fallait qu'elle cesse de se ressasser ces souvenirs néfastes à son bonheur immédiat, car cela ne faisait que la rendre encore plus maussade et acariâtre qu'elle ne l'était déjà. Aussi acariâtre que ce solitaire dont elle ne connaissait pas même l'identité, peut-être. L'idée de lui demander son nom, d'ailleurs, ne lui effleura pas même l'esprit, tant elle était concentrée à regarder où ses pattes se posaient, concentrée à ne pas trébucher devant le mâle pour ne pas avoir l'air ridicule. Une ridiculisation dont elle se passerait sans problème, bien évidemment. Silencieuse et légère, à l'affut du moindre mouvement dans les fourrés, Saëna se glissait entre les ramures des arbres, serpentant entre les troncs d'arbres avec une agilité qui lui était propre. Avec pour seul but dé débusquer un gibier, la traqueuse finit par faire entièrement confiance à ses sens et se laissa guider par son instinct qu'elle savait infaillible. Elle allait là où les menaient ses pattes blanches souillées par la bourbe, par ce dépôt visqueux de mélange d'eau et de boue qui produisait un bruit de succion écœurant lorsque l'on avait la malchance de marcher dedans.
La nuit recouvrait le monde de son voile noir, triste et lugubre, tandis qu'un silence accablant régnait autour d'eux que pas même un bruit, hormis celui qu'ils faisaient en marchant, ne venait percer. Le vent venait s'infiltrer dans les poils blancs de Saëna, souffle mélancolique qui n'était pas sans lui rappeler son triste passé et venait raviver en elle de douloureux souvenirs qu'elle s'efforçait tant bien que mal d'oublier. De faire disparaître de son esprit malmené. Mais qui songe à oublier se souvient, et les souvenirs affluaient, de nouveau, par milliers, cette fois, plus cruels et saisissants que les précédents, venant même à la hanter jusque dans ses rêves. Cauchemars, manifestions oniriques principaux facteurs du désespoir et de la tristesse qui l'accablaient depuis bien longtemps déjà. Le vent mugissait à ses oreilles, la faisant vibrer de son être tout entier, la faisant frémir, par ses longues plaintes qui venaient s'insinuer jusque dans ses oreilles. Ses poils volaient en tous sens, ébouriffés, lui donnant un air farouche que l'expression de son visage venait démentir. Des yeux aux prunelles d'azur, des lèvres où fleurissaient un sourire tendre et affable, tout comme elle l'était elle-même.
Soudain, un bruit, un mouvement dans les fourrés environnants avertit la traqueuse qui, alerte, dressa les oreilles et leva le museau pour humer l'air ambiant. La présence d'une éventuelle proie la fit tressaillir. D'excitation, de gaieté ? Elle ne le savait même pas elle-même mais elle était pratiquement sûre de toucher au but. Là, tout près, un animal rôdait dans l'ombre des arbres, les guettant comme eux-même, les loups, guettaient les fourrés en espérant apercevoir la bête. Saëna, sans qu'elle s'en aperçoive vraiment, s'était arrêtée et tournait sur elle-même pour regarder de tous les côtés. Mais rien. Tout ici n'était que désolation. Tout ici était désertique, sans la moindre présence apparente.

    « Que penses-tu que ce soit ? »


Demanda alors le solitaire dont le nom lui était encore, pour le moment, inconnu. Saëna poussa un léger soupir, tandis qu'un nuage de buée se formait sous ses yeux, qui ne tarda pas à disparaître cependant. Balayant les fourrés du regard, les crocs légèrement dévoilés, elle attendit quelques instants sans répondre au mâle. Puis, voyant bien que son manège ne servait à rien et que la bête avait probablement fuit, elle se détourna et reprit sa marche. Tournant légèrement la tête vers le solitaire, elle planta ses yeux bleus dans les siens, un sourire énigmatique sur le visage. Elle ouvrit la bouche, comme pour répondre, mais pas un son ne sortit de sa bouche. Tout simplement parce qu'elle ne savait pas quoi lui répondre. Lui avouer qu'elle n'en avait pas la moindre idée ? Sûrement pas. Aussi préféra t-elle ne rien dire, et laisser toutes sortes de suppositions affluer dans son esprit. Était-ce un loup, une bête, le souffle du vent ? Tout était possible. Ainsi, secouant légèrement la tête, elle poussa un second soupir et tenta d'oublier tout cela. Seulement, la pensée qu'elle venait de rater une proie ne cessait de la tarauder et ne faisait que rendre son agacement plus grandissant encore, au point qu'elle accéléra le pas, désireuse de trouver un fichu gibier pour ce solitaire. Et, dans le silence naissant, le loup se décida enfin à prononcer la question qui n'avait pas encore été posée jusque-là :

    « Je pourrais savoir ton nom ? »


Cette fois, la louve s'arrêta de nouveau, les oreilles dressées sur la tête comme si elles avaient pour but d'un jour atteindre le ciel. Les yeux luisants d'une lueur de malice, de vivacité et d'intelligence, Saëna jeta un coup d’œil pour faire comprendre au mâle qui se trouvait à ses côtés que la chose qu'ils avaient perçu quelques instants plus tôt se rapprochaient. L'on pouvait entendre le léger bruissement des feuilles et quelques branches qui craquaient, imperceptiblement. Sans oser prononcer le moindre mot, au risque de passer malpolie auprès du grand solitaire, Saëna resta silencieuse et n'osa même pas esquisser le moindre mouvement. Campée sur ses quatre pattes, ses griffes s'enfonçant dans la terre, elle patienta tout en vibrant d'une certaine excitation non contenue. Elle avait beau être une princesse, ou du moins une princesse déchue, elle n'en restait pas moins comme les autres loups, avide de sang et de chair fraiche. Bestiale, elle ne l’était pas le moins du monde mais quand la faim la tenaillait, il était bien difficile de résister à ses pulsions. Aussi, jetant un autre regard au mâle qui lui intimait de garder le silence, elle s'avança à pas feutrés en direction des fourrés, les babines retroussées, dévoilant ses crocs d'une blancheur éclatante. Elle forma un mot sur sa bouche, sans qu'aucun son n'en sorte, invitant le mâle à la suivre.

    « Venez. »
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeJeu 9 Mai - 19:24

Thron. Ce simple nom, signifiant pourtant trône, aurait dû conduire notre cher loup à un avenir, un destin glorieux. A posséder des terres, une famille qu’il aurait lui-même construite. A grader au sein des Emeraudes, en mémoire de son père. Ainsi que de ses aïeuls. Par respect pour sa mère et en symbole de fidélité à son frère. Mais, alors que tout ceci semblait tracé, le mâle – qui n’était alors qu’un loupiot – avait réalisé et compris bien des choses, à sa manière, sur le monde qui l’entourait. Aucune expérience et pourtant, il se faisait une bien désagréable idée sur le tout. Cela avait commencé avec le sexe opposé. Rapidement, alors qu’il jouait régulièrement avec des femelles comme avec des mâles, Thron se mit à ressentir un dégoût certain pour celles qui étaient alors ses amies et peut-être même sa future compagne. Aussitôt, il se fit une généralité des louves : manipulatrices, pimbêches, déloyales et tant d’autres adjectifs avantageant peu la gent féminine. Refusant proprement de se joindre encore aux jeux de louveteaux innocents, le loupiot décida de s’isoler. Prit tout de même pour la bête noire, il n’avait comme contact que son frère, Helgrind. Puis, vint la mort de leur paternel. Alors que leur mère était morte à leur naissance, voilà que tous deux se trouvaient sans attache parentale. Thron, mature et alerte, décida de prendre soin de son cadet, moins débrouillard, au la place de le laisser à une Nourrice. De par le fait de son exclusion due à ses propres opinions, le louvard développa alors du mépris pour sa propre meute. Des années passèrent, les deux loupiots devinrent grands. Ne se considérant plus comme l’un des Verts, Thron se dut de rester pour Hel’, qui se sentait tout à fait à son aise au sein des Emeraudes. Alors que le benjamin faisait honneur à la mémoire du père combattant, poursuivait, à travers les temps, ce que leur famille avait accompli jusque-là, avec courage et intelligence, l’aîné n’était que déception. Thron ne se contentait que de faire ses simples rondes de Garde, patrouillant modestement sur les Terres Vertes. Aucune envie ne se faisait ressentir dans son regard, rien de plus effrayant que le vide. Vide de tout, ce loup faisait de plus en plus peur à voir. Car, bien qu’il donne une apparence sûre et agressive, un sentiment palpable le hantait. Il suffisait de le regarder de plus près, et on la ressentait : la honte. Une honte si enfouie et profonde, qu’elle pourrissait jusqu’aux fondations mêmes de son âme. Car, et on pouvait bien en douter, mais rien n’était plus vrai, que le loup ne se sentait pas assez fort pour cet héritage. Héritage modeste, certes. Mais héritage tout de même. Le poids du regard de ses ancêtres le hantait. Ces derniers le critiquaient-ils ? Le maudissaient-ils ? Le désapprouvaient, avaient-ils honte, eux aussi ? Tant de questions, jamais de réponses. Finalement, la vie de ce Solitaire n’était que refrain.
Evidemment, Thron était bel et bien conscient de l’image qu’il donnait mais ne se décidait pas à faire bonne figure. A part devant son frère, qui lui, ne se doutait de rien du mal tourmentait son aîné, insouciant et innocent, profitant de la vie. Comme toujours. Bien qu’Hel’ soit un loup courageux, il n’avait pas vraiment changé depuis sa tendre enfance. L’aîné de la famille se devait de garder la tête haute, les épaules solides. Sinon, tout ceci s’écroulerait. Le fragile équilibre jusque-là érigé par Thron s’effondrerait tel un château de cartes sous un léger vent. Ce dernier forcissait, menaçait la petite famille, ne comprenant plus que deux mâles. Deux mâles qui devaient se trouver une compagne pour espérer continuer la lignée. Helgrind, de plus en plus intéressé par ce plan, s’était lancé dans une recherche effrénée. Dont il n’était jamais rentré. Certainement, Hel’ avait-il trouvé ce qu’il cherchait. Délaissant son frère qui lui avait tout donné. Qui avait sacrifié une partie de sa vie pour faciliter la sienne. Il était parti. Pas un au revoir, rien. Peut-être, alors, le benjamin savait-il qu’aucun retour n’était prévu ? Tant de questions, jamais de réponses.

Bien mystérieuse, cette louve à ses côtés. Lui non plus, certainement, n’aurait pas révélé son nom à quiconque. Et encore moins au sexe opposé. Après, ceci n’est qu’un point de vue. Mais, l’animal repéré un peu plus tôt ne s’était pas éloigné comme Thron l’avait pensé, mais était revenu, ou simplement jamais parti. Quoi qu’il en soit, ses pas et ses bruissements étaient nettement perceptibles pour les oreilles du mâle. Ne sachant pas encore la nature exacte de la créature, qui n’avait visiblement pas réalisé qu’elle était prise d’office en chasse, Thron tenta de discerner une odeur, une caractéristique propre à l’animal que les deux loups, bien qu’inconnus, chassaient ensemble à présent. Après une demande – ou serait-ce un ordre ? – faite par la louve élégante, le mâle l’avait suivie. A présent, tous deux les nerfs à vif, détectaient le moindre mouvement fait par la bête. Penchant pour un cervidé, Thron déploya virtuellement devant lui un plan d’attaque. Mais, à seulement deux, les loups n’arriverait à rien de concluant. A trois lupins, auraient-ils pu coincer la proie et l’essouffler. Alors que là, avec un mâle mal fichu, crevant de faim, et une femelle qui, bien qu’elle semblait confiante, n’était pas vraiment en meilleur état, leurs chances de mener à bien cette chasse plafonnait à… zéro. Le mâle, lasse, sentit sa patience s’effriter. Un autre coup d’œil dans les bois, la lune jouant de ses rayons afin de permettre aux loups de distinguer, par intermittence étant donné que le vent faisait aussi des siennes, des silhouettes et des ombres. Son regard jaune se posa sur le corps blanc de la femelle et il laissa échapper un grondement agacé qu’il réprima sur la fin. Mais, trop tard. Alors que les deux loups se trouvaient en plein milieu des bois, entourés par différents arbres, la bête qui, jusque-là, ne les avait pas perçus, prit peur et s’en alla. Sachant qu’il était peine perdue de partir à sa poursuite, le mâle se contenta de scruter les alentours d’un regard vide et de suivre les sons que leur possible proie produisait en sautillant. Alors que le bruit finit par s’évanouir, il tourna la tête vers la louve et attendit un instant la suite des évènements. Puis, après deux secondes de réflexion, il se maudit d’attendre de laisser une femelle, aussi agréable soit elle à regarder, faire des choix à sa place. Aussi, bien que cela n’était pas dans ses habitudes, il demanda d’une voix plate et grave :

- Je vais me rabattre, et je pense que cela soit plus sûr, sur du lièvre. Tu… Vous… On continue ?

Alors qu’il avait commencé par la tutoyer, Thron avait été déstabilisé par le vouvoiement de la femelle. Aussi peu affirmé sur le plan social, le mâle savait qu’il pataugeait rapidement avec les relations. D’autant plus avec la gent féminine, qui, depuis peu, l’insupportait moins. L’air, plus frais, venait agiter les poils des deux loups plantés là, dans les sous-bois. Une chouette lança son hululement sinistre, comme pour souligner le malaise de Thron. Pas très loquace, cette femelle. Parfait, une aubaine presque ! Se disant que si elle le souhaitait, elle le suivrait, le Solitaire tourna les talons et s’avança dans une autre direction que celle d’où ils venaient. Cela marquerait peut-être la fin de leur rencontre, qui sait ? C’était à la louve d’en décider. Aussi, sans un regard en arrière, le mâle s’éloigna, avec un dernier gargouillement sonore.
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeDim 19 Mai - 8:21

« Les vies sont si fragiles, si incertaines. On croit parfois leurs fondations solides, on s'émerveille du chemin parcouru, puis, comme ça, soudainement, pour un éblouissement, elles volent en éclats, se fracassent contre un rêve. Qui peut se prémunir de ça ? Qui peut se croire assez fort pour ne jamais chuter, pour ne pas désirer céder à ce qui un instant l'a fait défaillir ? À mon avis, les tragédies ça fait partie de la vie, on va pas baisser les bras parce qu'on est malheureux. Je me suis rendu compte d'une chose, quand on vous brise le cœur, il faut se battre de toutes ses forces et s'accrocher à la vie, parce qu'elle continue quoiqu'il arrive et cette douleur qui vous déchire fait partie de la vie aussi tout comme la peur et le mal être. Toutes ces sensations qui sont là pour nous rappeler que les choses s'arrangeront, ça vaut le coup de continuer à se battre. »

Se battre. La princesse déchue n'en avait jamais eu le courage, et voilà où cela l'avait mené. Chez les Saphirs, dans une meute autre que celle qu'elle aurait du gouverner. Dans une meute autre que celle qui devait lui revenir, étant l'héritière désignée par sa défunte mère. Sa défunte mère qui avait cru en elle et qui l'avait surestimé, la croyant dotée d'une force mentale qu'elle n'avait jamais possédé. Cette princesse déchue qui n'avait même pas été capable de porter sur ses épaules la charge qui lui incombait, et qui avait préféré fuir plutôt que de se battre et de se démener comme une furie, à la juste valeur de sa lignée. Parfois, il lui arrivait de ployer l'échine face au Destin et à ce lourd passé qui la poursuivait et la hantait en tout temps et en tout lieux, sans aucun répit. Mais elle ne devait en aucun cas le faire. Fière, altière et libre comme l'air, elle devait le rester comme le lui avait tant de fois répété sa génitrice. Il fallait qu'elle croie en elle, qu'elle croie en chaque chose qu'elle faisait. Qu'elle croie en l'avenir, au futur, au lendemain et qu'elle ne doute pas de ses capacités. Elle avait échoué une fois, mais elle ne commettrait pas une seconde erreur, car elle ne pourrait jamais s'en relever. Petit à petit, elle se reconstruisait, mais n'était plus et ne serait jamais plus la louve à l'expression affable et au caractère doux et enjoué à la fois que l'on avait pu connaître dans le passé. Le dénommé Thron avait ainsi face à lui une louve silencieuse, brisée par la mort de sa famille entière, une mort qui les avaient tous emportés sans aucune exception. Pas même un seul qui aurait pu rester au côté de Saëna et partager sa peine. Décidément, la vie avait été cruelle et ne lui avait laissé aucune chance de s'en sortir. Elle pataugeait dans une mer d’amertume et de tristesse, par moments submergée par des vagues qui ne la laissait remonter qu'au prix d’incroyables efforts, pour sombrer bien plus vite qu'elle ne l'aurait imaginé.
Grave et immobile, la belle songeait. Avait-elle seulement remarqué que la proie qu'ils traquaient, ce mystérieux solitaire et elle, venait de détaler tel un lapin, pris par la peur ? Nul ne pouvait le savoir tant son visage arborait une expression de marbre, que pas même la brise nocturne qui venait l'effleurer ne parvenait à dérider. Dure était devenue Saëna, cette louve dont les traits semblaient méconnaissables à présent, transformés par le temps qui passe et les douleurs de toute une vie qu'elle avait subi dans son enfance. Une enfance, d'ailleurs, qui n'en avait pas vraiment été une puisque l'on lui avait brisé dès la disparition de son père. Et ce fut la mort de sa mère, au sommet de la Montagne des Ancêtres, sous le soleil couchant qui dardait ses ultimes rayons sur le territoire, qu'elle devint enfin une adulte, après avoir traversé tant d'épreuves en si peu de temps. Adulte alors qu'elle n''aurait du être qu'une enfant, à l'âge où l'on commence à fricoter avec les mâles et à se désintéresser de sa famille et de ses géniteurs, elle avait appris beaucoup de la vie et elle savait notamment que cette dernière pouvait donner l'impression d'être dans un conte de fées, tout comme elle pouvait donner l'impression de se trouver en plein cœur d'un cauchemar dont on ne pourrait jamais sortir. Ainsi, le temps avait laissé sur le visage de la princesse déchue quelques sillages, vestiges de son terrible passage qui jamais ne pourrait s'effacer. Mais où était passé cet air charmant, juvénile et enjoué que la belle blanche arborait si fièrement ? Cette époque où tout n'était que bonheur et allégresse était révolue et Saëna ne pouvait en conserver que des souvenirs. Rien d'autre. Elle se demandait si souvent pourquoi la tristesse et l'accablement la suivait, la hantait sans répit ? Pourquoi elle et pas quelqu'un d'autre ? Où qu'elle aille, tout n'était que désolation, vide, et avec un goût profond d’amertume pour elle. La haine s'était emparée de son cœur, une haine sans pareille contre le Destin qui s'était si sauvagement acharnée contre elle, sans lui laisser aucune chance de remonter à la surface et d'un jour revoir la lumière bienveillante du bonheur, un mot qu'elle avait appris à oublier et à ne plus prononcer.

    « Je vais me rabattre, et je pense que cela soit plus sûr, sur du lièvre. Tu… Vous… On continue ? »


La voix du mâle, qui brisa le silence, ce chant muet qui s'était installé, finit par la sortir de sa torpeur et elle sursauta avant de lui jeter un regard troublé. Perdue dans les méandres de son esprit, elle en sortait difficilement et il lui fallait toujours un temps d'adaptation pour revenir au monde réel, celui qu'elle côtoyait chaque jour qui passait et qui ne faisait que l'anéantir à chaque seconde, chaque minute qui s'écoulait, inexorablement. Elle poussa un autre soupir, qui franchit ses lèvres dans un souffle et vint former un nuage de buée juste sous ces yeux. Elle le contempla quelques instants, les prunelles brillantes d'une lueur étrange, avant de lever les yeux vers le solitaire qui se trouvait à ses côtés. Un jour, elle l'espérait, un sourire se dessinerait sur ses lèvres, à nouveau. Un jour, elle l’espérait, quelqu'un serait capable de lui montrer que le bonheur existait, mais qu'il fallait simplement savoir le trouver. Un jour, elle l'espérait, elle ne serait plus aussi seule que maintenant. Mais surtout, un jour, elle reverrait sa famille entièrement décimée dont elle n'était plus que l'ultime descendante, après un voyage vers les cieux. Ultime descendante d'une lignée de Diamants, qui remontaient jusqu'à ses aïeux, elle venait de briser tout cela en rejoignant les rangs des Saphirs. Elle avait l’impression, en son for intérieur, de les avoir trahis et de n'avoir été qu'une erreur de la nature, incapable de reprendre le flambeau, incapable d'assurer la succession. Maintenant, il lui était impossible de faire machine arrière et il ne lui restait plus qu'à assumer son acte : celui de s'exiler. Aucune issue, aucun choix ne s'offrait à elle. Les dés étaient jetés, et sans doute qu'elle partirait rejoindre le reste de sa famille sans avoir aucune descendance, ayant sur la conscience la fin de la lignée des brillants dominants Diamants. Ou du moins, des anciens meneurs de la meute, car la princesse avait entendu parler d'une louve qui avait été nommée dominante récemment. Tant mieux pour elle. Il fallait juste espérer qu'elle soit à la hauteur et qu'elle ne se dérobe pas à ses devoirs, comme Saëna elle-même avait pu le faire.
En voyant le mâle s'éloigner, alors que Saëna restait muette, les lèvres pincées dans un air dépourvu d'aménité, elle voulut le héler mais elle se ravisa, trouvant cela bien malpoli. Elle se contenta alors de galoper vers lui, comme si cet individu n'était qu'une illusion et qu'elle avait peur de le perdre, pour sombrer de nouveau dans la solitude. La solitude qui était omniprésente et qui lui tenait compagnie jour pour jour, sans la lâcher, la hantant et ne lui laissant aucun répit. Le son de ses menus pattes résonnaient dans la forêt silencieuse, dont pas même un bruit ne venait briser le chant muet. Finissant par ouvrir la bouche, elle se décida enfin à parler et une telle douceur émana de sa gorge que l'on eut dit un ange, mais un ange en détresse qui cherchait à tout prix du secours. Appel tendu à cet inconnu de l'attendre et de ne pas la laisser tomber, comme tant d'autres l'avaient fait. Elle s'employa aussi au tutoiement, chose qu'elle n'avait pas faite depuis bien longtemps. Au diable les manières distinguées et les politesses démodées, elle n'était plus la princesse d'antan.

« Attends-moi. Tu sais, tu peux me tutoyer, comme je te tutoie. Au fait, je ne t'ai pas répondu : je m’appelle Saëna. »

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeLun 27 Mai - 19:15

Thron songeait. A quoi ? Rien de particulier, pour cette fois. Il laissait ses pensées divaguer, s’envoler avec le vent qui trouvait facilement son chemin entre les troncs de la forêt Diamant. Cette dernière, bien qu’elle soit plongée au plein cœur de la nuit, semblait luire d’une lueur bien amicale – en image à la meute à qui elle appartient. Il faut croire que toute terre, justement appropriée ou non, possédait bel et bien un quelque chose du « propriétaire ». Une odeur, une atmosphère spécifique. Chez les Rubis, on s’y sentirait mal à l’aise, oppressé. Alors que chez les Diamants, on pouvait, semble-t-il, flâner et divaguer. Qu’on soit Solitaire ou membre d’une autre meute. Qu’on soit mâle ou femelle, adulte ou louveteau. On pouvait presque dire que les lupins foulant les territoires des Diamants étaient tous la bienvenue. Il fallait néanmoins garder en mémoire que les Diamants restaient tout de même des loups, bien que pacifiques. Faire abstraction de ce genre de chose pouvait s’avérer tout bonnement fatal. Qui était assez stupide pour se laisser berner par l’apparente bienfaisance des Diamants ? Thron ne les connaissait que par leur bonté réputée et l’inébranlable étiquette d’une meute que l’on pensait naïve et, de part cela, faible. Néanmoins, ceux qui possédaient la forêt que parcourait à présent Thron devaient bien profiter de cette image : elle leur conférait l’atout non négligeable qu’est la surprise. On pouvait bien les penser niais, ils n’en restaient pas moins une meute intelligente.

Thron savait que les apparences cachaient bien des choses, bien plus sombres encore que ce à quoi on avait pu penser ou croire. Bien plus froides qu’un hiver sans lune. Les personnalités étaient propre à chacun, mais, au moins un point commun les reliaient : toutes avaient des secrets. Qu’elles s’efforçaient de les garder enfouis, sans vraiment y parvenir. Quelque chose, quelqu’un, nous trahissait forcément. Il suffisait d’une réaction minime et mal placée, et tout était loin, vos efforts pour paraître envolés. Vous étiez démasqués, nu comme un ver, aux yeux de tous. Le Solitaire en frissonnait intérieurement : s’il se retrouvait dans pareille situation, jamais plus il ne s’en remettrait.
Le soleil ne se pointerait pas avant quelques heures, il avait pour l’instant laissé sa place à l’astre lunaire qui illuminait entre les branches d’arbres à peine feuillus et guidait Thron à travers la forêt. Des aiguilles de pins, des feuilles mortes et un peu de boue recouvraient le sol d’un tapis spongieux et semblait absorber le moindre pas des loups, quel que soit la masse corporelle de ces derniers. Ce qui était une chance pour le mâle. Bien bâti, légèrement trapu, Thron méritait bien ses quelques huitante cinq kilos. Musclé et plutôt carré, le mâle était presque aussi large que grand. Imposant et doté d’un regard pour le moins déroutant, le Solitaire ne profitait pas pleinement de ce physique et ne se mettait pas vraiment en valeur. C’était lui ça, se rendre invisible, éviter les problèmes. Il arpentait ces terres depuis presque six longues années, seul et borné. Ayant ses idéaux, avec un esprit aussi obtus que possible, impossible de le tirer de ses pensées bien arrêtées. Têtu et résolu, Thron avait fini par avoir une vision du monde bien triste. Mais, aussi triste que ce dernier pouvait lui paraître, le mâle était décidé à y rester et ne se fier qu’à lui-même. Individualiste en puissance, ce mâle ! Il faut de tout pour faire un monde, je dirai donc.
Un oiseau roucoula et s’envola, faisant bruisser quelques branches sur son passage. A présent, le Solitaire foulait un sol sec qui accentuait le son de sa présence en ces lieux. Ses coussinets amortissants légèrement les impacts de son déplacement, le mâle put reprendre ses songes tranquilles. C’est à ce moment-là que la femelle de nacre décida de suivre le Solitaire.

- Attends-moi. Tu sais, tu peux me tutoyer, comme je te tutoie. Au fait, je ne t'ai pas répondu : je m’appelle Saëna.


Le silence avait été définitivement rompu et Thron adressa un remerciement muet à cette dénommée Saëna. Sa compagnie était la bienvenue, bien que Thron ne lève pas une fois le museau vers elle : il n’avait pas l’intention de le lui faire remarquer, tout de même.
En fait, le silence lui pesait de plus en plus et, il ne se sentait à son aise que lorsque de l’agitation régnait. Ne serait-ce qu’un tant soit peu ! Mais, un minimum. Il se pensait indépendant et détaché des Emeraudes, capable de survivre en tous lieux sur ces terres. Mais, ce n’était que désillusion, et il ne faudrait encore que quelques temps pour que Thron lui-même se rende compte de la supercherie. Et oui, les Solitaires avaient la vie dure : seules les terres Libres, ils les foulaient sans problèmes. Mais, peu de proies y regorgeaient, et il leur était difficile de s’alimenter correctement. En meute, tout tombait du ciel, un petit groupe de loups allait chasser, revenait toujours avec une proie convenable et capable de rassasier tout un chacun. Si nécessaire, ils repartaient traquer un cerf et son troupeau. Rien de plus simple. Tout vous était servi sur un plateau d’argent en moins de deux. Facile, cette vie-là. Thron se demanda si la louve marchant à ses côtés connaissait aussi tout cela. De quel côté était-elle ? Vivait-elle en meute ? Seule et sans attache aussi ? Puis, tout aussi vivement qu’étaient venues ces questions, elles s’envolèrent, pour que le loup puisse retourner à sa propre situation de Solitaire. Mais, bien que le mâle vive des moments difficiles, il ne troquerait pour rien au monde sa vie présente pour celle d’avant. Le loup se savait à sa place, ici et nulle part. Sans cesse en déplacement, sans aucune attache. Personne avec lui, lui avec personne. La vie qu’il avait tant souhaitée… Et qui s’annonçait bien sombre. Encore plus ténébreuse, même, que la forêt qui l’entourait. En effet, un changement d’atmosphère s’était fait ressentir. Comme si, il avait dépassé une limite. Il se demanda si Saëna l’avait aussi ressenti. La limite du territoire Diamant. Silence. Une odeur âcre et acide arriva aux narines de Thron, qui renifla brusquement avant d’expirer profondément, dissipant l’effluve entêtante du sang qui envahissait tout juste sa gueule. La seule fois qu’il avait inspiré un tel fumet, c’était lorsqu’il se trouvait chez les Rubis. Une fois, alors que le loup était encore Garde chez les Emeraudes, il avait dû traquer un intrus pendant des kilomètres dans les terres Vertes puis, ce dernier s’était aventuré dans les terres Libres pour finir par arriver chez les Rouges. C’est là que Thron s’était lui-même stoppé, avec son équipier du jour. Ils avaient simplement eu le temps de faire quelques foulées sur ces terres qui leurs étaient interdites avant de rebrousser chemin. Plus repoussés par l’odeur du sang frais que par le fait de transgresser des règles universelles.


- C’est sûrement pas le bon moment pour le dire, mais, enchanté. Tu as sentis cette odeur ? On a pénétré chez les Rubis.


Et non, Thron n’avait même pas remarqué qu’il s’était dirigé en plein sur ce territoire maudit et funèbre. On ne pouvait clairement pas dire que ce loup était excellent en orientation. Mais bon, on ne pouvait pas tout avoir.

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeMer 12 Juin - 13:43

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeMer 12 Juin - 15:01

Okey =)

La suite ici.
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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitimeDim 23 Juin - 16:35

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MessageSujet: Re: Songe d'un crépuscule - with Thron. Songe d'un crépuscule - with Thron.  I_icon_minitime

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