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Une pluie fine tombait du ciel aux mille nuances de gris, s'accrochant comme de la rosée sur la fourure argentée de la louve qui reposait là. Son corps fin était étendu sur le sol. Ses yeux dorés étaient entre-ouverts, comme s'ils avaient refusé de se soumettre à l'obscurité qui avait du les voiler; et leur enlever la vision la plus terrible qu'il est possible d'imaginer pour une mère. A quelques mètres de là seulement, gisait contre une roche une petite boule de poil claire au corps brisé. Le silence enveloppait la scène, sinistre; seulement troublé par le halétement des protecteurs de la meute qui avaient accompagné le béta. Tohivo fit quelques pas hésitants dans la terre humide et approcha doucement son museau du cou de la louve, en effleurant la fourure douce et trempée. Les mêmes mots se succédaient dans sa pensée, répétitifs; à tels point qu'ils semblaient avoir perdu toute signification. Enkara n'était plus. Winterfell n'était plus. Kenya, Youka et Snow Black avaient ...disparus. Enkara...Winterfell...

Le choc était si grand pour le jeune loup qu'il ne remarqua pas de suite le sang qui recouvrait les pierres; souvenir du combat acharné d'une mère qui avait donné jusqu'à sa vie pour tenter d'épargner une fin atroce à ses petits. Ses yeux argentés étaient d'abord passés sur le corps de la louve en refusant d'y voir les plaies profondes et fatales, ses yeux avaient refusé de voir le corps étrangement tordu de son petit frère...Mais petit à petit, comme si la pluie lavait doucement de son regard le voile qui niait jusque là la triste vérité à son coeur, la scène lui apparaissait. Sa mère adoptive, la douce Enkara, avait quitté le royaume des vivants, accompagnée de son jeune fils. Ils avaient été tués. Arrachés à la vie avec une violence cruelle et réfléchie. La monstruosité de ce massacre était insurmontable...Comment pouvait-on commettre un acte aussi pervers et brutal? Pour quelles raisons pouvaient-on aller jusqu'à massacrer un pauvre louveteau et sa mère? La cruauté du monde avait souvent heurté Tohivo alors qu'il n'était qu'un louveteau solitaire, mais jamais de façon aussi brutale.
La gorge serrée, le jeune loup se sentait plus perdu qu'il ne l'avait jamais été dans sa vie. Le chagrin encerrait son coeur comme autant de ronces qui le lacéraient de l'interieur. Il avait le coeur brisé par la douleur, mais c'était bien de tout son être qu'il souffrait...

Submergé par la peine et le chagrin, Tohivo baissa la tete, laissant s'écouler quelques larmes qui se mélerent à la pluie. Il pleura en silence quelques instants qui lui parurent une éternité. Les larmes coulaient doucement le longe de son museau. Puis une force étrange commença à s'emparer de son coeur douloureux. Un désir fou de vengence, une colère sombre noyée par le chagrin. Un grondement grave commença à rouler dans sa gorge, mais le temps n'était pas encore venu de se jeter dans la bataille. Rejetant lentement la tête en arrière, son grondement se transforma en un chant funeste et douloureux, grave et mélodieux comme celui du vent qui soufflait dans les branches des arbres lors des tempêtes. Son chant puissant résonna sur tout le territoire émeraude, et peut etre même cette litanie fut elle entendue au delà des frontières de la meute. Il appelait les émeraudes, tous devaient se réunir pour veiller sur les âmes des défunts. Le deuil avait commencé.

Un ciel sombre et sinistre surmplombait le territoire emeraude.Une pluie fine et glaçante venait se poser doucement sur les arbres.Ouray s'etait arreté, et regardait le ciel,immobile.Les oiseaux s'etaient tu.Dans le lourd silence qui regnait, on entendait plus qu'une longue litanie..La louve resta un moment à ecouter ce chant de mort, esperant qu'il n'etait qu'une illusion.Tohivo,c'etait lui qui lançait cet appel rempli de tristesse aux Emeraudes.La louve sentie une vague de chagrin monter en elle.Comment etait ce possible ?
Comment un tel malheur avait il pu arriver ?


Lorsque le hurlement s'arreta, Ouray cligna des yeux, comme sortie d'un moment d'absence.Tant de questions et d'angoisse se melangeaient et s'embrouillaient dans sa tete.La louve baissa la tete,laissant couler une larme.Elle rejeta sa tete en arriere et repondit à l'appel, un hurlement de desespoir, avant de s'elancer dans les bois pour rejoindre Tohivo.Elle ne sentait pas les roches qui ecorchaient ses coussinets, elle ne pretait pas attention aux ronces qui se prenait dans sa fourrure immaculée.Elle courait,elle courait comme elle n'avait jamais couru,avec pour seule emotion une immense tristesse.


Lorsqu'elle arriva près du lieu de la tragedie, elle ralenti, marchant doucement et en silence vers ce qu'elle ne pouvait qu'accepter.La louve posa son regard d'argent sur la depouille d'Enkara.Au premier regard, comment aurait on pu croire qu'elle etait sans vie?Son epaisse et majestueuse fourrure brillait ,ses yeux d'or pur etaient mi clos.Un regard perdu dans le vide.Mais bientôt la realité rattrapa la nourrice : les plaies beantes de l'alpha,le sang sur les roches...le petit corps frele et sans vie du jeune prince.Quels monstres avaient pu commetre un tel acte?Ouray se dirigea vers loupiot.Baissant la tete,et tremblante,elle frola la truffe du petit.Elle etait froide, glacée par la mort qui avait violemment arraché le prince au monde des vivants.Jamais encore la louve blanche n'avait eu le malheur de voir un petit perdre la vie,jamais .Elle ne pu se retenir de pleurer ,pleurer en silence, respectueusement.Elle lecha tendrement la joue du loupiot avant de s'en ecarter.
Elle se tourna alors vers Tohivo,qui fixait sa mere adoptive et son frere,le regard embrumé par le chagrin.Ouray s'avança vers lui,et posa sa tete sur le cou du jeune loup, comme elle l'avait fait si souvent pour le reconforter,sa fourrure blanche et epaisse tranchant avec le feu qui recouvrait celle de Tohivo.Le deuil avait commencé.C'etait le premier deuil du jeune loup roux,et meme si à present il etait plus grand qu'elle, au fond, il etait encore un enfant, il restait toujours en lui un peu du louveteau qu'elle avait recueilli.

Le hurlement de Tohivo sembla durer des heures. Rhaego aurait voulu hurler aussi s’il avait pu, mais aucun son ne sortit de sa gueule. Il laissa donc le nouveau dominant provisoire le faire pour lui. Devant lui et certains autres membres de la meute se trouvaient deux corps poilus. Rhaego n’arrivait pas à se dire qu’il s’agissait des corps d’Enkara et de Winterfell. Et pourtant, quand il les regardait, il retrouvait le poil argenté de la dominante et le poil blanc de son louveteau… Comment cela avait pu arriver, il n’en avait aucune idée. Il ne pouvait y croire, il ne voulait y croire. Ce n’était pas possible, pas elle… Il se rappelait encore leur premier dialogue. Enkara l’avait pris en flagrant délit de flemmardise au soleil alors qu’il négligeait sa ronde. La dominante avait sû le remettre sur pattes et lui rappeler ses devoirs. Elle avait sut également lui donner sa chance en tant que Protecteur, et il lui avait promis de servir la meute à tout prix. Et voilà qu’il venait d’échouer… Il n’avait pas su les protéger alors que c’était son travail. Bien qu’il ait réussi à protéger les autres louveteaux des attaquants, il avait l’impression d’avoir mal fait son travail. Et il s’en voulait à mort. Il avait même envisagé de démissionner, puisque décidément il n’était bon à rien. Il avait même peur de croiser le regard de Tohivo, de honte. Il laissa Ouray, Pinky et Alouka lui rendre en hommage, ava,t que ce ne soit son tour. Les voir de plus près l’angoissait d’avance. Mais solennellement, les yeux roulants de larmes et le pelage mouillé, il s’avança vers elle. Son corps était maintenant juste devant lui, Rhaego baissa la tête et renifla son corps. Sa respiration faisait bouger les poils d’Enkara. Il avait envie de lui dire : vas-y relève-toi, mais ne le dit pas. Il venait de se rendre compte qu’elle ne se relèverait jamais, et tout sembla s’écrouler. Il continua à effleurer sa tête, les larmes ruisselantes. Il ne devait pas être beau à voir, et il s’en fichait. Après qu’elle bruit étouffé par l’émotion, il finit par dire :

- Au revoir, Enkara. Je suis désolé de ne pas avoir tenu mes promesses… Je ne me pardonerai jamais d'avoir failli... Soyez heureux là où vous êtes ;

La tête inclinée, il fit marche arrière, les yeux rivés sur eux. Ah, s’il pouvait remonter le temps.

Kerena avait la tête baissée, et le chagrin faisait plier sa nuque comme un joug d'acier. Comme pour Tohivo, des larmes amères s'échappaient de ses yeux verts, contribuant à noyer son pelage chocolat. Elle était prostrée sous la pluie, immobile, et elle ne tremblait même pas, les paupières closes.

Enkara... Sa chère amie, si magnanime, si douce, si grande... Qui avait pu ainsi l'assassiner? Et son fils Winterfell, jeune héritier innocent et plein de promesses...
Elle pleurait. Quelque part, son coeur pleurerait toujours.

Enfin, elle leva la tête avec un peu de difficulté et les vit tous. Ouray, Pinky, Rhaego, Darwin. La petite Alouka, orpheline désormais. Tohivo, écrasé de chagrin.
A leur vue, elle se redressa et s'oublia, malgré sa peine qui l'étouffait comme le noeud coulant d'une corde de fer. Elle marcha vers eux et trouva entre eux le corps brisé de l'alpha.
Elle se laissa tomber devant elle et mouilla de larmes le pelage gris et mort.
Pour ne pas sangloter, hoqueter, elle serra les crocs jusqu'à ce que ses gencives saignent. Le goût de l'hémoglobine emplit sa bouche.
Enkara.
Elle était bien trop triste pour être enragée envers ses ignobles meurtriers, mais cela viendrait bien assez tôt.
Mon amie. Tu es partie. Sois tranquille, les responsables seront châtiés et je ne t'oublierai pas.
Winterfell, pauvre petite âme, qui est le pervers qui t'a tué, qui a tué tes espoirs et tes rêves?
Adieu...
Quand elle croisa le regard de Tohivo, elle n'eut pas la force de lui adresser un faible sourire. Elle y trouva le jumeau de l'océan de douleur qui noyait ses prunelles.
- Partez en paix. Aucun Emeraude de coeur ne vous oubliera.
Elle se coucha sur le ventre et il lui sembla que les gouttes de pluie étaient des débris de pierres qui s'enfonçaient dans son dos. Echo à la chape de plomb qui pesait sur ce matin pluvieux-là.

[HRP > Non je vais repondre en editant, surveillez ce message les concernés ]

Un dernier hommage ? =3

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