Après ma rencontre avec le grand loup gris, j'étais finalement repartis, grâce à son aide, vers les territoires Diamants. Me fiant à mon instinct sous développé de louveteau, je m'étais retrouvé dans une prairie magnifique, mais dangereuse. Magnifique, parce qu'elle arborait mille et une couleurs que je ne pouvais qu'admirer. Dangereuse, parce que rien qu'en levant la truffe vers le ciel, je constatait aussi mille et une odeurs, appartenant chacune à des loups différent, et dont les meutes étaient également différentes.
Cependant, les sentiments que je percevais n'étaient pas la colère ou la peine. L'odeur du sang était aussi absente. Ici, semblait planer la plénitude et et l'envie de vivre. Alors, en y réfléchissant, peut-être serait-ce le meilleur endroit pour trouver une maman.
Plein d'espoir mais timide et en proie à une certaine angoisse, j'avançais d'un pas lent dans ce lieu vide de pensées négatives et pourtant rempli de loups. Malheureusement pour moi, le froid dont j'avais souffert avant que Faustin me découvre, était pire encore en ce lieu ouvert aux quatre vents. L'un de ces derniers, glacial, se mit en tête de déchirer ma peau à coups de bourrasques violentes. Sec, il creusait des fissure dans la fini couche membraneuse qui recouvrait mon corps, et à chacun de mes mouvements, je me déchirais littéralement de part en part. D'abord, je ne faisais aucunement attention à tout cela. Mais bientôt, je commençais à souffrir sans comprendre pourquoi, et très vite je regrettais la chaleur de Faustin, son poitrail doux et revigorant, ses pattes puissantes et protectrices. Dans l'aube du jour, je tentais de lui lancer un appel de détresse, mais ma gorge était aussi sèche que le vent qui me brûlait, et ma voix n'en sortit que plus rauque. De plus, je n'avais pas un hurlement de loup, mais bien celui d'un petit animal sans défense et sans protection.
Errant de ci de là dans la prairie, je cherchais désespérément une cachette pour m'abriter non seulement des intempéries, mais également des dangers vivants. Mon pelage clair était parsemé de petites tâches rougeâtres, preuves de mes douloureuses et nombreuses coupures.
J'avais mal, mon corps me donnait cette impression de piqûre et de brûlure quasi constante, et je ne savais pas où me cacher.

Il est libre??

[normalement il est pour moi]

Il faisait froid et le vent faisait rage. Kimi aurait bien aimé être au chaud dans sa tanière mais ce n'était pas le cas. Elle était rarement au bon moment au bon endroit et là elle n'avait pas pensé à rentrer chez elle avant que la tempête ne se fasse aussi présente. La louve blanche avait préféré s'amuser à observer toutes les couleurs et même à les compter sans jamais arrivé au bout. En même temps c'était chose impossible, surtout pour une louve peu intelligente comme elle. Mais bon, dans tout les cas elle devait maintenant affronter les vents ce qui n'était pas une mince à faire, légère comme elle était, elle avait du mal à lutter. Encore un peu plus et les bourrasques arriveraient à la faire s'envoler et ça, ça risquait d'être bien embêtant. Cependant elle resta bien campé sur ses pattes, dans la neige, avançant avec détermination. La volonté, ça ne lui manquait pas, loin de là ! C'était même sa principale qualité. Néanmoins, même si elle vivait ici depuis son plus jeune âge, elle était un peu perdue. Avec le froid, la neige et le vent elle ne savait plus exactement où elle se trouvait, mais ce n'était pas pour l'inquiéter, Kimi n'était pas le genre de louve stressée, c'était même plutôt l'opposée.

Alors qu'elle avançait péniblement dans une direction inconnue, la louve blanche entendit un appel au secours, porté par le vent dans sa direction. Elle s'immobilisé immédiatement, ses oreilles se mirent à bouger dans tout les sens pour analyser la provenance du son. Quand elle fut trouvée, la louve Diamant se dirigea avec plus de force et de conviction encore que précédemment vers l'animal qui semblait blessé et sûrement en mauvaise posture, tout comme elle d'ailleurs mais certainement était-il plus faible qu'elle. Elle arriva enfin à proximité d'un loupiot, ayant marché aussi rapidement qu'elle put en luttant contre le vent. Le voyant blessé elle vint se mettre contre lui pour lui faire une barrière contre le vent. Elle lui lécha ensuite la tête avec tendresse. Elle était nourrice, alors même si elle n'avait jamais eu de loupiots, elle savait plutôt bien s'en occuper. Celui-ci paraissait perdu.

-Faut qu'on aille se mettre à l'abri petit bout de chou...

Frigorifié, j'avais fermé les yeux depuis longtemps, mais je ne voulais pas mourir. J'avais encore trop de choses à voir, trop de loups à rencontrer. Il était trop tôt pour moi. Mais je devais avouer que j'avais peur. La mort semblait tellement proche de mon minuscule petit corps. Mon hurlement n'avait semblé attiré personne. Je me croyais perdu, lorsque sa voix me fit frémir.
D'une douceur dont on n'avait jamais fait preuve à mon égard. D'un calme qui me laissais admiratif dans une telle situation.
Enfin, l'ange blanc arriva près de moi. Elle n'était pas spectaculaire, même pour un louveteau dans mon genre. Mais elle dégageait une chaleur qui ne me laissais pas inerte, et son regard me réchauffait le coeur.

- Faut qu'on aille se mettre à l'abri petit bout de chou...

Roulé en boule, je tendais le cou vers elle et laissais échapper une grimace de douleur en sentant ma peau se déchirer plus encore.
Dans un effort je me levais et la rejoignais lentement, cherchant à ne pas m'écrouler ou perdre connaissance. Ce n'était pas mon heure. Elle était là pour moi et je faisais le serment, intérieurement, de ne jamais l'oublier.
Je m'approchais et me blottissais sous elle, cherchant une infime source de chaleur qui me permettrait de tenir encore.

Un moment passa avant que la louve m'entraîne dans ses pas et me guide à l'aveugle vers un abris. Elle se coucha et je me pressais désespérément contre elle, à la recherche d'une moindre trace de chaleur. Elle continuait à me frictionner à coups de langues, et j’accueillais cette maigre chaleur avec tout l'entrain dont je pouvais encore faire preuve.
Finalement, sa voir douce et mélodieuse s'éleva et fit calmement vibrer mes tympans.

- Ça va ? Dis moi, comment tu t'appelles ?

Bien élevé, je répondais dans l'ordre chronologique des questions et la regardais dans les yeux lorsque je m'adressais à elle. Ma voix tremblait au moins autant que mon petit corps, mais j'avais plus de détermination que n'importe quel louveteau de mon âge.

- J'ai froid... Et j'ai mal... Je suis Ratchet...

Essayant de ma blottir plus encore contre elle, je cherchais pitoyablement la moindre parcelle de poils qui pourrait me recouvrir et me camoufler de la température qui m'affaiblissait chaque seconde un peu plus.

Dans un geste doux et affectueux, la louve blanche m'enveloppa de sa queue et posa sa tête sur moi. Le changement fut presque instantané et en quelques minutes, je pu profiter de sa chaleur corporelle qui me fit le plus grand bien.

- Quand la tempête sera passée, j'irais te chercher quelque chose à manger. Moi c'est Kimi, enchanté Ratchet.

Kimi... Un nom qui lui allait si bien... Certes, je n'étais qu'un louveteau et je n'avais pas la réflexion aussi développée qu'un adulte. Mais la consonance de son nom me rassurait et me donnait chaud au coeur.
D'une façon que je ne pourrais expliquer, son regard s'ancra dans ma mémoire pour ce qui me semblait alors l'éternité. Son parfum m'enivra et j'eu l'impression de ne jamais pouvoir l'oublier. La douceur de son pelage, sa chaleur, se gravèrent dans ma mémoire comme un ultime refuge.
A cet instant, j'en étais encore totalement inconscient. Mais j'étais alors sur le point de m'imprégner d'elle comme un louveteau le fait avec sa mère, lorsqu'il ouvre les yeux et commence à entendre.
J'étais en bien piteux état, mais j'étais conscient d'une chose: cette louve n'était plus pour moi "une louve". Elle devenait celle pour qui je donnerait tout. Celle qui, en vieillissant, me donnerait le plaisir d'aller chasser pour elle. Elle devenait celle qui maintenait ma vie entre ses pattes. Elle devenait... Ma mère...
Oh, peut-être ce sentiment n'allait que dans un sens, mais quel bonheur d'avoir trouvé une mère, même si je suis seul à la croire!
Après tout, elle n'était peut-être pas de ma meute, et je ne la reverrais peut-être jamais. Mais son souvenir resterait gravé en moi jusqu'à mon dernier souffle, et jamais je ne pourrais l'oublier.
Dans mon esprit perturbé de louveteau abandonné et blessé, je ne voyais plus qu'elle.
Dans un soupire apaisé, je fermais les yeux et m'endormais paisiblement. Un sourire doux se dessina sur mes petites babines et je partis vers le pays des rêves, à ses côtés pour toujours.

Alors le calme était enfin revenu sur la vallée, mon coeur ralentit jusqu'à un apaisement total, blottit tout contre la louve blanche au regard d'ange.
Sans que je m'en rende compte, elle s'en était allé chasser pour moi. Mais fort heureusement, lorsque j'ouvrais les yeux elle était déjà de retour, ce qui m'empêcha de paniquer puisque je n'avais pas eu conscience d'être seul durant un moment.
Je lâchais un bâillement indiscret comme tout bon louveteau qui se respecte, et tournais vers la belle louve blanche, un regard interrogateur et reconnaissant.
Je me levais lentement, encore un peu endormi, et m'étirais tranquillement avant de m'asseoir face à elle. Le lapin qui se trouvait entre nous deux ne m'empêcha pas de garder les manières que l'on m'avait inculqué, à savoir que l'on devait attendre une permission avant de faire le moindre mouvement.
Heureux de cette première rencontre et fou de cette louve qui m'avait sauvé la vie, je ne comptais pas me comporter comme une furie et attendais patiemment qu'elle m'invite à renifler le cadavre, jusqu'à ce que l'odeur enivrante de la viande attise ma faim.

Alors qu'elle me souriait d'une manière plus que réconfortante, je tournais un regard envieux sur la nourriture qu'elle avait apporté. Enfin, l'autorisation arriva. Contrairement à tout ce que j'avais connu, cette invitation était douce et chaleureuse. Était-ce réellement possible, d'être si gentille? Les louves que j'avais connues, étaient sèches et dures. Tout ce qu'elle attendaient de moi était la mort, ou l'obéissance. Autant que j'avais vécu à leurs côtés, j'avais été ce petit animal inoffensif et répondant aux ordres sans la moindre moue. Mais elle, et sa façon d'être. Tout cela était nouveau et magnifique à connaître. Que pourrais-je connaitre de mieux, après ça?
Lentement, je m'avançais de la carcasse et donnais de légers coups de crocs dans la chairs, tout en gardant un oeil sur la louve pour être prêt à déguerpir dès qu'elle aurait un saut d'humeur et qu'elle me chasserait pour se nourrir. Elle n'en fit rien mais je restais méfiant, ne la quittant pas du regard avec cette lueur d'espoir et de peur dans les yeux.
Finalement, un morceau de chair se détacha de la bête et le goût de viande fraîche vint faire saliver mes babines. Je commençais alors, doucement, à prendre plaisir au repas et à détendre mes petits muscles ridicules.
J’essayais de ne pas faire de bruit en mangeant, pour le cas où elle serait en train de penser à autre chose et qu'elle aurait oublié que je me nourrissait de sa propre chasse. Pour me préserver, d'un quelconque changement d'avis.

Après m'avoir rassuré encore une fois, elle me demanda des explications sur mon arrivée ici. Allais-je lui dire? Evidemment! J'étais bien éduquée, moi! Et puis, sa vois était tellement douce, et tellement chaude... Et son pelage était tellement attirant, et sentait tellement bon... Et son visage me rendait si confiant, et si serein... C'était peut-être cela, l'image d'une mère parfaite. Avait-elle des louveteaux? Connaissait-elle la vie des petits, ce qu'il fallait leur apprendre et leur interdire? Accepterait-elle, de m'apprendre ce que je ne connaissais pas?

- Elle m'a demandé de venir en territoire Diamant, alors je suis parti là où elle m'a dit d'aller. Et puis je me suis endormi sous cet arbre gigantesque et il m'a trouvé, alors il m'a gentiment guidé jusqu'ici. Tu sais, il est gentil. Et c'est bien d'être gentil, n'est-ce pas?

Je devais avoir l'air d'un bel idiot complètement ignare. Mais qu'importe. J'étais ainsi et l'on ne me l'avait jamais reproché. Au contraire, il n'y avait que de cette façon que j'avais pu éviter les coups durant ma courte existence.
Ce que j'ignorais alors, c'est que tout ce que j'avais connu, tout ce qu'on m'avait appris, n'étaient que mensonges et méchanceté.
Ce que j'ignorais alors, c'est que cette belle et grande louve blanche, allait m'apprendre beaucoup plus en quelques temps, que tout ce que j'avais découvert au fil de ma vie avec les louves que j'avais connues et craint.

- « Elle », c’est ta maman ? Elle n’est pas venue avec toi ? Tu ne sais pas où elle se trouve ?

Je repensais alors, à la louve qui s’était toujours occupé de moi. Non, ce n’était pas celle qui m’avait mis au monde. Ma maman ? Je ne savais même pas si je pouvais dire qu’elle l’était. Après tout, que connaissais-je de la vie ? Moi, petit louveteau inconnu de tous, loin d’être souhaité et laissé là, à qui voudrait bien de lui ?
Cette grande louve, dont je me souvenais le regard sombre, dur et froid, ne laissant paraître aucun sentiment de bienveillance. Cette immense femelle au corps robuste et gris, triste comme un jour de pluie. Cette louve qui avait toujours vécue seule avec moi, ou peut-être avait-elle une vie ailleurs, que je ne connaissais ?
Tout ce que je savais, c’était qu’il ne fallait jamais sortir de la cachette humide et froide où elle m’avait porté. Tout ce que je connaissais, c’était ces parois glacées au début de ma vie, et moite peu avant que je ne quitte l’endroit sous les pattes de la louve.
Tout ce dont je me souvenais, c’était des chocs et des douleurs que j’avais ressentis, chaque fois que ma curiosité de louveteau m’avait mené hors de la grotte sombre. Elle m’avait mordu, plantant ses crocs dans ma nuque et me secouant si fort que mon cerveau m’avait semblé sur le point de quitter ma tête par mes oreilles. Elle m’avait même, quelque fois, lancé contre les pierres alentour, pour me faire comprendre que chacune des choses qui faisaient partie du monde, était dangereuse et douloureuse. Que je ne devais jamais, oh grand jamais, quitter cet abri si bon et si protecteur.
Je devais attendre sagement qu’elle revienne me porter une carcasse presque vide de chair. Je rongeais alors désespérément les os, attendant qu’elle me lance un nouveau coup de crocs lorsqu’elle en aurait mare que je me serve impunément sur ses propres récoltes.
Pourquoi cette louve blanche, m’avais laissé manger sa viande, si fraiche et si bonne ?

- Je ne sais pas si c’était ma maman. Elle m’a toujours dit qu’elle m’avait sauvé, que ma mère n’avait pas voulu de moi et qu’elle avait eu raison. Qu’elle-même n’aurait pas dû récupérer ma carcasse dans la tanière abandonnée, qu’elle avait hâte que je grandisse et que je déguerpisse.

- Elle ne m’a pas accompagné. Elle m’a posé à la limite du territoire où j’ai vécu avec elle, et m’a dit de trouver les terres des Diamants en tachant de ne pas me faire tuer. Je ne sais pas où elle est allée ensuite. Elle m’a dit de ne jamais plus quitter les terres Diamants, lorsque je les aurais trouvées.

Je ne savais pas exactement ce que je voyais alors dans le regard de la bienveillante louve blanche. On aurait presque dit un sentiment de colère, mais il était voilé par quelque chose de plus profond, de plus attristant. La tristesse ? Peut-être, mais je n’en avais strictement aucune idée. Je n’avais jamais vu ce sentiment dans un regard lupin.
Finalement, elle changea d’attitude et me sourit encore. Timide, je lui rendait cette gentillesse sans oublier cette lueur étrange dans son regard, qui ne la quittait pas malgré les apparences qu’elle semblait tenter de me donner.

- Evidemment que c’est bien d’être gentil. Il faut toujours essayer d’être gentil avec les autres, et toi tu es adorable.

Le sourire ne quitta pas mon visage et je sentis doucement remuer ma queue. Que se passait-il ? Pourquoi cela m’arrivait-il ? Etais-je blessé à la queue ? Me disait-elle qu’elle souffrait ? Devrais-je avoir mal ? Pourtant non, malgré la fixation que j’exerçais sur mon membre extrême, je ne voyais aucune trace de blessure, aucune tâche de sang sur mon pelage clair.
Seuls subsistaient, les cicatrices et les manques de poils aux endroits où les crocs de la louve grise avaient pénétré ma chair lorsqu’elle me jetait contre les parois de la grotte, pour me faire comprendre que le monde extérieur était trop dangereux, trop mauvais pour un louveteau aussi faible et minable que moi.
Je cessais alors tout attrait pour ma queue et lui lançais une demande silencieuse, dans mon regard de louveteau, cherchant à comprendre ces mouvements incessants que mon plumeau exerçait de droite à gauche, sans vouloir s’arrêter.

UP ? (:

Regardant de nouveau ma queue, je commençais à sourire et tournais vers la louve blanche un regard plein d’entrain. Je répétais dans ma tête, ces explications que je voulais à tout prix enregistrer à jamais.
Donc, lorsque la queue remue, cela signifie que je suis content. Donc, n’ai-je jamais été content, dans le passé ? Probablement pas. Puisque jusqu’à ce jour, jamais je n’avais remarqué ces va-et-vient provenant de mon plumeau gris.
Doucement, je me levais et reniflais la louve blanche. Que son odeur m’envoutait… Que son regard me réchauffait… Que je l’aimais…
Le doux vent du dehors commençait à se réchauffer, lui aussi. L’air glacé qui m’avait tant souffrir ces dernières heures, avait fait place à une brise légère qui ne faisait plus le moindre mal. Il allait être tant pour moi de retourner à la recherche d’une maman Diamant, pour me guider sur les territoires que j’avais ordre de ne jamais plus quitter et pour m’apprendre ce que les louves que j’avais connu, ne m’avais jamais appris. J’étais impatient désormais, de rechercher cette véritable maman, et je me mettais en tête de trouver une louve Diamant qui serait exactement comme Kimi.
Je réfléchissais longtemps, cherchant à mémoriser chaque détail de son être pour trouver la véritable louve qui accepterait d’apprendre à un minable louveteau abandonné, ce qu’était là vie.
Kimi était douce comme un jour de printemps. Son regard me rappelait le soleil de l’aube, que j’avais regardé chaque matin depuis le jour où j’avais ouvert les yeux. C’était le seul soleil que je pouvais voir, parce qu’il arrivait toujours à la même heure et apparaissait juste dans l’entrebâillement de la grotte où j’avais vécu. Comme ma maman Grise venait toujours lorsqu’il avait disparu de l’ouverture et donc, lorsqu’il était à son zénith, j’avais toujours l’occasion d’observer avec délice sa lente ascension vers le plus haut point du gigantesque manteau bleu qui recouvrait la Terre.
Kimi est chaleureuse comme… Comme une maman ? Je n’en sais rien. Je ne connais pas encore ce qu’est véritablement une maman. Une vraie je veux dire, une véritable maman.
Kimi est blanche comme la neige qui a recouvert tous les territoires depuis quelques semaines. Elles ont la même couleur mais Kimi est bien plus envoutante, et la neige est si douloureuse… Kimi ne fait pas mal à mon corps lorsque je me blottis contre elle. La neige au contraire, engouffre mon esprit dans une carapace glacée et terrifiante. La neige empli mon corps de frissons désagréables et douloureux lorsque j’y reste trop longtemps.
Kimi est/

- Tu sais Ratchet, ça me ferait très plaisir ta nouvelle maman adoptive.

Elle coupe soudainement court à mes réflexions de louveteau. Elle veut… Elle serait « contente » de devenir ma maman ? Peut-on seulement utiliser le terme « adoptive » ? Ai-je seulement eu une première maman ? N’est-elle pas justement, cette première maman dont je devrais, comme un louveteau qui ouvre les yeux et commence à entendre, m’imprégner ? N’est-elle pas simplement, ma vision de la perfection ?
Moi qui souhaitais rechercher chez les Diamants, une maman qui serait exactement elle, n’aurais-je pas mieux fait de la choisir elle ? Comment pourrais-je prendre la parole et simplement refuser ? Comment pourrais-je ne serait-ce qu’avoir une telle pensée ?
Mon regard perdu s’agrandit et de mon air décontenancé, je tourne ma petite frimousse vers sa tête, blanche et rassurante. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas comment réagir. Le contentement, que dis-je ? La béatitude qui prend place en moi, m’empêche même de remuer la queue, tant mon bonheur est intense.
Alors, dans le plus grande silence, je m’avance à petits pas vers elle et le m’assoit sagement contre son poitrail blanc et chaud, avant de lever ma tête désespérée vers son regard reflétant le soleil levant. Ma voix minuscule, ridicule, complètement perdu, résonne doucement, comme un murmure, entre les parois de l’abri qu’elle nous a trouvé quelques heures plus tôt.

- Tu es ma maman Kimi…

Je regarde ensuite les parois une par une, et mes yeux plongent finalement dans l’immensité qui s’étend au dehors, devant nous. Mon regard change. Tout ce que j’ai connu s’efface peu à peu, je vois le monde d’une façon nouvelle et pleine de promesses. Ma maman Kimi, vient de m’offrir une vie. Elle vient de dessiner devant moi, un avenir incertain, plein de surprises et de voix toutes plus différentes les unes que les autres. Ma maman Kimi, vient de m’apprendre ce qu’est la vie, et va encore, chaque jour qui suivra ce jour, m’en apprendre toujours plus. Que demander de plus ? Comment ne pas être le plus heureux des louveteaux, après une telle aventure ? Si j’avais su que toute cette souffrance m’apporterait tant de bonheur, j’aurais probablement demandé plus de douleurs, pour mériter son amour, sa présence à mes côtés. Je l’aime, simplement. Elle est, ma maman Kimi.

RP términé - Kimi et Ratchet

Merci de le déplacer.

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