Faustin avait longuement sommeillé, ce matin-là. En fait, il avait eu une sorte de rêve, de songe bizarre. Dans ce rêve, il avait reçu la visite d'un imposant loup, bien plus massif que l'Opale lui-même. Au début étonné, il avait refermé les yeux, et les avait rouverts en espérant que cet inconnu allait disparaitre. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, et son cas partit de mal en pis, lorsque l'étranger prit la parole, d'une voix rauque et caverneuse. Faustin, qui commençait a se sentir légèrement nauséeux, daigna tout de même écouter le charabia du dit-loup, qui finit ses effrayantes paroles par un ordre sec. Et, alors que l'Assassin s'apprêtait a lui aboyer qu'il ne possédait en aucun cas le droit de l'apostropher ainsi, le loup disparut. Et il se réveilla en sursaut, dans un état presque fiévreux. Choqué de ce songe, il avait décidé de ne pas s'en soucier, et était parti se rafraichir quelques instants a la Rivière Opale, plissant les yeux a cause des reflets intenses qui l'aveuglaient presque. Le grand loup avait parlé d'une quête, d'un trésor a lui rapporter. Et puis encore, il était son larbin, peut-être? Vraiment soucieux, il était par la suite aller demander aux autres Opales s'ils avaient eu cette même vision. Enfin, demander est un bien petit mot, je dirais plutôt harceler. Tant et si bien qu'on finit par l'envoyer de force à la Tanière de la Druidesse Opale, qui lui concocta des herbes calmantes. Ramolli, il avait passé donc tout l'après-midi a dormir encore, plongé entre l'inconscience et le sommeil. Et finalement, une fois le soir venu, il s'enfuit de la Tanière pendant que la Druidesse était partie cueillir de nouvelles herbes. Il n'était pas fou, et il savait désormais que ce rêve avait une véritable signifiance. Trottant librement sur les Terres Opales, il se surprit a songer a son grand-père Méphi'. Qui sait, c'était peut-être un signe, une quelconque chance pour lui d'aboutir au respect qui lui était dû en tant que petit-fils de ce tyran. C'est donc avec un sourire malsain qu'il s'était lancé au "galop", courant de toute la force de ses grandes et puissantes pattes, pour arriver jusqu'au Cimetière Maudit.

Il ralentit en passant une butte herbeuse plus haute que d'autres, et commença a silencieusement slalomer entre les pierres tombales, son regard rouge sanglant brillant fortement dans cette nuit noire. Il cherchait un indice, quelque chose ou même quelqu'un capable de l'éclaircir sur sa soudaine folie. Ce rêve avait forcément un but, bon sang, il n'était pas non plus le seul lupin de toute cette Terre a avoir vu ce Mâle ! Finalement, il se stoppa une fois qu'il eut fait le tour entier du Cimetière, une moue déçue au visage. Il n'avait rien trouvé, vraiment rien. Assis désormais sur son arrière-train, il avait refermé les yeux, réfrénant une irrésistible envie de saccager et profaner les tombes autour de lui. Oh oui, il n'aurait eu aucun scrupule a faire cela, pour une fois. Il en avait marre de jouer le fin stratège, celui qui se cache toujours pour donner ses ordres. Il avait cru qu'en utilisant ses neurones pour comprendre ce songe étrange, il aurait pu se faire valoir parmi ses camarades Opales, et prouver a Kant qu'il ne pouvait pas le surpasser, l'écraser. Et pourtant, le voilà qui attendait au beau milieu d'un cimetière morbide, tout cela a cause d'un foutu rêve.

HRP:

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Alors qu'il attendait encore, transi de froid et d'impatience, un éclair blanc transcenda finalement les Ténèbres intenses qui l'entouraient. Surpris, Faustin se releva précipitamment, les yeux rivés sur la pierre tombale ou l'étranger venait de disparaitre. Étrangement, l'inconnu ne réapparut pas tout de suite, comme s'il eut été absorbé par la tombe et ses malédictions. Mais finalement, quelques minutes plus tard, il réapparut pour se diriger lentement vers lui. L'Opale resta bien droit face a lui, bien qu'il sente ses poils se hérisser au fur et a mesure qu'il avançait dans sa direction. C'était quelque chose d'étrange, mais une aura sombre trônait autour de cet étranger, et rien que son regard azur semblait trop pur et clair pour être réel. Il aurait pu croire a une apparition, s'il n'avait pas été un rationnel, un matérialiste. L'étranger ralentit en arrivant près de lui, avant de s'arrêter totalement, pour prendre la parole d'une voix glaciale et ferme, qui ne laissait aucune place aux discussions puériles. Ses paroles l'informèrent immédiatement de son rôle ici, en ce moment-même, et juste après que sa voix se fut éteinte dans un murmure presque inaudible, il se plaça en position d'attaque, soulignant ainsi la dureté de l'épreuve. Ses intentions étaient clair comme de l'eau de roche, et bien qu'il fut un instant hésitant, l'Assassin se décida a se placer en position de défense, les crocs sortis et son corps pas assez massif devant lui pour le protéger au maximum des mauvais coups.

Le combat, de son point de vue a lui, fut plutôt rapide. Et non en son avantage. Son adversaire attaquait, se dérobait, esquivait, se défendait, contre-attaquait, et toutes ces actions en quelques secondes seulement. A peine avait-il le temps de se reculer hors de ses canines acérées et redoutables, que déjà, ses pattes l'atteignaient en plein flanc, lui coupant ainsi le souffle par la même occasion. Et, en quelques minutes brèves de "combat", qui avait plutôt l'air de n'être qu'un échauffement a l'étranger, il s'avoua vaincu, essoufflé, blessé et meurtri comme très peu de fois il l'avait été dans sa vie. Humilié, il n'osait même pas regarder son ennemi en face de lui, rageur. Il avait perdu. Il se sentait coupable, il avait l'impression même que les yeux déçus de Méphi' se posaient sur lui, pour se détourner de l'erreur qu'il venait de commettre. Et maintenant? Allait-on l'abattre une bonne fois pour toutes?

Cette défaite lui avait laissée un goût amer dans la bouche, ce genre de goût que l'on ne ressent que lorsqu'on a l'impression de ne pas parvenir a la puissance de son adversaire. Faustin avait déjà compris, lors de leur première rencontre, la distance infinie qui le séparait de cette sorte de Dieu vivant, qui ne semblait ni appartenir a cette époque, ni a d'autres. Un fantôme du Passé, une relique du Futur? Il ne le saurait certainement jamais. Et puis, disons aussi qu'il avait un peu peur de demander. Rien qu'ouvrir la bouche pour respirer lui semblait être un crime, face a ce individu d'un autre genre. Ses paroles, il les enregistra calmement, avant d'approuver d'un bref signe de tête, histoire de montrer qu'il avait compris. Les rouages se mettaient lentement en place, la carte se dessinait dans son cerveau de génie. Il pouvait y arriver, montrer de quoi il était capable.

- Bien. Je prendrais en compte vos sages conseils, et je pars immédiatement.

Pour une fois, il resta calme et poli. Valait mieux éviter d'énerver quelqu'un comme lui. En tout cas, il saurait ce qu'il aurait a lui demander, une fois ce barouf' terminé. Il lui tourna le dos, pour s'élancer au "galop", et commencer a courir vers sa "destinée". Enfin, il avait enfin autre chose a faire d’intéressant que s'engueuler avec Kant. Génial.

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