Une idée aussi dérisoire que stupide t'avait traversée la tête. Et, maintenant, rien ni personne ne pourrait te l'enlever. A part le fait que tu ailles vérifier, par toi-même, ta supposition. Tu t'étais donc mis en route. L'endroit où tu tenais à aller se trouvait sur les terres Libres. Tu étais donc sûr, de ne pas avoir à te faire de soucis, de ne pas faire de mauvaises rencontres. Mais, n'est-ce pas toi qui s'en fiche, éperdument, des frontières ?
Enfin...
Tu as avalé kilomètres sur kilomètres, sans broncher, pour arriver à ta destination. Le Cimetière. Lieu où, si on avait de la chance, on peut être enterré. Si quelqu'un s'en donne la peine pour vous. Tu souris à cette dernière pensée. Imbécile, celui qui le fera pour toi. Imbécile ou vraiment inoccupé.
Sur une légère colline, tu te postes, tel un conquérant surplombant ce lieu désolant. Tu n'as que six mois, mais déjà un projet tenant à coeur. Ta raison de vivre, plutôt. La seule.
C'est la raison de ta venue, ici. Tu veux savoir. Savoir si, un de tes semblables, serait enterré par là. Ce n'est, néanmoins, qu'une infime partie de ton plan. Celui qui occupe tes pensées, constamment, chaque jour.
Examinant le Cimetière, tu réalises ta stupidité.
Mais quel imbécile !
Evidemment, maintenant que tu t'y trouves, tu prends note d'un fait. On enterre les loups, certes, mais, comment les reconnaître ? Personne n'aurait à l'esprit de chercher ses aïeux ?
Tout à tes questions, tu laisse tes sens pointus prendre le pas sur ta raison. Toi, Sonar, essayant par tous les moyens, de les brider, les canaliser, tu les laisses se révéler, les encourage à te porter secours.
Tes yeux, tels ceux d'un aigle en chasse, se font perçants. Ton odorat, plus sensible, captant des effluves infimes. Pas un bruissement à vingts mètres aux alentours ne t'échappent. Les pas de souris et autres rongeurs parcourant les tombes se révèlent à tes pattes, tu les ressens, petites vibrations constantes, montant le long de ton corps.
Tu recherche un loup. Un gardien potentiel du Cimetière. Tu espères que cela existe. Car, sinon, tu n'as auc...
Mais si ! Peut-être que...
Cette fois, une inspiration lumineuse te transperce. Tes sens te serviraient, pour une fois, à tes propres fins ? A ton projet, si important. Bien que tu n'aie fréquenté que peu de temps tes géniteurs, leurs odeurs avaient accompagnées ta petite enfance. Ta naissance, entourée par ton père et ta mère. Le corps chaud de cette dernière t'entourant. Tout comme son odeur. Douce, tu avais pensé que, comme son effluve, elle le serait aussi. Mais tu avais eut tort. Peu importe. Tu ne tient pas à repenser à ça maintenant.
Alors, délaissant tes autres sens, tu encourages encore ton odorat. Et, dévalant la pente douce, tu commences à flairer le sol. Avec insistance. Et expérience. Sachant ce que tu cherches, tu tries les informations. Écartant efficacement les odeurs de cadavres à un stade avancé de décomposition, donc impossible à détecter l'odeur passée. Après un bout de temps de recherche, tu relèves la tête. Inspire l'air frais.
C'est fou ce qu'il y a comme cadavres, là-dessous !
Heureusement, l'odeur de décomposition s'estompe, même pour toi, lorsque l'on relève la tête du sol. La mort, pourtant y est entêtante. Sombre et brumeux, le lieu était l'endroit type d'un cimetière. Laissant l'oxygène s'échapper de ton museau, tu détectes, bien malgré toi, une nouvelle odeur. Forte et masculine.
Un loup. Et bien vivant.
Serait-ce le loup tant espéré ? Celui qui apporterait une réponse à ta question ?
L'espoir est naturel, vient tellement vite. Mais, est si souvent insatisfait. Toi, tu espères sans compter. Sans espoir, plus question de continuer. Te tournant exactement vers la provenance de l'odeur, tu décèles, dans l'ombre, une silhouette blanche. Son pas aérien te parvient en lentes vibrations. Courant, comme les autres, du début de tes griffes jusqu'au haut de ton dos.
Fixant le nouveau venu, tu t'approches. Tu es petit, comparé au Solitaire. Evidemment, tu avais déduis que ce grand blanc était un vagabond. Il ne comporte aucune odeur spécifique à aucune des meutes présentent sur WT.
Tu n'as que ça à faire. Apprendre ce que tes sens t'offrent. Cela sert toujours. Tu as, donc, enregistré tous les fumets, de chaque clan. Tu accosta le loup. Ce n'était pas ton genre. Mais, tu es prêt à faire des sacrifices :
- Bonjour, seriez-vous... Le gardien de ce cimetière ?
Certes, ta question est enfantine. Mais, que veux-tu ?! Tu n'es qu'un louveteau !
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Sujet: Quelqu'un aurait-il pris ma raison de vivre en ce bas-monde ? 
Lun 22 Oct - 23:12
