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u marchais, tranquillement, actionnant ce même mouvement robotique pendant des heures et des heures. La nuit était là, profonde, sombre, calme, apaisante. Pas un bruit. Hormis ceux de la faune terrestre bien entendu. Quelques bruits d'oiseaux nocturnes tels que les chouettes et autres rapaces. Des petits cris stridents de divers rongeurs cherchant protection sous un tronc d'arbre ou autre. Chacun menait sa propre existence comme bon lui semblait. L'obscurité était propice aux secrets et au mystère. La nuit tombée, chacun pouvait agir comme il le souhaitait. Même si la plupart devaient tous dormir bien nichés dans le fond de leur tanière. Mais pas toi. Non, pas toi, ma douce Rain. La nuit est ton univers. Apprécier la clarté de la lune, le vent sifflotant tendrement dans les branches... tout ça était fait pour toi. Le jour était quelque chose de beaucoup plus ennuyant. Voir les décors qui t'entouraient de jour était d'un ennui mortel, presque. Non, toi c'est la nuit que tu aimes. La douce et magnifique nuit. Converser avec les étoiles et chanter avec la lune, voilà ton monde. Ton idylle devrais-je dire.Tu pourrais passer ta vie dans les ténèbres. Passer ta vie à vivre grâce à la lumière lunaire. Passer ta vie à observer des terres plongées dans l'obscurité la plus profonde. Voilà, ton utopie. Certaines personnes on peur du noir. Pourquoi ? Ne sommes nous pas plus en sécurité dans un endroit sombre que dans un endroit éclairé ? Tu aimerais que les autres comprennent ton point de vu. Mais tu est tellement étrange, Rain, qui chercherait à te comprendre ? Personne. L'étrangeté est mal vue. Ton esprit bizarre en révulse plus d'un. Personne n'a la patience nécessaire pour chercher à te connaître. Personne ne te connaît, Rain. Et tu ne cherches pas à être comprise ou connue de qui que se soit. Au final. Tu sais très bien que personne ne se soucie de te comprendre ou non. Te plaindre est inutile, te taire est inutile. A quoi bon ? Alors tu restes dans ta bulle, tu travailles pour la meute et puis c'est tout. Cela s'arrête là.

La forêt, sombre endroit qui te fais doucement rêver. Pourquoi est-tu là, ma belle ? Tu l'ignores ? Tu cherchais peut-être une quelconque trace d'un passage canin autre que celui de ta propre meute. Mais de toute manière, à cette heure ci, les traces auront sans doute disparues. De plus, les autres doivent dormir, alors impossible de prévenir qui que se soit pour le moment. Alors tu marches, tranquillement, profitant pleinement des bruits sauvages de cette forêt. Tu irais peut-être chasser quelque chose tout à l'heure. Un lièvre ou un faon, nous verrons bien. Pour l'instant, sentant l'air se faisant de plus en plus humide, tu te diriges vers un coin où la mousse se fait abondante, pensant pouvoir admirer les étoiles allongée sur un tapis de mousse confortable et moelleuse. Malheureusement le temps n'était pas de cet avis. De fines gouttelettes commençaient à tomber du haut du ciel ; chargé de nuages menaçants. Frissonnant au contact humide de la substance aqueuse, tu accélères le pas presque instinctivement et réussis à atteindre une grotte avant que le ciel tout entier ne te tombe sur le museau.

Une fois dans la grotte, tu décides de te diriger loin de l'entrée, de manière à ne pas prendre la pluie qui tombait avec force désormais. L'humidité présente te déranger fortement, l'eau dégoulinant des murs et du plafond te donnais envie de retourner en arrière pour te nicher au fin fond de ta tanière. Tes pattes tremblotent légèrement dû au froid se trouvant dans cet espace réduit. Tu observes le noir de cet endroit. Regardant le fond de celui-ci avec attention. La moindre fissure, la moindre goutte d'eau, ne pouvait échapper à ton regard bleuté. Une douce mélancolie commence doucement à te submerger. La pluie, ce son pourtant si banal, à tes oreilles est la mélodie du commencement. La mélodie qui annonce la naissance de tant de choses... naissance des plantes, et de leurs fleurs au parfum si particulier. Naissance des animaux aquatiques, avec leur danse féerique. Naissance des animaux célestes, avec leur chant si divin. Naissance des animaux terrestres et de leur courage sans fin. Puis, naissance d'un petit être. Ni pluie, ni loup. Toi, ma chère et douce Rain. Tu soupirs avec douceur. Tu te retournes de manière à faire de nouveau face à l'entrée de la grotte, lorsqu'une petite boule de poil se cogne contre tes pattes avant.

Tu ouvres tes yeux bleus divins pour fixer cette petite intruse. Petite, frêle et impuissante semblaient êtres les adjectifs qui lui convenaient mieux. Elle couinait et gémissait. Affalée sur le sol froid de la grotte. Était-elle perdue ? Avait-elle peur ? Tu t'approches avec délicatesse d'elle. Ton pas était royal, montrant toute ton élégance en quelques foulées. Tu baisses ton museau de manière à sentir l'odeur de la plus jeune. Elle était morte de trouille, mais son odeur te rappelait quelque chose. Tu devais sans doute l'avoir déjà croisé dans la meute sans y faire grande attention. Tu n'avais jamais été très douée avec les enfants. Ne sachant comment agir avec eux. Un coup de tonnerre retentit avec puissance dans la caverne. Te faisant instinctivement mettre les oreilles en arrière. Humant l'air avec soin, tu espérais qu'aucun autre animal ne vienne trouver refuge ici.

Tu fais doucement se relever la jeune louve avec ton museau. Agissant avec douceur pour ne pas plus l'effrayer, et la pousse vers le fond de la grotte. En restant trop proche de l'entrée elle pourrait tomber malade et le système défensif d'une louve de cet âge est loin d'être puissant. De plus, le fond de la caverne est tapissé d'une mousse, certes moins confortable que celle de l’extérieur, que l'on pouvait facilement utiliser comme literie de secours.

« Les larmes ne cesseront pas tant que le ciel ne retrouvera pas sa joie d'antan. »

Phrase pouvant sembler incompréhensible qui, pourtant, a tout un sens pour toi.

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'orchestre battait son plein à l’extérieur de la caverne. Le vent se faisait engloutir par la grotte avec gloutonnerie. Les cymbales de tonnerre faisaient un vacarme assourdissant, les violoncelles du vent s'abattait avec élégance sur le monde et le piccolo de la pluie donnait une touche de douceur sauvage à cette mélodie des plus symphoniques. Le spectacle, en dehors de la grotte, était un mélange de scène apocalyptique mêlée à une passion des plus débordantes de la part mère nature. Des centaines d'animaux étaient en train de courir de part et d'autres de la forêt à la recherche d'un abri de fortune. Le Lac devait se débattre, tel un serpent dans un sac, débordant sur les rives sablées autour de celui-ci. Le monde semblait plongé entre la torpeur et la béatitude. On pouvait trouver tant de violence, mais tant de douceur dans un événement tel qu'une pluie torrentielle comme celle-ci. Et tu aimais, non... tu adorais voir tant d'émotion mélangées entres elles. Oui, cela t'apaisait de voir cela. Tu étais ainsi, ô ma douce Rain, si étrange dans tes propos mais si élégante dans ton esprit. Tu humes l'air avec un calme des plus souverains. Laissant planer un silence religieux dans cette antre. Seul la tempête venait importuner ce calme si apaisant pour ta blancheur céleste. Tandis que tes oreilles écoutaient avec attention l'orchestre symphonique de la tempête, tes yeux restaient rivés sur la petite louve qui était venue chercher abri dans la même grotte que ta personne. Elle tremblotait, queue entre les pattes, en boule. Pauvre petite chose égarée, le froid ne fera qu'un peu plus la terrifiée.

Tu soupirs lorsqu'une bourrasque de vent pénètre dans la grotte et vint faire voler ta fourrure de nacre.Tu frissonnes sous l'impact, mais tu te sens bien. Tu te sens empli d'un bien-être des plus chaleureux. L'odeur humide de la grotte te chatouille le museau avec légèreté. L'odeur des végétaux mouillés à l’extérieur t’assailles également ton odorat des plus développés.

Tu te lèves de ta position assise. T'approchant avec délicatesse de la petite boule de fourrure sombre se trouvant pelotonnée dans la mousse et le lichen de la caverne. T’allongeant à côté d'elle avec finesse, de manière à ne ni la troubler, ni lui faire mal. Ta fourrure neigeuse, légèrement humide, recouvre avec douceur le petit corps frêle de la petite louve tel un duvet maternel. Kacy... Voici donc son appellation. Joli nom, agréable à l'oreille tout comme sa voix d'enfant. Tu recouvres un peu plus son corps frigorifié à l'aide de ta queue, d'un geste presque évident. Tu ne savais pas pourquoi tu agissais ainsi. C'était en toi. Je suppose que c'était ton instinct maternel qui ressortait. Chaque femelle devait en avoir un, même si bien souvent, l'ignore.

« Laisse la pluie tomber,

Tout autour de toi.

Laisse le jour t'entourer,

Tu n'as pas besoin de raison.

Laisse la pluie tomber encore et encore... »

Tu chantais de ta voix harmonieuse, de manière à calmer la peur de la plus jeune. Chantant comme le faisait ta tendre mère. Chantant comme si ta voix pourrait apaiser la colère du ciel et la fureur du tonnerre. Chantant de ta voix cristalline et pure. Cette chanson pouvait sembler difficile à comprendre pour celui ou celle qui ne la connaissait pas. Mais toi, ô ma belle et douce Rain, toi tu en connais le sens. Sens si ténébreux et triste à la fois tout en étant d'une joie sans borne. Tu tais ensuite ta voix, lorsqu'un nouveau dragon d'argent fend le ciel en deux précédé par un grondement du ciel.
Tu couches ta fine tête à côté de celle de la plus jeune, l'observant du coin de l’œil avec douceur. Tu restes quelques minutes ainsi, silencieuse, avant de relever la tête pour observer de ton regard cyan la petite.

« As-tu faim ? »

Question simple et claire. Chasser ne te poser aucun soucis, même sous la pluie~

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a tempête faisait rage à l’extérieur de la grotte. L'humidité se faisait de plus en plus présente dans ton abris de fortune. Les parois de la grotte suaient avec difficulté l'eau que la pierre avait absorbé telle une éponge qui pouvait se dégorger à tout moment sur ton museau. Tu pouvais entendre l'estomac de la plus jeune grogner de mécontentement. Tu avais raison, comme souvent, la petite avait faim. Il fallait donc que tu ailles trouver quelque chose à lui mettre sous la dent. Et toi ? Non, toi, tu n'as pas faim. Ton estomac ne se manifeste que de rare fois. Tu peux facilement passer deux journées hivernales sans te nourrir, et trois journées estivales sans ingurgiter un repas. Bien sûr, tu compenses ce manque de matière grasse par de l'eau. Beaucoup d'eau. Cette carence en vivre n'est pas pour te faciliter la tâche néanmoins... toi qui n'est déjà pas très impressionnante et plutôt fine, tu vas finir par devenir maigre comme un clou. De plus, tu sais pertinemment que tu perds tes forces peu à peu... je ne préfère pas penser au jour où tu devras te battre pour de vrai. Là, tes forces seront un véritable point faible. Tes crocs aiguisés, comme la lame d'un rasoir, ne serviront à rien sans la puissance nécessaire, pour briser les os, dans ta mâchoire. Mais cela restera ton problème. Tu ne pourras t'en prendre qu'à toi même. Toi et ton entêtement involontaire ; à t'empêcher de te nourrir convenablement. Lorsqu'il ne restera plus que ton squelette tu n'auras plus qu'à te maudire pour cette triste fin. Tu te lèves doucement après avoir entendu la voix de la petite te certifier qu'elle avait un désir de se nourrir.

« Je vais tâcher de revenir vite. »

Tandis que tu allais te diriger vers la sortie, tu te retournes une fois encore pour venir recouvrir la plus jeune de la mousse se trouvant là, la cachant du mieux que tu pouvais sous la végétation. Une fois cela fait, on n'arrivait point à faire la différence entre Kacy et le tapis de mousse. Même son odeur avait été remplacée par celle du végétal légèrement humide. Ça y est, cette fois tu te diriges vraiment vers la sortie de la caverne, de ton pas aérien et élégant. Tu t'arrêtes à quelques centimètres de l'entrée. Respirant un grand coup pour te préparer à recevoir toute cette eau sur ton si beau pelage. Tu n'avais jamais apprécié le contact de la pluie sur ton corps. Tu trouvais ça fort désagréable et cela te donnait envie de t'enfouir dans une tanière confortable et douillette. Tu inspires er respire, préparant calmement ton esprit à subir le froid de cette tempête. Ça y est. Tu es prête. Tandis que tu allais passer l'entrée, ta voix s'élève une dernière fois dans la grotte.

« Je me nomme Rain... »

Et tu pars, sous la pluie, traçant vivement ton chemin sous cette cascade d'eau. L’extérieur n'était que capharnaüm. Impossible de discerner quoi que se soit avec cette pluie torrentielle et cette brume qui s'était soudainement levée. Et tu trottinais avec vivacité, cherchant à l'aide de ton odorat une quelconque proie à se mettre sous la canine. Tu tournes ta tête de droite à gauche, tes oreilles en alertes, ton museau vers le ciel pour utiliser au maximum tes capacités. Le bruit de la tempête était immonde à entendre lorsque l'on se trouvaient en son sein. Entre le bruit du tonnerre, les arbres qui craquaient, les oiseaux qui hurlaient... tout n'était que cauchemar auditif pour les animaux. Tout était flou, on ne pouvait rien discerner.

Soudain, un mouvement ! Rapide, précis, agité. Cela ne pouvait être qu'une biche. Tu te mis à sa poursuite sur l'instant, courant à vive allure pour ne pas te laisser distancer pas l'animal effrayé par la tempête. Il fallait que tu la rattrapes assez pour atteindre son côté gauche, de manière à l'attraper par son postérieur, et ainsi la faire tomber. Malheureusement, plus facile à penser qu'à mettre en place. Des obstacles étaient disséminés de part et d'autre du chemin, troncs, souches, butes de terre et j'en passe. Tandis que tu allais enfin atteindre la patte arrière droite de la biche, sentant déjà son fin pelage frôler tes babines, sa chair sous tes crocs... Mais un coup de foudre, doublé d'un éclair et d'un coup de tonnerre, fit s’abattre un arbre, le faisant tomber avec perte et fracas sur le sol. Tu stoppes avec rapidité, faisant un dérapage semi contrôlé. Au moment où tu pensais enfin être sortie de la zone de l'arbre, une de ses branche vint s'abattre avec force sur ton dos, te forçant à te presser contre le sol boueux, salissant au passage ton beau pelage de nacre. Tu essayes de te relever. Impossible, des branchages te rentres dans les côtes, te forçant à rester allongée. Tu essayes de te glisser, mais il y a trop peu d'espace en dessous pour t'y glisser. Que faire ? La branche est trop lourde pour la soulever. Si tu commençais à paniquer ? Non, cela ne servait à rien, néanmoins tu étais légèrement anxieuse. La pluie battait toujours autant, le tonnerre continuait ses lamentations et tu étais coincée sous une branche.

Le vent hurle sur ton frêle corps. Tu te débats encore et toujours, persévérant sous cette orage des plus hideux. Tu perdais les quelques forces que tu avais au fil des minutes, soufflant, haletant, t'agitant avec difficulté. Tu commençais lentement à sombrer dans un état de fatigue des plus effrayants lorsqu'au moment où tu utilises une de tes dernières forces est utilisée pour te propulser vers l'avant, te faisant sortir de sous la branche avec mal. Au passage, ton épaule fut touché par un moignon de branchage qui se trouvait là, provoquant une douleur dans tout ton corps. Douleur qui t'obligea de rester sur place quelque minutes sans bouger. Haletante, soufflante... tu récupères une fini réserve d’énergie qui se faisait engourdir par le froid. Tu allais te remettre en route lorsque au moment où tu posais ta patte avant gauche sur le sol, une horrible douleur transperça ton membre. Ton épaule avait été gravement atteinte lors du choc... Tant pis. Tu continues d'avancer, essayant d'ignorer la douleur, boitillant avec disgrâce. Regarde toi, ton allure de magnifique louve s'est envolée. Ton pelage mouillé et crasseux forme des guenilles et ton allure de boiteuse donne l'impression que tu es une mendiante cherchant réconfort à qui veut t'entendre.

Tu avances avec peine sous toute cette flotte, enfonçant tes pattes dans la boue. Sensation si écœurante qu'est de s'enfoncer lentement, dans cette matière visqueuse, provoquant un bruit de succion lorsque l'on se retire ensuite. Tu comptais rebrousser chemin, retourner à la grotte sans rien, mais finalement, tu continues un peu plus. Soudain, comme par miracle, entre deux buissons, semblant presque s'arracher sous le vent, un terrier de lapin est à découvert. Tu t'approches lentement, doucement, à pas feutrés avant de... te jeter gueule la première dans ce petit abris si minuscule. Jouant des crocs, claquant la mâchoire avec tes dernières forces, tu réussis à sortir du terrier avec un corps entre les dents. Un jeune lapin. Tu rebrousses immédiatement chemin pour rentrer vers la grotte. Trottinant avec difficulté tu atteints ton abris au bout d'une dizaine de minutes.

Tu pénètres, essoufflée, dans la caverne et vois avec plaisir que Kacy est toujours là, nichée dans la mousse. Tu poses le lapin fraîchement chassé à côté d'elle. Te passant les quelques commentaires sur ta tenue des plus déplorables. Ton pelage nacré est désormais boueux, tes pattes tremblent légèrement, ton épaule gauche saigne, tu halètes et ton regard se fait plus perdu que jamais. Tu te retourne de manière à être dos à la petite, la laissant manger dans le silence tandis que tu commençais à nettoyer ton pelage habituellement si resplendissant.

Pauvre Rain, avec ta dégaine, tu donnerais presque la nausée~