On dit, on dit, mais ce n’est pas forcément vrai. On dit que Maytook est un gamin, il peut être sérieux, quand il a envie. Quand l’occasion se présente, même si elle est rare ces derniers temps. On peut dire que ce loup est dragueur, et lâche. Mais c’est faux. Il veut juste s’amuser, et ne pas être emmerder par tout le reste. Les gosses, la vie de couple, ce n’est pas son truc. Ca aurait pu l’être, il y a quelque temps. Quand tout ce passait bien, avec Plume. Quand il y avait encore un espoir pour son humanité, un espoir qu’il puisse un jour être un père de famille aimant, et aimé. Mais non, il a préférer tout foutre en l’air, et partir. Vogue la galère. Il aurait pu se racheter. Il n’en a pas eu l’occasion. La mort à toquée à sa porte, quand il ne voulait pas, quand il n’était pas prêt. Pas encore. Il ne sera jamais prêt. Pourtant, toute personne est condamnée un jour ou l’autre à mourir. On peut essayer de rester le plus longtemps possible en vie, on peut s’accrocher, mais à la fin, on fini tous par crever. C’est dans l’ordre des choses, il le faut bien. Maytook, il aurait aimé trouver le remède pour rester en vie. Il l’a trouvé. Ce remède était de se faire aidé, d’accepter la pitié. Il n’a pas eu le choix. Des os brisés, cela ne se répare pas en un jour, seul. Un an, un an de réadaptation. Son squelette le fait encore souffrir, même aujourd’hui, prêt du lac de sang.

L’odeur pestilentielle des cadavres en putréfaction lui parvint aux narines, et il grimace théâtralement. Une belle journée de marche pour trouver cet endroit qui pourrait peut-être l’aider à guérir ses blessures, encore trop nombreuses. Il était bien, dans la plaine aux oiseaux, cette étendue où il n’avait croisé aucun prédateur, et beaucoup de gibier pour combler sa faim. Mais il avait fallu que cette éclair de folie passe à travers son cerveau de malade mental, et lui répète que le lac des rubis pourrait le faire redevenir beau et fringant. Qu’elle connerie. Pourquoi écouter une voix ? Pourquoi ne pas s’écouter soi-même ? Il n’en sait rien. Quelque fois, cela lui arrive, et il ne peut plus contrôler. C’est le pire. Perdre le contrôle. Il s’approche de l’eau rougeâtre, sans savoir s’il fallait y entrer, ou pas. Indécision. Comme toujours, comme à chaque fois. Il reste là à contempler l’étendu de sang devant lui, sous la lune pleine, et les cris des corbeaux déchiquetant les nombreux cadavres environnant. Un endroit aimé des rubis, peut-être, mais pas de ce cher narcissique. Cela, au moins, est vrai.

On ne sait jamais sûr qui nous pouvons tomber sur ces terres. Ce soir là, ça aurait bien pu être sur une pauvre petite solitaire sans détresse, et dans ce cas-ci, Maytook aurait sourit, mais pas ici. Pas maintenant. Il était en terrain étranger, il foulait le sol appartenant au rubis, ces assoiffés de sang et de pouvoir. Pas du tout son genre, lui qui ne voulait que vivre en paix, avec son harem, le soleil, et un peu de belle musique. Un comportement de lâche, dirons certains belliqueux, pacifiste pour sa part. C’est vrai, se combattre ne rimait à rien. On fini tous par crever un jour, pourquoi ne pas le faire tous ensemble, et pas comme le voudrait ces loups sanglants. Pas en se battant jusqu’à la mort, mais on vivant ensemble. C’était dû moi sa position en matière de politique. Tous égaux – avec un petit avantage pour lui, bien entendu. - tous regroupés. Les femelles de toutes les meutes à ses pattes. Le paradis. Qui ce soir, tapi dans l’avenir, attendant le bon moment pour montrer le bout de son nez, allait devenir l’enfer. Ou le paradis noir, déchu. Tout ce que Maytook aime, bien entendu.

- Qui es-tu Solitaire et que viens tu faire sur Nos Terres ! J’attends une réponse imminente !

Paradis noir, désaxé. Une jolie louve aux yeux azurs se dresse derrière lui. Il l’avait déjà remarqué. Une odeur douceâtre lui était parvenu aux narines, une odeur de louve. Une odeur de repas. Il aurait pu rire à cette soudaine impression de force. Un repas. Que de foutaises. Quoique. Il ne savait pas encore qu’elle était comme lui, aussi exécrable, aussi séductrice. Aussi dévastatrice. Il ne prit pas la peine de se retourner pour lui faire face, même si cela le démangeait d’apercevoir à qui il allait avoir à faire. Il le saura bien assez vite, de toute façon. Il se borna à continuer de fixer le lac, pesant le pour ou le contre. Fallait-il rentrer dedans ? C’était fichu de toute façon, cette rubis allait défendre ses droits, si il essayait de s’approprier le pouvoir de ses ancêtres. Qu’elle piètre soirée. Il décida donc de répliquer doucement, sans brusquer la discutions. Avec tact.

- Un simple loup perdu, qui a cru bon de foulé les environs pour rejoindre son abris du soir. Mais bien entendu, il fallut qu’une ravissante petite sanguinaire lui barre le chemin, et il se sentira alors obligé d’interrompre sa marche pour lui révéler son identité, alors que cela ne lui tient en aucun cas à cœur.

Oui, c’était cela, la définition du mot douceur et tact. Pour Maytook, du moins, toujours si expressif.

Il rêve souvent qu’il court à travers les champs. Au-delà du monde, vers la fin des temps. Vers un monde nouveau, ou la pluie serait innocente, on tout loups pourraient lutter contre la tempête. Un monde sans guerre, un monde nouveau, un endroit paradisiaque, où il retrouverait Plume, peut-être. Puis il se réveille en sursaut, dans ce désert qu’est wolf temporal. Son enfer personnel. Il se l’était crée lui-même. Il s’en voulait, et s’en veut toujours. C’est vrai, c’est et se sera toujours de sa faute, toute cette misère. Sa propre misère. Le mal qu’il se fait en aimant et abandonnant les femelles. Masochiste. C’est un malade mental, Maytook, il le sait très bien, mais continue quand même. C’est le pire. Essayer de vivre avec soi-même, et ne pas y parvenir. Se trouver exécrable, mais continuer à l’être, parce qu’on ne se sent pas vivant sinon. Il en a besoin, de se sentir vivre. Ressuscité. Comment le blâmer ? Après avoir vécu se qu’il à dû enduré, on voit le monde d’une autre façon. Comment le plaindre non plus ? Il a abandonné des dizaines de femelles et d’enfants, et là, agonisant, il s’était fait abandonné par tout le monde, sous cette pluie glacée. Retournement de situation. Ce n’était peut-être pas plus mal. Ca n’a pas servi à grand-chose, malgré tout. Cette presque mort, ces os brisés. Juste à le ramener dans son optique « Je suis le plus fort, j’ai survécu. » Narcissique, il est et le sera toujours. Cela fait parti de lui. Et un narcissique éprouve le besoin d’être adulé, aimé, sinon, il rentre en dépression. Il ne veut pas cela, Maytook. Plutôt mourir. Non, la dépression, il en déjà fait. A cause de Plume, cette satanée petite allumeuse qui lui avait fait perdre ses moyens. Il y a longtemps. C’est de l’histoire passé, mais il continue quand même à pensé à elle, parce que ses yeux ne le quitteront plus jamais, parce que ses maux à lui, il ne les oublie pas. Les cauchemars qu’il à fait, qui le hante toujours. Méthodiquement, jusqu’à l’en faire pleurer. Parfois, souvent. Il avait arrêté, un peu, il avait recommencé, un peu, aussi.

Les oiseaux ressemblent à des corbeaux, cette nuit-ci. Ils ne chantent pas comme d’habitude, ils n’ont pas cette jolie voix qui le fait trembler de bonheur, tout le temps. Ils ne sont pas mélodieux, ils hurlent. Il les entend presque lui hurler qu’il faudrait déguerpir avant qu’il ne soit trop tard. Trop tard. Il pourrait fuir, il le sent. Il sent que la situation va tourner au vinaigre. Sacré situation. Un pauvre loup aux os à moitié brisés essayant d’user d’un peu de magie d’une louve sanguinaire, qui lui répète que se n’en est pas une. Que de foutaise. Il reconnait un loup à un autre. Ce n’est pas une personne comme lui, de sûr. Pas un pacifiste. Il ne se doute pas encore que ce qu’il vient de dire est d’un côté faux. Parce que oui, cette louve est comme lui, aussi séductrice, s’entend.

- Oh mon pauvre… Si vous souhaitez je peux vous raccompagnez chez vous mon tout beau. Et ce n’est pas grave, vous n’êtes pas obligé de me révélé votre identité. Je vous dirais juste une chose, je ne suis ni petite, ni sanguinaire. Je ne suis pas ce genre là de rubis voyons… Vous m’avez vexé là…

Il ne s’est pas encore retourné. Il ne l’a pas encore vu, il n’a pas encore sourit, mais déjà elle semble lui plaire. La façon dont elle parle. Comme lui. Tout comme lui. C’est étrange, tellement étrange. Ce n’est s’en doute pas une proie, une bonne proie, qu’il réussira à avoir, mais une distraction fortement agréable. Défi. Amusement. Le genre de truc qu’il apprécie chez une louve, dure, terrible, magnifique, tentatrice. Il décida de tourné le dos au lac ensanglanté – de toute façon, pour ce qu’il lui servira. – et de lui faire face. L’étonnement paru sur ses lèvres, laissant place à un rictus narquois. Une jolie louve s’offre à lui. Un pelage brun, soyeux, des courbes féminines se découpant dans la nuit, et des yeux reflétés par la lune. Des yeux azurs, des yeux magnifiques, presque autant que les prunelles de Plume. Il décida de ne plus pensé à elle, et de faire face dignement à cette rubis qui lui montre ses talents d’actrice en effectuant un numéro des plus déplorables. Elle se tord dans tout les sens, dans un jeu plutôt amusant. Elle joue sa petite malheureuse, et ça ne le prette en aucun cas à confusion. Comment le pourrait-il, de toute façon ?

- Non ça va aller, je vais retrouver mon chemin et… J’en suis désolé, si je t’ai vexé. Enfaite, non. Du tout. J’men fous complètement.

Il la regarde un peu mieux, de tous les angles. Ses courbes féminines plus qu’agréables, sa tête baissée et son rictus sombre, ses yeux azurs et ce petit côté touchant, mais revanchard dans son regard. Joli, très beau.

- Enfin. Je suis assez indécis. Dois-je m’excuser ? J’avoue que ça me ferait royalement chier, mais je vais faire un effort, vu que tu te tiens devant moi, et que tu es sans doute une des louves les plus exquises que j’ai pu croiser.

C’est si dur de vivre dans ce monde de merde, que de temps en temps, on est tous amené à faire des choses contraires à nos principes. Dans ces cas ci, il faut mieux oublier qu’on en a. Ses principes sont pourtant simples, à Maytook. Il refuse juste de descendre des pentes glissantes, même si sa vie en dépend – elle en dépendait, il y a quelques temps. Jusqu’à ce qu’il se casse la gueule, et tombe raide mort, s’entend. – et d’aimer plus qu’une nuit. Cela était son deuxième et dernier principe. Parce qu’aimer, ça faisait mal, et ce n’était pas bon pour lui. Pas tout de suite, pas maintenant. Quoique, à ce moment là, en observant la jolie louve, il s’étendait sur ce sujet. Pourquoi ne pas l’aimer deux nuits, celle-ci ? A titre purement physique, bien entendu. Comme toujours, comme à chaque fois, parce qu’il ne savait pas faire mieux, parce qu’il n’arrivait pas à faire parler ses sentiments. Parce qu’il n’y arrivait plus. C’était effroyable, dommage, et ça lui gâchait la vie. Un peu. Un peu chaque jour. Il essayait d’arrêter d’y penser, il essaye toujours, d’ailleurs, mais ça ne marche pas vraiment. Pas comme ça le devrait. Enfin, de toute façon, il ne s’y ait jamais prit de la bonne façon, Maytook. Alors penser vous que pour se guérir, il y arrivera en quelques jours. N’importe quoi. On lui donnerait des centaines d’années que ça aurait été pareil. Affreusement pareil. Maytook, il n’y arrivera jamais. C’est écrit partout, c’est écrit dans sa peau, dans chaque pas qu’il fait dans la neige, dans son cœur, dans son destin. Il y peut peut-être quelque chose. Ou peut-être pas. De toute façon, il s’en contrefout, de cela. Il ne veut pas y arriver, ce serait se redécouvrir lui-même. Changer. Non, il n’aime pas, il se complait dans son mode de vie abject des autres, et c’est très bien comme ça.

La louve semble le regarder, lui scruter l’âme, le passé au peigne fin, lire ses rêves dans ses prunelles jaunes. Les autres loups pensent souvent qu’il est con, Maytook. C’est faux. Il sait juste se taire, et fuir quand il le faut. C’est les autres qui sont cons. Maytook n’a pas besoin de penser, lui. Il fait, il agit, il sait ce qui est bien pour lui, ou pas. Dans ce cas-ci, détourner son regard de la jolie rubis, qui risquait de lui faire toucher le fond, dans peu de temps.

- Merci bien alors pour tes excuses, je les accepte avec joie surtout si tu te force à les faire. Et je te remercie également pour ce compliment qui me va droit au cœur. Tu sais, tu n’es pas mal du tout. Je pourrais même dire que tu es un très beau loup avec un très grand charme… Sa te dit de regardé les étoiles avec moi beau loup ?

Elle se redresse lentement, cessant son petit jeu de pauvre petite pleurnicheuse – Cela ne lui allait pour tout dire, pas du tout.- et affiche sur ses jolies lèvres un sourire enjôleur et charmant, qui lui allait parfaitement bien, lui, et qui n’était pas inconnu aux bataillons. Maytook savait ce que cela signifiait. Le début des soucis, et peut-être d’un peu de plaisir, si il s’y prenait bien, et ne faisait pas de gaffe qui pourrait tout gâcher. Absolument tout. Vu qu’il avait pour habitude d’en faire, il se dit que ce sourire signait seulement le début des problèmes, et décida que la jolie louve représentait un danger considérable pour lui. Pour tout le monde, sûrement. Il considéra alors la réponde de cette demoiselle, qui était sans doute la plus alléchante proposition qu’on lui avait fait de la journée. – Même la première, si ses souvenirs étaient bon, parce que oui, il avait l’habitude de tout oublier, cette journée ne faisant pas exception à la règle. – Que lui répondre ? Pas de soucis, tout de suite, maintenant ? Pas besoin de s’éloigner de ce lac qui pue la charogne, je m’en passerais ? Non, il faut quelque chose de plus recherché. Ne pas sauter sur l’occasion, attendre un peu, la faire jouer avec lui, lui donner de faux espoirs, et lui retirer. Il sait comment s’y prendre, Maytook ? Il a l’habitude. Il pratique ce genre de chose tout le temps. C’est pour cela qu’il prit d’un ton détaché la parole, souriant, d’un sourire narquois, un sourire au coin, avec une petite pointe de charme, comme il aimait le faire. Comme il savait le faire.

- Je ne regarde pas les étoiles avec une louve dont je ne connais même pas le nom.

Il se recoucha, nonchalamment, en la jaugeant du regard, un regard narquois, fier. De toute façon, il risquait de rester un petit moment ici. Autant prendre ses marques.