L’orage grondait, la pluie ne faisait pas de quartiers. Il aurait pu facilement se croire en pleine apocalypse. Mais ce n’était pas le cas. Heureusement, sinon, qu’aurait-il pu faire ? Prendre ses jambes à son cou, et s’enfuir, alors que dehors, dehors, la mort l’attendait. Sournoise, vile et veule, elle le voulait, constamment. Peut-être qu’elle n’avait pas apprécié le fait qu’il n’était pas mort, alors qu’il avait frôlé le point de non retour, la dernière fois. La fois où ses excès de folie l’avaient projeté au rang de pantin désarticulé. Il en frissonnait encore. Impuissant, il le revivait encore dans ses rêves, qui se transformaient bien souvent en cauchemar. Et là, il se retrouvait comme le petit louveteau qu’il avait été, jadis. Sans défense, en proie à une profonde peur, écrasé par ce poids sur ses maigres épaules, le poids du pouvoir, qui l’oppressait, le faisait voir trouble. Mais le monstre, le tyran, il l’avait extrait de son corps, brisé sous ses pattes, ses crocs. Vilain monstre.

Le vacarme qu’il faisait dehors l’empêchait de dormir. Bien entendu, il était abrité dans une quelconque grotte. Ou pouvait-elle se localisée ? Il n’en savait strictement rien, et s’en foutait royalement. Du moment qu’il était au sec, et que tout baignait, il se contrefichait de l’endroit. Il se rappelait juste que quand le vent avait commencé à faire son apparition, il avait zigzagué un moment entre les arbres, pour arrivé dans cette grotte. Et puis plus rien. Il s’était sûrement couché un moment, à regarder la pluie tombée, régulière, terrible, dévastatrice. A regarder les autres animaux se précipiter pour se mettre à l’abri. L’orage avait fait son apparition, et il avait commencé à trembler. Lâchement, parce qu’il ne pouvait s’en empêcher. N’était-ce pas seulement psychologique ? Il souriait encore à ce mot. Psychologique. Maintenant, tout était question de psychologie. Il y avait tellement de merde dans ce monde, de loups dévastés que chacun devaient avoir le droit à une thérapie. Et tout cela à cause de cette stupide guerre. Cette recherche de pouvoir incessant. Maytook ne voulait être mêlé à cela. Plutôt crever. Non, lui, son truc, ce n’était pas de posséder une meute, d’être l’alpha vénérer de tous, aduler, non, ce n’était pas ce dont il aspirait. Plus maintenant. Jamais. Lui, c’était les réveils à l’aube, les pattes en feu, dû au voyage, c’était l’aventure. Cette grotte mal isolée, humide, avait été son refuge. Il n’avait pas prévu d’en sortir avant que le déluge se calme un peu, avant le lendemain, même, étant donné qu’il n’y avait à priori pas d’ours dedans. C’était sans compter la louve qui vint le déloger, pour tout dire un peu brusquement.

Elle avait dû croire que cet endroit était un lieu public, et pas la propriété, pour une nuit, au moins, d’un loup solitaire fatigué et agacé. Elle émanait une odeur de mouillé, et de solitaire, ce qui apaisa un peu les craintes de Maytook. Il avait déjà assez rencontré de sanguinaire comme cela, pour le restant de ces jours. Et puis, c’était une femelle, il ne pouvait en tiré que du bon, après tout. C’était ce qu’il s’était dit, un moment, avant qu’elle pousse un hurlement à vous déchirer cordialement les tympans, jusqu’à ce qu’elle l’irrite au plus au point, et c’est d’une voix qui pouvait sembler bourru, ou peut-être morne, qu’il lui répondit.

- Ça t’amuse de faire chier tout le monde par ce temps ? Peut-être que oui, en effet. Il y avait en ce monde des tas de personnes comme lui, en réalité.