S.Y.D.N.E.Y.
Quand on fuit sans cesse le passé, il finit par nous rattraper bien plus vite que nous ne l'aurions imaginé. Récit de vie de deux êtres que tout oppose...Tous deux se connaissaient depuis leur tendre enfance, comme si, dès le départ, ils étaient faits pour être ensemble. Mais dans cette réalité, il n'y avait aucune part de mystère, aucune part d'adrénaline. Aucune part de suspense. C'est bien beau les histoires d'amour, quand on sait déjà que ces deux-là sont faits pour être ensembles... Mais les situations étranges et les scénaris que jamais personne n'aurait jamais imaginés donnent parfois un côté original à cette histoire qui est faite depuis le début pour perdurer, dans tous les cas et configurations possibles. D'une part, une louve au pelage d'un blanc immaculé, se fondant parfaitement dans le paysage en pleine tempête de neige. Cette louve, Aïcha, était une femelle d'une extrême bonté mais qui recelait d'innombrables secrets que même son compagnon Ovide ignorait. D'autre part, celui qui l'accompagnait partout, celui pour lequel elle s'était entichée depuis la toute première fois où ils s'étaient rencontrés. Ce loup était quand à lui plus brutal, cherchait la bagarre, était provocateur, mais il vouait un respect total aux femelles et jamais il ne s'en serait prit à l'une d'elle. Lorsqu'elle était jeune, Aïcha était le genre de loup à être la risée de tous, les autres louveteaux qu'elle côtoyait se moquaient sans cesse d'elle, parce qu'elle était douce, fragile, du genre à se laisser marcher sur les pattes. Et durant toutes ces années, de son enfance à son âge adulte, Ovide l'avait défendue, protégée, comme si c'était ce qu'il avait de plus cher au monde. Tout les opposait, c'était justement ça qui les reliait : la différence. C'était un soir de pleine lune, plutôt tôt dans la soirée. Les deux jeunes loups venaient d'avoir tout juste deux ans. Ils s'étaient donnés rendez-vous à l'entrée d'une petite clairière. Lorsqu'Aïcha arriva, l'être qu'elle aimait était déjà présent. Ce dernier semblait nerveux. C'est seulement lorsqu'elle s'approcha qu'elle constata cette étincelle dans le regard d'Ovide. Cette étincelle, elle ne la connaissait que trop bien ; elle avait regardé Ovide toute sa vie avec cette étincelle dans son regard. Elle avait tout de suite saisi ce que son bien-aimé avait sur le coeur, ce qu'il voulait lui dire. Ce dernier n'eut pas besoin de dire un seul mot pour se faire comprendre par elle. Ils dévalèrent une petite pente ensemble en rouler-bouler, et s'unirent, leurs corps ne faisant plus qu'un.
Récit de vie d'une louve au passé complexe.Depuis sa plus tendre enfance, Sydney était compliquée. Seules très peu de personnes arrivaient à la cerner, à la comprendre. Ses parents, elles ne les avaient connus que très peu, c'est à peine si elle se souvient de leurs visages, qui, au fil des jours et des mois, s'effacent peu à peu. En effet, à l'âge de précisément huit mois, Sydney disparut. Elle se baladait tranquillement dans les sous-bois, jouant avec les feuilles, mâchonnant les quelques bouts de bois qu'elle voyait sur son passage, bref, elle s'amusait comme un louveteau de son âge l'aurait fait. Elle entendit soudain des feuilles bouger derrière elle. Elle n'eut le temps de se rendre compte de rien, elle sentit juste une force démesurée lui frapper la tête violemment. Elle s'étala sur le sol, raide, comme si elle était morte, mais ça n'était heureusement pas le cas : elle était juste inconsciente. Lorsqu'elle se réveilla, Sydney ne savait pas où elle était, et comment elle avait atterri ici. Tout ce qu'elle désirait à cet instant bien précis, c'était rentrer chez elle, se blottir contre ses parents pour ne plus jamais les quitter. Recroquevillée, les oreilles plaquées sur sa tête, Sydney entendit un rire satanique retentir. Bien que la peur se soit emparée totalement d'elle, la jeune louve au pelage clair osa faire pivoter sa tête, pour voir la personne qui se trouvait avec elle dans cet endroit... étrange. On aurait dit une grotte, et Dieu savait que tu en avais visitées, mais jamais de telles. Celles où tu t'aventurais d'innombrables fois paraissaient beaucoup moins effrayantes que celles-ci. Peut-être était-ce l'angoisse et la peur qui faisaient perdre la raison à cette jeune louve. Elle aperçut dans l'obscurité un sourire, qui lui faisait donnait la chair de poule. De plus qu'elle ne voyait pas le reste du corps de l'individu. Seul ce sourire, stressant et effrayant pouvait être vu. Sydney se demandait bien ce qu'elle avait fait pour mériter un tel sort. Durant deux longues années, elle vécut contre son plein gré avec ce monstre, cet ignoble personnage au pelage aussi noir que l'obscurité, aussi noir que les profondeurs de l'Enfer. Chaque jour, il la maltraitait, lui infligeant des blessures de plus en plus profondes, de plus en plus douloureuses. Sydney sans cesse d'arranger son comportement, de devenir plus gentille, car elle pensait que le problème venait d'elle, mais en réalité, plus elle devenait gentille, plus la situation empirait. Elle comprit alors que le problème ne venait pas d'elle, le hic venait de ce monstre, ce psychopathe qui se nourrissait de la peur et de la souffrance des autres. Et lorsque la jeune femelle se rendit compte que le soucis ne venait pas d'elle, elle commença peu à peu à se rebeller, car dans tous les cas, elle savait tant bien que mal que la situation ne changerait pas. Son agresseur continua à la maltraiter, et étant doté d'une certaine intelligence, il comprit très succinctement ce que mijotait Sydney. Il n'aimait pas son insolence, et encore moi son esprit rebelle. Alors pour la calmer un peu, à l'aube de ses deux ans et cinq mois, il s'en prit à la petite part d'innocence et de fébrilité qui sommeillait en elle. Alors qu'elle dormait, bien qu'elle ne dorme jamais vraiment sur ses deux oreilles, il s'avança furtivement d'elle, lui tournant autour, dans le calme absolu, afin qu'elle ne remarque rien, absolument rien. Et d'un bond, il bondit sur son arrière-train, la maintenant avec ses membres avants suffisamment fort pour qu'elle ne bouge pas et il lui ôta son innocence. Le lendemain matin, lorsqu'elle ouvrit les yeux, la première chose qu'elle vit fut ce loup, qui l'observait, ce même sourire satanique que lorsqu'elle l'avait rencontré pour la première fois. Du moins... vu, pas rencontré par pur hasard. Elle sursauta, et s'écarta d'un bond, tandis que le rire du loup retentissait dans toute l'immensité de la grotte où ils se trouvaient. Le loup se tourna quelques secondes, et soupira. Sydney avait l'occasion de s'en allait, c'est comme s'il lui ouvrait une porte de secours. Elle vit sa mine dépitée, un sourire triste sur ses babines, des larmes dans ses yeux. En l'espace d'un instant, elle eut pitié pour lui, elle aurait voulu le cajoler, le réconforter, mais après tout ce qu'il lui avait fait subir, il était hors de question qu'elle reste avec ce monstre. Dans un élan de lucidité, Sydney se retourna, et galopa à toute allure, à en perdre haleine, sans se retourner, de peur de revoir la face de ce monstre à nouveau. Au loin, alors qu'elle semblait déjà avoir reprit goût à la liberté, elle entendit une voix, certainement celle de son agresseur:
« Tu n'iras pas bien loin ma jolie, maintenant toi et moi, c'est à la vie à la mort, tu es mienne. »
Le passé, le présent, le futur...Ces deux histoires sont liées. Comme vous l'aurez compris, Sydney est née de l'union d'Aïcha et Ovide. Elle n'a connu ses parents quelques mois seulement, et se souvient à peine de leurs visages. Après avoir pris la fuite à l'âge de deux ans et cinq mois tout pile, Sydney a fuit le danger pendant une longue année. Chaque nuit, elle se réveillait en sursaut, elle avait l'impression d'entendre le cri de son agresseur dans les parages, alors qu'en réalité, c'était seulement le fruit de son imagination, c'était dû au traumatisme qu'elle avait vécu. Pendant cette longue année, elle traversa des fleuves, des forêts, franchit des montagnes, tout ça pour s'éloigner le plus possible de là où elle avait "grandi". Ce qu'elle n'avait en revanche pas prévu, c'est que de l'union forcée de son agresseur et elle allait en découdre des louveteaux. Elle ne l'aurait jamais imaginé. A l'aube de ses trois ans et huit mois, elle découvrit des territoires qui lui paraissaient être un bon endroit pour y vivre. Cinq meutes y vivaient : Les améthystes, les rubis, les saphirs, les diamants et les émeraudes. Elle mit bas dans une forêt à l'entrée de ces territoires, en mettant au monde quatre beaux louveteaux : deux mâles et deux femelles. Ces petits n'étant pas conçus d'une union désirée, la louve décida de ne pas s'en occuper. Mais Sydney ne désirait pas non plus les laisser mourir là, tout seul. Leur père était un monstre odieux et sans pitié, mais pourquoi subiraient-ils quelque chose à sa place? Non, c'était injuste. Sydney emmena les petits sur les territoires qu'elle avait repérés. Décidant de rejoindre les Améthystes, où elle savait qu'elle serait bien protégée, elle décida de mettre à l'entrée de chacune des quatre autres meutes un louveteau : Une femelle chez les Diamants, une femelle chez les Rubis, un mâle chez les Saphirs, un mâle chez les Émeraudes. Sydney fut accueillie à pattes ouvertes chez les Améthystes, et bien que laissant les autres meutes se préoccuper du sort de ses louveteaux, elle continuait de jeter de temps à autres un coup d’œil sur eux.