Le lapin détalait, Avalanche le poursuivait avec entrain. Elle n'avait pas faim, non, mais elle aimait poursuivre du gibier quand elle en voyait, c'était plus fort qu'elle. Courir après ce lapin lui procurait une grande joie. Elle allait bientôt mettre fin à la course-poursuite, elle gagnait du terrain sur le léporidé qui ne cessait pourtant de bondir en zigzag.

Pourtant, Avalanche stoppa sa course. Les oreilles en avant, les yeux brillants, elle contemplait le paysage qui s'offrait à elle. Le soleil commençait à se coucher, le ciel était d'un rose doux et moelleux, qui donnait aux nuages un aspect barbe à papa. Ces belles couleurs chaudes contrastaient avec le vert de la forêt qui délimitait l'horizon. Pour parachever ce tableau déjà enchanteur, un groupe d'oiseaux s'envolaient de derrière la pyramide que l'on apercevait plus loin.

Avalanche était enchantée. La nature offrait de si beau paysages que la louve savait apprécier. Secouant sa queue de poils blancs, elle décida d'aller voir la pyramide de plus près. Elle trottait énergiquement, ne se sentant pas en danger dans cette petite forêt, et si quelqu'un voulait se joindre à elle dans sa promenade, elle en serait ravie.

Rejoins-moi pour cette promenade.

Feat Avalanche.

Le crépuscule tombait sur les terres de Wolf Temporal. Couchée sur le flanc, Iseult contemplait le ciel rose d'un œil morne. Les nuages épais et moelleux, alliés à la tiédeur de l'air, faisaient de ce coucher de soleil un moment magique, mais cela faisait bien longtemps que la louve grise n'y prêtait plus attention. Le problème, avec les merveilles, c'est qu'on finissait par en être lassé. Et ce fut cette lassitude qui poussa la Protectrice à se dresser sur ses pattes et à s'éloigner du camp. Elle marchait machinalement, en laissant derrière elle un long sillon tortueux, celui de ses griffes labourant le sol. Non, Iseult n'était pas en colère, mais elle n'était pas particulièrement heureuse non plus. Et c'est parce qu'elle se sentait si fatiguée, si dégoûtée de tout, qu'elle apostropha vivement la silhouette menue qui lui barrait la route.

« Eh, toi ! Qu'est-ce que tu fais là ? »

N'obtenant aucune réponse, elle s'approcha encore. Les contours de l'intrus se précisèrent et se transformèrent jusqu'à ce qu'Iseult identifie une louve à la fourrure blanche. Rubis, selon l'odeur. La Protectrice hésita un instant. Les loups Rubis n'avaient pas une si mauvaise réputation pour rien. Mais la tentation de chercher des noises à un congénère l'emporta. Elle accéléra sa foulée, et surgit devant l'autre femelle.

« Tu es sourde ou quoi ? Non seulement tu empiètes sur mon chemin, mais en plus tu continues ! Je suppose que tu ne m'as pas entendu ? »

Iseult était parfaitement réveillée, à présent, et tout à fait enthousiaste à l'idée de rabaisser une ennemie. Elle ne s'était pas même rendu compte de l'endroit où elle se trouvait. Tout son esprit était accaparé par la perspective alléchante d'un duel. Si seulement elle avait su...