L'aurore venait à peine de se lever lorsqu'Enkara ouvrit les yeux. Après un bâillement silencieux, la louve au pelage gris étira ses longues pattes devant elle puis s'extirpa doucement de son abri. La petite tanière où elle avait passé la nuit était tapissée de feuilles mortes et d’humus. Enkara s'ébroua afin de faire tomber les petites brindilles qui s'étaient accrochées à son pelage durant son sommeil.

Ce matin là, le ciel était sombre et nuageux et un vent glacial parcourait la vallée luxuriante d'amont en aval avec une telle violence que les branches des arbres semblaient être prêtes à s'arracher à tous moments. Enkara plaqua ses oreilles contre le haut de sa tête, comment avait elle pu dormir avec un tel vacarme à l'extérieur ? La louve huma l’air et écouta le mugissement du vent. L’atmosphère électrique laissait présager qu’un orage allait bientôt éclater.

Enkara se mit en marche, elle devait trouver un abri plus sûr que sa petite tanière avant que le temps ne se dégrade. Alors que la louve se rapprochait des falaises rocheuses qui délimitaient la vallée, elle se remémorait ses dernières semaines, la mort de sa mère, la révélation de son passé, son arrivée sur les terres de Wolf Temporal ... et bien sur les différentes rencontres qu'elle avait faite depuis lors. Enkara sourit oui, elle avait bien grandie et changée durant ces quelques semaines. Elle était désormais une louve adulte et responsable et non plus la petite insouciante d'autrefois.

Enkara venait de repérer une petite grotte percée dans la falaise lorsqu'un éclaire déchira le ciel et décida d'y pénétrer pour s'y abriter.

[Je réponds dans la journée ou demain biz]

Enkara pénétra dans la grotte juste à temps pour éviter les premières gouttes de pluie. L'orage était accompagné de bourrasques qui faisaient valser les gouttelettes au fil de leurs envies. La louve sourit. Elle aimait la pluie, et tout particulièrement l'odeur de poussière humide qui s'échappait de la foret après de longues journées sans pleuvoir. Elle huma l'air, remplissant ses poumons de ce parfum sauvage. Au loin, un éclair zébra le ciel, suivit quelques secondes plus tard par le grondement sourd du tonnerre.

Enkara s'assit face à l'entrée de la grotte. Il semblerait qu'elle allait devoir rester ici un bon moment avant que la pluie ne cesse. Après quelques instants passés à contempler la pluie tomber et mouiller l'entrer de la caverne, la louve se releva et décida d'aller explorer les environs.

L'entrée de la caverne était étroite, à peine assez large pour y laisser pénétrer un loup adulte. Celle-ci était succédée d'un petit tunnel de cinq ou six mètres de long donc les parois grises étaient couvertes de lierre. La louve huma la plante grimpante. Une odeur familière lui emplit les nasaux et lui remémorait de doux souvenir d'enfance. Oui, les forets où elle avait grandit étaient elles aussi couvertes de lierre.

Enkara s’aventura un peu plus loin dans la grotte. Le petit tunnel débouchait sur une vaste pièce circulaire au parois blanche comme le lait. La louve s’avança et y posa l'une de ses pattes avant sur le mur. Du calcaire se dit elle intérieurement. Cette grotte avait certainement était creusée par une rivière souterraine désormais retirée. La louve flairait et humait les parois de la grotte. Elle y décela quelques odeur familières, mais ce fut un bruit de pas qui la fit frisonner. La louve se retourna juste à temps pour voir surgir du tunnel un loup quelle pensait connaitre depuis toujours, même si la réalité était toute autre.

- Bonjour Oupio. Je ne m'attendais pas à te rencontrer ici.

Et sourit tendrement et s’avança vers lui, frottant sa tête contre la sienne pour lui souhaiter la bienvenue.

- Mais après tout, tu es ici chez toi, déclara-t'elle en rigolant. Je suis contente de te revoir