Pour la première fois de ma vie je compris que le monde était magnifique mais aussi inconditionnellement grand. Je me sentais donc particulièrement petite, c'en était presque troublant. Je pensa alors que mon existence était insignifiante et le nombre de loups tel que moi tellement immense que ceux qui étaient à la tête de notre monde n'étaient pas du commun des mortels. Ils appartenaient à un autre monde qui n'est pas celui que la plus part des loups fréquentaient. Je me doutais bien que c'était une vision assez communiste, mais le pouvoir ne pouvait être donné à tous, il tomberai trop facilement dans de mauvaises mains.
"Quel éducation dit donc !" me dis-je. Il n'y avait rien sur cette Terre que je ne puisse faire sans être insignifiante. Mais maintenant je ne cherchais pas à être reconnue, je courais après un autre problème : celui de ma vie, je n'existais que pour les animaux que je tuais, je ne bougeais que rarement de place depuis la mort de ma mère, et même de son vivant je n'avais fréquenté personne. Il était temps pour moi de faire ma vie, peu être de rejoindre une meute, même si je me doutais que j'en viendrai à casser la tradition. Mais après tout, qu'est ce que j'en avais à faire ? Chaqu'un à des besoins diffèrent et je ne me sent pas ou plus capable d'assumer seule ma vie, mes futurs louveteaux, la chasse ...
C'est pour cette raison que pour la première fois de ma vie je posais le pied sur un territoire qui n'était pas libre : Celui des Saphirs. Je savais que cette meute n'était pas hostile mais dotée d'un grand nombre de qualités tel que le courage. Je n'avais encore jamais connu la peur, voila pourquoi mon choix s'était porté sur eux.
Au petit matin, alors qu'il y avait encore la rosée posée sur l'herbe et les fleurs pâle en l'absence du soleil, je passa la frontière. Autan rester discrète, les loups bruyants et extravertis attirent plus facilement la méfiance que ceux qui savent se faire invisible. Du bout de mes petites pattes je frôlait le sol, mes poils attrapaient la rosée des herbes les plus hautes, mon odeur se posait partout sans que je ne puisse rien faire ... Aucune importance.
Je m'arrêta en arrivant devant un grand saule, son écorce était plutôt foncée et très irrégulière. Mes derniers pas me menèrent sous les branches tombantes, une petite brise faisait tomber quelques gouttes d'eau sur mon pelage d'hiver. Sur une grosse racine je m'assis et profita de l'atmosphère calme, je savais que quelqu'un viendra, un loup surveille son territoire chaque jour, encore plus quand il s'agit d'une meute.

Je regardais devant moi, l'aube se levait, magnifique. Le soleil diffusait entre les feuilles du Saule Pleureur ses rayons. Avec la rosée encore un peu en suspend il y avait les reflets d'un arc-en-ciel. Les petites gouttes sur les tiges d'herbes devant moi reflétaient la lumière. Leur couleur paraissait ainsi plus vive, pleine de vie. L'eau apportait la vie. Pour ma part je n'avais pas besoin d'aide, au fond de moi j'étais déjà bouillonnante, cependant j'étais aussi arrosé par les gouttes qui tombaient de l'arbre, secouées par la brise matinale qui sévissaient plus haut dans le ciel. Les feuilles bougeaient doucement, laissant passer ça et là un rayon de soleil. Parfois une goutte venait à la rencontre de mon museau, je reniflai alors. Ou elle se perdait dans mon pelage qui commençait à perdre son épaisseur d'hiver. Il faisait doux, le ciel nous offrait désormais des température plus clémentes, la vie se faisait plus agréable.

Autour de moi il y avait quelques racine, j'étais d'ailleurs assise entre deux d'entre-elle. Elles sortaient du sol, comme pour nous attraper, c'était rigolo. Je découvrais un autre monde, jusqu'à maintenant je n'avais connu que les Territoires Libres, j'avais grandi dans un anonymat total, je n'existais que pour les lapin que je tuai. Chaque jour je faisais les mêmes choses, j'étais insignifiante. Je n'avais jamais eu d'amour, d'ami, de plaisir, de parties de chasse ... Je ne connaissais pas la vie en communauté. Jusque là les 2 ou 3 loups que je rencontrait à peu près régulièrement étaient soit des vieux soit des solitaires qui errent âmes en peine dans la quête d'une rédemption pour des crimes qu'ils n'osent même pas raconter. C'était une vie ou mon cœur battait au rythme des saison, au rythme de la chasse et ou mon sommeil suivait le soleil. Je connaissait par cœur les aurores et les crépuscules du haut des pyramides, je connaissais mes moindres recoins de l'Arbre Immortel, avais appris à nager à la Roche Aquatique, les Bruits de la Jungle m'étaient familiers et le Désert Rouge n'était pour moi plus qu'une étendue de sable.

Ce n'était pas une décision facile à prendre que de briser ses habitudes. Et oui, elles on la vie dure, mais je ne pouvais mourir sans avoir donné la vie, sans avoir vécu de folles histoires d'amour, sans n'avoir jamais poursuivit un cerf, en n'ayant put partager un repas. Le choses simple de la vie que ma mère m'avait racontées ne m'étaient pas accessible. Je voulais comprendre le monde avant de ne plus pouvoir le faire, je voulais vivre quelques expériences avant d'être réduite à l'état de poussière. Sans grands projets, non sans ambition mais sans occasion. Rien ne m'obligeait à sortir de chez moi, après tout je n'étais pas malheureuse. Je le voulais et sans que rien n'ai eu à me pousser j'ai poser une patte dans un autre monde. Aujourd'hui serait le jour des première fois.

J’entends quelques bruit inconnu, je tentais depuis mon arrivé de me familiariser avec les lieux mais je ne connaissait pas le bruit que faisait un loup quand il arrivait. Je le découvris cependant, les yeux rivés sur le mâle en face de moi je le détaillais sans penser que cela aurait put le mettre mal à l'aise : Il était très grand, beaucoup plus que moi, au moins 10 centimètre, il était aussi très musclé. Pas vraiment dans la finesse, mais cette force de la nature en imposait par sa présence physique du moins. Une voix de ténors sorti de sa gueule, posé et neutre, appelant à une réponse clair et nette.

- Bonjour. Je me présente, Daeron, Alpha des Saphirs, à qui appartiennent ces terres. Puis-je savoir ce qui t'as menée parmi nous ce matin.

- Bonjour, je suis Tyee, une solitaire, je viens des Territoires libres. Aujourd'hui marque la première fois que je sort de mon territoire. Je ne connais rien d'autre.

Je le va et abaissa mon antérieur droit pour me baissé en m'inclinant à droite en signe de respect. J’avais été éduquer dans cet optique : respect l'autre et tu sera respecté. Je me releva, droite sur mes quartes pattes très fines. J'étais un peu plus petite que la plus part des louves, mais ma souplesse et mon agilité compensaient largement ce petit désagrément. Elle me permettaient d'atteindre en foret une vitesse parfois deux fois plus rapide que celle des mâles car j'évitais ou me faufilait au travers des obstacles. J'étais une vipère, une ombre qui n'utilisait jamais son don. Mon petit poids me faisait parfois passer plus jeune que je ne l'étais, j'ai 5 ans, je suis sensé être considéré comme une adulte. Ma continuelle bonne humeur et mon énergie débordante ne m'aidaient pas a passer pour une « grande ». Peu importait. Je me mis à marcher doucement avec un petit sourire autour de l'Alfa Saphir :

-Expliquez moi comment votre monde fonctionne.