HRP:

Un soleil éblouissant éclaboussait la terre de ses rayons, une brise fraiche empêchait les vivants de ressentir la chaleur en profondeur sous leur épaisse fourrure. L’été était là, mais peu de loups en avaient encore réellement conscience. Le mâle tout près, pourtant, était pleinement conscient de la présence du Soleil au-dessus de sa tête. Cela faisait des heures maintenant qu’il l’admirait avec toujours autant d’étoiles dans les yeux. Pourtant ce n’était pas tant l’astre du jour qui faisait briller à ce point son regard. Non. En ce magnifique jour d’été, le grand mâle au sang arctique avait compris. Il avait enfin ouvert les yeux sur une chose qui tiraillait son esprit depuis des lunes, et pour laquelle il n’avait jusque-là, pas trouvé de mot adapté. Mais il avait enfin réalisé ce qui s’était passé, lorsqu’il avait vaincu son démon intérieur pour la première fois de sa vie. Tout ce qui lui avait permis ce jour-là, de ne pas tuer la femelle présente à ses côtés, était tout simplement, l’amour qu’il lui portait. Il avait longtemps été aveugle quant à ses véritables sentiments. Il s’était interminablement persuadé qu’il n’était pas capable d’aimer, qu’il ne savait que tuer et massacrer, massacrer et tuer encore. Pourtant, son cœur était bien là, tout au fond, enfoui dans son corps, et il avait bel et bien battu durant ce combat, battu la chamade pour elle. Encore aujourd’hui il avait du mal à croire ce qu’il voyait désormais comme une évidence, mais il savait que quoi qu’il puisse dire ou penser pour se faire douter, les faits étaient là et il ne pouvait nier plus longtemps. Malgré lui, malgré toutes les atrocités dont il était l’auteur, il était tombé amoureux. Lui, le Tourmenteur, le loup au pelage flamboyant, à la carrure d’ours, au regard froid comme l’acier, lui, Daeron, il était incommensurablement tombé amoureux. Et plus jamais, son cœur ne serait capable de battre pour une autre louve qu’elle. Seulement un nouveau challenge se présentait désormais à lui. Devait-il révéler ses sentiments pour la jeune femelle ? Devait-il lui révéler sa double personnalité ? Était-il prudent pour la meute de prendre de tels risques ? Et si elle jouait la comédie depuis le début ? Si elle le détestait ? Si elle était en fait, capable de trahison ? Il la tuerait. Mais le ferait-il alors, suffisamment vite pour que les rumeurs ne s’ébruitent pas ? Sûrement pas. Alors le plus difficile des choix qu’il aurait à faire dans sa vie était là : Ferait-il confiance à cette jeune louve, ou garderait-il enfouis chaque infime trace de ses sentiments pour elle jusqu’à la fin des temps ?


Inspirant profondément, je me délectais de la brise qui accompagnait l’astre du jour. Il était temps. J’avais pris ma décision. Il fallait désormais que je l’assume jusqu’au bout. A tout jamais, ce choix se répercuterait sur ma vie, sur ma meute, sur mon être tout entier. Ce n’était pas juste un caprice d’Alpha. Ce choix ferait partie intégrante de ma vie. Qu’il se révèle positif ou négatif, il serait à jamais ancré dans l’histoire de ma meute. Et je me devais de ne pas décevoir les Loups du Courage, même si aujourd’hui je ne pensais à eux qu’en dernier lieu. En réalité, je ne pensais qu’à elle. Je voulais à tout prix qu’elle sache. Aujourd’hui. Sans plus attendre. J’étais demeuré silencieux de nombreux mois. Je m’étais même inscrit aux abonnés absents sans m’en rendre compte. J’avais tout simplement, pour mon propre compte, négligé toutes mes responsabilités. C’était une grande chance que j’avais eu, de ne pas voir les miens se faire attaquer durant cette inactivité de ma part. Il était grand temps que cela change, et j’allais commencer pour remettre de l’ordre dans ma meute, par réorganiser sa hiérarchie. Au complet.

Debout, campé sur mes puissantes pattes rousses, je fixais le soleil du haut de mon promontoire, bombant le poitrail, mu par une énergie nouvelle, une détermination sans faille. J’étais prêt. Il fallait que je la voie. Elle me manquait bien plus que je ne me serais permis de l’avouer à quiconque. En réalité, je crevais littéralement de ne pas pouvoir l’apercevoir, sentir son odeur, toucher son pelage, son corps. Je me mourrais de savoir qu’il s’était écoulé tant de temps depuis notre dernière rencontre, je culpabilisais aux souvenirs de ce que je lui avais fait subir et à l’imagination de ce que j’aurais pu lui faire si je n’étais pas parvenu, grâce à elle, à maîtriser de force le Tourmenteur qui se cachait en moi. Je frissonnais à l’idée de son corps meurtri entre mes pattes, inerte, mort. Mais tel n’était pas le cas. Je secouais ma tête de chaque côté, chassant avec frénésie cette image affreuse que j’avais en horreur et que je voyais dans chacun de mes cauchemars depuis des mois. Il fallait que je la revoie. J’avais besoin d’elle à présent. D’elle plus que de quiconque.

Un long hurlement s’échappa de ma gorge. A la fois le bonheur, et la tristesse, le manque, l’angoisse. Je l’appelais. Je l’appelais elle et elle seule. Je voulais qu’elle vienne, à n’importe quel prix. Je partais en direction du labyrinthe aux souvenirs, parce que j’avais peur qu’elle ne vienne pas, et j’avais peur de ne plus pouvoir me souvenir. Je voulais la revoir à tout prix, même si pour cela je devais la revoir lors de notre première rencontre, en colère, méprisante, me détestant.

Up ?

J'attends Birdy, mais elle est en vacances. Elle ne pourra pas répondre avant son retour