« Never give up no matter what » ɷ STARK.

La nuit caressait la Terre avec ses lueurs obscures. La lune quant à elle, perchée haut dans le ciel, l'éclairait de ses rayons lumineux, dominant la nuit. La nuit était déjà bien entamée, et à cette heure tardive, toute la population des terres de Wolf Temporal devait être couchée. Sauf deux petits êtres. En principe. Deux être qui s'étaient donnés rendez-vous, car les voir ensemble en pleine journée aurait pu paraître incohérent. Très incohérent. D'un côté, un Solitaire, dont personne ne connaissait la véritable car il ne divulguait que très peu d'informations à son sujet ; de l'autre, une Rubis, plus précisément la Princesse, soit l'héritière, qui se contentait de fuir pour avoir un minimum de liberté, et sa liberté, c'était de se retrouver seule avec celui qu'elle aimait. Ce solitaire. Ce vagabond, errant dans les territoires libres à tous la plupart du temps, c'était toi. Toi, petit Éthan, qui a présent, grandissait, commençait à atteindre sa taille adulte. Même ta gentille s'acroissait. Tu étais différent. Différent de tes parents. Tes géniteurs qui t'avaient eu juste afin que tu exécutes une certaine vengeance, dont tu cherchais la signification. Mais à présent, tu ne pouvais plus questionner tes parents à ce sujet. Ton père, lui, qui représentait énormément de choses à tes yeux, même si vous ne vous ressembliez ni mentalement, ni physiquement, était mort à cause d'une épidémie qui s'était propagée, et qui l'avait atteint. Quant à ta mère, depuis la mort de son compagnon, elle n'était plus la même. À certains moments, tu avais comme l'impression qu'elle était absente, même si son corps était en face de toi. Et puis, son état avait fini par se déteriorer, l'emportant elle aussi, la soulageant, la ramenant aux côtés de son compagnon qu'elle chérissait tant. Vous aviez maintenant dix mois. Au final ? Trois enfants, seuls, en pleine nature, et qui doivent se débrouiller par eux même. Enfin trois... disons plutôt deux. Eléazar n'était pas du genre à être de votre côté, à toi et ton frère. C'est comme si la mort des parents l'enchantait. C'était un peu toi le plus intelligent des enfants. Enfin, disons que tu utilisais ce don à bon usage, pas comme Eléazar, qui allait certainement tout faire, absolument tout, pour t'éliminer toi et ton frère jumeau, Stark.

Ta silhouette se faufilait partout dans la pénombre, tel un caméléon lorsqu'il se trouve en panique. Tes yeux orangés observent, n'oubliant aucun recoin, aucune cachette, comme si tu avais peur que quelqu'un t'ait suivi. Tu n'avais pas peur pour toi, bien sûr que non, bien au contraire, tu t'en fichais pas mal ce qui devait t'arriver -bien que tu ne voulais pas laisser ton jumeau seul dans ce monde de brutes - c'était pour la sécurité d'Emy, rien d'autre. Cette princesse Rubis qui avait fait chavirer ton coeur, tel un bateau en pleine mer lors d'un ouragan. Ce monde de brutes n'était pas fait pour elle. Comment des monstres avaient-ils pu mettre au monde un ange ? Un ange a qui on a coupé les ailes et à qui on tente vainement d'inculquer l'art de tuer. Mais Emy t'as très bien expliqué qu'elle évitait ces entraînements. Que son père se faisait de plus en plus rare, et que, jamais elle n'arrivait à lui expliquer le problème qu'elle avait. Au final, elle ne voulait pas de cette vie, de voir du sang gicler à longueur de journée, de sentir les cadavres en décomposition à deux mètres d'elle, c'est comme au dessus de ses forces. Mais si aucune personne de sa famille ne veut faire un effort, alors elle sera triste, tout au long de sa vie. Elle haïra son père, et le fuira, ne cherchera même plus le dialogue avec lui ; rien que de sentir son odeur elle en aura la nausée. Mais toi, jamais elle ne t'abandonnera. Elle tient à toi, et tu tiens à elle, plus que tout au monde. Tu seras toujours là pour elle, quoi qu'il arrive. Qu'elle soit malade, ou bien en très grande forme, en colère, qu'importe. Tu t'y attaches pour ce qu'elle est. Pas pour ce qu'elle n'est pas. Cela faisait plusieurs semaines que tu étais sans nouvelle d'elle, et pourtant, elle t'avait donné rendez-vous sur les territoires Saphirs, très tardivement dans la nuit. Tu t'arrêtas, ralentissant ta cadence, et réfléchis deux secondes. N'était-ce pas un piège ?

Tu ne savais pas. Tu ne pouvais pas en être convaincu après tout. C'était tout de même étrange que subitement, alors qu'elle semblait avoir complètement disparue, elle te donne des nouvelles, en te donnant un étrange rendez-vous. Mais tu te fichais pas mal si c'était un piège ou non. La meilleure façon de le savoir, c'était d'aller à ce rendez-vous, histoire d'en avoir le coeur net. Tu traversais de nombreuses forêts, voire jungles, des feuilles restant même parfois collées sur ton pelage d'ébène. Mais tu t'en débarassais très facilement ; En te secouant, et le tour était joué. Tu peinais à garder les yeux ouverts. Tu n'avais qu'une envie, retourner bien sagement dans ta tanière, seul, alors que tes frères seraient encore partis je ne sais où. Mais l'espoir de voir Emy te maintenait éveillé. Les chances de la revoir étaient maigres, mais tu ne pouvais pas penser une seule seconde que c'était un guet-apens. Tu vis que tu étais arrivé à l'endroit voulu. Le trajet se déroula très rapidement en fin de compte. Un arbre glacé, majestueux, dominant les environs était là, ses branches n'étant que poussières, remplacées par de somptueuses branches de glace, comme si l'hiver avait toujours été présent dans cette région des territoires. À bien y réfléchir, depuis que tu avais mis une patte ici, la température avait chutée, succinctement, sans même que tu ne t'en rendes compte. Tu t'approchas progressivement de l'arbre glacé, constatant que tes pattes s'enfonçaient dans le sol. Tu jetas un bref coup d'oeil en dessous de toi, réalisant qu'en réalité, c'était de la neige. De plus en plus étrange, décidément. Une fois au pied de l'arbre, tu posas une de tes fines patte contre son tronc, mais la retira aussitôt, constatant que c'était glacé. Un frisson te parcourut et tu te retournas succinctement lorsqu'un bruit parvint jusqu'à tes oreilles. Les redressant, tu essayais de discerner une silhouette à travers les branchages et la neige, en vain. Tu voyais juste quelques feuilles qui bougeaient, montrant la présence d'un inconnu - ou d'Emy - dans les parages. Tu ne bougeas pas de là où tu étais.

« Eho ! Est-ce que tu es là, Emy ? Cela fait tellement longtemps ! »

L'écho de ta voix se propagea à travers tous les territoires Saphirs, réveillant certainement plusieurs personnes qui allaient venir protester en disant le même refrain, que c'était inadmissible, etc. Ton coeur se mit à battre plus fort. Tu espérais que la silhouette sorte des broussailles, vienne te rejoindre, mais surtout, que ce soit cette princesse Rubis. Ta princesse.

La nuit commençait tout juste a étendre ses longs et fins bras sombres sur la surface de la Terre, embrassant en un -a bientôt émouvant le firmament orangé, qui se teintait de noir au fur et a mesure de l'avancée du Crépuscule. Silencieux et immobile comme un roc, pour une des rares fois ou il lui était possible de rester sans bouger, un jeune loup au pelage noirâtre fixait de ses iris ambrées le ciel, dont les lambeaux funèbres venaient lécher le sol désertique sur lequel il avait marché des heures durant, a la recherche d'un petit je-ne-sais-quoi. Il resta figé jusqu’à ce que la Nuit fut finalement tombée une bonne fois pour toutes sur WT, et enfin, se releva, secouant un instant son corps entier, pour faire tomber de ses poils rêches les grains de sables qui s'y étaient installés. Un sourire rusé vint étirer les commissures de ses lèvres, dévoilant a quelques endroits des canines acérées et tranchantes, brillant d'une lueur pâle et inquiétante dans ce gosier sombre. Ses pattes bougèrent d'elles-même, sans qu'il ne leur ordonne de le guider quelque part, et il commença a prendre l'allure d'un trot soutenu. Il avait beau être encore jeune, il lui semblait avoir déjà tout appris. La mort, le malheur, le désespoir, les larmes et les cris. Les rires, les jeux enfantins, les liens tissés puis brisés. Il avait presque le sentiment d'avoir, ainsi que ses frères, hérité du fardeau de ses géniteurs, et de le porter sur ses épaules massives. Il traversa le Désert en quelques heures a peine, sans se perdre une seule fois, et arriva aux Territoires Saphir, la gorge sèche et les yeux le grattant un peu, mais en vie. Il s'arrêta juste un instant près d'une rivière qui coulait par là, et dont la fraîcheur de l'eau lui donna le sentiment de s'être abreuvé pour les dix prochaines années a venir. Après avoir patiemment écouté les bruits autour de lui, qui n'étaient que les chants minimes des oiseaux nocturnes, et le passage de quelques ratons laveurs, il reprit sa course. Il est vrai qu'il ne savait pas ou il allait exactement, mais il y allait. Il aimait plus que tout faire confiance a son instinct sauvage, celui qui lui commandait de se dépenser comme jamais dans cette Nature-là, qui était comme une deuxième mère pour lui. Rapidement, les cailloux pointus au sol le forcèrent a ralentir son allure, veillant a ne pas blesser ses coussinets. A cause de son jeune âge, ils n'étaient pas encore parfaitement bien développés, et n'étaient pas suffisamment résistants a ce genre d'imperfection de terrain. Il trouvait cela dommage, et avait plutôt hâte de grandir. Une fois plus âgé et expérimenté, il serait capable de voyager des semaines durant, sans jamais s'arrêter une seule fois.

Il reprit sa course après avoir passé l'épreuve des minuscules cailloux, filant a travers les grand conifères qui l'entouraient, poussé dans son élan par la bise glaciale qui commençait a souffler sur le Territoire qu'il parcourait. Bien que son corps physique soit entièrement concentré sur sa course, son esprit, lui, voguait en lui-même, a la recherche de ses meilleurs souvenirs d'enfants. Cela ne faisait que quelques jours qu'il avait perdu ses Parents, et cette perte l'affectait encore beaucoup, bien qu'intérieurement. Il cachait sa peine comme il le pouvait, en l'enfonçant au plus profond de son coeur, l'écrasant presque avec ce flot d'émotions négatives. Il savait que ce n'était pas bon pour lui, pour son âme d'enfant et son innocence. Mais il n'en avait cure ; il ne pouvait se permettre de flancher face au adultes, face aux loups de ces Terres. A force de côtoyer sa Mère lors de la chasse, il avait appris a re-connaitre chaque froncement de ses sourcils, a comprendre la signification de son regard vide porté au loin. Aujourd'hui encore, il se sentait capable de dessiner son visage dans les moindres détails au sol, sur le sable chaud et lisse du Désert ou elle s'était un jour égarée. Cette anecdote-là, il l'avait appris de leur Père. Caleb n'était pas du genre a être très sensible, et a montrer ses sentiments aux autres, excepté Cameron. Il avait d'ailleurs été très vexé qu'elle n'agisse pas avec eux comme avec lui. En sa compagnie ses épaules semblaient s'affaisser soudainement, comme si elle se libérait un peu de son fardeau, comme s'il en prenait la responsabilité, même pour un court instant. Son regard devenait plus chaleureux et intense, tandis qu'elle lui offrait même un de ses rares sourires, ceux qui éclairaient son visage creusé par la Solitude. Stark ne l'avait jamais avoué a personne, même pas a sa fratrie, mais il aurait aimé être a la place de son Père. Il aurait voulu, lui aussi, pouvoir être d'une grande aide aux yeux de sa mère, et ainsi lui permettre d'être, par la suite, plus proche de lui et de ses enfants. Mais ce n'était malheureusement jamais arrivé ; même aux toutes dernières secondes de sa vie, elle n'avait laissée échapper un seul -je vous aime, a ses enfants. Mais il ne lui en voulait pas. Comment pourrait-il entretenir de la rancune envers celle qui lui avait donné naissance, celle qui lui permettait aujourd'hui d'assouvir tous les besoins et désirs de son corps?

Le croassement d'un corbeau égaré lui fit brusquement relever la tête, et il se raidit sur la butte herbeuse ou il venait de s'arrêter, les yeux fermés. Il savait que ses prunelles orangées étaient voyantes, et il avait appris a se baser sur son ouïe et son odorat. Cette tactique-là aussi provenait de sa Mère. Elle l'avait utilisée, s'il se souvenait bien, en combattant un autre Solitaire, il y a longtemps. Seul le vent, qui faisait doucement flotter ses poils sombres, lui répondit ; rassuré, il reprit sa course a travers le bois. Le Requin, voilà comment qu'on l’appelait Les autres loupiots le nommaient ainsi, car il avait la fâcheuse habitude de se glisser sans bruit derrière les gens, pour leur sauter dessus sans crier gare. Il n'excellait pas a la discrétion - en effet, il était plus une sale brute qu'autre-chose - mais a force de pratiquer en compagnie de son jumeau, qui était bien meilleur que lui a ça, il avait fini par apprendre deux-trois choses plutôt intéressantes. D'ailleurs, en évoquant sa famille. C'était désormais en direction de sa fratrie que ses pensées se dirigeaient. Cela faisait un moment qu'il ne les avait pas vus, tous les deux. Il ne s'inquiétait nullement au sujet d'Ethan, mais plus d'Eleazar. Et encore, s'inquiéter était un grand mot ; il se fichait bien de ce qui pouvait lui arriver. Qu'il meure ou qu'il vive était décidément le cadet de ses soucis. Après tout, s'il mourrait jeune, ce serait certainement parce que c'était a l'avance. Selon lui, il n'avait aucune chance de survivre en ce bas-monde. Il avait vu de quoi était capable les adultes, et il avait vu des choses qu'il n'aurait jamais du voir. Et bien que l'envie, quelques-fois, de fermer les yeux a ces choses-là l'ait pris, il ne l'avait jamais fait. Parce que même si son âme d'enfant en prenait un coup, il savait que ça ne l'aiderait qu'a mieux grandir. C'était peut-être brusque, comme méthode, mais c'était la sienne. Et il se fichait bien de ce qu'en pensait les autres. Il fallait dire que ça aussi, c'était le dernier de ses soucis. Il n'en avait pas beaucoup, en réalité. Le plus important, bien sûr, le number one de sa liste était la vengeance de ses Géniteurs, et rien d'autre. Venait après des problèmes moins importants, comme par exemple rassembler sa fratrie, se procurer des esclaves et des jouets dignes de ce nom. De petites choses vraiment pas importantes.

Alors qu'il continuait a se faufiler entre les arbres imposants qui s'étendaient tout autour de lui, ses yeux captèrent un éclair blanc et lumineux. Emporté par son élan, il manqua la petite colline d'ou il pouvait se poster pour apercevoir tout le Territoire en contre-bas ; après avoir ralenti, il revint précautionneusement sur ses pas, pour admirer la hauteur de l'Arbre Glacé. Il avait encore grandir, visiblement. A chaque fois qu'il le fixait d'une telle manière, il avait presque l'impression que d'un moment a un autre, ses branches filiformes allaient déchirer l'Ether, pour leur laisser entrevoir le royaume des Dieux, ainsi que le fleuve ou les Morts s'entremêlaient incessamment. C'était une vision presque apocalyptique, mais elle lui convenait parfaitement. Il hésita un instant, partagé entre l'envie d'aller observer l'arbre de plus près, ou continuer sa course effrénée, mais finit par opter pour la première option. Après tout, il aurait tout le temps de courir après. D'un bond plutôt lourd mais souple, il atterrit sur un tas de feuilles aux couleurs d'automne, qui étaient tombées lors de cette saison, et qui se contentaient de pourrir sur place. Il se secoua une fois de plus pour se débarrasser de la terre et des feuilles humides, qui collaient a son pelage, avant de marcher d'un pas lent et réfléchi en direction de l'arbre, dont il voyait les gigantesques racines, qui ressortaient du sol, briller droit devant lui. Il n'était pas fatigué de sa vie de louveteau. Il était en parfaite santé physique, bien que sa santé morale restait bancale, et même sans sa Famille, il se sentait la force et la conviction pour déplacer des Montagnes. Que quelqu'un soit avec lui ou derrière lui l’importait peu ; tant qu'il avait la force suffisante pour combattre ses futurs adversaires, il pourrait se débrouiller seul. Tout comme l'avait autrefois fait ses Parents. Un bref instant, ses pupilles orangées se ternirent, comme le souvenir de ses Parents lui revenaient en mémoire. Ils avaient beau les avoir élevés dans le seul but de porter leur fardeau après leur mort, il ne leur en voulait pas. Sans cela, et tous leurs sentiments froids et vicieux, il ne serait jamais celui qu'il était aujourd'hui. Il serait sans doute resté un jeune loupiot idiot, qui serait encore occupé a courir après les papillons ou a téter sa mère a l'heure ou il y pensait. Son sourire s'élargit a cette pensée, et intérieurement, il adressa un dernier remerciement a feu Caleb et feu Cameron. Ses deux Parents étaient de véritables génies, des loups dont le nom ne seraient pas oubliés de sitôt. Car il serait là pour le faire rappeler au fer blanc a quiconque oserait l'oublier.

Avant même qu'une quelconque odeur ne s'immisce jusqu’à ses narines, un appel retentit dans la forêt. A nouveau, il s'immobilisa, les yeux fermés, le coeur battant a tout rompre dans sa cage thoracique. Non pas de peur, ne vous méprenez pas, mais bel et bien d'excitation. Si c'était un ennemi, il ne ferait qu'une bouchée de lui. Il pourrait enfin mettre a bon usage son endurance dont tout le monde faisait les éloges. L'appel se répéta, et ses oreilles se tournèrent vers sa droite, tandis qu'il fronçait les sourcils, troublé. C'était étrange, mais il lui semblait reconnait le ton de cette voix rauque et peu-aimable. Il l'avait déjà entendu autrefois, et il se sentait désormais idiot de ne pas l'avoir reconnu au tout début. En secouant négativement la tête de droite a gauche, exaspéré de sa propre bêtise, il rouvrit les yeux, pour se diriger silencieusement et discrètement vers l'endroit d'ou provenait l'appel. Il reconnaissait désormais cette odeur chaude et sauvage, celle d'un être tout aussi Solitaire que lui, qui passait plus son temps a errer qu'autre-chose. Allez, il était temps de lui montrer que leur entrainement ensemble avait payé ses fruits. Cependant, alors qu'il grimpait sur un rocher a un niveau supérieur du sol, et d'ou était l'autre lupin, une de ses grosses pattes écrasa une branche sèche, qui alerta aussitôt l'autre. Il se traita mentalement d'idiot, avant de ramper soigneusement jusqu'au bord du rocher, retenant tant bien que mal un sourire d'éclairer son visage en apercevant une forme aussi ténébreuse que lui en contrebas. Un loup plus fin que lui, dont les meilleures qualités reposaient sur la discrétion et la rapidité. Un loup au regard orangée, qui lui ressemblait comme une goutte d'eau. Son frère jumeau, Ethan. A force de ne plus le voir, Stark avait fini par songer qu'il s'était trop éloigné des Territoires de WT, et qu'il était parti explorer d'autres endroits. Mais le voilà, en parfaite santé, juste sous ses yeux. Il était heureux de le retrouver, a vrai dire ; il sentait son corps entier se réchauffer instantanément a la vue de son jumeau. Il avait beau se la jouer solo, son jumeau lui manquait. Auparavant, lorsque Caleb et Cameron était encore avec eux, ils adoraient plus que tout jouer aux "militaires". Ethan était le commandant, qui se chargeait d'élaborer des stratégies, et de repérer de bonnes cachettes sur le territoire ennemi, tandis que Stark était le kamikaze, celui qui fonçait toujours tête baissée dans les barricades ennemies, faisant fuir de ses lourds galops les ennemis environnants, qui s'avéraient être des lapins que leurs Parents se chargeaient de récupérer a l'autre bout. Ce fut en réalité très instructif, pour Stark. Il avait compris qu'il aurait besoin de quelqu'un a ses cotés pour le guider dans ses actions.

Toujours silencieux, tel une véritable statue, il écouta attentivement ce que lançait son jumeau a la cantonade. Et autant dire que ça lui déplut énormément. Emy. Son cerveau avait beau être atrophié, il n'était pas crétin au point de ne pas comprendre l'évidence-même. Celle qu'Emy était un nom de femelle. Et que son frère la cherchait. Donc il la connaissait. Et un mâle connaissant une femelle qui cherche plus tard a la revoir, ce n'est jamais bon. Ce pourquoi il était indispensable pour lui d'intervenir. Il se redressa soudainement, alors que son jumeau tournait la tête dans la direction opposée a son rocher, et sauta une fois de plus au sol plus bas. Ses pattes lourdes encaissèrent le choc plutôt bien, et il se releva rapidement, sachant que le bruit avait certainement alerté son jumeau. Il affronta vaillamment son regard si semblable au sien, avant de lui tourner le dos, pour s'approcher de l'Arbre Glacé, dont sa truffe froide et sombre effleura les défauts, creusés a même le bois. Il était plutôt impressionnant de voir les reflets luisants que la lumière de cette arbre procurait a leurs pelages sombres. Il n'était pas fier de son frère. Bien que ce dernier lui ait manqué, ses mots venaient de lui porter défaut. Malgré toute l'admiration qu'il lui portait, il ne pouvait ignorer cela. Il ne se retourna pas vers lui, et sa bouche s'ouvrit enfin, révélant la paire de mâchoire tranchante qu'il avait acquis au cours de son adolescence. Sa voix gutturale, comme s'il parlait a l'intérieur d'une grotte, résonna autour d'eux.

« Cela fait un bon bout de temps déjà, mon frère. Je ne pense pas que ton -Emy viendra, je dois lui faire peur. »

Simple menace que seul ceux qui traînaient aux alentours seraient en mesure de comprendre. Si cette -Emy était dans les parages, elle serait certainement effrayée par ce loup qui ressemblait étrangement a Ethan. Tout a coup, provenant de leur ressemblance, une idée commençait a germer dans son esprit. Une idée mauvaise, qu'il ne serait jamais en mesure d'appliquer, mais une idée a laquelle il réfléchissait sérieusement. Il ne souhaitait pas blesser son jumeau, mais il ne voulait pas non plus qu'il lui arrive malheur a cause d'une femelle. Les femelles étaient la fin de tout. A moins que cette dernière ne soit semblable a leur Mère, il ne pouvait l'accepter au sein de leur famille, déjà bien réduite. Il ne pouvait le permettre. Finalement, il se tourna vers Ethan, son regard orangée ne trahissant aucune émotion particulière, si ce n'est une froideur extrême. En vérité, il commençait a ressentir une sorte d'angoisse vilaine, un sale cafard qui grattait le fond de son coeur bien rempli, comme pour faire sauter le bouchon sur lequel il forçait depuis des années. Avait-il, de par son absence, perdu son frère?

« Alors, mon frère. Quelles bonnes nouvelles as-tu a me conter, depuis la dernière fois? Cela remonte a loin, a quelques mois je crois. »

Tu regrettais presque d'avoir ouvert ta mâchoire. Ce qui était certain, c'est que si l'inconnu t'avait entendu, il saurait d'avance que tu attendais quelqu'un, et pas n'importe qui, une princesse Rubis. Il pourrait ainsi repartir comme il est venu, trouver des informations à son sujet, et se charger personnellement de son cas. Or, tu ne voulais pas que ça arrive. Si tu perdais Emy, c'est comme si tu perdais tout. Même ta fratrie ne pourrait pas te consoler. Ton frère, Stark, était contre les femelles en général, sauf si elles étaient comme votre mère. Or Emy était une personne douce et attentionnée. Quant à Eléazar, n'en parlons même pas. Il se fiche pas mal des sentiments que tu peux ressentir à l'égard de quelqu'un d'autre. Pour être plus précis, il se fiche de toi tout court, même si tu es tout de même son frère. Parfois, tu te demandais vraiment si ça l'était... Il était tellement différent. Il n'en avait rien à faire de ce qui était arrivé à vos parents, de ce qui pouvait également arriver à ton frère jumeau ou à toi même. C'était comme l'intrus de la portée, le vilain petit canard. Un jour, avec l'aide de Stark, ton jumeau, tu l'éliminerais. Tu étais le cerveau, et lui le combattant. À vous deux, vous étiez imbattables. Tu te remémoras alors une chasse, alors que tu étais encore très jeune. Tu y avais été avec ton père, tandis que Stark et Eléazar étaient restés à votre tanière, avec votre mère, Caleb.

Vous étiez partis tôt dans la matinée, lorsque le jour se levait, et que des oiseaux commençaient de chanter, disant un long récital, qui devenait agaçant au bout d'un moment. Ces oiseaux s'étaient envolés vers d'autres territoires lorsque vous vous étiez mis en marche. Ton père, Cameron, avait décidé de t’emmener seul. En effet, il préférait vous inculquer l’art de la chasse un par un, prenant le temps qu’il faut pour vous expliquer tout en détail, sans pour autant bâcler son travail. Cela faisait comme parti d’un de ses principes. Par chance, tu avais été le premier à partir en chasse en compagnie de ton père. Après viendrait le tour de Stark, puis d’Eléazar, comme toujours. En effet, ce petit roux était toujours le dernier. Même au combat il n’excellait pas. Tu te demandais bien comment il pourrait monter son plan sans un minimum d’intelligence, et de force physique. En clair, tu n’avais pas de soucis à te faire à son sujet. Mais revenons-en à cette chasse, qui t’avait marqué. Ton père avait décidé de t’inculquer son savoir sur les territoires Améthystes, sur le terrain de chasse plus précisément. Cameron t’avait dit qu’il n’y avait rien à craindre, que les Améthystes acceptaient tout à fait que des Solitaires viennent sur leurs territoires. Tu n’en croyais pas un mot. Même si vous étiez des vagabonds, qui erraient, ne cherchant pas à nuire à une meute, tu ne pensais pas qu’ils vous accepteraient si facilement. Qu’avait-il donc derrière la tête ? Tu ne savais pas, mais tu continuais à avancer, comme si tes pattes avaient décidé d’avancer toutes seuls, d’un mouvement robotique régulier que tu ne pouvais pas arrêter. C’était comme si ton corps avait décidé à ta place, si tu devais faire confiance ou pas à ton père. Oui, c’était ton père après tout, mais ça en restait un gros manipulateur, et tu ne savais pas s’il était même capable d’aller au-delà de ses limites en venant même à manipuler ses propres enfants, ses descendants, sa succession. Une fois arrivés sur le terrain de chasse des Améthystes, tu t’arrêtas net, ébloui par la beauté de cet endroit, qui regorgeait d’animaux plus extraordinaires les uns que les autres. Cette herbe jaune, accompagnée de ces arbres aux formes étranges, qu’on appelait « Savane » te mettaient soudainement en confiance, spontanément. Tu voyais des zèbres pourchassant des gazelles, courant à toute allure, traversant la savane en un rien de temps. Ta mine joviale disparut, lorsque tu vis un lion surgir de nulle part, bondissant sur une gazelle qui tomba sur le sol, à quelques mètres seulement de toi. Le lion la maintenait fermement au sol, ne la laissant pas s’échapper, bien qu’elle faisait tout pour, en se débattant, ses membres antérieurs et postérieurs bougeant dans tous les sens. Le lion l’égorgea de ses griffes, et la découpa, le sang rouge se répandant sur le sol chaud. Tu détournas du regard, trouvant celui de ton père qui t’expliqua que c’était en principe pour ça qu’il t’avait emmené ici. Pour te faire découvrir ce qu’est vraiment la vie. Des choses comme celle-là, tu en découvriras tous les jours, te disait-il. Tu trouvais ça affreux. Ton âme toute entière te disait de fuir, lorsque ton corps suivit, commençant à t’échapper de cet endroit, qui finalement, était un véritable enfer. Mais ton père te rattrapa par la peau du coup et te força à rester. Tes yeux pétillèrent, et des larmes coulèrent. Tu estimais être trop jeune pour pouvoir voir ce genre de spectacle. Mais étrangement, Cameron changea de discussion, prétendant que quelque chose d’autre te tourmentait pour que tu te mettes dans cet état. Ce n’était pas vrai. Mais ce n’était pas faux non plus. L’étrange comportement de ton frère à l’égard de ton frère et toi-même te rendait perplexe. Soupirant, tu décidas de lui raconter. Tu avais hésité à le faire, mais tu l’avais tout de même fait. Tu aurais préféré en parler à ta mère, qui était largement plus intelligente que ton père, et aurait eu un minimum d’intelligence dans sa réponse. Mais à ta grande surprise, Cameron fit de même. Une voix rauque, grave, pleine d’assurance. Tu fus très étonné par cette réponse, cela ne lui ressemblait pas. Il n’avait dit que quelques mots, et cela te paraissait tellement vrai. Jamais deux sans trois, Éthan t’avait-il dit. Dans le fond, il avait raison. Si Eléazar était né, c’est qu’il y avait forcément une raison. Il était forcément là pour quelque chose, et tu te devais de le découvrir. Ton père n’insista pas, et il te ramena à la tanière, estimant que tu étais trop jeune, mais surtout trop fragile pour pouvoir commencer la chasse. Il réveilla Stark de force, ce dernier ne voulant pas trop se bouger comme d’habitude, et c’est lui qu’il emmena aux territoires Améthystes, te laissant seul aux côtés d’Eléazar, qui faisait semblant de dormir, et qui te fixait d’un œil mauvais. Tu le regardais également, et tu compris alors son rôle. Tu comprenais qu’il allait vous servir, à toi et à Stark, il allait vous mener à l’endroit tant convoité, afin d’arriver à vos fins. A ce moment-là, un sourire s’étendit sur ton visage.

Un craquement de brindille te tira de tes pensées succinctement, et tu sentis que ta tête tournait, comme si tu venais de te prendre un tronc en pleine tête ; une migraine t’était venu soudainement. Tu tombas raide dans le sol enneigé, fermant les yeux, prenant le temps de reprendre tes esprits. En quelques secondes seulement, les douleurs s’estompèrent et tu te relevas, progressivement, cherchant ton équilibre. Une fois celui-ci trouvé, tu vis une silhouette sur un rocher surélevé qui devait lui servir de promontoire, son regard orangé te fixant étrangement. Il possédait le même regard que toi, le même pelage d’ébène. Une légère brise s’installant, l’odeur de l’inconnu parvint jusqu’à tes fines narines, écarquillant les yeux. Cette odeur, tu la connaissais, aucun doute là-dessus. Il s’agissait de ton frère, ton jumeau Stark, que tu n’avais pas revu depuis des semaines et des semaines depuis la mort de vos parents. Ton jumeau sembla alors descendre du promontoire, en sautant violemment, semblant disparaître dans la forêt située juste derrière. En réalité, il s’approcha de toi, d’une démarche pleine d’assurance, son regard se distinguant parfaitement dans la nuit. C’est alors qu’il se posta devant toi, se présentant visiblement plus supérieur. Sa voix rauque retentit dans la nuit.

« Cela fait un bon bout de temps déjà, mon frère. Je ne pense pas que ton -Emy viendra, je dois lui faire peur. »

Tu déglutis, la panique ne se lisant tout de même pas sur ton visage. Était-ce lui qui était à l’origine de ce rendez-vous ? Pleins de questions se bousculaient dans ta tête. C’était certainement lui qui avait organisé ce rendez-vous bidon, c’était évident. Même si c’était ton jumeau et que tu avais très confiance en lui, sur ce coup-là, tu n’avais aucun doute. Retenait-il Emy quelque part ? Lui avait-il fait du mal ? Tu restais calme, tel une statue de marbre, mais dans ta tête, tout se bousculait, tu ne savais plus où donner de la tête. Peut-être était-ce l’effet désiré. Peut-être ne lui avait-il rien fait, et peut-être qu’il ne la connaissait même pas, et qu’il était à la recherche de réponse à son sujet. Si tu commençais à t’emballer, commençant à poser d’innombrables questions, il était clair que tu baisserais dans l’estime dans ton frère, tu te demandais même si tu en faisais parti. Mais qu’importe. Tu plongeas ton regard orangé dans le sien, mais Stark ne s’arrêtas pas là, un étrange sourire se lisant sur ses babines.

« Alors, mon frère. Quelles bonnes nouvelles as-tu a me conter, depuis la dernière fois? Cela remonte à loin, a quelques mois je crois. »

Décidément, tout cela ne semblait pas prédire quelque chose de bien. Mais tu comprenais parfaitement ce que cette question signifiait, du moins, tu pensais savoir ce qu'il te demandait. D'après toi, il voulait tout savoir, qui était cette Emy, d'où elle venait, mais surtout, qu'est-ce que tu lui voulais, et quels étaient vos relations. Un sourire mesquin se dessina sur tes babines. Avec ton frère, tu n'étais plus le même, ta gentillesse, ta bonté disparaissait, comme ça, sans que personne ne comprenne pourquoi. C'était ton frère, tu n'allais pas lui faire des cadeaux quand même, bien au contraire. Même si tu l'appréciais, tu aimais bien lui mettre des bâtons dans les roues. Tu t'avanças davantage, quelques centimètres seulement vous séparaient. Vos haleines se mêlèrent. On aurait pu mettre un miroir entre vous deux, ça n'aurait rien changé. Même taille, même regard, même pelage, tu étais une parfaite copie de ton frère jumeau. Mais d'un côté, ça ne t'arrangeait pas. Il pouvait très bien se faire passer pour toi en faisant des actes qui te déplaisaient. En gros, tu pensais que Stark pouvait très bien prendre ton identitié et foutre ta vie en l'air, ça ne lui ferait rien. Tu soupiras, ne baissant pas les yeux, ne montrant pas ton inferiorité. Tu retroussas tes babines, dévoilant tes crocs maintenant bien pointus et tranchant.

« Stark. Que me vaut ce plaisir ? Je n'ai rien à te dire. Du moins, rien qui puisse t'intéresser. »

Bien que peut habile a la discrétion, tu étais au moins doué pour une chose : la précision et la perception de certaines choses, que souvent, les autres lupins ne savaient faire d'eux-même. Grâce a cela, tu aperçus plus que clairement le mouvement de bas en haut de la pomme d’Adam de ton jumeau ténébreux, qui ne laissait cependant aucune émotion transparaître sur son visage. Il était malin, il savait qu'a la moindre émotion explicitement re-transcrite de son cerveau ou son coeur a son visage, Stark aurait gagné. C'était encore une des nombreuses qualités de son frère : un visage froid et inexpressif, effrayant a regarder, si statufié qu'on en aurait presque envie de le toucher du bout des doigts, pour s'assurer qu'il était encore vivant. Pour finalement se faire grignoter le bout des doigts avant même d'avoir vu le mouvement arriver. Des chasseurs, voilà ce qu'ils étaient tous deux. Différents, certes, mais deux maîtres opérant leur concerto au coeur-même de la Nature, prenant leurs propres congénères pour cibles, sans jamais échouer ou faiblir. Enfin, c'est ce qu'il pensait jusqu'à aujourd'hui. Car aujourd'hui, il ne reconnaissait plus son jumeau. Bien sûr, il avait grandi, pris du poids et changé de taille, mais ce n'était pas le plus choquant a ses yeux. Le détail qui lui déplaisait le plus, c'était ce qu'il voyait dans ses yeux. Ces deux iris orangées si semblables aux siennes, et qui néanmoins racontait une toute autre histoire. Elles s'étaient éclaircies avec le temps, et par là, il comprenait que l'obscurité de son jumeau s'était adoucie, comme soufflée par la gentillesse de quelqu'un d'autre. Et un seul nom lui revenait aussitôt en mémoire : « Emy ». Il retint un vil grognement de s'échapper de ses lèvres retroussées en une vilaine grimace, tandis qu'il faisait face a Ethan, qui se rapprochait de lui. Un sourire mesquin se dessinait sur ses lèvres, un de ces sourires que Stark aimait voir. Car ces sourires ressemblaient aux siens, lorsqu'il s'apprêtait a commettre une mauvaise action, ou lorsqu'il faisait du mal a quelqu'un. Ce sourire-là prouvait que l'obscurité ne s'était pas totalement éteinte. Si elle pouvait s'éteindre, car Stark continuait a vivre sous l'étendard maculé de sang de feu Caleb, dont l'obscurité, même en la compagnie de feu Cameron, ne s'était jamais éteinte. Une mauvaise personne, quoi qu'elle essaie de faire, ne pouvait changer du jour au lendemain. Il en était désormais persuadé ; même si l'amour venait un jour a toucher le coeur lointain d'Ethan, jamais il ne serait un véritable Père de famille. Pas un meurtrier-né comme lui.

« Stark. Que me vaut ce plaisir ? Je n'ai rien à te dire. Du moins, rien qui puisse t'intéresser. »

Maintenant qu'il venait a y regarder de plus près, et a entendre des paroles aussi subtiles que les siennes, il venait a se rendre compte que son jumeau lui avait manqué. Malgré tout ce qu'ils avaient subis après la mort de leurs Parents, malgré leur vagabondage solitaire et leurs premières chasses peu fructueuses, malgré tous ces malheurs-là, ils formaient toujours un seul et même être. Il n'avait jamais cessé de songer a son jumeau, tandis qu'il errait sur les Territoires inoccupés, la faim le taraudant. Même Eleazar, dont il n'avait absolument pas cure, parvenait a s'immiscer dans ses pensées, pour qu'il vienne a repenser aux moments heureux ou ils étaient réunis, collés contre le flanc de leur mère, leurs pattes se mêlant a celles de leur père. Il n'aurait, pour rien au monde, voulu perdre un tel souvenir. Mais il aurait tout fait pour le faire revivre. Il aurait donné jusqu'à sa propre vie s'il le fallait pour revenir a ce mot si nostalgique qu'est -autrefois. Il garda le silence, respirant avec difficulté comme il sentait l'air devenir plus lourd autour d'eux, et la tension augmenter par de simples mots. Ils n'avaient jamais été très amicaux l'un envers l'autre, mais de là a en venir aux pattes...il ne savait pas s'il serait capable de blesser son propre jumeau. Cependant, faute de moyen, il faut bien aviser. Mais ce ne serait pas pour tout de suite, n'est-ce pas Il aurait largement le temps d'y réfléchir lorsqu'ils seraient tous deux croulants sous le poids de la vieillesse. Ce pourquoi il sourit en accord avec son frère, notant avec amusement que même un miroir entre eux deux n'aurait su faire la différence entre Stark et Ethan. Mais c'était tout a fait normal, après tout. Ils étaient un et tout à la fois. Il ne prenait jamais la grosse tête, mais en vu de la vengeance qu'il devait assouvir par devoir de mémoire envers ses Géniteurs, il se devait de se porter a plus haute estime qu'il ne l'était. S'il perdait toute confiance en lui, il ne parviendrait jamais a rien. Il songea un court instant a demander directement a son frère qui était cette femelle qu'il cherchait, mais contint ses mots dans sa propre bouche, préférant les ravaler. Prudence est mère de sûreté, il ne ferait rien qui puisse l'inquiéter et le faire douter de lui. Il permit a son sourire de s'élargir, et poussa sans aucune délicatesse son frère, en poussant de sa truffe froide sur son épaule, d'une manière tout à fait bourrue, et tout à fait de son style.

« Dis voir, tu pourrais être un peu plus sympathique avec ton frère, toi, des fois ! Mon vieux, ça fait un moment qu'on ne s'est pas vus, et tu voudrais me faire croire que tu n'a rien a me dire? Je ne sais pas moi, parle-moi des gens que tu as tué, des cris qu'ils ont poussés ! Ou alors de la bouffe dans le coin, des adversaires a notre taille, ou...ou même de ce p'tit con d'Eleazar, tiens ! »

Le ton jovial, il détendit son corps au maximum, désormais moins sur la défensive. Même s'ils avaient des désaccords et des ennuis, ils restaient frères, et étaient bien plus liés que d'autres ordinaires frères par cette ressemblance physique qui faisait d'eux deux des jumeaux. Il ne pouvait se permettre de négliger son frère a cause d'une femelle, ou d'un quelconque changement d'attitude. Tant qu'il ne lui mettait pas plus de bâtons dans les roues, et tant qu'il n'entravait pas son ascension jusqu'à la vengeance suprême, tout irait bien. Il avait confiance en lui : jamais il ne serait capable de mettre un terme aux rêves et aux buts de son jumeau. En roulant des mécaniques involontairement, a cause de ses larges épaules, il quitta son frère du regard quelques instants, pour se diriger vers l'Arbre Glacé, qui diffusait toujours autant de lumière. Il plissa des yeux sous cette luminosité intense, et s'adossa a l'écorce étonnamment douce, pour un arbre, posant sans délicatesse son gros popotin sur le sol, fixant de ses yeux rieurs Ethan, toujours aussi raide face a lui.

Ta voix était pleine d'assurance, ne voulant montrer aucune faiblesse. Surtout devant ton frère jumeau, ça serait resté gravé à jamais dans sa mémoire, et dès qu'il en aurait eu l'occasion, il te l'aurait ressorti, comme pour t'enfoncer davantage, pour montrer que tu ne lui arrivais pas à la cheville. Cette pensée te faisait froid dans le dos, d'autant plus qu'il faisait nuit, et qu'en été, les nuits étaient fraîches, très fraîches. Chaque soir, c'était le même refrain : une petite brise venait s'installer. Bien qu'elle soit légère, ce petit courant d'air était, comme qui dirait, de trop. Et en voulant dormir à la belle étoile, on ne trouvait pas le sommeil, tellement celle-ci pouvait s'avérer dérangeante. Et puis, tandis que tu pensais aux paroles que tu venais de prononcer, tu détectas une étrange émotion sur le visage de ton frère jumeau. Une émotion, qui jusqu'à présent n'avait jamais fait son apparition sur le visage de Stark. Du moins, pas devant toi. Cette émotion, tu arrivais tout de même à la déchiffrer, pour la simple et bonne raison que tu l'avais ressentie d'innombrables fois, repensant à celle qui t'était destiné, tu en étais persuadé, la princesse Rubis au coeur pur, Emy. Chaque pensée, chaque geste te ramenaient à elle. Comme on dit, tous les chemins mènent à Rome... Elle te manquait. Bien plus que tu n'osais l'imaginer. Comme si ne pas l'avoir à tes côtés te faisait ressentir un certain manque. Cette petite louve t'avait littéralement transformé. Qui es-tu Ethan ? Dire qu'avant les femelles passaient bien après ta famille, plus particulièrement ton jumeau. Vous n'étiez qu'un... Et maintenant, tu le délaissais, tu en étais même irrespecteux, tu n'étais plus le même. Où est le Ethan que Stark a connu ?

« Dis voir, tu pourrais être un peu plus sympathique avec ton frère, toi, des fois ! Mon vieux, ça fait un moment qu'on ne s'est pas vus, et tu voudrais me faire croire que tu n'a rien à me dire? Je ne sais pas moi, parle-moi des gens que tu as tués, des cris qu'ils ont poussés ! Ou alors de la bouffe dans le coin, des adversaires à notre taille, ou...ou même de ce p'tit con d'Eléazar, tiens ! »

Stark avait raison. Tu avais forcément quelque chose à lui dire. Ne serait-ce que les aventures que tu as vécues, des moments passés avec Emy... Mais tu avais tellement peur qu'elle soit en danger si tu révélais quelque chose à son sujet. C'était la princesse Rubis, et dès qu'elle s'en allait prendre une bouffée d'air frais, elle était activement recherchée. Mais arrête donc un peu de te ronger le sang pour elle ! Comment dirait ton frère, ce n'est qu'une femelle ! Tu en rencontreras pleins d'autres dans ta vie. Il fallait que tu redescendes sur Terre deux minutes, reprendre les activités que tu avais tant aimées faire aux côtés de ton frère jumeau. Ces choses à la fois atroce et pourtant tellement bonnes à vivre. Soudainement, tu eus la même émotion sur ton visage que celle que Stark avait sur le sien. Et encore une fois, on aurait pu mettre un miroir entre vous deux tellement vous étiez similaires. Tu relevas la tête, fixant ton frère jumeau, renonçant à la princesse Rubis.

« Il faut qu'on élimine Emy. »

C'était le seul moyen pour que tu arrêtes de penser à elle. De plus, tu n'avais pas de nouvelles d'elle, comme quoi, elle ne t'aimait pas tant que ça. Ton regard doux devint malfaisant, montrant que tu étais prêt à tout pour éliminer Emy, coûte que coûte, tu y arriverais si tu étais accompagné de celui que tu aimes le plus au monde, dont tu ne voudrais jamais te séparer, ton frère jumeau tant aimé, Stark.
HRP:

Il fallait absolument que son frère se réveille. Parce que si il ne le faisait pas, c'est son jumeau qui s'en chargerait, quitte a recevoir quelques coups par la suite. Il ne pouvait pas laisser son frère s'endormir sur lui-même ainsi, alors qu'il avait un devoir a accomplir en ce monde. Il ne pouvait pas se permettre de s'assoupir, de laisser passer les choses, et de mourir de vieillesse, sans avoir jamais exploré le monde et vu d'autres civilisations. C'était l'opinion de Stark, mais il savait qu'il en allait de même pour son frère. Le même sang coulait en eux, après tout. Comme le silence continuait de peser sur eux deux, il détourna le regard, pour jeter un coup d'oeil a l'arbre qui s'élevait derrière lui, et qui les baignait toujours d'une lumière presque irréelle, dont la blancheur éclairait tout ce qui étaient sombres en eux. C'était cela ; a chaque fois qu'ils se confrontaient l'un a l'autre, chaque tourment, chaque problème, chaque morceau de coeur était révélé au grand jour. S'ils le cachaient en grand public, ils ne pouvaient se permettre de ne pas dévoiler son intérieur l'un a l'autre. Sinon, ça aurait été très égoïste. Alors qu'il reposait les yeux sur Ethan, ou tout du moins ce qu'il restait de son jumeau aujourd'hui, une légère brise glaciale se levait, faisant doucement flotter leurs poils sombres, s'infiltrant sous leurs pelages pour caresser leurs peaux mise a nue. Il la reconnaissait, cette petite brise ; c'était celle qui se provenait du Nord, et qui l'avait toujours titillé lorsqu'il cherchait a somnoler quelques instants. Elle était venue le faire frissonner et trembler sous son souffle, et finalement, elle l'avait forcée a se relever pour courir, et se réchauffer. Cette brise, il la ressentait comme l'esprit de ses Géniteurs, qui les pousseraient a ne jamais s’arrêter, et a toujours aller plus loin de l'avant, jusqu'au plus loin qu'ils pouvaient. Jusqu'au point de non-retour, l'endroit ou la solitude côtoyait avec le crime. Cependant, il n'avait pas peur de ce fameux point. Parce qu'il savait qu'Ethan serait toujours a ses cotés, prêt a lui donner un coup de patte en cas de problème. Enfin, c'est ce qu'il espérait, car à vrai dire, désormais qu'il lui faisait face, il n'avait plus aucune idée de ce a quoi songeait son frère. Et ses prochains mots, inquiétants et lourds de conséquences, ne firent qu'accentuer cette impression. Le ténébreux releva la tête vers lui, et lui déclara qu'ils devaient éliminer -Emy. Stark apprécia en silence de constater le soudain changement de son regard, qui devenait maléfique comme il parlait. Il s'arracha de son écorce, qui frottait douloureusement son dos, et lui donnait des frissons tant le bois lui-même était gelé, et retourna près de son frère, qui arborait désormais une expression qu'il ne connaissait que trop bien. Cette expression était le résultat d'un sentiment douloureux, qui vous faisait prendre conscience, généralement, de l'impasse dans laquelle vous vous trouvez. Un sentiment qui vous émiette petit à petit le coeur, déjà en bien mauvais état, et qui, lorsque le coeur est brisé, s'en prend avec plaisir et conviction a votre âme. Il l'arborait quelques-fois lui-même, comme par exemple quelques secondes plus tôt, lorsqu'il avait compris qu'Ethan n'était plus celui qu'il avait connu. Il resta bien stoïque face a son frère souffrant, mais ne résista pas longtemps ; après tout, sa douleur était la sienne. Ce pourquoi il se permit de lui flanquer un coup mou dans son poitrail de sa large tête, comme pour le forcer a se reprendre, et arrêter de faire cette tête. Il ne pouvait pas supporter de voir son propre jumeau en proie au chagrin. Parce qu'il jugeait qu'ils avaient déjà assez vécus en amertume comme cela. Au niveau sentimental et drame de l'enfance, il se sentait vieux de plus de 100 ans, avec les souvenirs de quelques vies antérieures, et de quelques personnes qu'il avait autrefois aimés. Aujourd'hui, il se devait d'épauler son frère, qui passait par cette épreuve également.

« Bien. Seulement, tout d'abord, il va falloir que tu m'éclaire au niveau de l'identité de cette -Emy. N'oublie pas que plus nous visons haut, et plus nous aurons une chance de nous élever. En leur honneur. »

Il souligna avec un ton et un air grave le mot -leur, faisant par là référence non seulement a feu Caleb et feu Cameron, mais aussi a toute la famille de Caleb. Le jour ou leur mère leur en avait parlé, il n'avait pas su contenir ses larmes. Malgré ses airs de brave et de fier, malgré qu'il soit dur de coeur originellement déjà, et bien qu'il ne voulait pas perdre la face devant ses deux frères, il n'avait su résisté à la tristesse intense que ses grands yeux pâles reflétaient. Il se rappelait encore avoir pleuré bruyamment, tandis que le visage dur, elle poursuivait son histoire, en tremblant de tout son corps. Il se rappelait également que Cameron était arrivé peu de temps après, et s'était installé tout contre elle, comme pour la réconforter. Par la suite, elle leur avait demandée, les yeux brillants doucement, s'ils accepteraient de la venger après qu'elle ait disparu, elle et son aimé. Il avait alors hoché vigoureusement de la tête, les yeux encore rouges et gonflés, avant de se blottir contre Ethan, pour récupérer un peu de sa chaleur, et histoire de cacher son visage contre son pelage sombre. Il ne pouvait pas comprendre comment une telle tragédie avait pu arriver si vite. Et il n'avait pas non plus compris comment le drame concernant ses deux Parents était arrivé aussi vite non plus. Ils avaient tous bien grandis, mais pas assez, de son point de vue. Et puis, il y avait-il vraiment un âge pour souffrir, et accepter de faire face a la réalité? Il se souvenait être en train de chasser comme un débutant, du haut de sa petite taille, en compagnie de son frère, qui avait déjà attrapé plus de proies que lui. Eleazar était resté tranquillement allongé a la Tanière, profitant des quelques rayons de Soleil qui réchauffait son pelage clair. Il se rappelait très clairement de l'odeur âcre et métallique qui étai venu s’infiltrer dans leurs naseaux, et comment ils avaient tous deux, dans un seul et même mouvement, relever soudainement la tête, fixant l'autre avec les sourcils froncés. Ils avaient décidés de s'approcher, quoi qu'il leur en coûte. Ils n'étaient pas effrayés, ils se sentaient déjà comme les Rois du Monde. Qui avaient bien vite perdus leurs couronnes et leurs trônes en sentant l'odeur de leur Père mélangé a cette odeur de sang. Angoissés, ils s'étaient rués dans la direction d'ou venait l'odeur, pour découvrir le corps de leur Père allongé au sol, déjà inerte et froid. Ethan avait accouru près de lui, les larmes dégoulinant sur son visage, comme ses yeux prenaient contact avec le regard sans vie du mâle, mélangeant son pelage à son sang. Stark, figé et sous le choc, n'avait tout d'abord pas bougé, effrayé de comprendre ce que cette scène voulait dire. Puis, ils avaient a nouveau relevés la tête, pour voir leur Mère un peu plus loin, combattant un autre loup. Leurs pupilles orangées étaient devenues rouges comme elles glissaient sur les taches écarlates qui souillaient les petites montagnes de cadavres qui reposaient ci et là, comme un défaut dans la ligne d'horizon. Il n'avait pas reconnue sa Mère, a cet instant. Il avait même eu peur d'elle ; son pelage noir était devenu plus que sombre, rivalisant presque avec les nuages noirs au-dessus d'eux, ses yeux blancs brillaient furieusement dans l'obscurité, comme animés par le démon lui-même. Aucun des deux petits n'avaient osés lui apporter leur aide, et a vrai dire, ils savaient qu'ils la gêneraient plus qu'autre chose. Et le coup de grâce avait finalement été donné. Mais pas a la bonne personne. Il avait gémit lorsque le corps de Caleb était lourdement tombé au sol, aux pieds de son meurtrier. Ethan avait néanmoins gardé un esprit stratégique, et l"avait tiré derrière la carcasse de leur Père, ou ils pouvaient se cacher. Le dernier loup debout sur ce champ de bataille s'était éloigné, et ils s'étaient relevés, pour voir avec horreur que leur mère se traînait sur le sol dans leur direction, comme dans une dernière tentative de les atteindre. Tous deux l'avaient alors aidés a atteindre ce qu'elle cherchai en réalité ; le corps de Cameron. Elle avait posée une de ses pattes sur son dos, ou elle avait laissée tomber sa lourde tête, et avait finalement fermé les yeux. Et puis, un véritable black-out pour lui. Le monde était devenu un monde affreux, peint de noir et blanc du ciel jusqu'au sol, et ou les charognes dînaient sur des cadavres de loups morts. Il avait alors changé. Autant physiquement que moralement. Il avait pris du poids, pas trop non plus, mais tout de même un peu plus que la normale ; il avait aussi gagné en muscle en chassant et courant chaque jour de son adolescence. Moralement, en vérité, il avait gardé le même caractère. Une véritable tête-brûlée, toujours partant pour abattre des loups, qui beuglait aussi fort qu'elle mordait. Il revint a la réalité grâce au mouvement d'Ethan, qui venait de déplacer l'une de ses pattes sur le sol. Ce n'était pas tout ça, mais en attendant, ils allaient tous deux s'enraciner là, s'ils continuaient ainsi.

« Allez, viens t'asseoir, mon vieux. Raconte-moi tout du début jusqu'à la fin. »

Il retrouva rapidement du regard le rocher ou il était précédemment installé, et y grimpa habilement, s'aidant de ses lourdes pattes pour prendre appui sur la roche. Une fois en haut, il observa son jumeau faire de même, plus élégamment bien sûr, et s'allongea de tout son long, le bout de son museau dépassant un peu du rocher. Les yeux rivés sur l'Arbre Glacé qui leur faisait face, il attendait calmement que son frère ne s'installe, et ne lui explique ce que c'était que cette histoire avec -Emy. Lui, ça ne le dérangeait pas le moins du monde de la tuer. Si elle s'interposait entre lui et Ethan, ce serait avec plaisir qu'il le ferait. D'habitude, il ne tuait que des adversaires a sa taille, mais il sentait qu'il pouvait faire une exception. Ou deux. Ou plus, qui sait. Il se fichait bien du fait que ce soit une Femelle, qu'elle soit encore peu âgée, ou qu'elle ait un quelconque handicap ; il l'égorgerait d'un seul coup, rapide et bien visé. Comme ça, non seulement ce serait vite fait, mais elle ne souffrirait pas, tout comme son jumeau. Il avait compris, lors de lors discussion qu'il s'était passé quelque chose entre elle et lui. Et il avait peur de comprendre quoi. Il ne savait pas si l'amour était autorisé, vu le Destin malheureux qui les attendaient. Leurs Parents s'étaient bien trouvés, et ils étaient tous deux une belle exception : ils étaient tous deux puissants et sûrs d'eux. Et ils s'aimaient tant que l'un n'aurait pu survivre sans l'autre. Lui, il ne se sentait pas l'humeur a se trimbaler tout le long du chemin, une Femelle ennuyante. Son type? Une fille soumise, docile et peu bavarde. Ce serait parfait pour lui. Bien qu'il savait qu'il ne risquait pas de trouver cette fille avant un bon bout de temps. Voir jamais. Il faudrait aviser selon son humeur du jour. Soudainement, en songeant a l’assassinat de quelqu'un, son cerveau lui envoya aussitôt une image d'Eleazar. Il haïssait ce frère-là. Non seulement il ne leur ressemblaient aucunement, mais en plus de ça, la mort de leurs Géniteurs ne l'avait pas plus touché que ça. Il avait écrasé une ou deux larmes, oui, pour faire semblant, mais il avait saisi la fausseté qui imprégnait chacune de ses paroles concernant ce drame. Il en finirait avec lui de ses propres pattes. Ainsi que celles de son jumeau, s'il n'était pas trop usé par leurs précédents meurtres. Stark était encore jeune, mais il voyait loin ; il imaginait déjà des monticules de corps pourrissant entassés partout autour d'un territoire précis, qui serait le leur, et ou les vautours se chargeraient de faire déguerpir les intrus. Tous deux vivraient en véritables rois sur ce Territoire, et ils formeraient une armée, pour se venger des meurtriers de leur famille. Quitte a en devenir eux-mêmes. Alors qu'il se tournait a nouveau vers son jumeau a ses cotés, sa bouche s'ouvrit pour laisser filer sa voix rauque, qui sonnait comme des rocs a ses propres oreilles.

« Et après, on tuera cet usurpateur d'Eleazar. Il le faut. »

HRP:

Eliminer Emy. Cette phrase était comme sortie elle-même de ton corps, avant même que tu ne réfléchisses à ce que tu allais dire. Mais si ton corps te dictait de le dire, alors tu ne te posais aucune question, ton mental avait toujours eu raison de toi, et ça ne changerait pas de sitôt, encore moins aujourd'hui. Ton regard orangé se perdait au loin, comme si tu ne savais plus quoi penser, même plus quoi penser de toi-même. Ton frère ne semblant pas vouloir dire un mot, tout comme toi, tu préféras t'évader dans tes pensées, repensant aux moments qui pourraient te redonner ton côté obscur, raviver la flamme qui était en toi, qui était en ce moment éteinte, et tu savais qu'un bon souvenir pourrait la rallumer, te redécouvrant, redevenant le jumeau que tu étais autrefois, il y a quelques mois seulement. Tu te remémoras alors ce moment, lorsque tu te retrouvas face à tes parents, alors que tu étais encore tout jeune - bien que tu ne sois pas bien vieux maintenant. Ce moment où, ils t'avaient annoncer ce pourquoi tu avais été conçu, à la base. Comme si ta valeur leurs importait peu. Ce qui les intéressait, c'était tes capacités à exécuter leur vengeance. Plus précisément, celle de ta mère. Tu te rappelleras toujours de ce jour, pour une seule et unique raison : tu avais vu ta mère dans une facette d'elle que tu n'avais jamais vue auparavant. Ce côté triste, déprimé, comme lorsque tout espoir semble perdu. Ses pupilles semblaient être dilatées, et t'effrayaient, car à force d'avoir pleuré, cette couleur bleu pâle qui se trouvait dans ses yeux avait disparue, laissant place à cette couleur rouge sang de boeuf, comme un loup enragé qui va sauter sur sa proie d'une minute à l'autre. Mais au final, tu constatais avec stupéfaction que ta mère était très vulnérable, lorsqu'elle évoquait ses souvenirs. Mais Cameron, ton père, était toujours là pour l'épauler. C'était son soutien, tout ce qu'elle avait de plus cher au monde. Plus cher que ses propres enfants, ses propres descendants, sa vengeance. Au fond, cela te faisait de mal de constater ça. Stark et toi étiez jumeaux, mais tu avais hérité de ce côté vulnérable venant de ta mère, et jouer avec tes émotions pouvait te coûter cher, très cher. Ce pourquoi Stark était là. C'était comme ta moitié. Non pas ton âme soeur, mais ta moitié, toujours là pour te remettre dans le droit chemin, la route que tu dois emprunté, car tu es malheureusement obligé de l'emprunter, cette route est comme, inévitable, bien que tu aurais aimé la détourner des centaines et des centaines de fois. Comme si tous les autres chemins étaient reliés à celui-ci. Tu n'avais pas le choix. C'était ta destiné, bien que ce ne soit pas celle que tu aies choisie. Tous les chemins mènent à Wolf Temporal, comme on le dit si bien ici. Un soupir s'échappa de tes naseaux, comme de l'eau s'échappe naturellement d'une source. Comme si tu étais vieux, âgé, que tu n'avais plus que quelques semaines devant toi, et que tu te remémorais les instants de ta vie, comme un film qui tourne en boucle, avant d'en finir avec la vie, en rejoignant le ciel, au paradis, si Dieu pense que tes actes meurtriers étaient justifiés, ou sous la terre, en Enfer, si Dieu pense le contraire. Tu soupiras plusieurs fois, avant de te rendre compte que ton frère venait de rompre le silence qui s'était installé entre vous, alors que vous aviez toujours des choses à vous dire, avant. Ô oui, avant...

« Bien. Seulement, tout d'abord, il va falloir que tu m'éclaires au niveau de l'identité de cette -Emy. N'oublie pas que plus nous visons haut, et plus nous aurons une chance de nous élever. En leur honneur. »

Ton frère avait raison. Peut-être que tout compte fait, il n'avait pas parlé durant ces longues minutes interminables car il pensait simplement que tu allais l'éclairer naturellement, sans qu'il soit obligé de te le demander. Il est vrai qu'on ne fonce pas tête baissée sans connaître son adversaire, ce serait une réaction totalement puérile. Mais dans ses paroles, quelque chose te titilla l'oreille, te perturba. Les trois derniers mots qu'il avait dit. En leur honneur... Un frisson parcourut la totalité de ton corps, partant de tes épaules jusqu'au bout de ta queue, longue et touffue. Tes pupilles orangées s'illuminèrent d'un éclat étrange, et se dilatèrent, progressivement, comme si un déclic s'était produit. Un sourire s'étira le long de tes babines, et tu retroussas tes babines, dévoilant tes crocs, montrant à ton frère ses canines pointues, brillantes, prêtes à trancher n'importe quelle chair fraîche, du moment qu'elle venait d'Emy, ou d'un solitaire. Ce sourire sadique ne s'estompa pas, persistant sur ce visage, qui autrefois, souriait d'un sourire sincère, alors que tu te trouvais en compagnie d'une louve que tu appréciais, et que tu apprécies encore aujourd'hui. Mais la famille passe avant tout. Tu ne laisseras pas une femelle détruire tout ce que toi et ton frère avez construit, et tout ce que vos parents et vos grands-parents avaient pas. Pas pour une femelle. Peut-être qu'un jour, votre Empire sera détruit, mais pas à cause d'une vulguaire femelle, qui semble innocente et sensible, et qui en fin de compte, n'hésitera pas à vous planter un poignard dans le dos, sans que vous le remarquiez. Tu trouvais ça lâche, bien que, lorsque tu en viendrais à tuer ton frère Eléazar, tu allais devoir user de cette méthode, car ton frère avait été élevé dans la même portée que toi, et possédait les mêmes techniques ; ça en était un adversaire plus que redoutable, et il fallait prendre toutes les précautions nécessaires afin d'arriver à tes fins. Ou plutôt, à vos fins, étant donné que vous êtes deux, Stark et toi. Te surprenant encore une fois à divaguer, tu constatas que ton frère t'invitait à grimper en haut d'un rocher, non loin de là, à proximité de cet Arbre Glacé, qui, grâce au vent, te faisait parvenir sa fraîcheur. Parfois peut-être même trop. Suivant ton frère qui avait déjà pris une longueur d'avance sur toi, tu grimpas avec facilité sur ce rocher, grâce à tous les entraînements intensifs que tu avais faits, tu étais au point. Tes muscles s'étaient grandement développés, bien qu'ils n'arrivaient pas à la cheville de ceux de Stark. Il y a toujours plus fort que soi comme on dit. Vous en êtes le parfait exemple. Une fois en haut du rocher, tu t'allongeas aux côtés de ton frère, vos pelages se mêlant grâce à une douce brise, constatant que vous aviez une vue imprenable sur l'Arbre Glacé, qui semblait plus beau vu d'en haut. Il voulait tout savoir, même les détails croustillants. Surtout les détails croustillants songeas-tu. Ton regard fixa la lune, avant qu'un soupir ne s'échappe à nouveau de tes naseaux. Tu savais que cette histoire était longue à raconter, bien qu'Emy et toi, vous ne vous étiez rencontrer qu'une seule fois, et encore, les gardes Rubis avait écourté votre promenade.

« C'était le soir. En pleine nuit, personne ne semblait éveillé, tous les territoires avaient sombré dans un profond sommeil. Moi, j'avais dormi toute la journée, et je n'étais donc pas fatigué. J'avais donc profité de cette énergie pour aller me balader quelque part, et j'avais décidé de visiter les territoires Rubis, bien que j'avais décidé de tous les visiter, de toute façon. C'était à l'arbre ensanglanté. Tu sais là, cet arbre en feu qui est toujours actif, et qui envoit même des flammes. Bref. Et puis, je me suis surpris à regarder cet arbre en feu, avant de m'apercevoir que quelqu'un se trouvait derrière moi. Instinctivement, je me suis retourné, et j'étais face à une loupiotte, au pelage blanc immaculé, qui me regardait étrangement. Je me suis alors approché d'elle, et son regard plongea dans le mien, semblant même m'adoucir quelque peu. Je me suis alors comporté gentiment avec elle, comme si sa mine joyeuse et son beau sourire m'avaient ensorcelé. Elle se présenta à moi, sous le nom d'Emy, héritière des Rubis. Et quand j'ai entendu "Rubis", j'ai commencé à vouloir partir, car toi et moi savons très bien que les Rubis sont des manipulateurs assoifés de sang, et je n'avais pas envie de perdre mon temps. Seulement, il s'est avéré qu'elle ne soit pas comme ses parents, et comme tous les autres membres de sa meute, mais elle était gentille. Nous avons donc bavardé, échangé des fous rires, et je passe les détails... Et puis, les gardes chargés de la sécurité d'Emy sont arrivés, et j'ai été forcé de repartir. Et notre rencontre n'a duré qu'une demi-heure environ. »

Tu soupiras, et pris de nombreuses secondes afin de reprendre ton souffle, car tu venais de prononcer un long, très long discours. Tu te demandais même comment tu avais fait pour rester si longtemps en apnée, tu devais être entièrement rouge sous ton poil noir, noir comme l'ébène. Ton regard fixait la lune, haut perchée dans le ciel, et tu le détournas quelques instants pour jeter un coup d'oeil à ton frère, ton jumeau, Stark. Celui-ci semblait fixer la même chose que toi, cette forme ronde, circulaire, blanche, brillant d'un magnifique éclat. C'était ça qu'on appelait la lune. C'était comme l'opposé du Soleil. Ton frère te regarda une poignée de secondes seulement, comme si ton histoire ne semblait pas vraiment l'intéresser. Mais tu étais sûr qu'au fond de lui, Stark s'y intéressait. Tu étais son frère, et même bien plus étant donné que tu étais son jumeau, la seule chose qui lui restait au monde après la disparition soudaine de vos deux géniteurs. Tu regardas à nouveau à le ciel, couvert d'un voile noir qui commençait de s'éclaircir au fil des minutes, comme pour laisser le jour reprendre le relais. A nouveau, tu soupiras, comme si toute cette histoire t'exaspérait. Et tu ne pouvais pas dire le contraire étant donné que tuer n'était pas encore une habitude pour toi, contrairement à ton frère qui devait maintenant être un expert en la matière. Tu roulas rapidement sur le côté, te trouvant sur le dos, le regard fixé au dessus de toi, perché dans les étoiles. Tu entrouvris la mâchoire, semblant quelque peu dépassé par la situation.

« Frangin ? T'as des nouvelles d'Eléazar ou pas ? Car personnellement, j'ai remué ciel et terre pour le retrouver, afin de faire quelques repérages pour notre futur plan, pour savoir où il dormait le soir par exemple, et ça n'a rien donné. En revanche, j'ai senti son odeur sur un chemin, une impasse. Mais pas seulement. Avec son odeur, il y avait celle d'une femelle, visiblement une ancienne Emeraude qui a pris l'habitude d'errer seule, et qui doit être maintenant une Solitaire. Je me demande si notre "cher frère" n'est pas en compagnie d'une louve, si tu vois ce que je veux dire, et quelle celle-ci soit en danger. »

Silencieux et immobile comme un roc, simplement fixant l'astre pâle qui s'élevait face a eux dans le firmament sombre, il écouta attentivement l'histoire de son frère. Il se devait d'être concentré sur cette histoire, sur la voix de son jumeau, sur les sentiments qu'il lui dévoilait par la même expression. Il sentait que cette femelle était spéciale a ses yeux, et il savait que la tuer revenait a suicider son coeur. A un tel point qu'il commençait a douter de la conviction de son frère. Il ne devrait pas ressentir ce genre d'anxiété vis-à-vis de son propre jumeau, mais son attachement envers Emy était palpable dans le ton doucereux de sa voix, presque douloureux. Alors, peut-être que cette histoire de meurtre n'était qu'un piège. Il resta impassible a l'extérieur, faisant de son mieux pour ne pas laisser ses émotions transparaître sur son visage. Il ne savait plus quoi penser de leur famille. Feu Caleb avait été une manipulatrice, car elle les avaient tous trois élevés uniquement dans le but de récupérer le fardeau de sa vengeance. Il le portait aujourd'hui fièrement, mais le doute continuait de ronger son esprit, comme un parfum des anciens temps venus reprendre les souvenirs qui lui appartenait. Il en allait de même pour feu Cameron, car il avait suivi leur mère dans cette éducation guerrière, qui ne laissait place ni aux jeux, ni aux joies de la vie. S'il suivait l'exemple de ses Parents, Ethan pourrait tout aussi bien être le même ; après tout, leur sang circulait dans ses veines. Et puis, il était tellement plus intelligent que lui. Il se rappelait que lorsqu'ils étaient petits, il boudait régulièrement son jumeau pour cela, parce que ce dernier était toujours le seul a donner les ordres. Ethan lui avait alors clairement expliqué qu'il n'était qu'une brute, et qu'il ne pourrait que se comporter comme tel. Si ça l'avait blessé au début, par la suite, il l'avait intégré a ses manières de faire et de parler. Il était devenue encore plus bourru, encore plus agressif et grossier. Ethan avait eu raison, du début jusqu'à la fin : il n'était qu'une simple masse de chair et de muscles, destinée a foncer dans le tas sans réfléchir. Désormais, il repensait a cette époque ou il n'était encore que des louveteaux, sous la tutelle de leurs deux fiers Parents. Et il songeait qu'Ethan, avec toute sa massa grise, pouvait très bien vouloir se débarrasser de lui. Après tout, même s'il était son jumeau, il n'était pas indispensable. Il se concentra de nouveau sur les mots de son frère, se forçant a le fixer d'un air désintéressé.

« C'était le soir. En pleine nuit, personne ne semblait éveillé, tous les territoires avaient sombré dans un profond sommeil. Moi, j'avais dormi toute la journée, et je n'étais donc pas fatigué. J'avais donc profité de cette énergie pour aller me balader quelque part, et j'avais décidé de visiter les territoires Rubis, bien que j'avais décidé de tous les visiter, de toute façon. C'était à l'arbre ensanglanté. Tu sais là, cet arbre en feu qui est toujours actif, et qui envoit même des flammes. Bref. Et puis, je me suis surpris à regarder cet arbre en feu, avant de m'apercevoir que quelqu'un se trouvait derrière moi. Instinctivement, je me suis retourné, et j'étais face à une loupiotte, au pelage blanc immaculé, qui me regardait étrangement. Je me suis alors approché d'elle, et son regard plongea dans le mien, semblant même m'adoucir quelque peu. Je me suis alors comporté gentiment avec elle, comme si sa mine joyeuse et son beau sourire m'avaient ensorcelé. Elle se présenta à moi, sous le nom d'Emy, héritière des Rubis. Et quand j'ai entendu "Rubis", j'ai commencé à vouloir partir, car toi et moi savons très bien que les Rubis sont des manipulateurs assoifés de sang, et je n'avais pas envie de perdre mon temps. Seulement, il s'est avéré qu'elle ne soit pas comme ses parents, et comme tous les autres membres de sa meute, mais elle était gentille. Nous avons donc bavardé, échangé des fous rires, et je passe les détails... Et puis, les gardes chargés de la sécurité d'Emy sont arrivés, et j'ai été forcé de repartir. Et notre rencontre n'a duré qu'une demi-heure environ. »

Alors c'était donc ainsi qu'ils s'étaient tous deux rencontrés. Il se souvenait vaguement de l'arbre Ensanglanté, car il avait déjà parcouru les Terres Rubis un jour, pour s'assurer que ses frères n'y traînaient pas. Une fois son récit terminé, Ethan soupira fortement, visiblement a la recherche de son souffle perdu. Après avoir raconté tout cela, il devait avoir sacrément soif. Mais ce n'était pas important ; ils avaient tous deux appris que les besoins du corps ne surmontaient pas ceux de l'esprit et de l'âme. Donc, s'ils avaient soifs, ils leur suffisaient de penser le contraire, et ils pouvaient alors se permettre quelques jours de plus sans s'hydrater. Bon, bien évidemment, il y avait une limite a cette technique extrême. Ils n'étaient pas immortels, non plus. Tandis que ses iris orangées se rivaient a nouveau sur la Lune, un mouvement a ses cotés l'avertit du changement de position de son frère, qui avait roulé sur le coté pour s'allonger sur le dos, les yeux perdus dans les étoiles. Stark se permit de bâiller, en ouvrant bien grand sa mâchoire puissante, avant de d'éternuer bruyamment. Son jumeau reprit la parole, en évoquant leur dernier frère, Eleazar.

« Frangin ? T'as des nouvelles d'Eléazar ou pas ? Car personnellement, j'ai remué ciel et terre pour le retrouver, afin de faire quelques repérages pour notre futur plan, pour savoir où il dormait le soir par exemple, et ça n'a rien donné. En revanche, j'ai senti son odeur sur un chemin, une impasse. Mais pas seulement. Avec son odeur, il y avait celle d'une femelle, visiblement une ancienne Emeraude qui a pris l'habitude d'errer seule, et qui doit être maintenant une Solitaire. Je me demande si notre "cher frère" n'est pas en compagnie d'une louve, si tu vois ce que je veux dire, et quelle celle-ci soit en danger. »

Surpris par cette nouvelle, Stark fronça les sourcils, rapidement mécontent. Le fait qu'Eleazar se soit trouvé une Alliée ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Car cela voudrait dire qu'ils n'auraient non pas un meurtre sur les épaules, mais deux. Ils ne pouvaient se permettre de laisser des témoins du meurtre, sinon, ils auraient vite fait d'être exécutés au nom de la Paix sur les Territoires de Wolf Temporal. Et cela ne devait pas arriver. Pas encore, tout du moins. Ils étaient encore jeunes, et ils n'avaient pas accomplis ce pourquoi ils étaient nés. Ils ne pouvaient donc pas se permettre de mourir honteusement, sans avoir effectuer rien qu'une infime partie de la Vengeance de leurs géniteurs. Ne comprenant pas trop les dires de son jumeau, car il rechignait a réfléchir a quoi que ce soit concernant Eleazar, il se tourna a nouveau vers ce dernier, pour le lui demander en personne.

« Qu'entends-tu par danger? Je ne suis pas certain de comprendre. Si elle a choisie de l'accompagner, et bien, nous n'y pourrons rien. Il nous suffira alors de l'assassiner aussi. Avec un peu de chance, elle ne sera pas trop difficile a abattre, et je pourrais même m'amuser un peu avec, avant qu'elle ne rende son dernier souffle. »

Un sourire carnassier éclaira son visage, ses canines acérées brillant intensément, en contraste avec son pelage ténébreux. Rien que d'évoquer le meurtre de quelqu'un, il se sentait d'humeur a croquer un bout de quelque chose. Un écureil, un daim, un ours, tout ce qui lui passerait sous les dents. Pour calmer son ardeur, il attrapa un morceau de roche bien dur, qu'il fit rouler das sa bouche, croquant la pierre, qui s'effrita en moins de temps pour le dire sous la puissance de sa mâchoire destructrice. Dégoûté du goût affreux de ce vulgaire caillou, qui n'égalait pas un bon cuissot de loup, il recracha les miettes de roche au-dessous d'eux, d'une manière peu charmante. Une fois ceci fait, il s'assit aux cotés de son frère, le fixant en attendant qu'il lui donne une réponse.

« Je n'hésiterais pas a tuer, frangin. Que ce soit cette loupiote que tu affectionne, cette Émeraude errante ou encore notre propre frère, je n'aurais pas la moindre pitié envers eux. Je me débarrasserai de tous ceux qui oseront se dresser sur notre chemin jusqu’à la Vengeance, et je les enverrais aux Enfers dans la pire souffrance possible. Sois donc assuré de ma volonté de tuer. Cependant, j'ai besoin de savoir si tu est aussi déterminé que moi. Si tu ne l'est pas, tu risquerais de faire foirer ces meurtres. Si c'est le cas, j'aimerais que tu me le dises, et que tu reste à l'écart. Perturbé par tes sentiments, tu ne ferais que me gêner. »

Son regard orangé était devenu encore plus froid qu'a l'habitude, tandis que son sourire disparaissait peu a peu, pour laisser place a une sorte de rictus qui le rendait effrayant. Il n'avait pas besoin des boulets ; ceux-là, il les jetait a la poubelle. Les boulets ne servaient a rien. La plupart du temps, ils étaient dociles, et pouvaient effectuer quelques services pour vous. Néanmoins, lorsqu'ils commençaient a ressentir des émotions, a devenir véritablement vivants, ils s'extirpaient de votre emprise psychique, et agissaient d'eux-même. Et c'était là que reposait le gros du problème. Ethan était son jumeau, et par conséquent, la dernière chose au monde a laquelle il tenait précieusement, comme a la prunelle de ses yeux. Mais il ne pouvait se permettre de le laisser combattre a ses cotés dans un état qui n'était pas le sien, d'habitude. Il serait apte a l'empêcher de tuer Emy, et alors, elle aurait le temps de s'enfuir, et de prévenir les Rubis d'une attaque sur la Meute. Poursuivis par les Rubis et leurs alliés, ils auraient encore plus de mal a agir en toute discrétion.

¡ Music Guys !

Après ce long discours, tu te léchas les babines, remarquant qu'elles étaient sèches, et que tu commençais à avoir soif. Parler aussi longtemps en apnée, en retenant son souffle assoiffait quelque peu. Et tu ne faisais pas exception. Mais tu devais te focaliser sur autre chose, étant donné que du haut de ce rocher, tu ne voyais aucun point d'eau, aucun endroit où calmer ta soif. Tu devrais attendre, c'était comme ça, et pas autrement. Plus tu y pensais, plus ta soif s'accentuait. Mais en te focalisant sur autre chose, elle allait disparaître aussi vite qu'elle était arrivée, bien que tu ne pourrais incontestablement pas tenir éternellement sans boire, ni manger. Mais tu avais mangé avant de venir ici, donc ton estomac était bien rempli. Quant au fait de boire... tu n'avais trouvé aucun point d'eau où tu avais séjourné la nuit dernière. Cela commençait un tantinet à t'énerver de te déplacer chaque jour, n'ayant pas un foyer stable, une tanière rien qu'à toi et ton frère. Et tout ça pour quoi ? Pour ne pas qu'Eléazar vous repère, ton frère jumeau Stark et toi. Bien évidemment, tu n'avais pas envie qu'il vous retrouve et vous tue, mais tu espérais très vite être débarassé de lui pour enfin trouver une tanière stable, et qui sait, fonder une famille un jour ? Mais il était clair que tu serais contraint de tuer les solitaires que tu rencontrerais dans ta vie, car la famille était le plus important, avant l'amour et toutes les autres émotions que l'on pouvait ressentir à l'égard des autres. Tu devais mettre tes sentiments de côtés pour les remplacer par ceux de ta mère, en ayant le même état d'esprit qu'elle et de ceux qui avaient tué sa famille. Et oui, le même état d'esprit, pour tous les anéantir, les mettre à genoux, pour qu'ils demandent pardon, qu'ils te supplient d'arrêter la torture que tu leurs inflige. Et au final, que feras-tu ? Tu les égorgeras tous, bien qu'ils te supplient d'arrêter. Ta famille passe avant tout. Mais avant tout, tu leurs demanderais pourquoi ont-ils fait ça. Si ça se trouve, les ordres viennent de bien plus haut, et ces loups ne sont que des simples pions, manipulés par bien plus forts qu'eux. Et c'est eux qui devaient périr avant tout. Ta conscience ne serait tranquille que lorsque tu seras en possession de toutes ces informations. Un jour, le monde sera à ta merci, bien que tu n'as pas l'air, à première vue, d'être un tueur ou un assassin, mais plutôt un ange. Tu savais que tu l'étais vraiment, mais ton frère Stark faisait ressortir le côté obscur qui sommeilait en toi. Et bientôt, il serait entièrement éveillé, et ton côté angélique te servirait juste à manipuler les autres pour obtenir ce que tu convoites tant, ce pourquoi tu étais là aujourd'hui : la vengeance. Vengeance rimait aussi avec souffrance. Il était clair que de nombreuses personnes allaient souffrir durant ce périple, que ce soit ton frère ou toi ou les assassins de la famille de ta génitrice. Mais il était clair que tu préférais ressortir amoché de cet ultime affrontement plutôt qu'indemne. Sortir sans une égratignure d'un combat ne rimait à rien, et pouvait même paraître louche, très louche. Au moins, en ayant une cicatrice, tu te rappelerais toujours de ce moment où justice serait rendue. Rien que d'y penser, un sourire en coin se plaça progressivement sur ton visage, tes yeux orangés illuminés d'une étrange lueur orange, rappelant les flammes, la feu, la souffrance, tout ce pourquoi tu vivais aujourd'hui. Les sentiments devaient à présent sortir de ton corps, et il fallait que tu n'aies qu'une seule idée en tête : vengeance. Mais les paroles de ton frère te ramenèrent à la réalité, t'enlevant de ce rêve si doux et agréable, où du sang ruisselait, des cadavres par dizaines sur le sol, et deux loups au pelage d'ébène dominant ces morts, fiers d'avoir accomplis ce qu'ils avaient à faire.

▬ « Qu'entends-tu par danger? Je ne suis pas certain de comprendre. Si elle a choisie de l'accompagner, et bien, nous n'y pourrons rien. Il nous suffira alors de l'assassiner aussi. Avec un peu de chance, elle ne sera pas trop difficile a abattre, et je pourrais même m'amuser un peu avec, avant qu'elle ne rende son dernier souffle. »

Ton frère jumeau n'avait visiblement pas compris ce que tu voulais dire par danger. Ce que tu voulais dire par là, c'était qu'il pouvait très rapidement s'en servir d'otage, car il savait pertinemment que ce que vous vouliez, Stark et toi, c'était la mort d'Eléazar, et de tous les Solitaires possibles, pas de cette ex-Emeraude. Mais en y réfléchissant bien... la louve qui l'accompagnait avait choisi de devenir solitaire, et devenait une de tes cibles. Ton frère avait raison. La tuer serait aussi avantageux. Voir mieux. Cette idée de tuer tout le monde sur ton passage commençait à te plaire, et tes pupilles commençaient à se dilater, comme si tu rêvais plus que tout de voir du sang couler. Mais il ne fallait pas précipiter les choses. Après tout, ta vie était destinée à cela, le sang, la mort, les cadavres, et tout ce qui allait avec. Tu étais bien d'accord pour que Stark s'amuse avec cette Solitaire dont tu ne connaissais pas le nom. Mais c'était bien la seule que tu lui laissais. Emy était à toi. Tu allais la faire souffrir, bien qu'elle s'était attachée à toi. Et toi aussi tu t'étais attaché à elle. Mais cette rencontre avait effacé tes sentiments, les femelles n'étaient que des êtres inférieurs qui ne méritaient aucun respect et aucune gentillesse. Elles étaient juste bonnes à vous faire des gosses, c'était tout. Tu savais que tu aurais une compagne plus tard, mais pas celle que tu te serais imaginé quelques jours auparavant. Si nous remontions le temps, après cette rencontre avec Emy, la définition de ta compagne serait : un être aimé et aimant, gentille, serviable, attentionnée. Mais à ce jour, à ce moment bien précis, la définition d'une compagne est pour toi : être inférieur et soumise. C'est clairement sexiste ce que tu penses là, mais tout le monde doit voir la chose en face : c'est la vérité. Comme on dit, il n'y a que le vérité qui blesse. Toujours allongé sur le dos, tu fis pivoter ta tête dans la direction de Stark, ton regard plongeant dans le sien, tes pupilles dilatées montrant un côté psycopathe bien enfoui au fond de ton âme, et qui commençait de ressortir depuis aujourd'hui, qui sait ce que ça allait donner... Un rire sarcastique sortant de ton corps.

▬ « T'as raison, fais en ce que tu souhaites, j'veux bien te laisser cette soumise, mais seulement cette fois, hein ! Ahaha. Par contre, je te conseille de ne pas toucher à Emy. Je m'occuperai personnellement de son cas, histoire de bien l'enfoncer avant de la tuer. »

Tu étais vraiment très étrange comme loup, petit Éthan. Dire qu'une dizaine de minutes auparavant, tu n'étais encore qu'un petit être innocent, gentil, attentionné, se préoccupant des autres. Et là, ton frère jumeau avait débarqué et ton esprit tout entier était chamboulé. Mais au fond de toi, tu te disais que ce n'était pas plus mal, car tu étais destiné à être comme ça, alors autant l'être maintenant, plutôt que plus tard. Le plus tôt est le mieux, comme on a l'habitude de le dire. Tu jetas un coup d'oeil, un large sourire, montrant son envie de tuer le rongeant, éclairer son visage, en plus des mêmes pupilles orangées et dilatées que toi. Tu entendis un étrange bruit et regardas plus loin que le bout de ton museau pour apercevoir que ton jumeau attrapait un petit caillou qu'il mit entre ses crocs. Étrange façon de se calmer. Mais si cela fonctionnait, alors tu n'avais rien à dire. Chacun est comme il est après tout. Lui est peut-être comme ça, et toi, tu n'es qu'un vulgaire psychopathe, ce n'est pas mieux n'est-ce pas ? Tu vis alors ton frère recracher quelques morceaux de caillou, qui roulèrent au sol pour finir leur course en bas du rocher où vous vous trouviez. En même temps, il ne fallait pas s'étonner, les cailloux n'avaient jamais eu bon goût, et ils ne l'auront jamais, c'est comme ça, c'est ainsi que la nature est faite, un point c'est tout. Stark se rapprocha ensuite de toi, vos pelages se mêlèrent et vos haleines également lorsque ton jumeau t'adressa de nouvelles paroles.

« Je n'hésiterai pas à tuer, frangin. Que ce soit cette loupiote que tu affectionnes, cette Émeraude errante ou encore notre propre frère, je n'aurai pas la moindre pitié envers eux. Je me débarrasserai de tous ceux qui oseront se dresser sur notre chemin jusqu’à la Vengeance, et je les enverrai aux Enfers dans la pire souffrance possible. Sois donc assuré de ma volonté de tuer. Cependant, j'ai besoin de savoir si tu est aussi déterminé que moi. Si tu ne l'es pas, tu risquerais de faire foirer ces meurtres. Si c'est le cas, j'aimerai que tu me le dises, et que tu restes à l'écart. Perturbé par tes sentiments, tu ne ferais que me gêner. »

Le regard de ton frère jumeau fut plus froid qu'à l'habitude, tu avais même l'impression que les rayons de lune s'y reflétaient, les éclairant d'une lueur étrange et inquiétante. Tu déglutis, bien que ton âme de tueur restait encore présente en cet instant, et devais admettre que tu ressentis un petit pincement au coeur lorsque ton frère te dit que tu ne ferais que le gêner. Autant dire qu'il avait beaucoup de culot. Et d'une certaine manière, tu appréciais ça chez lui. Tu n'avais pas la même audace que lui pouvait posséder. Mais tu savais que tant qu'il serait là, tu progresserais et tu pourrais atteindre un niveau égal ou supérieur à lui côté physique. Côté intelligence, Stark avait aussi beaucoup à apprendre de toi. C'était un de ces loups qui foncent tête baissée sans réfléchir, et Stark devait se contrôler à ce niveau-là, car il n'arriverait jamais à ses fins dans ce cas-là, ce pourquoi il avait besoin de toi. Et il devait en prendre confiance. D'un bond, tu te redressas sur tes quatre membres et bondis sur ton frère jumeau, le plaquant au sol, en le maintenant à l'aide de tes membres antérieurs, tes pupilles orangées plongeant dans les siennes, deux émotions bien distinctes se lisant dans ce regard : la haine et la souffrance.

« Tu t'avises encore une fois de dire ça et je te promets que je te tranche la jugulaire. Et si un jour tu décides vraiment de te passer de ton frère jumeau que tu chérit tant, tu en paieras les conséquences, car en fonçant dans le tas comme tu le fais, tu n'arriveras jamais à tes fins. Ce qui revient donc à dire que tu as besoin de moi, et tu ne peux pas contester cela. »

Stark était un loup égoïste, et bien qu'il le sache, il ne voulait rien y changer. Cela lui importait de devoir régulièrement changer de Tanière ou de Territoire, non, tout ça ne lui posait aucun souci. Ce qui lui posait souci, c'était de voir le bonheur que partageait les loups de Wolf Temporal. Il n'y a pas si longtemps que ça, il avait croisé la route d'une famille bien heureuse, qui avait fait remonté de douloureux souvenirs a la surface. Il y avait la mère, le sourire aux lèvres, et qui empêchait un de ses enfants de tomber a cause de ses fragiles petites pattes. Le Père, de son coté, poussait un loupiot du bout de sa truffe, pour le pousser a avancer plus vite. Il avait ralenti a leur passage, et s'était même surpris a se retourner pour les voir disparaître au loin. Sa famille lui manquait. Terriblement. Tellement qu'il pensait ne pas pouvoir éprouver de pire douleur que celle qui étreignait son coeur a chaque seconde sa vie. Feu Caleb lui manquait, par ses histoires funestes racontées le soir, au moment d'aller se coucher, et par ses entraînements robustes qui les épuisaient jusqu’à leurs dernières ressources d'énergie. Ses grands yeux pâles lui manquaient, aussi. Ces iris inexpressives, si vides qu'en plongeant dedans, on avait l'impression d'être aspiré dans un gouffre sans fond. Feu Cameron lui manquait aussi, bien sûr. Ces paroles empreintes de sagesse et de raison lui manquaient énormément, parce qu'il se rendait compte qu'autrefois, ses paroles avaient été un catalyseur de sa fureur naturelle. Et aujourd'hui, il n'y avait plus rien pour la retenir. Si ce n'est Ethan. Ses yeux glissèrent sur la forme sombre du corps de son frère, dont les yeux brillaient doucement a la lueur de la lune, se mélangeant aux reflets blancs de l'Arbre non loin. Il retrouvait beaucoup de son Paternel en son jumeau, et il en était plutôt content. Cela voulait dire qu'il restait encore une personne dans ce monde capable de lui passer une muselière au bec, pour brider sa colère instinctive. Il est vrai que coté caractère, Ethan avait largement pioché du coté de leur Père. Il était le cerveau de leur duo, celui qui commandait les opérations, et qui trouvait un moyen infaillible pour percer les défenses ennemies, en analysant longuement leurs mouvements, leurs habitudes. Ou en appuyant sur leur désir secret et profond. Stark, quand a lui, n'avait pris que du coté de sa Mère, en prenant la force et la tête dure. Il engageait les duels quand il en avait envie, et ne se préoccupait pas des faiblesses de son adversaire. C'était déjà trop de réflexion pour lui. Il se contentait d'attaquer, encore et encore, jusqu’à ce que l'un d'entre eux tombe. Sans aucun doute, plus tard, dans le futur, il écoperait de milles et une cicatrices, qui déchireraient son pelage ébène d'argent scintillant. Il apprendrait a faire avec. Tant qu'il parvenait a faire tomber des loups sur son passage, peu lui importait ; même sa propre vie lui paraissait désormais bien plus insignifiante que la revanche de sa Mère. Il donnerait jusqu'à la dernière goutte de sang présente dans son corps pour accomplir cette vengeance si recherchée, et jamais atteinte. Ils souffriront, comme vous vous aviez soufferts, en perdant vos Parents. Les familles se briseraient, les amoureux s'entre-déchireraient, et même les fratries se détesteraient jusqu'à s'entre-tuer. Ça sonnait plutôt bien. Il prendrait certainement un grand plaisir de planter ses crocs dans la chair d'une mère désespérée, et de marcher sur le cadavre déjà froid d'un père loyal envers sa famille. On leur avait ôté leur famille. Alors ils allaient rendre la pareille au monde, au centuple. Il pouvait d'ores et déjà l'imaginer, cette vision triomphante d'eux deux ; partout, on ne retiendrait que deux noms : Stark et Ethan. Partout, la vision de ces deux jumeaux ténébreux, aux pelages ruisselants de sang et aux babines ensanglantées hanteraient même les nouveaux-nés. Il sentit une once de fierté pointer dans son coeur en y songeant, et en tournant la tête en direction de son frère, aperçut le sourire dangereux qui relevait ses lèvres, et faisait étinceler son regard. Ça, c'était bien son frère. Il devrait juste prendre garde a ce que le Ethan d'il y a quelques minutes a peine, le sentimental qui cherchait son amoureuse, ne revienne plus jamais. Il allait prendre le plus grand soin du monde a l'enterrer sous une montagne de cadavres.

▬ « T'as raison, fais en ce que tu souhaites, j'veux bien te laisser cette soumise, mais seulement cette fois, hein ! Ahaha. Par contre, je te conseille de ne pas toucher à Emy. Je m'occuperai personnellement de son cas, histoire de bien l'enfoncer avant de la tuer. »

Stark sourit, d'un sourire aussi carnassier et rusé que celui de son frère, histoire de sauver les apparences. En vérité, il commençait a être inquiet au sujet de son frère. Il y a quelques secondes encore, c'était un loup innocent et amoureux, qui avait peur pour Emy. Et voilà que désormais, il insistait sur le fait de la tuer personnellement, de ses propres pattes. Il ne savait plus trop quoi penser de ce soudain changement d'humeur. Bien sûr, il était heureux de voir son jumeau redevenir le vilain de l'histoire, mais une pointe d'amertume perçait désormais son coeur. Et si Ethan n'était pas destiné aux meurtres, mais a une vie heureuse, en compagnie d'une demoiselle et de loupiots? Non, c'était impossible. Ethan était le digne fils de Caleb et de Cameron, il était aussi pourri qu'eux et lui. Enfin, normalement. Il commençait a se demander s'il ne le poussait pas sur le mauvais chemin. Peut-être qu'il se trompait, qu'il le trompait. Il n'en savait vraiment rien. Désireux de ne pas laisser son jumeau découvrir son doute, il reporta son regard au loin, fixant une nuée de moineaux qui s'envolaient des bois alentours, planant dans le ciel sombre au-dessus d'eux. Tout ce qu'il savait pour le moment, c'était qu'ensemble, il faisait un duo plus que tragique. Soudain, au moment ou il s'y attendait le moins, le moment ou il baissait sa garde, un bruissement du coté de son frère l'avertit de son mouvement ; seulement, Ethan était le plus rapide entre eux deux, et en un bond agile, il se retrouva sur lui, le maintenant au sol de ses pattes avant, ses pupilles orangées étincelant et de rage et de souffrance. Il imaginait bien la douleur qu'il devait ressentir en comprenant que son propre frère ne croyait pas en lui. Stark s'était trompé. C'était en doutant ainsi de son jumeau qu'il le poussait dans le mauvais chemin.

« Tu t'avises encore une fois de dire ça et je te promets que je te tranche la jugulaire. Et si un jour tu décides vraiment de te passer de ton frère jumeau que tu chérit tant, tu en paieras les conséquences, car en fonçant dans le tas comme tu le fais, tu n'arriveras jamais à tes fins. Ce qui revient donc à dire que tu as besoin de moi, et tu ne peux pas contester cela. »

Il avait raison, comme d'habitude. Sans un cerveau comme lui a ses cotés, il n'était rien de pire qu'un boulet de canon, qui finirait détruit par les assauts ennemis. Il lui manquait la stratégie imparable. Il se contenta donc d’acquiescer lentement, avant de pousser de toutes ses forces sur son dos et ses membres postérieures, renversant ainsi les situations : Ethan était désormais celui qui était plaqué au sol par les lourdes pattes de Stark, qui essayait de ne pas lui faire intentionnellement mal. C'est vrai qu'il avait toujours du mal a mesurer sa force, et il regretterait surement de briser quelque chose a son frère. Il ancra leurs deux regards ensemble, appréciant silencieusement l'étincelle de rage sourde qui éclairait ceux de son jumeau. C'était exactement ce qu'il lui fallait ressentir pour éprouver la véritable haine, la colère a l'état pur.

« Je ne le dirais plus, promis. Je sais que j'ai besoin de toi, tout comme toi, t'as besoin de moi. Alors, t'as pas non plus intérêt a te débarrasser de moi, frangin. Sinon, je reviendrais d'entre les morts pour te faire mordre la poussière. »

Il resta encore un instant au-dessus de lui, histoire de bien lui faire comprendre la vraisemblance de ses propos, avant de sauter de coté, un frisson faisant trembler son échine comme la bise soufflait un peu plus fort sur les bois, faisant doucement plier les imposants conifères sous son souffle. Il appréciait vraiment la nuit. C'était le seul moment de la journée ou le temps se montrait plus clément, et frais surtout. Au moins, ils ne mourraient pas de chaud, c'était une bonne chose. Parler autant durant une journée de canicule aurait été l'impossible pour lui. Sa bouche s'ouvrit en grand, dévoilant une dentition acérée et blanche, et il s'assit a nouveau sur la roche dure, son regard rivé sur l'Arbre Glacé, qui leur offrait toujours généreusement sa lumière pâle.

« Alors, le cerveau. Explique-moi voir comment on va s'y prendre, pour les tuer. Emy en première, et je suis d'accord pour te la laisser. Mais, faudra pas me faire attendre trop longtemps ; après, on fonce chercher Eleazar et sa nouvelle copine. Et on se les fait les deux en même temps. »

E.T.H.A.N.

Croisant les iris orangées de Stark, allongé sur le sol sous ton poids, tu crus un instant que ses pupilles se teintèrent de bleu, et que son visage se déforma peu à peu. Comme si ton imagination de jouait des tours. Tu écarquillas brièvement les yeux lorsque tu constatas que tu avais devant toi ta mère, la plus forte louve que tu connaissais, Caleb, qui refaisait surface, dotée d'un large sourire illumant ce visage sombre. Bien que son pelage était noir comme l'ébène, elle semblait radieuse, souriante comme tu ne l'avais jamais vue, apaisée, heureuse. Des larmes vinrent emplir tes yeux qui quelques secondes auparavant, étaient emplis de haine. Elle sembla te murmurer quelques mots, avec une petite voix douce et apaisante, comme lorsqu'elle vous racontait des histoires le soir, avant que vous ne vous endormiez, Stark et toi. Tu perçus les quelques paroles qu'elle t'adressa, bien que le vent soufflait à présent très fort, et que tu n'aurais pas pu les distinguer si rien ne vous liait, Caleb et toi. Au fond, tu ressemblais plus à ton père, Cameron, mais ça ne t'avait pas empêcher d'être très proche de ta mère, une louve très courageuse qui faisait passer sa famille avant tout. C'est aussi cela que tu admirais chez elle. Elle avait le sens de la famille et savait prendre des réelles décisions quant à l'avenir de sa famille. Mais tu savais qu'au fond, elle était fragile mentalement, et que ce qu'elle avait vécu l'enfonçait chaque jour un peu plus. Tu l'avais su lorsque tu avais surpris la conversation, un soir, entre elle et Cameron. Elle pleurait dans ses pattes, cherchant du réconfort contre son poitrail chaud et imposant. Elle savait très certainement que toi Stark seriez plus fort pour accomplir cette vengeance. Bien que votre famille ait été anéanti par des tueurs impunis, vous n'aviez pas vécu ce moment, et en vous battant pour votre génitrice, vous souffrirez moins. Mais revenons aux faits. La silhouette de ta mère te murmura ces quelques mots. Courage mon fils, tu y parviendras... Sa silhouette commença de se dissiper lorsqu'elle termina sa phrase. Ses yeux bleu pâle furent teinté d'une lueur flamboyante qu'était le orange. La carrure massive de Stark se redessina, le souvenir de ta mère disparaissant, peut-être à tout jamais. Tu voulus pleurer, mais tu te retins. Bien que Stark t'orientait sur une route dangereuse qu'était la vengeance, tu n'en restais pas moins sensible. Sensible avec ta famille uniquement. Et si tu tentais de lui expliquer ce que tu avais vu, il te prendrait certainement pour un fou. Un fou dont il éviterait la compagnie. Il n'avait pas hésité à te dire de ne pas venir avec lui si tu étais trop fragile, alors il n'hésiterait peut-être pas à te laisser tomber. Mais tu n'eus pas le temps de laisser passer tes émotions avant tout, Stark tentant d'inverser les rôles, ce qu'il réussit magnifiquement bien. A l'aide de sa force démesurée, il te fit basculer sur le côté, te retrouvant plaqué au sol, comme l'avait été Stark quelques secondes auparavant seulement. En te faisant tanguer sur le côté, tes pupilles retrouvèrent leur éclat, alors que Stark vint prononcer quelques paroles.

« Je ne le dirais plus, promis. Je sais que j'ai besoin de toi, tout comme toi, t'as besoin de moi. Alors, t'as pas non plus intérêt a te débarrasser de moi, frangin. Sinon, je reviendrais d'entre les morts pour te faire mordre la poussière. »

Ton frère commençait un tout petit à te faire mal, ce dernier ne sachant malheureusement pas mesure sa force, ce qui était bien dommage, car il risquait d'endommager les os de son frère jumeau tant aimé. Mais cela s'avérait être un véritable avantage lorsqu'il agissait ainsi avec l'équipe adverse. Stark se retira ensuite d'au dessus de toi avant de sauter rapidement sur le côté, fixant la nuit noire et étoilée qu'il semblait admirer, ne se focalisant plus sur son frère jumeau que tu étais. La nuit était aussi quelque chose que tu appréciais. Tu aimais agir dans la pénombre, personne ne remarquant ta présence, ton pelage d'ébène se camouflant dans le décor très facilement. Tu pouvais épier toutes les conversations possibles, maintenant que tu savais camoufler ton odeur. C'était quelque chose de très avantageux, mais tu ne savais pas si ton frère savait faire de même. Agir dans le noir, cela faisait monter ton adrénaline d'un cran, et tu devais avouer qu'à force, tu commençais à y prendre goût. Tu avais d'ailleurs hâte de pouvoir anéantir Emy. Tu ne savais pas encore comment tu agirais exactement, mais tu savais que tu agirais dans la nuit. Bien que les gardes soient plus vigilants à cette heure tardive, ils ne pourront pas voir un loup qui camoufle son odeur en plus de se fondre totalement dans le paysage noir. En revanche, tu n'aimais pas la Lune lorsque la nuit tombait. Elle t'avait souvent joué des tours, ses rayons de lune t'éclairant, et te faisant repérer par d'autres. Mais grâce aux entraînements intensifs que tu avais reçu, tu savais courir vite, bien plus vite qu'eux, et tu finissais par les semer, alors que tu coupais le chemin généralement emprunté par les gardes. Tu te relevas peu à peu avant que ton frère ne prononce d'autres paroles, comme si cette fois-ci, il avait été plus rapide que toi.

« Alors, le cerveau. Explique-moi voir comment on va s'y prendre, pour les tuer. Emy en première, et je suis d'accord pour te la laisser. Mais, faudra pas me faire attendre trop longtemps ; après, on fonce chercher Eleazar et sa nouvelle copine. Et on se les fait les deux en même temps. »

Ton frère avait raison. Tu devais t'expliquer afin que vous élaboriez votre plan d'attaque, qui devait être étudié consciencieusement, afin de ne faire aucun faux pas. Une erreur pouvait vous être fatale, tu en étais bien conscient. Tu observas ton reflet dans une flaque d'eau à tes pattes, et ton visage se transforma à son tour, comme si vos parents avaient réussi à descendre du ciel en l'espace d'un instant. Cette fois, tu n'aperçus non pas Caleb, ta mère tant aimée, mais celui sur lequel tu avais déteint, Cameron. Ce mâle au pelage presque roux, et aux pupilles foncées. Pour la première fois, il te souriait, bien que son visage restait toujours impassible d'habitude. A son tour, il prononça quelques mots. L'union fait la force Ethan, ne l'oublie pas... Comme toujours, ton père avait raison. Que ce soit dans ses décisions, dans ses résonnements. Tu n'oublierais pas cette phrase, tu en étais certain.Tu reportas ton regard sur ce qui te servait de frère jumeau, qui ne te prêtait même pas attention une seule seconde, de peur que la nuit s'envole peut-être.

« J'ai appris à camoufler mon odeur, donc de ce côté-là, ça ne devrait pas poser de problèmes, dans la mesure où tu as appris la même chose. Deuxièmement, je suis certain que nous devrions agir la nuit. Nos pelages d'ébène se faufilent parfaitement dans la pénombre, et en sachant camoufler notre odeur, personne ne pourra nous repérer. Mais il faudra que tu sois patient, et discret, pas comme d'habitude. »

☠ Une étincelle pour débuter. Une étincelle qui empoisonnera les coeurs, et ravivera les rancoeurs. Puis viendront les flammes, qui lécheront avec appétit le corps des martyrs que nous auront abattus. Et enfin, ce sera un splendide brasier qui enflammera la Terre de l'intérieur, la faisant trembler et cracher rouge, sous la violence du feu qui la consumera. De tout cela, il ne restera plus que fumée et cendres, derniers témoins éphémères de notre Vengeance ☠
« Never give up no matter what » ɷ STARK. Fire_w10

« Never give up no matter what » ɷ STARK. Fire_w10

- The Pain is like a Fire, that everyone feed in itself -

☰ STARK ☰

Un air déterminé au visage, Stark se retourna vers son frère, attentif a ses prochains mots, les oreilles bien dressées sur son crâne. Il ne devait pas perdre un mot de ce qu'il disait, sinon, il risquait de faire capoter le plan. Et il s'en voudrait terriblement d'avoir gêné son jumeau, alors que ce dernier lui faisait confiance. Mais rapidement, les paroles de son frère lui déplurent. Ils risquaient d'avoir un petit problème, là. Bien sûr, tout comme son frère, et n'importe quel meurtrier expérimenté, il avait appris a dissimuler son odeur, par exemple en se frottant dans les feuilles fraîches des bois, ou encore en mettant a sac l'ancienne Tanière d'un des loups du Territoire qu'il explorait. Il était certain que ce n'était pas sans danger, de faire ça, mais comme il n'avait encore jamais rencontré de problème sérieux jusqu'à aujourd'hui, il continuait de le faire. Ce ne serait qu'une fois qu'il se serait fait attraper qu'il y réfléchirait plus attentivement. Cependant, ce qui l'embêtait dans ce que venait de dire son jumeau, c'était la partie ou il devrait être discret et patient. Ces vertus-là, il ne les avait jamais possédés, et autant dire qu'il ne faisait pas non plus d'énormes efforts pour les obtenir. Après tout, s'il ne les avait pas, c'était certainement pour une bonne raison. Chaque loup naissait avec des facultés particulière, des défauts particuliers. A voir si on avait le courage et l'audace de combler ces défauts par des qualités. Et lui, il n'en voulait pas. Une mine contrariée au visage, il pencha la tête de coté, les sourcils froncés. Il allait surement ennuyer son frangin avec ça, mais il ne pouvait pas faire comme il le voulait. C'était mission impossible, pour lui.

« Euh...ouais. Sauf que je le sens pas, moi, le coté discret et patient. Tu sais bien que ça n'as jamais été mon fort, alors il vaudrait peut-être mieux tenter autre chose, nan? Genre...une diversion? »

Il était entièrement d'accord pour tout le reste de son plan : agir de nuit, camoufler son odeur. C'était bien vu de sa part, comme leurs pelages se fondaient parfaitement dans l'obscurité, personne ne les verraient arriver. Et même en ayant des soupçons, si aucune odeur particulière ne se faisait sentir, ils ne chercheraient pas midi a quatorze heures pour savoir s'il y a bel et bien des étrangers sur leurs Terres. Mais la discrétion et la patience, c'était vraiment trop demander de sa part. Il souhaitait plus que tout concrétiser le désir de tuer d'Ethan, tout comme la vengeance de leur mère, mais il ne pouvait pas accepter ce plan en sachant que ce serait au-delà de ses capacités. Il allait falloir qu'il se creuse un peu plus la tête, histoire de leur trouver une stratégie convenable a eux deux. Lui, sur le moment, il songeait bien a quelque chose comme ça : lui, il attirerait l'attention des gardes Rubis, qui se lanceraient a sa poursuite aussitôt, tandis que son frère, de son coté, se faufilait jusqu'à la Tanière d'Emy, pour en finir avec elle. Bien sûr, ça le décevait d'avance, car il ne pourrait pas assister a la scène ; mais comme il savait que c'était réellement important pour son frère, il ne voulait pas tout faire foirer, comme d'habitude. Et, on parle quand même de la libération de l'âme de son jumeau ! Il ne plaisantait pas avec ce genre de choses, et Ethan le savait.

« Tu vois, ça m'embêterais vraiment de ne pas te voir a l'action, frangin. Mais, je ne pense pas pouvoir me plier a tes exigences ; elles sont déjà trop hautes pour moi. »

Sérieux, le ton grave, il fixait son frère sans sourciller, cherchant a lui faire comprendre sa conviction. Il savait qu'il était aussi borné que lui, et que ça l'ennuierait de devoir abandonner son idée. Malheureusement, ils n'avaient pas d'autres initiatives. Encore, ils auraient Eleazar sous la main, ils pourraient le capturer, et le balancer aux Gardes, tout en se glissant discrètement derrière eux. Mais, ce qui serait dommage dans une telle situation, c'est que ce petit salaud se ferait bouffer par des inconnus. Et ça, il ne l'acceptait pas. Il restait leur frère, ils étaient liés par le sang. Et il n'y avait que les membres de sa propre famille qui pouvaient lui ôter la vie. Enfin, ça, c'est sa vision des choses. C'est certain qu'il penserait autrement, le renard, s'il prenait connaissance de leur meurtre planifié. Soudainement plus méfiant, il jeta des coups d'oeil sceptiques autour d'eux, histoire de s'assurer qu'il n'y avait vraiment personne dans les parages. Ce serait décidément trop dommage qu'on aille tout raconter a Eleazar, et que ce dernier se fasse la malle avant leur arrivée. Qui se faisait imminente, d'ailleurs.

HRP:

E.T.H.A.N.
Ton plan d’attaque te paraissait être parfait. Il n’y avait plus que Stark acquiesce et votre stratégie serait solide, fin prête à être exécutée comme il se doit. En camouflant votre odeur et en avançant avec discrétion et prudence, il était certain que vous alliez arriver à vos fins. Seulement quelque chose te troubla tout à coup. Tu savais que Stark était du genre à foncer dans le tas sans réfléchir, et la discrétion était loin d’être son point fort, de même que la prudence. Ces deux qualités étaient même inexistantes chez lui, c’est comme s’il ne pourrait pas en donner la définition. Tu en étais conscient. Mais serait-il prêt à se donner à cent pourcents pour qu’ils parviennent à leur fin ? Stark se devait de soutenir son frère à cent pourcent, et ils avaient encore un peu de temps pour que tu lui apprennes en deux ou trois mouvements ce qu’étaient la discrétion et la prudence. Mais tu étais loin de t’imaginer que cela pouvait être une tâche beaucoup plus ardue que tu ne voulais bien te l’imaginer. Et lorsque ton frère te répèterait cela, tu en prendrais conscience, et vous devriez finir par changer votre tactique, étant donné qu’en fonçant dans le tas en pleine nuit, cela reviendrait à y aller en plein jour. Tu observas ton frère un instant, alors qu’il prononça quelques mots.

« Euh...ouais. Sauf que je le sens pas, moi, le coté discret et patient. Tu sais bien que ça n'as jamais été mon fort, alors il vaudrait peut-être mieux tenter autre chose, nan? Genre...une diversion? Tu vois, ça m'embêterais vraiment de ne pas te voir a l'action, frangin. Mais, je ne pense pas pouvoir me plier a tes exigences ; elles sont déjà trop hautes pour moi. »

Tu le regardas un instant. Vous deviez changer votre plan et tu grimaças légèrement, montrant ton mécontentement. Tu esquissas un sourire forcé, avant de répliquer.

« Bah quand t’auras mieux préviens-moi, hein. »

HRP:

HRP:

La grimace irritée de son frère lui fit baisser les oreilles sur son crâne, désolé. Il ne voulait pas être un fardeau pour Ethan, mais il se rendait compte que ça risquait d'être dur pour lui d’exécuter cette mission en se basant sur les techniques de son frère. Bien qu'ils soient jumeaux, ils étaient radicalement différents, et quoi qu'il fasse, il ne pourra jamais ressembler a Ethan. Il n'était qu'une copie de son frère, sans les capacités et l'intelligence en moins, mais avec la force brute et les muscles en plus. Ethan gronda de mécontentement, avant de reprendre la parole.

« Bah quand t’auras mieux préviens-moi, hein. »

Il détourna le regard de celui de son frère. Il avait peur de le décevoir, en réalité. Son frère était tout ce qu'il lui restait en ce Monde, et si même lui ne le trouvait pas utile, alors il n'avait plus besoin de vivre. Néanmoins, quelque part, dans son esprit, il sentait que leur duo était d'enfer, et qu'il pouvait marcher s'ils s'en donnait la peine. Toujours est-il que la discrétion n'était pas dans ses cordes. Il se releva, faisant mine de se dégourdir les jambes, pour descendre du rocher ou ils s'étaient installés, atterrissant lourdement sur le sol en contrebas, faisant voler quelques feuilles jaunâtres. Lentement, il se dirigea vers l'Arbre Glacé, se perdant a nouveau dans sa clarté, comme dans l'espoir que cette lumière n'illumine son cerveau, et lui donne une idée de génie. Ce qui ne sembla malheureusement pas être le cas. Un peu déçu, il posa sa truffe déjà bien froide contre l'Arbre, et un frisson parcourut toute son échine, faisant s'hérisser les poils de son dos, lorsque le contact se fit. Glacé, Glacé...il aurait plutôt dit Gelé, lui. A moins que ce soit la même chose. Enfin bref, revenons-en a nos moutons. Il se retourna vers son frère, qui le regardait de son perchoir, et rouvrit la bouche.

« Disons que je veux bien essayer ton plan. On se rend en Terres Rubis durant la Nuit, on cherchent et trouvent la Tanière de cette Emy, et on l'assassine là-bas. Et ensuite, on se tire. Et si jamais je me goure, je m'occuperais alors de divertir les Gardes. J'ai beau être encore jeune, je cours assez vite pour ne pas me laisser attraper. Et puis, je connais bien les Territoires Rubis ; je m'y rends souvent pour explorer un peu, dans le dos de la Meute. Te bile pas, frangin ; je vais y arriver. Promis, juré, craché, et si je mens, je vais en Enfer. »

Sur ce, il joignit le geste a la parole, en crachant au sol, un sourire amusé aux lèvres. Là, si son jumeau ne reconnaissait pas son bon vieux Stark, c'est qu'il y avait un problème. Normalement, ce plan pouvait marcher. Il ne mentait pas, en parlant de sa rapidité. Enfin, un tout petit peu. A cause de son poids et de sa carrure, il était plus taillé pour l'endurance, et c'est justement ce qu'il vantait. En attirant les Gardes Rubis, même s'ils étaient plus rapides que lui, il se cacherait dans un endroit sûr, avant de reprendre la course. Ils finiraient bien par s'épuiser avant lui.

J'archive. =)