HRP:

Le soleil tapait sur Temporal, dardant ses rayons sur tout être vivant. Ne laissant aucune place à l'ombre et la fraîcheur. Les oiseaux perçaient tes tympans si fragiles de leurs chants entêtants. Des chants d'amour, essayant de charmer leur conquête d'une saison. Cette saison des amours. Période de reproduction intensive, chez la plupart des animaux. Heureusement, tu étais en paix : avril était passé, et, ainsi, ta période de chaleurs avec. Soulagée, presque une année de paix se profilait devant toi, tu vaquais à tes occupations journalières, longeait les frontières en prêtant une oreille distraite à ce qui se passait autour. Tu élaborais en silence ta vengeance, exploitant toutes les ressources de ton esprit, allant jusqu'à te torturer les méandres spirituels que, hélas, tu semblais posséder. Jusqu'à ce que mal de crâne s'ensuive. Après tout, c'est ainsi que l'on progressait, que tu avais progressé : en repoussant ses limites. T'entraînant jusqu'à ce que la souffrance émane de chaque parcelle de ton corps, que l'adrénaline se soit déclenchée et provoque des tremblements dus au contre coup de l'effort fourni. Et oui, ton entraînement était loin d'être terminé, mais, tu avais déjà accomplis bon nombre d'exploits pour une femelle de ton âge.

L'amour. Écœurant sentiment, gluant et amer à la fois. Un attrape nigaud. Rien qu'à y songer, tu frissonnas de ton ton corps blanc : s'il y avait bien une chose qui pouvait perdre tout le monde, c'était bien ce sentiment là. Dangereusement attirant, beaucoup se perdaient dans l'agréable sensation de bonheur. Qui restait éphémère. Tu l'avais peut-être connu, cet amour. Volatile et fragile, pouvant se briser selon les choix des concernés. Il fallait réfléchir, avant de s'engager dans une telle relation. Peser le pour et le contre... Auparavant, tu ne te comportais pas ainsi. Ne possédait pas un esprit obtus et pratique, ce dernier te forçant à mettre de côté des choses et des loups qui t'étaient chers afin d'atteindre ton but : piéger Ezio. Capable de beaucoup pour se faire, tu n'avais encore reculé devant rien afin de te porter plus près de ta vengeance. Bien près, tu semblais. Mais pourtant si loin. Il fallait être patiente et attendre la bonne heure, savoir quand frapper et envoyer l'ultime coup. Ce serait encore long, avant de pouvoir se faire ? Mais après ? Avais-tu réfléchis à l'"après" ? Certainement pas. Ton avenir était trop compromis pour planifier autre chose que le moment où tu passerais à l'acte. Où tu trancherais de tes crocs d'ivoire la carotide de ton adversaire aussi blanc comme neige que toi., maculant vos deux pelages mélangés. Tu en grondais d'impatience, déjà. Ce qui dû s'entendre...

Relevant vivement la tête, tu te demandas un instant qui pouvait bien prononcer ton nom avec tant d'entrain. Sans avoir réellement réalisé vers où tu te dirigeais, après ta ronde, tu avais simplement repris le chemin emprunté, qui t'avait mené vers la Tanière Améthyste. Tu t'étonnas un instant que l'odeur puissante de ces derniers ne t'ait pas alertée plus tôt. Mais, certainement trop plongée dans tes sombres plans, tu en avais simplement fait abstraction. Instinctivement, tu fouillas la foule présente de tes yeux ambrés afin d'y déceler l'Assassin tant haï par tes soins. Mais, ne se détacha du lot que ce Black Sky. Patiente, tu te devais d'être patiente. Malgré ce raisonnement, tu ne pus retenir un fin soupir s'échapper de ta gueule à l'approche du loup. De la même taille que toi, il était légèrement plus large et d'un pelage d'une couleur ayant différents tons à tous endroits. Des yeux qu'on aurait pu remplacer par deux saphirs, tellement ils étaient lumineux. Tout un tas de détails qui auraient fait fondre multitude de louves, mais pas toi. Tu savais qu'il suffisait d'ouvrir ton cœur à nouveau pour que ce dernier se brise une nouvelle fois, et cette fois-là serait bel et bien la dernière. La perte de tes géniteurs t'avait grandement affectée, et, t'étais-tu jurée d'éviter tout combat inutile. L'amour en faisait partie, ce sentiment n'était que lutte en tous temps, sans cesse en confrontation avec le reste du monde. Ce n'était que dépendance à autre que soi, abandon à quelqu'un qui pouvait à tout moment se montrer étranger et faux. Et oui, tu ne vivais même pas pleinement ta jeunesse. Obnubilée par ton but, ta vengeance. Tu te dis, souvent, qui si avenir il y a, alors, peut-être, te laisserais-tu aller aux plaisirs que la Vie pourrait encore t'offrir.

Un sourcil finement haussé, tu observais Black Sky d'un œil amusé. Ce dernier t'appréciait fortement, ça crevait les yeux. Et, son bégaiement - qui te rendait hilare, malgré toi - le trahissait une fois de plus. Tu peux enfin saisir la tenue de sa demande et plantas ton regard dans le sien :

C'était vil et méprisable, et pourtant tellement drôle. Néanmoins, l'Élite ne semblait s'offusquer d'aucune pique que tu pouvais lui faire. et, les démonstrations qu'il faisait en public ne le dérangeait, apparemment, pas le moins du monde. Jusqu'où serait-il près à aller pour passer un moment avec toi ? C'est ce que tu comptais découvrir, ici et maintenant. On ne peut pas dire que tu ne virais pas manipulatrice à tes heures perdues... Mais, étant donné que tu cherchais justement une occupation, le Destin venait de te l'amener sous la truffe. Aussi, tu te ferais un plaisir de l'honorer. Face à face avec le mâle sombre, tu attendis avec une mine inquisitrice une quelconque réplique. Se rendrait-il compte, peut-être, que ni lui ni les autres mâles n'avaient une chance avec toi ? Pas même parce que tu les narguais- ce que semblaient penser certains-, simplement par un choix venant de ta part. Dont tu étais certaine que nul ne pourrait briser.

Tendue par ses propos implicites, tu pris un air décontenancé un instant avant de le changer en une mimique moqueuse. Les Améthystes présents, il ne devait pas y en avoir plus d'une demi-douzaine, faisaient semblant de se désintéresser de la scène qui se jouait sous leurs yeux. Black Sky venait tout bonnement te déclarer qu’il t’appréciait fortement. Euphémisme, apparemment – vu ses bégaiements incessants et son regard troublé – l’Élite ne savait même pas retenir sa langue. Et, telle ne fut pas ta surprise lorsque, à cœur ouvert, le mâle sombre te déclara sa flamme en un poème frais et profond. Qui te donnas tout simplement l’impression de t’engluer dans de la sève de pin, de galoper contre des courants puissants. L’amour. Un sentiment vil, attrapant des êtres aveuglés par leur perception avantageuse du monde, puérile impression, ce n’était, pour toi, qu’une autre manière de se perdre dans les méandres d’un paradis inventé de toutes pièces et d’éviter toute confrontation avec la Vie. Tu ne pus réprimer un haut le cœur, tellement ce que tu t’apprêtais à lui rétorquer allait gâcher sa splendide tirade. Allant lui balancer très franchement à la truffe que ses sentiments n’étaient pas réciproques, que son affection allait tout simplement à sens unique, tu te fis couper la voix. Et l’herbe sous les pattes en même temps.

Comment osait-il ? Pire, comment savait-il ? Personne n’était au courant, et encore moins un des membres Améthyste, si ce n’est Ezio lui-même et sa compagne, Pinky – ayant assisté à l’une de tes rares grosses colères, ils savaient à quoi s’en tenir, à présent. Mais, lui. Ce mâle Élite, rien de plus qu'un pion dans l’échiquier Améthyste, savait. Il l'avait pourtant tenu secret, et, tu ne pouvais que saluer son silence qui avait certainement dû lui coûter. Néanmoins, la surprise passa, et, avec elle, la stupéfaction. Afin de laisser uniquement place à la colère et au mépris. Les muscles tendus, tu ne fixais plus que lui. Plus intensément qu'aucun autre loup n'ayant croisé ton chemin, sauf Ezio qui avait eut droit à bien plus puissant encore. Ta réaction t'était justifiée, après tout, tu te sentais acculée et menacée. Alors que, même s'il ne tenait pas à te donner cette impression, Black Sky pensait trouver ceci normal. Et, sans surprise, tu imaginas assez bien un rictus déformer son charmant museau, mettant à jour tes craintes et soupçons. Il avait beau être doté d'un joli minois, d'avoir un corps athlétique et être un beau parleur, rien de tout cela ne lui permettait de placer la phrase qui venait de filtrer entre ses babines sombres. Que la possibilité que le mâle se crût malin de laisser une telle allusion planer, qu'il joue avec cela afin de s'attribuer tes bonnes grâces te percuta de plein fouet. C'était si vil, petit... Les Améthyste, et, depuis déjà le peu de temps que tu les côtoyais, ne faisaient rien sans être sûrs d'avoir quelque chose en retour. Aussi, la proposition du mâle devait, quant à elle, servir un plus sombre dessein. Avec ce clan, fallait-il s'attendre à tout. Ni une ni deux, tu réagis au quart de tour - après avoir pu retrouver tes esprits - et laissas ton échine hérisser à loisir et, alors que Black Sky avait quasiment chuchoté ses dires, tu pris un ton qui ne cessa de gonfler jusqu'à la fin de ta tirade, crachant tes phrases pour les faire résonner comme des insultes aux oreilles du loup  :

La haine n'avait cessé d'enfler, en écho à tes paroles, représentant à quel point les propos de l’Élite t'avaient remuée. Le ciel découvert arborait un soleil lumineux et clair, qui n'écrasait même pas - pour une fois - de sa chaleur étouffante, la Vie qui se tenait ici bas. Ton regard d'ambre liquide s'était figé, donnant d'autant plus de crédibilité à tes dires. Cependant, au lieu de partir, tu le toisas fermement, décidée à ne pas le lâcher du regard. Le saphir limpide se confrontant à l'or en fusion. Tu perçus même quelques murmures et remarques vous concernant, Black Sky et toi. L'envie de te retourner contre tous combattait furieusement ton entêtement à fusiller Black Sky de tes globes ambrés sur place, jusqu'à l'en mettre mal à l'aise. La plaisanterie était terminée, si il tenait à jouer avec le feu, il ne fallait pas s'attendre à ce que ce dernier devienne imprévisible et particulièrement destructeur lorsqu'il avait quelque chose à dévorer.