La lune, le soleil, les planètes, les étoiles, tous les astres qui nous entourent signifient quelque chose, mais quoi ? Les étoiles étaient-elles nos ancêtres ? Qui sait. Quand on est un loup vous savez, on peut tout croire, mais rien ne sera dévoilé. Pourquoi les loups ne savent pas ce que savent les autres, les Hommes ? Etre loup signifie que l’on est là pour servir de couverture aux hommes et notre tête accrochée à un mur ? Non. Et ça, personne n’y pense. Je pense être la seule qui se soucie de ça, en ce moment. Quand la mort me rattrapera, mon âme basculera du côté des étoiles, où je rejoindrais ma mère, mon père. Mes parents, ils sont morts chassés. Chassés, oui, par les Hommes, ceux que je déteste le plus au monde. Quand je regarde le ciel je me rappelle, de ces bons moments passés en famille, sous l’arbre fleuri, quand j’étais encore une Émeraude ringarde, quand la rage m’était montée jusqu’aux oreilles. Et c’est à ce moment là que je devint la pire ennemie des hommes. Mes parents devaient être vengés de cet acte horrifiant, cet acte, sans pitié et sans merci, cet acte impardonnable. Ma rage et moi ne faisons qu’un à présent. Lors des balades avec Ezio, elles me font penser à mes parents, s’aimant jusqu’au bout, pour l’éternité. Mais le malheur a percé leur cœur et depuis, je ne peux laisser les Hommes courir comme ça, ils méritent la vengeance de mes parents, ceux qui ont donnés du bonheur à leur famille, ceux qui ont tout donnés pour nous, leurs enfants ! A ce moment-là, en me rappelant ces mauvais souvenirs, une larme s’échappa de moi, et pendant ce moment si triste, ce moment si unique, j’eu besoin d’attention, d’un câlin, mais pas de n’importe qui. Ce que je voulais c’était un câlin de ma mère, celle qui m’a éduquée pour que je devienne une louve brave et pure, celle qui m’a tant aimée … Je m’arrêta un instant. Le vent soufflait dans la neige, et celle-ci volait pour se poser sur moi, avant de se transformer en tout petits cristaux de glace. Il faisait nuit, et j’avais besoin de partir loin, loin du monde.

Je m’arrêtai net. D’un pas décidé, ferme, je fis juste un tout petit pas au bord de la montagne des Ancêtres, là, je regardai ce qu’il se passait en bas, là, j’avais peur. Mais je pris mon courage à deux pattes. Une Améthyste ? Peur !? Non ! Hors de question. Je grognais en regardant le vide et pris rage. Je repensais à mes parents, ceux que je voulais venger ! Mais là j’avais besoin de quelqu’un, n’importe qui sauf Ezio. Je voulais me défouler sur quelqu’un, lui faire du mal, le menacer, n’importe quoi ! J’hurlais dans le vide, à travers la brume de la nuit, dans le vent. Je pensais être seule à ce moment. Mais je savais que quelqu’un était présent, pour m’aider sans le vouloir, pour que je le martyrise ou que je lui fasse du mal, car … Car j’en avais besoin, tout simplement. Je reniflais, j’humais l’air, je sentais quelque chose alors qu’il n’y avait rien. Je grognais de rage, en hurlant dans le vide. Le poil hérissé on aurait cru un Yéti de cinq mille tonnes hurlant dans les montagnes. Je n’avais jamais fais cela auparavant. Je m’en sentais incapable et pourtant la preuve que si, j’en étais capable. Après avoir hurlé pendant de longues minutes, j’étais énervée, mal à la tête, mon poil redevenait normal et j’étais seule, en haut de la montagne, je transpirais, je me retrouvais seule face à tout et n’importe quoi, comme un loup m’observant ou un loup se demandant ce que je faisais, qui sait ce que je lui ferait…

Grave, interdit, il avançait avec majesté, ses pattes foulant le sol avec légèreté. Fin, ce qui ne l'empêchait pas non plus de posséder des muscles saillants sous sa fourrure dense, et avec des yeux verrons, l'un couleur océan et l'autre d'ambre, qui avaient le don de vous faire voyager par un simple regard. Il était puissance, beauté et sérénité mêlés. Car rares étaient les moments où le Diamant perdait son sang-froid, et son beau visage gardait toujours une expression bienveillante et tendre qui lui était propre. On le nommait Hermès. Un nom à la consonance si douce et si mélodieuse pour un loup si vif et si rusé tel que lui. En effet, avant d'être gardien dans cette meute de pacifiques, ce loup était un habile bandit et il mettait toute son ardeur pour défendre les pauvres, les faibles et les opprimés de la société dans laquelle il vivait. C'était sa philosophie, son mode de vie. Accompagnés de ses compagnons, il détroussait les riches au profit des pauvres et rendait justice à ceux qui la réclamaient mais toujours en restant loyal et honnête. Hermès avait toujours eu un caractère d'un naturel doux et avenant et rien ni personne n'avait jamais démenti cette image de lui qu'il s'était construit. Bien sûr, sa vie de solitaire lui manquait mais il savait qu'il avait pris la meilleure solution : celle de rejoindre une meute et de se dévouer corps et âme pour celle-ci. Cependant, le souvenir de ses anciens compagnons le taraudaient à chaque instant qui passait et ne faisait que le rendre plus nostalgique encore qu'il ne l'était. La nostalgie qui l'assaillait et ne le lâchait plus depuis quelques temps, déjà. La nostalgie, qui survenait quand le présent n'était plus à la hauteur du passé. Mais nous sommes tous sujets à de légers moments d'égarement ou de nostalgie. Tout le monde peut en venir à bout et à nouveau trouver un sens à ses actions. Il suffit de s'accrocher à tout ce que la vie peut nous apporter de meilleur et tenter de laisser le reste s'envoler.
Il marchait avec lenteur, détaillant le paysage avec minutie, comme s'il revisitait un lieu autrefois aimé et chéri, un lieu qui lui avait apporté calme et sérénité. C'était, à vrai dire, à cet endroit précis qu'il avait rencontré pour la première fois, seul à seul, sa dominante Lakota avec qui il avait fini par se lier d'amitié. Mais c'était aussi en ce lieu qu'il avait connu le malheur et la douleur, après s'être ouvert une plaie béante qui lui avait couvert  toute la surface de sa patte arrière. Tout cela n'était à présent plus que de lointains souvenirs qui, pourtant, ressurgissaient par instant dans la tête du loup brun et le taraudaient incessamment. Le visage anxieux de sa dominante, celle qu'il considérait à présent comme sa nouvelle amie, le hantait souvent lors de ses rêves et à chaque réveil, il ne faisait que se demander quand il la reverrait. Mais ce jour n'était peut-être pas encore prêt d'arriver, du moins, Hermès ne pouvait pas encore le savoir. Il avait seulement conscience que chaque seconde, chaque minute qui s'écoulait, le rapprochait du moment où il reverrait enfin sa dominante, qui comptait parmi le très peu d'amis qu'il possédait, étant nouveau sur ces terres et dans cette meute.

Ainsi, il avait entrepris de graver la montagne tôt le matin, à l'heure même où le soleil se levait et dévoilait  son corps pudique à la face du monde entier. Guidé par les pâles rayons matinaux du soleil, Hermès  avait commencé son ascension dans l'unique but de se perdre au sommet de cette gigantesque montagne, dans l'unique but de s'abreuver de la beauté du paysage qu'elle offrait. Il avait finit par arriver tout en haut, là où la montagne touchait le ciel, alors que la nuit était tombée depuis bien longtemps déjà.
Avisant un rocher qui se tenait là au beau milieu de la montagne, comme si on l'avait séparé du reste de la nature, Hermès s'en approcha à pas amples et mesurés. Plantant ses griffes dans le tapis moussu qui recouvrait le rocher sur lequel il s'était assis, il regarda les étoiles luminescentes qui scintillaient dans le ciel, dans ce voile noir qui s'étendait à perte de vue et qui recouvrait la face du monde entier.  Le gardien  ferma les yeux et se laissa aller quelques instants, divaguant, vagabondant dans son propre esprit. Au sommet d'une montagne, assis sur un tapis moussu, se laissant bercer par le souffle du vent qui se faisait de plus en plus glacial, de plus en plus mordant. S'évader, rêver, penser à autre chose, à une liberté dont il s'était trouvé déchu. Et puis, finalement, ouvrir les yeux et réaliser que tout cela n'était qu'un rêve, que l'on se trouvait toujours au même endroit, et que rien n'avait changé, que l'on menait toujours la même vie. Triste réalité, mais belle et bien réelle. Et rien ni personne ne pouvait changer cela, pour l'infortune du loup à la fourrure brune.

Une vue extraordinaire s’ouvrait à moi lors de cet énervement affreux. En hauteur face au paysage absolu, je faisais le vide. Cela me faisais du bien, pour une fois que je le faisais. Et je pense même que c’était la première fois que je le faisais. Je regardais cette immensité de neige, de montagnes et d’espoir. Partout où j’allais il y avait toujours quelqu’un. Toujours quelqu’un pour me déranger, pendant que je pensais ou que je réfléchissais. Pendant ce moment, rien ni personne ne pouvait me déconcentrer. Et si c’était le cas, je ferais tout pour retrouver le calme, et je pourrais même aller jusqu’à menacer de mort cette personne ou cette chose étrangère ou familière. Du haut de ma falaise je contemplais, ce paysage d’effroi qui s’étendait sur de longs territoires. Le vent soufflait et mon pelage s’envolait, sans vraiment le faire. Je tournais mon regard vers ma droite, là ou un loup brun escaladait, la montagne ou j’étais, tranquille, il ne s’apercevait sans doute pas de ma présence ici, en tant qu’Améthyste. Je me méfiais des inconnus à présent. Comme l’avais toujours dis mon père, ce grand et brave guerrier d’autrefois, ne jamais faire confiance à personne, sauf à tes proches. Je regardais sinistrement ce loup, qui s’approchait de moi en grimpant sur la falaise. Je me redressais et hérissai le poil et grognant avant de dire ceci.