Après avoir chassé durement toute la matinée, je pouvais enfin profiter de mon repas : deux lapins plutôt biens dodus pour un hiver. Maintenant, il fallait que je trouve un endroit tranquille pour manger, où je n'avais que très peu de chances de croiser quelqu'un. Je mangeai alors rapidement et sur place le premier, puis, le deuxième dans la gueule, je partis en quête de l'endroit idéal. Autant dire que ce n'était pas simple. A l'heure la plus chaude de la journée (hum..) de nombreux loups étaient de sortie pour chasser ou simplement se promener. A chaque fois qu'un endroit me plaisait, un loup arrivait peu de temps après. Il me fallut un long moment avant de trouver le lieu idéal. Des pierres posées à la verticale sur des mottes de terre, et pas un seul loup à l'horizon. Cool !
Il parait que cet endroit est un cimetière. On y met les loups morts. Ça se trouve, ma famille y est. Ça se trouve, non, et peut-être que je l'ai croisée sans le savoir. Tout est possible.
Bref. Tout au fond du cimetière se trouvait un très bel arbre. Sans feuilles, creux, il était surement mort. Mais quand même, il était très beau. Je m'en approchai et me couchai à son pied, avec un immense sentiment de satisfaction. Ici, personne ne viendra me déranger. Je posai le lapin entre mes pattes avant et commençai à le dévorer.
Un corbeau s'envola. Je le suivi du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de ma vue. Je me mis alors à penser à mon Mentor. Qu'était-il devenu ? Avait-il prit un autre louveteau sous son aile ? Non. Il commence à se faire vieux...
Je venais de terminer mon lapin. Je me relevai alors et fis un petit tour du cimetière. Je ne m'étais jamais approchée des "tombes". Des souvenirs étaient accrochés à certaines pierres. Ici, un bâton mordillé par des petits crocs. Là, une magnifique fleur. Et là, une plume. Ici, une branche de sapin qui portait encore l'odeur des Emeraudes. Et là, un pieux couvert de sang. C'est sûrement le pieux qui aura tué ce loup et je suis prête à parier que c'était dans la pyramide.
Je m'arrêtai alors brusquement sur une pierre. Ma surprise fut tellement grande que j'en eu un frisson. Un petit caillou vert et un petit caillou rouge étaient disposés côte à côte, sur des poils blancs. Immédiatement je compris l'allusion à LUI. A ce loup arctique aux yeux vairons. Mes pattes tremblèrent un peu. Mais il m'était impossible de décrire mes sentiments à ce moment. Je restai fixer sa "tombe" un long moment. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'entendis pas les pas d'un autre loup qui s'approchait.