❝ Le soleil était déjà bien haut dans le ciel lorsque je sortis de la petite grotte dans laquelle j'avais passé ma nuit. Mon ventre criait famine, aussi décidai-je d'aller chasser, malgré la chaleur. J'étais en quête de proies, lorsque je me retrouva face à un immense arbre majestueux.

La luminosité ce matin-là était vraiment très belle, et, en extase devant cette scène, j'observais l'arbre qui se tenait devant moi l'air éberlué. Il était très feuillus et doté de nombreuses branches, sur lesquelles étaient accrochées énormément de feuilles, et même de fleurs. Ses racines ressortaient de terre, offrant un bon petit endroit pour se reposer.

« Autant faire une pause... », me dit-je pour moi-même.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Paisiblement et à l'ombre du grand arbre, je me cala confortablement contre son tronc, les yeux mi-clos. Les oreilles droites, j'écoutait les bruits qui provenaient des alentours; le chant des oiseaux, le vent chaud contre mon pelage, les bruits de pas quelconques, ou même les feuilles sèches craquant sous un poids. Les pattes croisées, je haletais un peu pour réguler ma température. Même à l'ombre il faisait chaud...A mon avis, la chasse n'était pas pour aujourd'hui. Trop fatigué pour faire un pas de plus...Les rayons du soleil m'alourdissaient les paupières, j'avais comme une envie de dormir. Un petit somme ne pouvait rien faire de mal, après tout...Les pattes en l'air, le dos contre terre, je laissais le chaud parcourir mon ventre, comme pour faire bronzette. J'étais si détendu, là, maintenant...

Détendu, d'ailleurs, ça faisait un moment que je ne l'avait pas été. Je venais tout juste d'arriver sur les territoires environnants, là où mes parents m'ont laissé, et là où je les ai vus pour la toute dernière fois. Je ne sais même pas où ils sont aujourd'hui, et même si ils étaient encore en vie. Mais après mes parents, celle qui me manquait le plus était Tala. Oui, ma soeur. Depuis qu'elle a quitté ce monde, mes journées sont vides...Nos parties de chasse me manquent. Nos longues siestes pendant l'hiver aussi. Le bon temps me manque...

Je rêvassais encore, comme toujours. Je sursauta lorsqu'un écureuil troubla mes pensées. Je le fixa interloqué un moment, lui aussi. Puis il partit en détalant aussi vite qu'il était arrivé. Je souris, amusé de voir cette petite bête aussi effrayée en voyant un gros loup comme moi...Pourtant je ne suis pas méchant. Une odeur douce vint chatouiller mes narines, et je me rendis compte que je n'étais plus seul. J'aperçut derrière un buisson assez fournis une silhouette. Un loup...ou une louve ? ❞

❝ « Come up to meet you, tell you I'm sorry, you don't know how lovely you are. I had to find you, tell you I need you.. »

Déjà plusieurs jours déjà que je vagabondais dans les alentours, à la recherche de la belle Jynn. Mais voilà, je devais sans doutes me rendre à l'évidence qu'elle n'était pas ici.. plus ici. Je me souviens encore de la douceur de son visage, de l'odeur qui émanait de son magnifique corps, de sa voix si timide mais si craquante, de chaque détail qui me faisais tant craquer. Vous allez dire que je ne la connais pas plus que ça, finalement, et vous n'avez pas tort. Mais s'il y a bien une seule chose que l'être vivant n'est pas capable de contrôler, c'est ses propres sentiments. Enfin.. Encore une fois, j'étais déçue et attristée par la disparition de cette femelle si délicate et si plaisante. Il est vrai que je n'avais jamais eu de chance en amour, et parfois même je me demandais si je ne ferais pas mieux de me trouver un mâle ou, du moins, essayer quelque chose avec l'un de tous ceux qui peuplaient les terres. Mais rien à faire, je ne tombais que sur des machos arrogants et méprisants qui me donnaient plus envie de vomir que de me laisser m'amouracher d'eux. Peut-être qu'un jour, je tomberai sur quelqu'un qui me correspond, quelqu'un de bien et d'honnête, une femelle ou même peut-être un mâle! Mais ce jour n'est pas encore arrivé.. Enfin, je crois.

J'étais donc là, comme une cruche, totalement désespérée, à faire des allers et retours au pied de cet arbre la truffe collée au sol depuis une vingtaine de minutes. Mais je n'arrivais toujours pas à déceler la moindre trace de la présence de Jynn. Dans un long soupire, je relevai la tête, les oreilles basses, et j'entrepris lourdement de laisser tomber mon postérieur sur le sol. En plus de ne pas trouver ma belle, je crevais la dalle et je n'avais pas dormis depuis plusieurs dizaines d'heures. Cette vie de solitaire, bien que je l'ai choisis de mon plein grès, m'éreintait plus qu'elle ne me faisait du bien. Je soufflai une nouvelle fois avant de me relever et de m'aventurer dans d'énormes buissons dont je ne connaissais pas l'origine. J'étais pas très douée en herboristerie, et je ne me méfiais donc pas de certaines plantes ni certaines fleurs que j'étais amenée à croiser tout au long de ma journée. A quoi bon, puisque de toute façon on finira tous au même endroit, ah.
Alors que j'étais sur les traces d'un petit mulot, des bruits étranges provenant d'une hauteur attirèrent mon attention. Je relevai alors le regard, scrutant tant bien que mal les nombreux arbres qui m'entouraient. C'est à ce moment que j'aperçus un petit écureuil grimper le tronc d'un de ces derniers pour s'y abriter. J'eus un léger sourire, avant de me replonger dans ma traque au rongeur. Malheureusement... Mon moment d'inattention me fit perdre la trace de mon déjeuner. Ce n'était décidément pas la bonne journée pour moi. Dans un souffle agacé, et toute penaude, je me dégageai des buissons et.. tombai nez à nez avec quelqu'un. Un loup que je n'avais jamais vu auparavant était là, en face de moi, en train de siester tranquillement. Ah! Il y en a certains qui ont la belle vie. Mais lorsque je m'apprêtai à m'approcher de lui pour l'observer plus en détails, comme à mon habitude, je me rendis compte que je le dérangeais peut-être ou pire, que je le réveillais. Cette pensée me stoppa net dans mon élan.

« Oh.. Eh, désolée de t'avoir réveillé, j'voulais pas. » lui dis-je, un peu gênée. ❞

❝ Je découvris avec étonnement une jeune louve d'à peu près mon âge, semblant aussi étonnée que moi. Gênée, elle s'excusa de m'avoir réveillé. Je la détailla quelques secondes; son pelage était épais et blanc comme la neige, et ses yeux émeraudes semblaient sortir d'un rêve. Reprenant mes esprits, je lui souris, comme tout bon loup gentil le ferait.

« Ce n'est pas grave, ne t'inquiètes pas. Je somnolais juste. »

Je me redressa, pour mieux me placer face à la louve. Je ne savais pas quelles étaient ses intentions, malfaisantes, bonnes, ou bien neutres. Mais à en juger sa réaction quand elle m'a vu, ça m'étonnerais qu'elle soit méchante. De toute façon, personne n'est méchant au fond. Ses yeux ressemblaient aux miens, mais en plus foncés. Les miens étaient verts plutôt clairs. Un petit silence s'installa lorsque je détaillait la nouvelle venue, qui me faisait penser à ma mère. La seule différence était que ma mère avait les yeux noisettes. Je secoua ma tête avant d'esquisser une grimace gênée, et je sentis mes joues devenir rouges pivoine.

« Je...hum...excuses-moi, tu me faisais penser à quelqu'un, lui dis-je, embarrassé. Je m'appelle Phoenix, je vient tout juste d'arriver sur ces terres. Et toi, quel est ton nom ? »

Je m'assit, enroulant ma queue sur mes pattes. J'étais décontracté; en effet, les effets du soleil étaient encore présents, et de nouveau mes paupières se firent lourdes. Je laissa échapper un baillement, mais pour ne pas paraître impoli, je baissa ma tête afin de ne pas offrir ma gueule en spectacle à la louve blanche. Je revit passer l'écureuil de l'instant d'avant, mais cette fois il était dans les arbres. Je fit une moue amusée avant de regarder de nouveau mon interlocutrice. ❞

❝ Quand le loup qui se tenait debout face à moi m'annonça qu'il ne faisait que somnoler, je me sentis soulagée. Il n'avait pas l'air agressif, et il ne semblait pas vouloir m'arracher la tête, c'était un bon point déjà. Plus les minutes défilaient, et plus un silence pesant s'installait autour de nous. J'étais mal à l'aise, car en plus de rester muet le mâle blanc me toisait de la tête au pied. Je toussai légèrement, avant qu'il ne secoue vivement la tête et qu'il ne s'excuse en prétextant que je lui rappelais quelqu'un. Boarf. Je lui adressai alors un vague sourire, plus en signe de politesse qu'en signe de sympathie, puis l'écoutai se présenter. C'est comme ça que j'appris son prénom, Phoenix, mais également qu'il était solitaire. S'il avait fait partit d'une meute, il ne serait pas là à traîner sur des terres qu'il ne connait pas et où il pourrait croiser n'importe qui. J'acquiesçai amicalement d'un signe de tête avant de plonger mon regard émeraude dans le sien. Il me ressemblait vaguement. Nous étions tous deux blancs - bien que son pelage soit plus crème que blanc - et nous possédions tous deux des yeux d'une couleur peu atypique. Je le trouvais beau, vraiment. Il était grand, il était musclé, il avait beaucoup de charisme et son regard me plaisait beaucoup. Mais c'était un mâle, et pour le moment je n'avais que Jynn en tête.

« Eh bien.. Bienvenue alors! Moi c'est Hayden, je suis arrivée ici il y a quelques semaines. Tu verras, on y est bien! »

Ma voix était joviale et chaleureuse, comme si je ne me méfiais aucunement de lui - ce qui n'était pas le cas. Certes, il avait l'air d'être très gentil et de ne pas me vouloir de mal, mais on n'est jamais sûrs de rien. Lorsqu'il s'assit en face de moi, je l'imitai et posai ma carcasse à quelques mètres de lui. Je n'étais ni sur l'offensive, ni sur la défensive, restant totalement neutre vis-à-vis de Phoenix. Mais je laissais tout de même ma longue queue blanche remonter en panache le long de mon dos, lui laissant quelques minutes de répit par moment en la laissant aller s'écraser disgracieusement sur le sol. Au moins, s'il était mal attentionné, il était mit en garde : je n'avais pas peur. Une nouvelle fois, les minutes défilaient et aucun de nous deux ne parlait. Gênée, et mal à l'aise vis-à-vis de cet atmosphère quelque peu pesante (du moins, c'était mon impression), je me lançai un peu maladroitement.

« Phoenix.. C'est ça? (léger rire) Pourquoi tu es venu ici, alors? »❞

❝ Hayden...Joli nom pour une louve. De plus, ça lui allait bien. Et même, ça lui allait comme un gant, vraiment. Un léger sourire flotta sur mes babines un instant sans trop que je sache pourquoi. Je remerciais la jeune louve de m'avoir souhaité la bienvenue d'un hochement de tête. La chaleur commençait enfin à diminuer, je souffla, puis déporta mon regard vers les branchages de l'arbre auquel j'étais appuyé. Un silence régnait dans la forêt, même les oiseaux semblaient avoir disparus...du moins presque. Le mugissement du vent résonnait entre les cimes... Ma tête perdue dans les diverses odeurs qui parvenaient jusqu'à mon museau me faisait perdre un peu les sens. Mais Hayden me réveilla de mon euphorie, me posant une question. Je baissa les yeux quand j'entendis de quoi il s'agissait, mais ne voulant pas gêner la louve, je gardais un petit sourire en coin forcé.

« Eh bien...Après avoir perdu ma petite soeur, mes parents ont décidés de venir s'installer sur ces terres. Mais c'était en fait une sorte de "prétexte" pour me forcer à aller vers la vie adulte. Eux sont ensuite partis et je ne les ais jamais revus. »

Je me rendis compte que ma queue fouettait le sol nerveusement, soulevant la poussière. Je me secoua avant de changer de position. D'habitude je déteste parler de ça, mais rien qu'à voir le visage de cette louve, je me résignais à lui répondre négativement. Enfin bon. Je n'avais plus sommeil, le soleil s'était enfin caché un petit peu derrière l'un des rares nuages de cette journée. Je me leva, et proposa à Hayden :

« Ca te dirait de...faire une petite partie de chasse ? Ou bien de marcher un peu ? Comme tu préfères ! »

Je lui proposait ça de manière si gentille qu'elle n'aurait pas pu refuser. En tout cas, moi, j'étais partant, mais...laissons les dames choisir ! ❞

❝ Quand Phoenix eut finit de me raconter son histoire, je baissai la tête gênée d'avoir posé la question. C'est vrai, en quoi ça me regardait? Idiote. Je soufflai, avant de relever lentement mon regard vers le mâle et de lui adresser un sourire désolé. Oui, j'étais désolée. Un autre silence bref. J'observais le loup fouetter nerveusement le sol poussiéreux à l'aide de sa queue. A ce moment là, mes oreilles étaient couchées le long de mon crâne et je devais certainement montrer une certaine anxiété. Quelques minutes passèrent, et il entreprit de se lever. Par réflexe, j'eus un léger mouvement de recul avant de froncer le regard. Encore une fois, je m'étais inquiétée pour rien : il voulait juste me proposer d'aller chasser. Je soufflai avant de me lever à mon tour et d'acquiescer d'un signe de tête amical. Il y avait longtemps déjà que je n'avais pas mis un peu de chaire fraiche au fond de ma gueule. Depuis quelques jours, je ne me nourrissais que de racines et de plantes, ne trouvant ni le temps ni la motivation d'aller mettre à terre une quelconque proie. Je lui lançai alors un maigre sourire avant d'ouvrir la marche et de partir en trottinant, la queue haute. Je connaissais bien cette parcelle de territoire pour y avoir vécu à mon arrivée, je savais donc où trouver les meilleures biches du coin! Je ne m'inquiétai pas de Phoenix, qui avait sans doute dût m'emboîter le pas.

Je sentais mes pattes dévorer les mètres de plus en plus rapidement, hâtées par la faim et le désir de chasser. Oui, j'admets que la chasse était un peu un jeu pour moi. Il commençait par un jeu de piste, et se terminait par celui pour la vie. Pourquoi celui de la vie? Eh bien, tout dépend du type de proie auquel on s'attaque mais lorsqu'on s'engage dans un combat avec un autre être vivant, la mort saute toujours sur la première occasion de vous prendre. A cette pensée, un long frisson traversa l'intégralité de mes muscles tendus et me fit basculer et tomber lourdement sur le sol. Je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas me résigner à ça. La mort me terrorisait. Je roulai sur plusieurs dizaines de mètres et fut stoppée net par un vieux tronc d'arbre mort. Je soufflai longuement avant de perdre conscience. C'était une sensation étrange. J'avais l'impression de sentir mon corps entier convulser, et de sentir mon esprit s'extirper de ce dernier en se frayant un chemin entre mes crocs. C'était agréable en étant désagréable, j'étais paralysée par la douleur et la plénitude. Je n'arrivais plus à ouvrir les yeux, à retrouver un souffle régulier, à me réveiller. Pourtant, je me sentais vivre, je sentais mon cœur battre à des intervalles saccadées, mais je n'avais plus le contrôle. J'étais juste là, étendue sur le sol, inconsciente et en train de plongée dans une démence mentale profonde, une torture de l'esprit qui consistait à se sentir sans pouvoir avoir le dessus sur soi-même. A ce moment précis, je n'espérais plus qu'une chose : que Phoenix m'ait suivis et qu'il réussisse à me sortir de là. ❞

❝ Apparemment, ma proposition avait plu à Hayden, car elle partit en trottinant, la queue haute. Surpris, je l'observa disparaître derrière un arbre. Il n'y a même pas un instant, elle était là, toute fermée, les oreilles rabattues sur la tête, comme si elle allait fondre en larme, et là, toute joyeuse de partir à la chasse. Je soupira, souriant doucement, avant de lui emboîter le pas calmement, profitant du paysage. Après tout, on n'étais pas pressés. Pourtant, après plusieurs minutes de marche, ne trouvant plus Hayden, je commençait à m'inquiéter. Je pénétrais dans une petite clairière ensoleillée, avant d'apercevoir avec stupeur la jeune louve blanche allongée sur le sol, inerte, semblant avoir du mal à respirer. J'accourut près d'elle, paniqué, avant de reprendre mon sang-froid et de lui parler.

«Hayden ! Tu m'entends ?! Réveilles-toi, par pitié ! »

Comme si elle était prise de convulsions, la louve tremblait de tous ses membres, je me penchais alors au dessus d'elle pour voir si elle n'était pas blessée, ou autre. Non, elle n'avait rien...J'étais perdu, je ne savais que faire. Elle respirait, c'était déjà ça. Mais difficilement. Je la tira par la peau du cou très délicatement pour l'allonger à l'ombre, dans une position plus confortable, et m'allongea à ses côtés, lui murmurant de simples mots pour la rassurer et la calmer. Me rendant compte de ce que j'étais en train de faire, je secouais la tête, et devint rouge comme une pivoine. C'est vrai, nous étions allongés côte à côte, comme un couple...Hurm. Je me râclais la gorge avant de me décaler un peu. Hayden ne calmais pourtant toujours pas. Il fallait que je fasse quelque chose d'autre. Mais quoi ? Perdu...Comment j'allais faire ? Est-ce que j'allais réussir à la sauver ?...❞

❝ J'entendais une voix sans arriver à percevoir les mots. Phoenix.. Il m'avait trouvé. Malgré la douleur qui paralysait l'intégralité de mes membres, je me sentais rassurée car au moins si je devais partir aujourd'hui, je ne partirais pas seule. Alors que je sentais mon souffle se stabiliser peu à peu, je sentis mon corps être secoué et être déplacé. J'étais prise de panique. Le mâle venait de me trainer sur plusieurs mètres, mais je n'avais plus la notion de distance et de temps, et j'eus la nette impression que ça avait duré des heures. Une fois arrêté, j'essayai de réguler ma respiration puis je fus comme enveloppée dans un immense draps glacé. Mais ça ne dura pas longtemps, puisque je sentis une présence chaude à mes côtés. Je me calmai. Les minutes me paraissaient être une éternité, et je n'avais qu'une hâte : reprendre mes esprits. Je n'entendais pas ce que le mâle murmurait, mais j'arrivais très bien à distinguer une voix douce et rassurante. Ce n'est que lorsque Phoenix se décala que mes yeux entreprirent de se rouvrir.

Désorientée, totalement perdue, je relevai difficilement la tête avant de la laisser retomber dans la poussière. Je ne sentais plus mes membres, uniquement la douleur qui s'intensifiait de plus en plus. Je gémis avant de regarder le mâle du coin de l'oeil et de lui adresser un maigre sourire. Et s'il n'avait pas été là? Je ne me serais peut être pas réveillée.. Je soufflai, avant de tenter une nouvelle fois de redresser la tête : en vain. La douleur était trop forte. Totalement frigorifiée, je rampai doucement du mieux que je pus vers Phoenix avant de me coller à lui et de me blottir dans son épais pelage crème. On ne se connaissait pas, mais il m'avait sortit d'affaire et j'avais besoin de sa chaleur corporelle. Je lui murmurai un faible Merci, sans savoir s'il l'entendrait où pas, avant de fermer les yeux et de laisser s'échapper quelques larmes. J'avais honte, j'avais mal, et je ne savais pas quoi faire. Je ne me souvenais plus non plus de ce qu'il venait de se passer, juste que je venais de perdre connaissance. ❞

❝ Enfin, Hayden entrouvris les yeux. Rassuré, je souris et poussa un soupir. La jeune louve me remercia avec peine, avant de ramper vers moi pour se blottir tel un louveteau dans ma fourrure chaude et épaisse. Je l'observais, interloqué, mais en sentant ses frissons parcourir mon corps, je compris qu'elle était gelée. Je n'avais pas tellement l'habitude des contacts physiques depuis la mort de ma soeur, mais Hayden avait besoin de moi. Doucement, je posa ma tête au dessus de sa nuque, et me serra contre elle, essayant de la réchauffer au maximum. Un sentiment étrange parcourut mon échine, et je sentis comme...comme si j'avais une boule dans le ventre. C'étais agréable et troublant à la fois. Etait-ce Hayden qui me procurait cet effet ? Aucune idée...Je ne la connaissais que trop peu.

Je devais avouer que j'étais bien contre elle, je me laissa donc porter. Les yeux mi-clos, je lui murmurais toujours de temps en temps des mots simples et inaudibles pour lui faire comprendre que j'étais là. Je sentais peu à peu la température de son corps remonter, un peu comme si elle entrait à l'intérieur de moi. Comme si nous n'étions qu'un. J'avais comme le sentiment d'être dans un songe...Je me revoyais, collé contre ma soeur, dormant en boule pour se réchauffer en hiver. Je nous voyais dans une sorte de bulle rose, comme un monde doux et simple. Autour de cette bulle, je voyais des monstres tenter de la pénétrer, du noir...Je frissonna à mon tour. J'entrouvris les yeux, et je réalisais que moi et Hayden étions carrément enlacés. Je sentit mes joues devenir brûlantes en l'espace d'un instant, et je me raclais de nouveau la gorge, gêné. Mais j'étais bien. Oui, j'étais bien.

J'espérais qu'Hayden irais mieux par la suite. Après ce qu'il venais de se passer, impossible de la laisser seule, ah ça, hors de question. Si une crise survenait de nouveau, qui allait pouvoir s'occuper d'elle ? Et puis elle n'étais vraiment plus en état d'aller chasser...Le mieux étant de se reposer, il fallait que nous cherchions un endroit chaud et confortable pour la nuit qui allait arriver. Oui, le temps avait déjà passé, et dans à peine une heure ou deux, le soleil allait déjà se coucher. Je porta mon regard émeraude vers la louve blanche, dormant comme un louveteau contre sa mère. Attendris...C'était le mot pour me décrire à cet instant. Je me heurta à lui adresser la parole, même si je savais qu'elle n'allait peut-être pas entendre mes paroles. Elle avait besoin de repos.

« Hayden...Hayden...Comment te sens-tu ?... »

N'attendant pas sa réponse, je la serra un peu plus dans mes pattes. Rien que pour lui transmettre ce message; "Je suis là, ne t'inquiètes pas"... ❞

❝ Je sentais que Phoenix prenait de plus en plus de place, et n'hésitait plus à présent à se coller franchement à moi. J'avais honte de me laisser aller à de tels contacts physiques avec un mâle - même si j'en avais réellement besoin - mais je me sentais bien là, toute petite contre lui. Je sentais son cœur battre, son corps se gonfler à mesure qu'il respirait, et également les légères vibrations que ses douces paroles provoquaient contre son cou. Peu à peu, je me sentais mieux et même si la douleur ne disparaissait pas vraiment, la chaleur elle refaisait son apparition. Je n'étais toujours pas en mesure de me lever puisque, après une troisième tentative je m'étalai encore une fois sur le sol, mais je pouvais désormais m'exprimer clairement. Lorsqu'il me demanda si je me sentais mieux, je lui souris.

« Je.. J'ai mal. » lui dis-je d'une voix bégayante et faiblarde.

Je ne supportais pas être une assistée. Ce n'était pas dans ma nature. J'avais toujours été livrée à moi-même et aujourd'hui, devoir dépendre de quelqu'un m'énervait plus qu'autre chose. Certes, j'étais rassurée d'avoir le mâle à mes côtés, mais j'avais honte de ne pas pouvoir me débrouiller seule. Je soufflai avant de me serrer un peu plus contre Phoenix. Les larmes continuaient à couler le long de mes joues, unes à unes, finissant leur trajet dans le pelage du loup crème. Je me sentais totalement vide et à bout de force, et je n'avais plus qu'une envie c'était d'aller dormir. Je lançai un bref regard au ciel, et soupirai. La nuit allait tomber, et j'étais là incapable de me relever tellement mes membres me faisaient souffrir. Et si Phoenix me laissait seule? Et s'il avait autre chose à faire? Et s'il s'en allait? Comment allais-je faire? Prise de panique, mon souffle commença à se saccader et je sentis mon cœur s'emballer. J'aurai aimé m'en sortir seule mais il fallait me rendre à l'évidence : j'avais besoin de lui. Le museau toujours enfouit sous le manteau épais du mâle, mes larmes s'intensifièrent. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, ce qu'il c'était passé et ce qu'il se passerait à partir de maintenant. Mais j'étais de moins en moins rassurée. ❞

❝ Je sentais qu'Hayden ne devais pas aimer se sentir comme ça, dépendant d'un loup comme moi. Je ne pouvais pas le savoir moi-même, mais j'en avais l'intuition. Elle se serra un peu plus contre moi, nous étions tous les deux bien calés, se chauffant mutuellement. Je n'osais pas bouger, de peur que la louve s'emballe de nouveau.Pourtant, c'est ce qu'elle fit. On aurait dit qu'elle paniquais. Je me colla encore plus contre elle et posa ma tête sur son corps tremblant.

« Calmes-toi Hayden...Tu as besoin de repos. Tu ne peux pas rester seule pour le moment, il faut que je veille sur toi. Je ne partirais pas tant que tu ne seras pas sur pattes. »

Oui, je ne partirais pas. Même si la nuit nous enveloppais de son drap noir et scintillant, je ne bougerais pas d'un poil d'ici. Cependant, Hayden devrais reprendre des forces le lendemain. Elle aurais sans doute soif, et faim. Si elle n'étais pas en mesure de chasser d'ici là, je devrais le faire pour elle. Plus les heures passaient, plus le ciel s'assombrissait. Les nuages prenaient une teinte rosée, quelques grillons d'ici et là apparaissaient...Et nous deux, au milieu de ce spectacle, près d'un grand sapin, collés l'un à l'autre. Je temps à autre, je poussais un soupir, comme ça. La jeune louve semblait s'être calmée. Je sentais la cadence de sa respiration, son ventre se gonfler à chacune de ses inspirations. Peu à peu, le ciel se couvrit d'innombrables éclats brillants. Je levais un moment la tête afin d'observer la voûte étoilée. Et j'eus la surprise d'apercevoir une étoile filante...Je reposais ma tête sur Hayden, avant de lui murmurer d'une voix douce :

« Dis-moi Hayden... Si tu apercevais une étoile filante, un soir...quel voeux ferais-tu ?... »

Je fermais les yeux, relâchant complètement mes muscles. Je les avaient gardés prêts à se tendre si un quelconque danger surgissait, mais apparemment, nous n'étions que deux. Hayden et moi... ❞

❝ Lorsque Phoenix m'annonça qu'il ne me quitterait pas tant que je n'irais pas mieux, je soufflai et lui adressai à nouveau un maigre sourire qui débordait de reconnaissance. J'avais la curieuse impression d'être bien tombée en rencontrant ce loup. Il n'avait pas l'air arrogant, ni macho, et semblait savoir comment prendre soin des autres. Quand le mâle déposait délicatement sa tête sur mon corps, je sentais de forts frissons parcourir mon corps de l'échine jusqu'au bout de la queue. C'était étrange, je me sentais à la fois bien et à la fois intimidée par ce loup que je trouvais décidément bien beau. Peu à peu, je sentais Jynn s'extirper de mes pensées.. Je me sentais libérée.

Rassemblant un peu des forces qu'il me restait, je relevai la tête vers le ciel et observai silencieusement. Ce dernier, qui avait pris des teintes pastelles depuis un certain moment, commençait à s'assombrir et à laisser paraître quelques points lumineux au milieu du rose pâle qui tournait de plus en plus au noir. Ça aurait put être plus plaisant dans d'autres circonstances. Un peu romantique, ambiance tamisée, propice à la naissance de sentiments entre deux âmes. Mes oreilles se couchèrent le long de mon crâne et, en baissant les yeux, ma tête s'écrasa à nouveau sur le sol poussiéreux. Je soufflai, puis tournai le regard vers Phoenix. Oui, ça aurait put être plus agréable comme situation. Mais si je n'avais pas eu de crise, serait-il resté auprès de moi? Je secouai vivement la tête et toussai bruyamment. Il était peut être temps que je dorme, car voilà que je me laissais aller à penser qu'éventuellement moi et Phoenix.. uh. Je posai ma tête sur les pattes du mâle et fermai les yeux un instant. Mais alors que j'étais prête à rejoindre le pays des rêves, le loup m'interpella en me posant une question. Je redressai donc un peu la tête puis, plantant mon regard émeraude dans le sien qui était presque semblable au mien, lui répondis:

« Une étoile filante.. Eh, je.. Parfois, j'aimerais ne pas être si différente des autres.. (court silence) Alors peut-être que.. Oui, peut-être que je ferais le vœu d'être normale.. Et toi, alors? »

Ma voix était tremblante et encore remplie de larmes. Sans attendre plus longtemps sa réponse, je reposai une fois de plus ma tête sur ses pattes mais cette fois sans fermer les yeux. J'aurais aimé que cet instant dure une éternité tellement je me sentais bien avec ce mâle que je ne connaissais même pas. Et ça malgré la douleur qui me hantait encore, l'impuissance qui m'empêchait de me lever et le fait que je sois faible et incapable de me débrouiller seule. Enfin, j'avais la certitude qu'après une bonne nuit de sommeil, tout allait rentrer dans l'ordre. Du moins, je l'espérais.. ❞

❝ Hayden me répondit qu'elle aurait souhaité être normale...A ses paroles, je la regardais, un peu surpris. Normale ? Pourquoi donc ? Je me gardais de poser ces questions, sentant qu'elle somnolait un peu.

« Et bien...je ferais le souhait de revoir ma famille, rien qu'une fois... »

Qu'est-ce que j'allais lui parler de ma famille ? Je n'en avais plus, désormais. Et puis, pourquoi se rappeler tant de blessures et de souvenirs du passé, ci ce n'étais que pour se faire du mal ? Je baissais les yeux, soupira. Je sentais moi aussi la fatigue me gagner peu à peu, et mes paupières alourdies se refermaient toutes seules. J'allais rester auprès d'Hayden toute la nuit, et si elle n'allait toujours pas mieux, le lendemain aussi. Enfin non; il valait mieux que nous restions tous les deux pendant un long moment. Dans les jours à venir, elle voudra peut-être récupérer son indépendance - du moins si elle sera capable de tenir debout - , soit, je comprends, mais je resterais sans doute dans les parages. Le sommeil me gagna enfin, et je me laissais porter au pays des rêves, en compagnie d'Hayden...

Le lendemain matin...

C'étais le chant des oiseaux qui me fit ouvrir les yeux. Encore embué par ma nuit, je ne distinguait qu'une forme collée à moi, encore endormie. Je me rappelais ce qu'il c'était passé; ma rencontre avec Hayden, sa crise, notre nuit...Hum. Je secoua la tête, et baillais à m'en décrocher la mâchoire, profitant encore du sommeil de ma protégée. Evidemment, je n'allais pas faire ceci si elle était réveillée. Je n'avais pas bougé d'un poil depuis la veille, et mes pattes engourdies me le faisaient savoir. Mais je préférais les garder comme elles étaient le temps qu'Hayden entrouvre les paupières. Si elle était capable alors de se lever, tant mieux, je l'espérais pour elle. Sinon, je devrais aller chasser à sa place. Ce qui m'embêtait le plus était l'eau; comment allait-elle boire, si elle ne pouvait pas bouger ? Il n'y avait pas de ruisseau à proximité...Je trouverais bien le moment venu.

J'en profitais pour l'observer attentivement. Longuement. Son poil semblait épais, comme le mien. Mais bien plus clair et blanc comme la neige. Nous étions quasiment des jumeaux, à un ou deux détails près; ses yeux émeraudes étaient plus foncés que les miens - comme je l'avait si bien vu le jour passé - , et son corps avait bien sûr des traits féminins. Je passa mon museau dans sa fourrure; douce comme le velours. Un sourire flotta sur mes babines. J'avais peut-être compris une chose; et si, moi et Hayden ?...Humf...Peut-être, je n'en savais rien. Mais les frissons qui m'avaient parcourus cette nuit-là me laissaient douter. J'attendais patiemment; elle n'allait pas tarder à se réveiller.❞

❝ Doucement, je sentais le sommeil s'emparer de moi. Quelques minutes me suffirent à m'endormir tranquillement, bien blottie contre Phoenix. La nuit fut rude pour moi, agitée, froide, longue mais tout de même reposante. Les nombreux cauchemars qui me hantaient m'avaient réveillés plusieurs fois en sursaut et m'avaient également fait avoir de fortes sueurs froides.

Le soleil était levé depuis plusieurs heures et les oiseaux autour de moi - enfin de nous - faisaient un vacarme pas possible. Je ne voulais pas spécialement me réveiller, mais péniblement je tentais d'ouvrir les yeux. Je sentais encore la présence de Phoenix contre moi, chose qui me fit sourire niaisement. Il avait tenu parole, il n'était pas partit, et il m'aiderait à m'en sortir. Une fois les idées claires et le voile brumeux qui recouvrait mon regard disparut, je tentai de me lever. Je me décollai doucement de Phoenix et pris appuie sur mes membres antérieurs. Une impulsion un peu faiblarde et je me retrouvai enfin debout. Dans un sourire fier et vainqueur, je tournai les yeux vers Phoenix.

« Bonjour toi! »

Malgré que ma voix était encore triste et faible, on pouvait sentir toute ma conviction et ma motivation à reprendre du poil de la bête. J'étais une battante, ça me ressemblait pas du tout de me morfondre sur mon sort où de me laisser pourrir sous prétexte que je sois en moins bonne forme que d'habitude. Je fis un premier pas en avant, hésitante, puis un deuxième. Je sentais mes pattes se dérober et flancher sous mon poids encore trop conséquent vis-à-vis du peu de force qu'il me restait en réserve. Sans prendre plus de risques, je retournai m'allonger près de Phoenix et frottai mon museau contre son cou. Ce n'est qu'après avoir fait cette petite accolade amicale mais déplacée que je me rendis compte de mon geste. Gênée, et aussi honteuse, je toussai bruyamment et balbutiai quelques phrases inaudibles. A cet instant, je ne pensais plus à Jynn. Plus du tout. ❞

C'est court, désolée :/

❝ Enfin Hayden se réveilla. Je souris, content de voir que, d'après son air, elle avait récupéré et repris quelques forces. Enfin, il lui en manquait tout de même. Je l'observais en silence tenter de se mettre debout, mais ses pattes ne la portaient pas encore tout à fait. Elle revint se blottir contre moi, mais en frottant son museau dans mon cou. Je la regarda les yeux ronds, pourquoi avait-elle fait ce geste ? Elle semblait gênée, je ne voulais pas plus la troubler que ça. Je souriais, puis délicatement, fit un mon tour un petit geste amical à la louve, accompagné d'une toute petite léchouille de rien du tout. Bon, c'est vrai, j'aurais put éviter de la faire, mais si ça pouvait la rassurer ou lui faire plaisir, ça ne me dérangeais pas. J'aime la solitude, mais aussi la compagnie, et celle de Hayden ne me déplaisait pas. Pas du tout, même, elle était très...agréable. Je rougis un peu, avant de me racler la gorge. Nous restâmes un moment, là, comme ça, à ne rien dire. Le soleil nous chauffait déjà la fourrure, et la louve ne semblait plus avoir froid.

« Tu ne sembles pas avoir encore assez récupéré pour te lever, et encore moins pour chasser, lui dis-je d'un ton calme. Si tu veux, je pourrais chasser à ta place pendant quelques temps, ça ne me dérangerais pas. Qu'en penses-tu ? »

C'est vrai, ça ne me dérangerais pas. Après tout, si je n'avais pas été là, comment aurait-elle fait ? Une beauté serait sans doute morte gelée, frigorifiée...Je secouais la tête après avoir eu cette pensée. Une "beauté" ? Je ne voulais pas l'appeler...hum...comme ça... Enfin bref, je clignais des yeux pour oublier ceci. Et bien, Phoenix, que t'arrives-t'il ? Ca y est, un louve blanche débarque, a besoin d'aide, tu la sauves, et puis tu tombes amoureux ? Quand même pas. Tu préfères connaître avant de commencer...Et puis zut, on en étais pas là. Et ma conscience m'agaçait à me rabacher des choses pareilles. Hayden était...certes, très jolie, mais je ne pouvais pas encore penser que je soit réellement amoureux d'elle. Ca ne faisait même pas encore deux jours que nous nous étions rencontrés, c'était...incensé ! ❞

Idem, désolée c'est un peu court! "^^