Il était une fois… non, je ne vais pas commencer par là. On sait déjà où je suis, qui je suis, d’où je viens. La seule chose que l’on ne sait pas, c’est pourquoi je suis ici. Et bien, je vais l’expliquer, pour moi-même, et pour vous, éventuellement.
Je me trouvais ainsi dans un petit bois, tranquille, paisible. Il était inutile de chercher à me demander pourquoi. Moi-même je n’en savais rien. Des petites escapades de temps en temps. Ca faisait du bien. Un peu de liberté dans ce monde, dans cette vie plutôt, où tant de choses pèsent sur mes épaules. Surtout depuis que Firielle était partie rejoindre sa meute. Sa véritable meute, les diamants. Nous nous étions rendus compte que nous n’étions pas réellement faits l’un pour l’autre : je ne supportais pas son caractère enfantin, elle ne supportait pas mon besoin de m’évader. De plus, elle ne désirait pas avoir d’enfants pour le moment, alors que j’en mourrais d’envie. Même si ce n’était pas réellement pressant, je voulais tout de même m’assurer que tout allait bien entre nous, avant de passer ce cap. Et bien non, en fait, cela n’allait pas si bien que ça. Nous nous étions séparés. Elle m’avait trop souvent répété que sa famille lui manquait terriblement, et qu’elle avait l’impression que je n’étais pas assez là pour elle. C’était facile à dire. Moi, je n’avais jamais eu cette expérience de cette sorte de diplomatie et sagesse dont on doit user pour régir une meute. Elle si, elle se débrouillait à merveille, grâce à ses parents qu’elle avait pu observer toute sa vie. Mais pas moi, moi je n’avais jamais espéré arriver à cette place. Je ne m’étais même pas battu pour l’avoir. Je n’étais que le neveu des dominants. Mais peu à peu, les héritiers ont quitté la meute, et il restait peu de prétendants. Et moi, je ne m’en souciais toujours pas. Je vivais ma vie au jour le jour, aidant quand je le pouvais, m’évadant dès que j’en avais l’occasion. Un soif de liberté inassouvie. Mon oncle m’avait rapidement fait par de ses projets de me mettre à la tête de la meute. J’avais été tout d’abord extrêmement surpris. Puis, très honoré. Je savais que cela impliquait des responsabilités, mais j’étais loin de me douter qu’il y en avait autant ! J’appris vite, certes, mais si j’avais été seul, notre meute aurait rapidement été affaiblie, même si elle s’en serait vite remise. Mais les Bêta ainsi que Firielle m’ont secondé, et grâce à eux, j’ai pu avancer et faire avancer ma meute.
Je marchais ainsi, paisiblement, slalomant entre les arbres ; des pins, des hêtres, des chênes , toutes sortes d’arbres qui se trouvent dans nos forêts m’entouraient. J’arrivais en fin de compte vers une petite grotte bien sympathique. Je m’approchais, décidé à m’y allonger un petit peu pour somnoler à l’abri. Lorsque je sentis une présence, une odeur, je m’arrêtais net. J’humais l’air longuement afin d’identifier l’intrus qui se serait aventuré sur mes terres. L’odeur n’avait rien de spécial, c’était donc une solitaire. Mais, à force de sentir cette odeur, je reconnus cette femme que j’avais vu il y a peu. Une sœur adoptive retrouvée. La fille d’Evangéline. Je souris en m’approchant assez bruyamment pour lui signaler ma présence, au cas où elle aurait soudain l’envie de me sauter à la gorge pour se défendre. Je m’avançais encore un peu jusqu’à discerner une forme au fond de la grotte. Je souris encore une fois. Je m’avançais en disant :
« Bonjour Enkara, content de te trouver. Je me promenais par hasard lorsque j’eus l’envie de m’allonger dans cette grotte, mais quand j’ai sentis que tu y étais, je me sus dit « pourquoi ne pas aller la voir ». Du coup, me voilà »
Je lui refis don d’un sourire ravageur, sans vraiment le faire exprès. Je m’avançais vers elle afin de m’assoir, tout de même.