Première chasse pour un petit prétencieux

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Anarion

Enfin, le printemps arrivait. Enfin, j’allais pouvoir faire subir la mort à mes premières proies. Malheureusement pour moi, je n’étais pas né à la meilleure période de l’année, et lorsque l’heure était venue pour moi de quitter la tanière pour participer à mes premières escapades, toutes les potentielles victimes s’étaient avérées être en pleine hibernation. Je n’avais donc, pour mon plus grand déplaisir, jamais tué.

Mais cette fois, c’était la bonne ! J’avais entendu partout que le printemps était arrivé, et les chasseurs de la meute vantaient les retours de tous nos mets favoris. J’étais heureux, épanoui, parce que j’allais enfin, du haut de mes trois mois, apprendre à chasser.

J’avais déjà eu quelques leçons face à des souris, des campagnols et de petits oiseaux que ma mère affaiblissaient et nous ramenaient, mais je voulais aller toujours plus vite et toujours plus loin, pour prouver à tous que j’étais bel et bien le fils de Cleithos.

Dès l’aurore, j’étais parti discrètement de la tanière maternelle pour m’aventurer dans les bois. Il était grand temps que je fasse mes preuves si je voulais que Père vienne bientôt me chercher. A n’importe quel prix, j’étais prêt à tuer. Pour rien au monde je n’aurais laissé ma place. Le soleil réchauffait déjà la terre de ses rayons chaleureux et la brise soufflante était nettement plus douce et revigorante que le froid mordant qui nous avait obligés à rester prostrés dans nos grottes durant tout l’hiver.

La nouvelle saison s’annonçait belle et les parties de chasses promettaient déjà de beaux résultats. Si je n’étais qu’un petit de trois mois qui n’aurait aucune chance seul, contre une horde de quelconques gros gibiers, j’étais cependant capable de traquer et tuer de petites proies. En tout cas, je m’en sentais capable. Et quoi de mieux pour prouver ce que l’on vaut, que de mettre ses propres paroles en pratique ?

Je partais donc en pleine forêt, à la recherche de la moindre odeur qui pourrait me mener vers une cible, n’importe laquelle. Complètement reposé, le ventre vide mais pas depuis longtemps, j’étais dans les meilleures conditions possibles pour partir à la chasse. Ma toute première traque en solitaire. Et je souhaitais plus que tout, montrer à toutes et tous que j’étais le meilleur d’entre eux.

Rapidement, les effluves de nombreuses créatures assaillirent mes narines. C’était parfait, je n’avais que l’embarra du choix. Mulot ? Campagnol ? Moineau ? Corneille ? Toutes ces petites bêtes s’offraient à moi par leurs odeurs alléchantes et plus qu’existantes. J’étais prêt, et j’allais rendre fière ma mère et mes sœurs tant aimées. Tous après ce jour sauraient qui j’étais : Anarion le fils de Cleithos et le meilleur chasseur des Rubis.

Oh oui, j’étais prêt !

Zuri avait essayé d'oublier. D'oublier ce moment où les larmes étaient montées dans ses yeux. Ce louveteau ne méritait pas de la faire pleurer, pas elle. Peut - être s'en foutait - il réellement après tout. Zuri arpentait les territoires libres à présent et se trouvait près de l'arbre immortel, se faufilant entre les arbres possédant tellement de feuilles vertes en cette saison. Mais soudain son regard métallique se figea. Elle écarquilla les yeux en voyant la silhouette de Anarion. Anarion quant à lui, ne semblait pas du tout l'avoir repérée. Il fixait plutôt son regard sur un campagnol qui se trouvait à quelques mètres de lui. C'était à elle de se venger à présent, et elle savait exactement comment procéder, étant une Rubis dans l'âme. Avec agilité, elle bondit avant même que Anarion n'ait eu le temps de réagir, et elle attrapa son premier campagnol, de ses petits crocs fins et tranchants. Du sang plein la bouche, elle se redressa, sa proie entre ses crocs , et fit un large sourire au jeune louveteau Rubis. Elle déposa son butin au sol et posa une patte dessus, fière d'elle. Elle fixa alors Anarion avec sérieux, le défiant du regard.

_" Y'a des progrès à faire ! ".

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Anarion

Il était là, juste devant moi. Ce petit animal plein de poils et de vie se sentait en parfaite liberté. Il était visiblement persuadé d’être en sécurité, entre les racines du Grand Arbre. Pourtant j’étais là, à quelques pas de lui, et je guettais scrupuleusement l’heure de sa mort. Encore quelques secondes, pour profiter pleinement de la situation. Je me concentrais fermement sur ma cible mais je faisais une erreur qui allait me coûter cher.

Complètement fixé sur le campagnol, je perdis toute présence dans le monde. Seul mon esprit était là, guettant le moment opportun. Mais j’avais oublié une règle essentielle qui allait me faire perdre ma première proie : Il ne faut jamais perdre conscience de ce qui nous entoure. Hors, c’est exactement ce que je faisais à cet instant. Les yeux rivés à la petite bête, j’en oubliais tout le reste et ne faisais nullement attention à la petite miss qui approchait.

Voilà, encore quelques petites secondes, j’étais prêt. Encore quelques bouchées de cette herbe folle dont il semblait raffoler, et je le dévorerais sadiquement en m’efforçant de le maintenir en vie un maximum de temps, histoire d’être sûr qu’il serait à l’agonie jusqu’à la fin. Lorsque Père goûterait sa chair tendue à l’extrême, il jugerait du temps de souffrance que ma proie avait connu et me donnerait finalement des conseils pour m’améliorer et devenir un jour son égal.

Pétrissant la terre de mes pattes avant, remuant lentement la queue, je me préparais à l’assaut. C’était le moment, il allait connaître mes griffes, mes crocs. Il allait rencontrer la mort en personne. Quelques pas minuscules me rapprochèrent encore de lui. Il se délecta de nouvelles touffes d’herbes sans se douter une seule seconde de ce qui se préparait si près de lui. Allez mon grand, déguste ta dernière brindille. Ensuite je me délecterai de ta souffrance, de ton sang frais.

Pas le temps. Je vis son oreille droite se tourner subitement mais avant qu’il n’ait le temps de tourner la tête, Zuri s’était jeté sur lui pour le tuer d’un coup de crocs sec à la nuque. Un minuscule couinement, un brin d’herbe qui tombait au sol et le lourd pas de la demoiselle s’approchant de moi. Je me levais lentement, déçu et mis à froid. Sur ce coup-là, elle en méritait une belle. Mais si j’étais un Améthyste dans l’âme, je n’étais encore qu’un louveteau Rubis de trois mois qui n’avait encore rien appris de la vie.

Je m’arrêtais et la toisais férocement, elle me lançait un de ses plus beaux sourires ensanglanté avant de balancer sa proie à mes pattes et de critiquer ma façon de chasser. D’un air dur je détaillais l’animal, il n’avait même pas eu le temps de se sentir en danger. C’était pour moi, la pire des morts, la plus douce et la plus souhaitable pour des cibles herbivores destinées à nous nourrir nous, les prédateurs sauvages et sanguinaires.

- T’es trop nulle. Décidément, t’as pas changé depuis la dernière fois, toujours aussi envahissante et rabat-joie. C’était ma proie, pas la tienne.

Je m’avançais vers elle, me rapprochant également de sa nourriture et balançais brusquement un violent coup de patte dans les restes du campagnol. J’étais véritablement dégoûté d’avoir assisté à une mise à mort aussi pathétique.

La brindille que tenait l'animal tomba rapidement de sa fine bouche, alors que Zuri avait sauvagement tué la bestiole. Elle arrivait triomphalement devant Anarion, et posa la carcasse à ses pattes, en lui adressant quelques mots. Il s'arrêta net, et la toisa, ne voulant certainement pas montrer à quel point il était vexé. Ca lui ferait les pattes un point c'est tout ! Cela lui aura apprit à toujours repousser Zuri de manière peu convenable. Anarion reposa vite son regard sur la proie que venait d'abattre la petite loupiote de trois mois. Il devait certainement être dégouté, mais alors vraiment dégouté. Anarion entrouvrit la mâchoire , pour encore et encore réprimander la jeune demoiselle. Ah, décidément, il ne savait faire que ça celui là. Jamais un mot de gentillesse ou ne serait - ce qu'un merci ne réussissait à s'échapper de sa fine mâchoire. Mais Zuri devinait bien qu'au fond, il réagissait ainsi pour montrer son dégoût, le fait qu'il n'avait pas été plus rapide qu'une loupiote qu'il n'arrêtait pas de critiquer. Mais en l'insultant de la sorte, il s'insultait sans même sans rendre compte. Il osait dire que Zuri était nulle ? Alors qu'était - il lui ? Un loupiot d'une sous catégorie, étant incapable d'être plus rapide qu'une simple "bonne à rien de femelle" ? Et oui, c'est ce qu'il était. S'il n'avait rien dit, ou alors pour lui dire bravo, elle n'aurait pas pensé cela. Mais c'est ce qu'il valait vraiment. Zuri était bien décidé à lui en faire voir de toutes les couleurs. Mais la chose principale, primordiale, était qu'il montre qu'il valait plus que ça. Après peut - être qu'ils pourraient sagement discuter autour de quelques carcasses qu'ils auraient dégotés ensemble. Malgré ses réprimandes, elle lui lança un regard amoureux, et entrouvrit la mâchoire, ses fins crocs blancs se distinguant à présent.

_" Tu oses me critiquer alors que j'ai été bien plus rapide que toi sur ce coup là ? En me critiquant de la sorte, tu t'insultes, te rabaisses toi même, en montrant que tu es un incapable même pas fichu d'être plus rapide qu'une simple "femelle".".

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Anarion

Un long soupire s’échappa de ma gorge. D’un air blasé, je lui adressais à regard déchargé de colère. Après tout, elle avait gâché ma première chasse. J’avais plutôt intérêt à l’ignorer et à repartir de mon côté pour me trouver une nouvelle proie, au lieu de rester là à regarder cette peste continuer de me gâcher la vie. Cette louvette, me rendait définitivement dingue. Je priais chaque nouveau soleil de m’offrir l’opportunité de partir enfin rejoindre ma place, entre les pattes de mon Paternel, au milieu des Améthystes. Cela fait, je savais que je serais alors le louveteau le plus heureux au monde. Sans cette petite teigne incapable de tuer correctement une proie, sans ses paroles stupides et ses yeux remplis de petits cœurs roses lorsqu’elle me regardait.

J’avais réellement hâte, de rejoindre définitivement la meute pour laquelle j’étais né. Les Améthystes étaient pour moi les meilleurs tueurs au monde, les plus cruels, les plus craints. J’avais cette impatience infinie de rencontrer les Mentors de cette meute, j’avais hâte qu’on me présente à mon Mentor, celui qui m’apprendrait à assassiner mes cibles avec toute la cruauté imaginable. Je ne désirais qu’une seule chose : Faire souffrir au maximum toutes les créatures inférieures. Et cette louvette, devant moi, faisait partie intégrante de tous ces nuisibles que je désirais voir morts. Peut-être, qui sait, serait-elle ma première victime ? Je souriais à cette pensée, imaginant à l’avance tout ce que je pourrais lui faire subir lorsque mon entraînement d’assassin Améthyste porterait ses premiers fruits.

Tu oses me critiquer alors que j’ai été bien plus rapide que toi sur ce coup-là ? En me critiquant de la sortes, tu t’insultes, te rabaisses toi-même, en montrant que tu es un incapable même pas fichu d’être plus rapide qu’une simple « femelle ».

Alors que ma réaction naturelle aurait été de lui sauter dessus pour la mordre à pleines dents et déchiqueter autant que possible sa fine peau de louvette, je lui décrochais mon plus beau sourire et me redressai fièrement. Si elle croyait que son petit jeu allait être efficace contre le fils du Grand Cleithos, elle se fourrait le doigt dans l’œil. Je voyais clair dans ses intentions, et je n’étais pas suffisamment stupide pour me laisser avoir aussi facilement.

Ainsi donc elle était amoureuse de moi ? Et pour me montrer son amour, elle souhaitait que je voie de quoi elle était capable ? Eh bien… Sa mentalité ne volait pas bien haut. Et si elle pensait m’impressionner avec un petit campagnol insignifiant, elle se trompait une fois de plus. Décidément, il me semblait qu’elle croyait beaucoup de choses sans chercher à assurer ses idées. Finalement, en la regardant plus précisément, elle semblait être une louvette bien prétentieuse, du haut de ses trois petits mois d’existence. Bon, il faut bien avouer que je n’avais pas beaucoup plus de vie qu’elle derrière mois, et du haut de mes presque quatre mois, je ne pouvais pas avancer beaucoup plus de choses qu’elle. Mais moi, je ne me permettais pas de juger pour acquis, des éléments qui se présentaient à moi comme de simples ombres et pas avec des preuves tangibles.

Ce fut donc avec mon plus beau sourire, que je la regardais durant de longues secondes. Elle avait beau avoir le sale caractère digne de sa meute, elle ne s’en présentait pas moins à moi comme une petite miss trop insupportable pour être digne d’un moindre intérêt de ma part.

Regardant une dernière fois le campagnol que j’avais envoyé loin de nous d’un coup de patte, je la regardais une dernière fois dans les yeux et prenais une voix délicate, sans la moindre trace d’agressivité.

- Une simple femelle ? C’est donc comme ça que tu te vois ? Tu sais, en manquant d’assurance de la sorte, ce ne sont pas tes petites proies qui sauveront ton honneur.

- Tu as gâché ma première chasse et je comptais ramener cette proie à Père. Je vais donc aller chasser ailleurs, loin de toi.

Dans un dernier sourire enjôleur, je lui faisais un clin d’œil et partais dans les fourrés, m’éclipsant au plus vite pour tenter de la semer, car je ne doutais pas une seconde qu’elle me suivrait à toutes pattes.

Quoi que la petite Zuri allait faire, Anarion se contenterait de la critiquer. Ce dernier lui adressa des mots, toujours en étant dur, avec cette tonalité de voix méprisante qui faisait douter la jeune Zuri. Après ses paroles loin d'être délicates, le jeune Anarion commença à "prendre la fuite", s'éclipsant à travers les épaisses broussailles qui se trouvaient autour d'eux. Contrairement à ce qu'Anarion aurait pu croire, la jeune Zuri ne se jeta pas à ses trousses. Elle resta plantée là, seule, perdue. Elle n'avait subitement plus l'envie de rien. Elle baissa sa tête, et son regard gris métallique se perdit en regardant le sol. Ses yeux furent emplis de larmes et des gouttes tombèrent sur le sol, près de ses petites pattes. Soudainement, ses membres la lachèrent. Elle tomba rapidement sur le sol, faisant un bruit assourdissement tellement elle était tombée rapidement sur le sol. Elle fut allongée, comme si elle était morte. Son regard fixait quelque chose, et on aurait vraiment put croire qu'elle était décédée. Elle tremblait étrangement dans tous les sens, et tellement ses frissons étaient importants qu'elle bougeait de quelques millimètres sur le sol. Elle gémissait également, très fortement. Et puis elle cria, comme si quelqu'un était en train de la torturer, et qu'elle allait mourir dans les secondes qui allaient suivre. Seulement son cri ne faisait que s'intensifier, et elle ne contrôlait plus rien. Sa crise ne faisait qu'empirer au fil des minutes. Elle ne contrôlait plus rien, même pas son propre corps. Elle avait besoin de quelqu'un de gentil, amical , qui l'aiderait dans cette phase très étrange.

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Anarion

Je partais. Cette fois, elle ne me piquerait pas ma proie, ou je lui ferai payer cher son affront. J’ignorais encore ce que j’allais tuer pour mon père. Mais je trouverais bien quelque chose en temps voulu. Après tout, le printemps était enfin de retour et les proies ne manquaient désormais plus au sein de tous les territoires. Depuis déjà une bonne semaine, les chasseurs de toutes meutes s’afféraient dans toute la forêt pour réalimenter les réserves de leurs familles. J’aurais aimé faire partie des tueurs Améthystes comme mon père avant moi, mais le temps n’était pas encore venu pour moi de quitter les Rubis.

Alors que je m’apprêtais à prendre un trot soutenu pour m’éloigner définitivement de la petite miss qui m’était autant insupportable, j’entendis un bruit terrible. J’aurais cru perdre ma sœur, avec une voix pareille ! Fort heureusement pour moi, cette voix n’était pas celle d’Idylle. Cette voix, ne me disait rien. Pourtant, elle était en provenance du même endroit que moi, et j’ignorais s’il n’était pas arrivé quelque chose à Zuri. Mais après tout, peu m’importait qu’il lui arrivât quoi que ce soit. Au moins, elle allait me ficher la paix pendant longtemps. Je l’espérais, du moins.

Pourtant, mes pattes firent d’elles-mêmes demi-tour et mes oreilles se dressèrent instinctivement dans la direction de sa voix. J’allais la retrouver, que je le veuille ou non. Avec les cris qu’elle poussait, je me doutais que ça ne me serait pas difficile. Elle lâchait des hurlements stridents et portants, qu’un loup à l’autre bout de notre monde, n’aurait pas été capable d’ignorer. D’ailleurs, il était tout à fait possible qu’une espèce de cinglé vienne pour lui faire du mal, ou pour la regarder agoniser. Mais que pouvait-il lui être arrivé, à cette andouille de petite louvette ?

Mes pattes se mirent instinctivement à courir. Il fallait que je la retrouve au plus vite. Elle souffrait, et j’ignorais pour quelle raison. Mais il fallait que je la sorte de là, quoi qu’il m’en coûte. Pourquoi ? Eh bien, parce que j’étais un Rubis. Si mon rêve et mon désir étaient de partir vivre chez les Améthystes, je n’en n’étais pas moins momentanément un Rubis, et de naissance, qui plus est. Je ne pouvais pas faire autrement que de protéger ma meute à n’importe quel prix, même si pour cela je devais risquer d’y laisser ma vie. Pour mon honneur et pour la fierté de mon père, j’allais sauver cette petite peste et la ramener chez nous, saine et sauve.

J’arrivais bien rapidement à ma place initiale, prêt à passer à l’attaque. Déboulant du bois avec un grondement sonore, je faisais face à l’ennemi et montrais mes petits crocs avec hargne. S’il faisait le moindre mal à un membre de ma meute, fusse-t-il s’agir de Zuri que je haïssais plus que tout, il allait le payer même si je n’étais qu’un pauvre petite louveteau sans défense et totalement inoffensif. Brutalement, je prenais conscience de la situation.

Zuri était seule. Là, au sol, hurlant à la mort, gigotant comme un asticot, elle était seule. L’incompréhension, le doute et la colère prirent rapidement place sur mon visage.

- Mais à quoi tu joues, cette fois ?

Mais elle ne semblait pas jouer. Elle souffrait, et j’ignorais totalement ce qui pouvait lui faire un tel effet. Etait-ce mon simple départ ? Agonisait-elle à ce point, seulement parce que je m’étais éloigné d’elle de quelques pas ? S’était-elle éprise de moi à ce point ? Mais un amour aussi intense, pouvait-il seulement être possible ? Ne serait-ce même, qu’envisageable ?

Toujours en transe, Zuri n'entendait même pas les pas du louveteau Rubis, Anarion, qui s'approchait d'elle. Son regard fixant un point inconnu, elle voyait comme trouble, ou encore flou. Elle voyait la silhouette de Anarion vaguement seulement et entendait sa voix comme si elle avait beaucoup d'eau dans ses petites oreilles. Elle entrouvrit légèrement la mâchoire mais aucun mot ne parvint à sortir de sa fine bouche. Etais - ce son amour tellement sincère pour Anarion qui l'avait rendu dans cet état d'inconscience ? Elle même ne savait pas répondre à cette question. Elle essayait alors de retrouver ses esprit et chercha un appui pour se relever. Tout ce qu'elle trouva, c'était l'épaule de Anarion, et elle fut contrainte de s'appuyer dessus. Elle réussit à se relever progressivement mais lorsqu'elle fut debout entièrement, elle ne tenait pas bien sur ses quatre membre et comme une migraine lui vint. Elle trébucha à nouveau et tomba sur son fin arrière - train. Des larmes commencèrent à monter, et très vite elle sanglotait. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait au juste, et cherchait tout simplement à comprendre, rien de plus pour le moment.

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Anarion

Elle me semblait réellement à côté de ses pattes. Je ne savais si elle le faisait consciemment, mais elle se relevait à cet instant, en s'appuyant sans ménagement contre moi. J'avais une envie irrémédiable de l'envoyer bouler plus loin, mais dans les circonstances actuelles, je prenais l'initiative de laisser de côtés le froid qui nous séparait et je la soutenais du mieux que je le pouvais. Après tout, qui aide son prochain... Aide son prochain. Non, en fait, aucune citation ne me venait en cet instant. Et ce n'était pas dans ma nature d'aider qui que ce soit, pas même un membre de ma propre meute. D'autant plus qu'il ne s'agissait pas de n'importe qui. C'était Zuri, cette maudite petite louvette trop accroc à moi pour me fiche la paix ne serait-ce que l'espace d'un court instant. La preuve, elle était venu tuer ma propre victime sous mes pattes, d'une manière absolument nulle et indigne d'intérêt, et alors que j'avais voulu partir elle s'était mise à souffrir d'un mal incompréhensible !

Décidément, cette femelle avait décidé le jour de ma naissance, de m'en faire baver tout au long de ma vie ! Ouai, je sais, elle est plus jeune que moi. Et alors ? Il n'empêche qu'elle était là, le jour où j'ai vu la lumière du Soleil pour la première fois, et que depuis cette ultime seconde où elle m'a vu, elle est devenue folle à lier. Donc, je persiste à dire, qu'elle veut ma peau.

- Hey, je suis pas un coussin, et ne comptes pas sur moi pour te sauver. Je sais pas c'que t'as, je suis as druide, et je vais pas courir partout juste pour que tu t'en sortes. Alors bouges tes fesses et rentrons. Je te ramène.

Une moue affligée se dessina sur mon fin visage de louveteau, et je cherchais du coin de l'oeil, un chemin que l'on pourrait emprunter pour rentrer chez la louvette au plus vite. Sans le moindre doute elle avait besoin de soins, et même si la seule chose que je désirais était la tranquillité, je ne pouvais vraisemblablement pas laisser l'une des miens dans une telle situation, seule.

La petite boule de poils noire qu’était Zuri commençait peu à peu à reprendre ses esprits, calmement, n’écoutant qu’à moitié ce qu’Anarion disait. De toute façon, si c’était pour écouter des choses méprisantes, Zuri pouvait très bien se boucher les oreilles, où alors porter son attention sur autre chose qui l’emmènerait loin des paroles du jeune louveteau Rubis aux espoirs Améthystes. La petite Zuri savait pertinemment qu’Anarion voulait rejoindre son père, dans le clan des Améthystes. Cette dernière pensait également que le louveteau y avait sa place. Mais savait-il cette chose, à la fois horrible et impensable ? En effet, Zuri avait appris une terrible nouvelle, et ce, quelques jours plus tôt, alors qu’elle vagabondait dans les territoires libres, dans une jungle plus précisément. Alors qu’elle avançait inconsciemment dans la jungle en question, elle avait surpris une conversation entre deux Améthystes. Tous deux semblaient parler des rumeurs de la meute. C’est dans toutes les meutes pareil me direz-vous. Mais un des deux grands et puissants loups présent semblait être sûr de ce qu’il affirmait. Il disait même qu’il avait assisté à la scène. D’après ce qu’il disait – que ce soit fiable ou pas - , il avait vu le corps de Cleithos, le père de Anarion, gisant sur le sol, les membres raides, le sang-froid se trouvant à ses pattes. Et le loup présent commença à décrire le cadavre de ce loup, donnant même quelques frissons à Zuri. Etant curieuse, la petite loupiote était restée cacher dans les hautes herbes, et écoutait la description du « grand » Cleithos. Ses oreilles étaient molles, et il était en position allongée. Ses yeux étaient ouverts, et ses pupilles avaient désormais disparues, laissant ses deux yeux blancs, ce qui devait être horrible soit dit en passant. A certains endroits de son corps, des poils manquaient, comme si quelqu’un s’était amusé à enlever des touffes de poils noirs à l’assassin Améthyste. Sa mâchoire était grande ouverte, ses dents noircies, et il semblait y avoir une griffe plantée dans son palais. Mais avant même qu’un des inconnus ne finisse son discours, les deux amis repérèrent l’odeur de la jeune louvette Rubis. Zuri s’était donc extirpé de cette jungle pour retrouver les terres où elle avait élu domicile, les territoires Rubis. Cette description – horrible soit-elle – resta ancrée en elle durant toute la nuit qui suivit. Elle ne trouva donc pas le sommeil une seule seconde. Lorsqu’elle s’était réveillée au petit matin, certains vaisseaux sanguins de ses yeux avaient pétés, formant des petits traits à l’endroit où se trouvait le blanc de l’œil. Elle trottina toute la journée sur le territoire Rubis, oubliant même de se désaltérer ou encore de se rassasier. Elle avait pensé toute la journée à Anarion. Fallait-il lui dire ou fallait-il le laisser l’apprendre tout seul ? C’était une décision bien difficile à prendre. C’était peut-être ce manque de sommeil qui lui avait donné ces vertiges, cette perte de conscience quelques minutes auparavant, alors qu’elle se trouvait aux côtés de « l’élu de son cœur ». Mais revenons-en aux paroles de ce petit prétentieux. Oh oui que s’en était un ! Et un beau ! Un des pires que Zuri n’ait jamais connu. Il osait dire qu’elle prenait des airs de princesse, qu’elle se montrait trop ambitieuse, et j’en passe … Mais celui-ci ne semble pas avoir vu son reflet dans une rivière d’eau pure. Sinon il verrait que les propos qu’il dit au sujet de cette chère Zuri sont d’une absurdité phénoménale. Car il n’est pas mieux. Peut-être même qu’à ce niveau-là, les deux louveteaux sont sur le même piédestal, comme à égalité. Raté pour ce petit Anarion qui ne veut que se sentir supérieur ! Mais aux yeux de Zuri, ça reste Anarion. Son Anarion. Celui qu’elle chérit, qu’elle aime plus que tout au monde. Et Dieu sait que lorsqu’on aime quelqu’un, on l’accepte avec ses qualités, et ses défauts, on n’essaye pas de le changer, ce serait une grossière erreur qui ne ferait qu’empirer les choses. Elle se contenta de sourire, alors que ce que venait de dire Anarion était loin d’être charmant, et ce qu’elle allait lui dire n’allait l’être guère plus. Ses yeux pétillants n’arrêtaient pas de fixer le louveteau prétentieux et la jeune Rubis repensait à ses paroles. Visiblement, il lui proposait de la raccompagner. Enfin … la raccompagner était un bien grand mot. Autant dire que dans ce cas-ci, c’était plus un ordre qu’autre chose. Si elle n’avait pas été de sa meute, il était clair que Zuri aurait pu aller se faire voir. Mais en voulant la « raccompagner », cela laissait penser à Zuri que laisser les membres de sa meute périr n’étaient pas dans les principes du jeune Anarion. Enfin il agissait comme un véritable loup, un vrai de vrai qui agit correctement envers sa meute, malgré qu’il soit prêt à l’abandonner dès qu’il sera prêt à intégrer les Améthystes, et prêt à devenir un des plus « grands » assasins que les terres de Wolf Temporal n’aient jamais connu. Zuri était emportée dans ses pensées, si bien qu’elle oublia même de répondre au louveteau. Soudain, une brindille craqua et Zuri reprit ses esprits, fixant la provenance du bruit. Elle aperçut peu à peu un sanglier gros et puissant, avec de longs poils noirs - qui semblait dire « vous êtes mon déjeuner – s’approchait. Zuri se dressa sur ses quatre pattes et fixa Anarion. Inutile de lui balancer ce qu’elle avait à lui dire alors que la situation était grave. Si d’ici quelques minutes, les deux louveteaux ne faisaient rien, ils allaient finir en chair à pâté pour sanglier.

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Anarion

La situation semblait toujours aussi tendue, mais je parvenais à me calmer doucement au fil des minutes. Certes je ne supportais pas de voir cette loupiote ne serait-ce qu’en peinture, mais elle était de ma meute et en pensant cela, j’arrivais à accepter l’inévitable : je me devais de la protéger. Au moins jusqu’au jour où mon père viendrait enfin me chercher, en tout cas. En attendant ce jour, il me faudrait prendre mon mal en patience et mûrir, accepter les lois de la meute et les respecter. Je devais prouver à mon père que j’étais digne d’être son fils, et je devais me montrer à la hauteur de ses espérances. Bientôt, dans un futur qui n’était plus très loin, il viendrait et je repartirais entre ses pattes, fier et honoré de devenir un véritable Améthyste.

En attendant j’étais là, aux côtés d’une louvette infernale qui venait de piquer une crise de nerfs et qui, pour une raison qui me restait inconnue, s’était soudainement calmée. Je m’apprêtais à la ramener comme je pourrais jusqu’au camp de notre meute, histoire qu’elle soit examinée par un druide, mais je vis brusquement son regard changer de sens. Elle ne portait plus tout cet amour pour moi. Ce que je voyais là, c’était le doute et il me semblait même, la peur. Sans bouger, je la fixais un long moment avant de comprendre qu’elle ne me regardait plus. Devais-je me retourner ? Se passait-il quelque chose derrière moi ? Est-ce qu’elle tentait de me faire comprendre quelque chose, par ces yeux brillants et fuyants ?

Eh ! Je suis le fils de Cleithos ! Vous ne croyiez tout de même pas que j’allais doucement lui demander ce qui se passait, sans oser me retourner ?! Ni une ni deux, je faisais volte-face. Campé sur mes pattes de louveteau, les oreilles droites et le regard scrutant l’obscurité, je le découvrais, à quelques mètres de nous. La bête était immense. A côté de nous, il semblait vraiment gigantesque. Ses yeux étaient brûlants de colère. Les deux louveteaux que nous étions, feraient peut-être mieux de décamper très vite en hurlant pour espérer qu’un adulte nous entende et nous vienne en aide.

Eh ! Je suis le fils de Cleithos ! Vous ne pensiez tout de même pas que c’est ce que j’allais faire !? Dans un grognement pitoyable, je me postais entre Zuri et lui. Je le fixais de mon regard brun et le toisais avec mépris, comme si sa masse impressionnante ne pouvait rien contre moi. Pourtant, une seule charge et je tomberais raide mort. Mais cela m’importait bien peu. Tout ce qui m’intéressait, c’était la sécurité de mon indésirable compagne de route. Il fallait que je la protège coûte que coûte. Tant que je serais de ce monde, je promettais silencieusement que rien ne pourrait atteindre cette petite peste et lui faire du mal impunément.

- Cours. Zuri, cours. Si tu discutes mes ordres, je te promets que tu me le paiera cher.

Ben oui, je reste l’indélicat Anarion, le sacripant toujours hautain et méprisant. Et puis, nous n’avons pas le temps de déblatérer, il faut qu’elle aille se mettre à l’abri et alors seulement, je pourrais détailler tout ce qui m’entoure pour trouver un moyen de vaincre, ou au moins d’éloigner, le danger mortel que représentait ce monstrueux animal noir.

Première chasse pour un petit prétentieux.

Feat Anarion.

▬ I. I say no ! What's your problem with this ... this ... Oh !

Malgré la situation plutôt critique, Zuri se permettait d'avoir les pensées ailleurs. Une petite louve au pelage foncé, fragile, frêle, dans une meute de sanguinaires ... Non ce n'était pas de Zuri qu'il s'agissait. Mais bien de cette petite garce. Une Améthyste. Zuri était une véritable petite fouineuse, et elle avait surpris l'instant où Anarion rencontra cette petite peste. Et il semblait l'apprécier ! Qu'est-ce qu'elle avait de plus que Zuri ? Elle était dans la meute du grand Cleithos ? Même, cela ne faisait pas tout. A ce moment là, alors qu'un énorme sanglier s'opposait à eux, Zuri ressentait un sentiment bien distinct. La jalousie. Elle refuserait catégoriquement de se laisser berner comme ça. Etait-ce leur première rencontre ? Peut-être bien que si elle n'avait pas été là, Anarion saurait montrer de l'intérêt pour la très jeune Rubis. Mais les paroles du jeune louveteau prétentieux la ramenèrent très vite à la réalité. Il était vrai que la situation était grave, un sanglier menaçait de faire d'eux son déjeuner et de les écraser comme de vulguaires moustiques inoffensifs.

_" Cours. Zuri, cours. Si tu discutes mes ordres, je te promets que tu me le paiera cher. "

Pas de problème ! Zuri pouvait et allait s'enfuir en courant. Mais elle ne serait pas seule. Il croyait quoi ? Que Zuri allait le laisser crever en paix ? Elle ne s'en remetterait jamais, et elle l'aime tellement, qu'elle ferait tout pour qu'il reste en vie. Alors qu'il le veuille ou non, il la suivrait. S'il croyait pouvoir vaincre un sanglier comme ça, il se mettait la griffe dans l'oeil ce prétentieux. Zuri fit mine de s'éloigner, mais alors qu'Anarion était en train de faire face à la gigantesque bestiole, Zuri le tira par la queue. Elle commença à accélérer la cadence, toujours en traînant Anarion par la queue. Le sanglier ne se laissa visiblement pas berner et commença à se mettre à leur poursuite. Zuri étant tout de même plus rapide, elle prit légèrement d'avance, et vit alors un trou où ils pourraient se cacher sans se faire repérer. Zuri s'arrêta un instant, ne voyant pas encore le sanglier arriver.

_"Si tu t'avises me grogner dessus quand on sera là dedans,(en désignant le trou) ce n'est pas moi qui te réduirait en bouillie, mais cet immense bête. Alors si j'étais toi, je me tairais deux minutes. dit-elle, avec de la tendresse car elle ne put s'en empêcher.

Voyant le sanglier s'approcher rapidement d'eux, Zuri mit Anarion dans le trou et rentra à son tour à l'intérieur. Le trou était assez petit et étroit, et les deux petits furent forcément collés l'un à l'autre. Zuri avait raison, contre son gré, Anarion l'aurait suivi quand même, même si traîner un louveteau par la queue n'avait pas été une partie de plaisir pour la jeune louvette Rubis. Très vite, les pas cadencés du sanglier se rapprochèrent, et Zuri avait alors très peur, elle était même effrayée à l'idée de respirer... Pourvu qu'Anarion ne s'énerve pas ... songea t-elle.

Invité

Anarion

Elle partait. Je ne m'attendais honnêtement pas à ce qu'elle obéisse aussi aisément. C'est vrai, quoi. Je pensais qu'elle me piquerait une crise, qu'elle gueulerait à tue-tête en me disant que c'était dangereux, qu'elle voulait se battre avec moi, que ça nous rapprocherait et qu'on serait après ça, un bon petit couple. Et non. Rien. Elle parait sans un mot, sans la moindre phrase de contradiction, comme si elle avait enfin compris qu'elle n'avait pas la moindre chance avec moi et qu’elle se résignait à s’effacer ENFIN de ma vie.

Ah non. Faux espoir. Je me disais aussi, que tout cela était trop beau pour durer. Voilà qu’elle faisait la maligne en me tirant par la queue. Le sanglier nous observait toujours, pas encore décidé à se bouger. Lâchant des grondements sonores et pourtant bien peu portants, je cherchais à canaliser ma colère pour ne pas attiser celle de l’énorme animal. Si les sons que je produisais l’attiraient, Zuri et moi serions des louveteaux morts. Hors, ce n’était pas mon intention que de la mettre en danger. Comprendrait-elle un jour que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre ? Se déciderait-elle à lâcher l’affaire une bonne fois pour toute ?

Alors qu’elle s’était mise à courir sans lâcher sa prise et que j’étais de ce fait condamnée à courir à sa suite, mais en marche arrière, le sanglier prit l’initiative de nous suivre. Probablement grâce à l’adrénaline de la peur, Zuri accéléra la cadence et je la suivais sans broncher, je n’avais pas d’autre choix que d’obéir à cette peste. Après une courte course-poursuite, une échappatoire s’ouvrit à nous : un terrier de lapins abandonné. Notre poursuivant était encore suffisamment loin, Zuri se permit une remarque avant de nous projeter à l’intérieur de l’habitacle terreux.

Dans un grondement léger, je la toisais avec mon éternel regard de colère. Sans hausser le ton, je décidais d’avoir malgré ses avertissements, le dernier mot.

- Je ne t’ai pas demandé de m’embarquer avec toi. T’es vraiment stupide.

Puis, dans le plus grand silence je pénétrais dans l’antre et elle me suivait de près. Elle puait la peur à pleine truffe, alors que je ne mourrais d’envie que de jaillir de la cachette pour me battre même si je savais pertinemment que je n’avais aucune chance contre mon ennemi. Mais si je sortais, alors la cachette serait découverte et Zuri, en danger de mort. Hors, ce n’était pas mon intention. Je voulais seulement qu’elle reparte d’ici vivante. Alors, fulminant de colère, je restais silencieux jusqu’à la fin, attendant patiemment que le mauvais moment passe et que le sanglier parte enfin.

Première chasse pour un petit prétencieux.

Feat Anarion.

▬ STOP !

Avant qu'Anarion pénètre dans le petit trou, il avait osé dire à Zuri qu'elle était stupide ? Visiblement, il disait tout et n'importe quoi, il disait tous les mots disponibles qu'il connaissait, sans savoir ce qu'il racontait. Pauvre enfant. Sans elle, il aurait déjà été dévoré par cet immense bête couverte de poil. Zuri avait tout de même très peur, malgré qu'elle soit bien cachée aux côtés d'Anarion. Elle entendit les pas précipités du sanglier qui se rapprochaient, et très vite, ceux - ci s'éloignèrent. Zuri attendit quelques secondes, le temps que les pas s'éloignent, jusqu'à ce que le bruit sonore qu'ils produisaient s'estompent. Une fois ceci fait, elle jeta un oeil de ses petites pupilles grises à Anarion. Celui-ci ne semblait pas lui prêter attention, et semblait vouloir déguerpir au plus vite. Il était très certainement trop proche de Zuri pour pouvoir le supporter. Zuri soupira, avant de s'extirper du trou. Une fois à l'extérieur, Zuri prit le temps de reprendre sa respiration, et de se secouer, pour évacuer l'humidité de son corps. En attendant qu'Anarion sorte gentiment de sa cachette, la petite Zuri prit le temps de s'exprimer à son tour.

_"Cesse un peu de ronchonner, je te signale que si je n'avais pas été là, tu ne serais plus qu'une carpette étalée sur le sol ! dit-elle, agacée.

Maintenant que le calme était revenue, Zuri resongea à cette Améthyste qu'elle n'appréciait pas. Rien que de respirer son odeur, elle en avait la nausée. Il faut s'informer avant d'apprécier quelqu'un petite idiote ! Ah ... Mais penser à elle ne ferait que baisser le moral de cette petite Zuri, elle n'en avait pas besoin, déjà qu'Anarion n'arrêtait pas de ronchonner comme un vieil ours sénile. Elle attendait patiemment que ce vieux grincheux sorte de son trou.

Anarion

Enfin, l’énorme animal qui nous menaçait s’était décidé à partir. Cette fois, j’allais m’en aller, quoi qu’il se passe. Je n’en pouvais plus de cette rencontre, et je devais bien avouer que mes pensées allaient bien loin de Zuri. Tous mes rêves partaient dernièrement, vers les terres Améthystes que je rejoindrais très bientôt. ll ne me restait plus que très peu de temps et enfin, je rejoindrais les terres que j'idôlatrais depuis toujours, même si mon père n'était plus parmi eux. Alors, puisqu'il ne serait pas là pour me guider sur le chemin de la débauche et du crime, je m'étais promis depuis bien longtemps que je monterais en grade seul, par mes propres moyens, sans un guide ou un mentor pour m'apprendre à l'élever au-dessus des autres. je comptais gagner ma place dans les hauts rangs, sans l'aide de personne. Car, si un père ne peut guider son fils, alors ce fils n'a pas droit à l'erreur, et ne peut remplacer son père.

Alors que la jeune louvette venait de sortir de notre cachette, elle persifla que je n'étais qu'un vieil ours, grosso-modo. Mais tout cela m'était bien égal. En réalité, je ne l'entendais même pas. Les terres Améthystes m'appellaient, et seule leur voix comptait. Seuls leurs effluves sanglantes attiraient l'attention de mes cinq sens. Un autre détail ma'ttirait là-bas, mais c'était rien de plus qu'un infime petit détail de l'environnement, aussi je prenais-je pas la peine d'y penser outre mesure. Non, je voulais seulement m'en aller vivre mes rêves. Et elle, cette petite peste, m'en empêchait. Depuis que nous étions tout petits, elle m'avait toujours suivi partout et avait toujours fait en sorte de gâcher toutes mes journées, toutes mes balades, toute ma vie. Et qu'est-ce qu'elle m'agaçait, avec ses airs de dominantes et ses coeurs plein les yeux! J'avais horreur de son ton faussement élevé, de sa façon de croire qu'elle pourrait calmer mes ardeurs en grondant à mes oreilles! Je ne la supportais véritablement plus!

Je savais bien qu'il me faudrait attendre mon premier anniversaire pour pouvoir commencer mes entraînements d'assassin, mais tant pis. Si ce grand jour n'arriverait pas avant six longs mois, je partirais quand même. j'avais atteint la moitié de mon objectif maintenant, et je ne voulais pas rester une seconde de plus parmi les Rubis, ces êtres doux et compatissants. Et surtout, le manque de ma famille se faisait chaque jour plus pesant que la veille. Alors j'avais pris ma décision, quelques jours auparavant. Il fallait que je m'en aille, que je respire de nouveau un air pur, changé. Je voulais seulement m'évader de tous ces souvenirs qui me rappellaient sans cesse ma mère et ma soeur tant aimées.

Après de longues secondes de réflexion, je m'extirpais enfin du terrier et faisais face à la louvette, un air sérieux et concentré plaqué sur le visage. Je la regarsais sans la voir, puis mon regard descendit doucement vers le sol et je fixais finalement mes pattes, cherchant un moyen de mettre tout le monde au courant sans leur laisser le temps d'essayer de me convaincre de rester. Probablement, Zuri serait-elle la meilleure messagère, après tout. Nous avions passé beaucoup de temps ensemble. Et au fil de nos rencontre, elle était devenue toujours plus chiante. Mais je ne doutais pas qu'elle en parlerait partout, lorsqu'elle apprendrait que j'étais parti définitivement. Changeant mentalement de sujet, je me rendais compte que si elle n'avait pas changé régulièrement de caractère suivant les promenades qui nous faisaient nous croiser, probablement aurais-je pu finir par l'apprécier un tant soit peu. Au début, je devais bien l'admetttre, elle n'était pas si insupportable que cela. Pas autant que ce qu'elle était devenue, en tout cas. Mais soit!

- Je m'en vais. Les terres Améthystes m'attendent. Rentre chez toi toute seule. Je pars de mon côté.

Je ne plongeais toujours pas mes yeux dans les siens. Ma voix, cassante et brusque, n'avait probablement pas participé à une annonce calme et douce. Mais il faudrait bien qu'elle se fasse à l'idée, et je ne désirais pas tergiverser plus longtemps avec elle. Sans un moindre mot de plus, je faisais volte-face et partais en trottinant, humant l'air pour trouver mon chemin. J'étais prêt. Rien ne pourrait plus m'arrêter jusqu'aux terres de mon père. Je partais prendre ma place.

Spoiler:

Du coup je clos le Rp. =)