"Un jour, je deviendrais quelqu'un..."

Tel était ce que voulait Symbiozz depuis sa naissance. Ce pauvre mâle a toujours été seul, un vrai solitaire qui ne connait ni la joie, ni l'amitié, ni l'amour et même ni la rivalité. Par contre, il arrivait parfaitement à se débrouiller et savait facilement penser par soit-même. Bref, à force, il se fichait bien de qui il allait rencontrer quand il gambadait et du jour où il allait faire une rencontre qui pouvait changer sa vie. Cela lui était passé au dessus de la tête et il ne pensait à présent qu'à survivre dans ce monde tantôt accueillant et tantôt cruel. Plus rien ne semblait l'éffleurer et, depuis quelques temps, il commençait à devenir de plus en plus de marbre face à tout ce qui lui arrivait. Peut-être changera-t-il un jour, qui sait ce que l'avenir lui réserve... Mais bon, ceci est une autre histoire car, pour l'instant, il faut parler du présent. Et ce présent se passe au même moment où j'écris ces lignes.

Symbiozz se réveille paisiblement, comme chaque jour. Il s'étire, se sépare lentement de son rêve qu'il oublira de toute façon dans la journée qu'il va vivre et sort de son antre. Bref, c'est un début de journée tout à fait banal pour lui. Décidement, ce loup ne vit rien de bien fascinant et a pris l'habitude de toujours faire les mêmes gestes de bon matin. Symbiozz regarde ensuite en direction du soleil qui vient à peine de se lever. L'aurore amène la douce rosée du matin dont le loup va directement boire quelques gouttes.

Après quelques instants d'ennuis à admirer le soleil, la faune et la flore, Symbiozz commence à marcher, espérant trouver quelque chose lui permettant de combler sa journée. Il marche, marche, marche, regarde l'horizon et ce qui l'entoure pendant plusieures heures, jusqu'à ce qu'il arrive au beau milieu d'une plaine. Une plaine que l'on nomme la "Plaine aux Oiseaux". Nom assez équivoque qui permet de savoir que différents types d'oiseaux se trouvent dans les parages. Mais bon, ces oiseaux ne devraient pas faire attention à Symbiozz. Enfin, espérons pour lui sinon nous aurons des brochettes de loup au menu ce soir.

Bref, notre bon vieux loup se sent bien dans cet endroit et préfére sentir la brise qui passe dans son pelage brun. Ses yeux bleus fixent les oiseaux, vagants à leurs occupations. Cette journée s'annonce calme, normale et sans problème. Mais après tout, tout peut se passer et la situation pourrait changer en un clin d'oeil. La chance lui réservera-t-il une bonne ou une mauvaise nouvelle ? L'avenir proche nous le dira.

Quelle vie... Il n'y a pas de quoi être enthousiaste quand on voit Symbiozz. Il s'ennuie, n'a rien à faire et ne sait même pas quoi faire. Mais quel gros flemmard franchement. Et pourtant, il a de quoi se réjouir au niveau de sa carrure et sa beauté. Son pelage brun pourrait attirer plus d'une louve vers lui et son regard bleu azur pourrait les faire fondre en un clin d'oeil. Sauf qu'il ne remarque même pas qu'il a de si beaux atouts qui pourraient plaire à un bon nombre de personnes. On ne lui a que rarement fait remarquer ceci et il a fini par oublier ces détails qui lui permettrait d'être quelqu'un d'autre. Oui, il lui faudrait simplement cela. Ridicule, non ? Sa vie remplie d'ennuies ne lui a apporté que des défauts et il a complétement perdu sa lucidité. Celui qui savait ce qu'il était avant n'est plus que l'ombre de lui-même. Rien ne le fera changer, en tout cas c'est ce qu'il pense et ce qu'il affirme.

Enfin bon, revenons-en au point où nous étions arrivés avant d'avoir quitté notre personnage fétiche. Symbiozz était toujours en train de regarder le ciel, pensant à des jours meilleurs qu'il avait connu auparavant mais qui ne sont plus que rêves et désilutions depuis qu'il est repartie dans sa solitude. On pourrait presque dire qu'il était en dépression quand on voit son état. Une petite larme coula vers son museau, priant pour que sa vie soit meilleure au fur et à mesure que le temps passe. Penser au passé le fait réfléchir sur le futur qu'il doit entreprendre et il sait qu'il faut qu'il aille vers les autres pour pouvoir mieux vivre. Ce ne sera jamais les autres qui viendront vers lui et il l'a bien remarqué durant ces mois de solitude intense.

Soudain, une étrange apparition vint et son instant de tristesse s'estompa d'un coup sous le choc qu'il a eu en voyant cet être se trouvant devant lui. Celui-ci avait les crocs ascérés et il était près à l'attaquer. Pourquoi ? Aucune idée. Surement encore un étrange individu voulant faire la mal autour de lui sans aucune raison apparente. Sauf que, tout à coup, il se mit à rire et à se moquer de Symbiozz. Encore une fois, sans qu'il ne sache pourquoi. Etrange attitude...

Ce loup, encore une fois, changea de comportement et repris un air sérieux. On pourra quand même avouer qu'il est assez théâtrale, ce qui n'est pas si mal pour lui. Celui-ci dit à notre héros qu'il devait, en gros, faire attention à lui.

"Je ne suis pas un vieux loup. Je suis juste devenu vieux dans mon allure et dans ma pensée, simplement. Après, tu peux me croire vieux, je m'en fiche. Et sache que je fais presque toujours attention à moi. Tu es juste venu au mauvais moment alors que je révassais sur mon passé lointain."

Cette discution ne semble pas avoir commencé sur de bons termes. Peut-être que cela changera au fil des phrases. Espérons pour Symbiozz en tout cas...

Ombra s'avançait avec grace parmi les herbes hautes de la plaine.Avec lenteur et en silence,elle parcourait ses paysages sublimes dont elle ne faisait que deviner les formes.
Le chant des oiseaux lui emplissaient les oreilles.Elle adorait cela,le chant des oiseaux etait rassurant,plus que d'entendre un loup se faufiler dans les fougeres de la foret...un loup dont on ne connait pas l'identité.
La louve n'avait jamais caché son gout pour la solitude et ses longues absences devaient perturber les loups de sa meute lorsqu'il la revoyait,tel un fantome du passé.
Mais elle ne se considerait pas vraiment comme une solitaire,elle avait de nombreux compagnons,les oiseaux par exemple,mais aussi les animaux de la foret et meme les grands arbres qui lui chuchotaient tous les secrets des plantes medicinales.En effet,Ombra occupait le rang de druide dans la meute des Saphirs,rang qui lui convenait parfaitement etant donné les nombreuses heures qu'elle passait a se promener et a recolter des plantes.

Elle descendit a taton une pente rocheuse avant d'atterir sur une terre humide et couverte de mousse.Elle huma le parfum de la mousse ,le nez collé au sol elle s'avança et huma en particulier une plante couronnée d'une etrange fleur bleue.Oui c'etait bien celle qu'elle cherchait!Elle l'arracha avec delicatesse du bout des crocs,puis remonta la pente et deposa sa trouvaille pres d'un petit tas de bois,avec le reste de sa recolte.

De nouveau en haut de la pente,elle entendit des voix remonter de la plaine en contrebas.Elle tendit son museau au vent qui ne lui apporta que des odeurs d'etrangers.Elle n'arrivait pas a les voir,ni a situer ou ils pouraient se trouver,mais la conversation de ses deux loups etait des plus etranges,l'un grognait,puis riait etc....C'etait pour le moins etrange...

L'atmosphère était pesante et cela n'était pas du goût de Symbiozz qui ne voulait pas d'un autre problème. Il était déjà assez perturbé comme cela. Pourquoi cela devait-il tomber sur lui ? Lui qui en avait assez d'avoir mal en ce moment. Même en se souvenant du passé, il n'arrivait pas à aller mieux, cela allait même encore pire mais il n'arrivait pas à faire autrement. Alors pourquoi on devait lui parler comme cela alors qu'il n'avait rien demandé ? C'est assez ridicule de parler comme cela à un être qui ne voulait aucun mal aux autres. Symbiozz voulait simplement s'ouvrir de nouveau au monde qui l'attendait de pied ferme et qui, on dirait, n'allait toujours pas lui faire de cadeau. Et tout ceci lui donnait de moins en moins envie de recommencer une toute nouvelle vie. Dommage pour lui.

Bref, l'ambiance ne changeait pas et Symbiozz ne savait pas quoi faire. S'enfuir ? Continuer à parler agressivement à cet être qui lui voulait certainement du mal ? Ou tout simplement laisser couler tout cela et partir voir ailleurs ? La troisième solution semblait la bonne et il espérait que cet horrible personnage n'allait pas le suivre juste par plaisir de faire mal aux autres. Prenant son courage, Symbiozz ne dit que ces simples mots :

"Laisses-moi tranquille, stupide créature. Je ne suis là que pour être en paix et, peut-être, trouver de BONNES personnes. Toi, tu n'en es pas une et je souhaite, par dessus tout, ne plus jamais te voir. Merci de me laisser tranquille..."

Après ceci, Symbiozz s'éclipsa et partit dans un endroit plus calme de la plaine. Par chance, l'autre bestiole ne semblait pas le suivre. Il en était ravi et soupira.

Après avoir trouvé un bon endroit pour se poser, notre loup recommença à révasser sans le faire exprès. C'était dans sa nature de toujours faire cela. Il espérait trouver quelqu'un de bien et arrêter d'être seul, vraiment.

Ombra resta quelques instants a humer l'air,a tenter de preciser l'origine des deux loups qui se trouvaient plus loin.Mais le parfum de leurs fourures ne lui evoquait rien qu'elle connaissait,aussi supposa t elle qu'ils etaient tout deux solitaires.
Et si tel etait le cas alors mieux valait se montrer prudente,elle n'aimait deja pas la compagnie des loups de sa propre meute,alors pour ce qui etait de celle des solitaires,non merci!
Elle recula de quelques pas et retourna pres de son tas d'herbes medicinales.Elle en fit un petit tas en les poussant delicatement du bout de sa truffe.
Puis elle leva les yeux et admira les reflets,rougeoyants des feuilles que l'automne brulait petit a petit.Le vent qui en secouait les hauts branchages s'etait deja rafraichit et annonçait un hiver rude. Ombra fremit.Elle detestait l'hiver.L'hiver qui recouvrait tout,avalait tout.Meme les odeurs.Jamais elle ne se sentait plus aveugle que lorsque le brillant manteau de glace venait recouvrir ces terres qu'elle connaissait pourtant parfaitement.Tout devenait alors penible,difficile,erreintant...marcher etait un calvaire,suivre sa meute une epreuve et chasser...etait tout simplement impossible.Elle redevenait un louveteau a peine né,aveugle,dependant,et affreusement fragile.
Elle avait deja survecu a trois longs hivers...grace a l'aide de sa meute..et a la chance aussi.Mais elle ne se voilait pas la face.Ombra savait que si elle ne mourrait pas de maladie ou d'une blessure,l'hiver serait son bourreau...une année ou il serait trop rude pour elle,ou alors qu'elle meme entrerait dans l'automne de sa vie,moins vigoureuse,moins habitée par la volonté de vivre.
Elle entendait les louveteau du printemps jouer dans la neige,courir encore et encore...ils adoraient la neige.Mais l'hiver etait tres vite lassant lorsqu'on n'en sentait que la morsure glaciale.
C'est une replique,glaciale elle aussi,qui la retira de sa reflexion deprimante.Un loup avait adressé a l'autre des mots pour le moins francs...et denués de compassion.Ombra ramassa ses herbes.Il etait temps de les ramener sur le territoire d'enkara et de snow black.Elle fit quelques pas.Puis s'arreta,inquiete.Le loup qui avait parlé ne faisait plus de bruit a present.Et la nature prudente de la louve lui dictait de ne plus faire un pas.Elle craignait que le loup ne soit tapis quelque part a l'affut,pret a bondir sur elle et a lui ouvrir la gorge.

Il faisait cependant froid. Normal, c'était l'hiver. Symbiozz n'aimait pas vraiment cette saison justement à cause du climat qui ne faisait aucun cadeau à personne et que tout le monde devait craindre. Tout le monde devait survivre et trouver des réserves pour ne pas succomber. Les pertes pouvaient être nombreuses si celles-ci n'étaient pas préparés à passer un hiver rude et compliqué. Il faut donc espérer que cet hiver ne sera pas l'un des plus rudes que tout le monde n'ait jamais connu. Cela peut toujours arriver...

Symbiozz, lui, restait dans sa confortable position, à contempler tout ce qui se passait autour de lui. Il ne voulait pas rebrousser chemin et revenir chez lui pour l'instant, il était trop tôt et il n'avait pas encore digéré ce qui venait de se passer. Par chance, on peut dire que c'est maintenant de l'histoire ancienne car l'affreux loup de tout à l'heure n'est pas resté ici pour embêter notre pauvre Symbiozz qui demandait simplement à être tranquille ou en bonne compagnie.

Tout était calme, voir même un peu trop calme. Les oiseaux n'étaient plus là pour chanter leurs douces berceuses car ils étaient partis depuis un moment. Cette plaine que l'on nommait "Plaine aux oiseaux" ne portait plus vraiment bien son nom. Aucun gibier ne pointait le bout de son nez, voir même aucun animal du tout. Rien ne pouvait être plus paisible que ce moment, ce qui était tout de même assez bizarre pour Symbiozz.

Tout à coup, notre loup sentit une présence, une drôle de présence. Bonne ou mauvaise ? Il ne le savait pas encore. Mais était-ce une bonne idée de le savoir, justement ? Après ce qu'il s'était passé, il y a de quoi se demander si la rencontre de tout à l'heure pouvait de nouveau se reproduire, voir même que ce soit une encore plus grande menace. En tout cas, ce n'était sûrement pas un petit animal mais bien un animal qui devait avoir la taille de Symbiozz. Cette présence n'était pas bien loin, on l'entendait venir. Elle était caché par la nature environnante et notre loup n'arrivait pas à voir ce que cela pouvait être.

Peu après, ces bruits s'arrêtèrent et Symbiozz souffla, sachant que ce curieux personnage était très près de lui, juste derrière un buisson qui les séparait. Avait-elle peur ou attendait-elle le bon moment pour bondir lui et le tuer ? De toute façon, il fallait le découvrir. Il ne se retourna pas et resta dans la même position que depuis tout à l'heure. Prenant son courage à deux pattes, il parla de haute voix :

"N'ais pas peur, je ne suis pas là pour te faire du mal. Et si tu es un ennemi, ne crois pas que je me laisserais faire. J'ai connu bien pire..."

Il attendait une gentille réponse de la part de l'inconnu, juste cela. Il espérait de tout coeur, qu'enfin, il allait trouver quelqu'un de gentil.

"N'ais pas peur, je ne suis pas là pour te faire du mal. Et si tu es un ennemi, ne crois pas que je me laisserais faire. J'ai connu bien pire..."

Le loup n'avait pas bougé un poil.Ou du moins,elle ne l'avait pas entendu esquisser le moindre mouvement.En tout cas,lui l'avait entendu arriver,ce qui revelait une ouie redoutablement developpée.Elle huma un moment l'odeur du solitaire,dont elle n'etait separée que par un petit buisson.Ses herbes medicinales, toujours enfermées dans sa gueule,lui laissaient un gout amer sur la langue.Elle reflechit.
Ce loup n'avait pas l'air d'etre agressif,juste extraordinairement sur de lui...ou bien simplement blasé.Mais ses paroles laissaient penser que s'il elle meme ne faisait rien contre lui,il ne l'attaquerai pas.
Meme si elle repugnait de parler aux autres loups,elle n'en etait pas moins polie et contourna lentement le buisson pour se devoiler au solitaire.

Elle abaissa la tete et la tourna un peu ,afin de poser le regard doré de son oeil malade sur le solitaire.Sa fourure avait des reflets bruns et ses yeux devaient etre extraordinairement bleus car elle perçut leur chatoiement turquoise parmi la silhouette floue et brune du loup allongé.
Son associabilité presque pathologique et sa gueule occupée a tenir sa recolte l'empechaient de prononcer le moindre mot devant ce loup etranger,dont elle ne pouvait s'empecher de se mefier.Elle sentit de nouveau le vent froid passer sur son pelage et quelques flocons ,tombés des branches secouées par la brise,venir se poser sur son dos.
Elle restait a une distance respectueuse du solitaire,environ une dizaine de pas devant lui.
Ombra sentait emaner de ce loup un etrange sentiment d'appaisement,comme s'il attendait d'elle quelque chose ....interloquée,elle gardait les oreilles dressées,tendues vers le solitaire a la fourure brune.
Elle se tenait droite,toujours tete baissée,sans pour autant etre crispée,ce qui pourrait enerver l'autre loup.Cependant,ses pattes etaient plantées dans la neige fraiche .Elle ne voulait en aucun cas que le solitaire pense qu'elle le laisserait dominer la rencontre.

Des nouvelles ?

j'archive.