Un long voyage, un endroit où se poser. Seul. Noam, un pelage gris sombre humidifié par la rosé du matin. Son regard bleu acier, avec cette aura glacial qui s'en dégage, enveloppe le paysage du regard. Il est posté sur un petit promontoire, il observe les terres qui s'ouvre à lui. Il est seul ... lui qui malgré son sale caractère, à toujours vécu avec la présence de sa famille. Il ne peut s'empêcher de lancer un furtif regard en arrière, il est bel et bien seul, personne derrière lui, ni à ses côtés. Noam lance un grognement sourd, c'est une toute nouvelle vie qui s'offre à lui, il deviendra le meilleur combattant. Il apprendra de nouvelles techniques de combat pour s'améliorer, jusqu'à devenir imbattable. Dans les esprits, les forts vivent, les faibles meurt tués par les forts. Hors, Noam à une toute autre vision, certes les forts dominent, mais face aux faibles qui se révoltent, les forts ne pèsent pas grand chose dans la balance. Pour survivre, il faut avant tout contenter les plus faibles, ou les tuer. Mais, lui qui n'a donné la mort que pour survivre, pense, qu'il est plus facile de tuer que de laisser la vie. Noam hérisse son échine, il dévoile un peu ses crocs, retrousses son museau pour laisser échapper un grognement mauvais. La faim le tiraille depuis quelques jours. Désormais, il doit se débrouiller seul, malgré son ambition, il est souvent obliger de se rabattre sur des petites proies, car tuer un élan ou un cerf seul, on risque simplement de se faire tuer. Quand à jouer les charognards, ce n'est pas dans ses habitudes, et il préfère crever, plutôt que de bouffer les restes des autres.

Noam a observé les territoires de la meute, dont il ignore le nom. Il a comprit que c'est un territoire de meute, par rapport à l'odeur commune qui flotte dans l'air, et ce n'est en rien la même que lui. D'ailleurs, sa fourrure est encore légèrement imprégné de l'odeur de son frère. Décidément, cet imbécile le suit vraiment partout, mais jusque dans sa propre odeur. Mais cela peut s'avérer utile, ainsi les autres pourront penser, qu'ils sont deux, ce qui est faux. Noam reste silencieux, ne laissant échapper que des grognements sourds et inaudibles. Il n'a guère envie de se faire repérer si vite, il va prendre son temps, et le moment voulu, il se laissera repérer. Le loup gris sombre descend de son promontoire, il se dirige d'un pas souple et rapide vers le lac à la surface brillante. Il a soif, que les loups de meutes viennent ne le gêne pas. Comme si, il allait se laisser faire, cette meute n'avait encore rien vue. Son regard bleu acier ne laisse entrevoir aucune émotion, restant complètement impassible. Savoir ce qu'il pense ? Il faudra bien creuser, car ce n'est pas en quelques secondes qui vous comprendrez ce loup au coeur sombre.

Noam observe les alentours, malgré une attitude sereine, il n'en oublie pas qu'il n'est pas chez lui. Le solitaire surveille les alentours. Il se trouve à quelques mètres du lac, l'eau qui l'appelle tant la soif le tiraille, bien plus que la faim. Lentement, le grand loup gris sombre s'approche de l'eau, un dernier regard autour de lui, il hume l'air pour s'assurer qu'il est bien seul. Noam se baisse en repliant ses pattes sous son corps fin et élancé, il lape l'eau claire et fraîche. Le liquide dégouline sur son menton, faisant des petits ronds quand les gouttes retombent sur la surface du lac. Noam ne peut s'empêcher d'observer son reflet, il n'est pas narcissique, mais il se trouve changer. Il a grandit, il a un autre regard, quoique, il ne s'était jamais regardé lui même droit dans les yeux. Le jeune loup se releva, et longea les bords du lac tranquillement. Autant faire le tour du propriétaire maintenant qu'on était là.

Noam ressentit une présence, un air agacé se dessina dans ses yeux, il se sentait observé et il n'aimait pas du tout cette situation. En général celui qui est épié passe un très mauvais quart d'heure dans l'instant qui suit. Mais le loup gris sombre, a repéré son observateur, il est sur la petite colline qui sert de promontoire. Cependant, le vagabond n'en laisse rien paraître, ainsi il garde aussi un effet de surprise. Noam lance un regard furtif derrière lui, puis part se dissimuler dans les sous-bois, non pas pour partir. Mais dans l'obscurité des bois, il se fond dans le décor, ainsi, son adversaire aura plus de mal à évaluer ses mouvements, et encore faut-il qu'il le repère. Le vagabond contourne, en revenant sur ses pas toujours dans les ténèbres de la forêt. L'autre à reculer de quelques pas, mais pourquoi ? Un bref instant, Noam pense que c'est son frère qui l'a suivit malgré la menace émise par celui-ci quelques jours plus tôt. Mais Linus n'était pas aussi stupide, quoique. Le loup gris sombre a repéré son adversaire, c'est un loup gris claire aux reflets dorés. Noam sort de sa cachette et se dessine devant le solitaire, il porte cette odeur. Noam lui porte encore l'odeur de son frère, cet imbécile le suit vraiment partout. Le vagabond au pelage sombre baisse les oreilles, hérisse son échine et dévoile des crocs d'ivoires, sur un ton glacial et menaçant, il prend la parole.

- J'ai horreur des rats qui espionnent !

Noam n'avait nullement envie de discuter avec cet inconnu. Mais, même s'il aimait le combat, dans ce cas là, il aurait du mal à en sortir vainqueur. Non seulement le loup gris clair était plus robuste que lui, légèrement plus grand, mais surtout plus vieux, donc plus d'expérience. Mais Noam ne se décourageait pas pour autant, il avait plus d'une stratégie, même si Linus le surpassait dans ce domaine. En quelques secondes, Noam chercha à penser comme son frère, pour trouver la meilleur solution. Il planta son regard bleu acier dans celui or de son adversaire.